Essai : Citroën Grand C4 Picasso 2.0 BlueHDI 150 EAT6

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Pour mieux résister face à l’arrivée de son meilleur ennemi, le nouveau Renault Grand Scenic, le Citroën Grand C4 Picasso se refait une beauté, certes de manière assez timide. Est-ce suffisant pour rester dans le coup ?

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Une calandre. Sur la porte arrière, l’intérieur des chevrons, désormais noir. Des arches de toit plus satinées. Deux nouvelles couleurs, un bleu et ce beige sable. Quelques raffinements technologiques, tels que le régulateur de vitesse adaptatif, la lecture des panneaux ou encore le hayon motorisé.

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Les chevrons sont désormais noir : ça change tout !
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Arches de toit gris argent satiné

C’est peu, mais voilà ce qu’il y a de nouveau sur ce Grand C4 Picasso 2016. Et c’est le signe que les bases du Grand C4 Picasso sont suffisamment solides pour que celui-ci puisse encore vivre un peu sur ses acquis, pendant quelques années. Cela dit, son allure, certes un rien décalée dans le panorama des monospaces, reste encore dans le coup. Et avec ses feux à LEDs 3D à l’arrière dans la finition Shine haut de gamme, il garde même un certain modernisme en mouvement et puis Citroën aurait eu tort de le révolutionner, car le C4 Picasso et son Grand frère fonctionnent plutôt bien en termes de vente, puisque cette génération s’est déjà écoulée à plus de 300 000 exemplaires. Ce restylage tombe donc à point pour faire face à une nouvelle concurrence, Renault Scenic et Opel Zafira, parmi d’autres.

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A l’intérieur, donc, rien qui ne dépaysera les habitués de l’engin, à part l’info-divertissement disposant désormais d’une fonction Mirror Link. En ce qui me concerne, ça faisait longtemps que je n’étais pas monté dans un Grand C4 Picasso et j’ai bien apprécié tant le sentiment d’espace et de lumière, avec ce grand pare-brise et le toit vitré (en option à 650 €) que la qualité de l’assemblage et des équipements, avec de jolis sièges (certes, le cuir Nappa noir et beige vaut 2350 €, mais il vient avec les sièges chauffants). Rien à redire non plus sur la qualité de la planche de bord, avec une bien belle tranche de plastique moussé et des placages d’aluminium au niveau des aérations. Tout cela est de belle facture.

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Et puis il y a ces petits détails qui suscitent la sympathie : le levier de vitesse, tout fin, posé sur la planche de bord et qui rappelle celui des DS et, aux extrémités de l’écran central du tableau de bord, le compte-tours et le rappel de la vitesse façon compteur à rouleaux des CX.

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Si l’on veut dépenser plus, opter pour la sono JBL à 550 € peut être un bon choix. D’ailleurs, je suis allé voir un pote dont c’est le boulot (le type est directeur du son dans une grande radio nationale et c’est le genre à acheter une voiture avec pour critère principal la qualité du son, à condition qu’elle soit à transmission automatique, le volume du coffre et l’espace pour ses deux mini-lui venant après). D’ailleurs, je lui avait fait écouter l’installation Bowers & Wilkins de la Volvo XC90 T6 et il avait juste, non seulement été bluffé, mais il avait reconnu que c’est la première fois qu’il entendait un son pareil dans une auto. Là, forcément, c’est moins du haut de gamme, mais pas mal quand même. Avis du pro : « c’est un son assez formaté, typiquement américain. Ça envoie pas mal dans les basses, elles sont là, mais elles manquent quand même un peu d’épaisseur. Le plus gros reproche que je peux faire, c’est que les aigus sont un peu secs. Tu entends, la corde de la guitare, là ? T’as pas l’émotion de la goutte de sueur qui coule et qui vient réchauffer tout ça. Mais bon, à 550 €, c’est franchement pas mal ». Est-ce qu’il achèterait ce Grand C4 Picasso JBL, le pro du son ? Du coup, non : la sincérité du toucher de guitare, ça ne se négocie pas. Fort bien, mais espérons pour lui que Lada ou Dacia ne passent jamais un partenariat de ouf’ avec Dynaudio…

2.0 HDI 150 EAT6, la bonne combinaison

Parce que moi, franchement, il me va bien cet intérieur de Grand C4 Picasso. La nouveauté sous le capot, c’est le bloc essence PureTech 130 avec la boîte EAT6. Pas de ça pour moi, la seule motorisation disponible à l’essai en « Grand » étant ce BlueHDI 150. Un moteur connu, mais qui fait toujours bien le boulot, par sa relative discrétion, mais aussi parce qu’il est bien coupleux. Certes, le nouveau Grand Scenic pourra éventuellement prétendre à mieux (le Renault sort, avec son 1.6, 160 ch à 4000 tr/mn et 380 Nm à 1750 tr/mn), tandis que le Citroën a encore besoin d’un 2.0 pour sortir 150 ch à 4000 tr/mn et 370 Nm à 2000 tr/mn. Mais si l’on parle de cela, il faut aussi parler du poids : le Grand C4 Picasso fait 1476 kilos, là où le Renault est à plus de 1700. Alors, c’est qui la grosse dinde ?

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150 ch et 370 Nm

Et dans les faits, je trouve que le bloc 1997 cm3 du C4 envoie déjà du bon couple tout en bas du compte-tours, soit dès 1400 / 1500 tr/mn. Et du coup, il se marie bien avec l’EAT6. Si cette boîte n’est pas parfaite (il y a une petite sécheresse au passage 1/2, puis un peu de patinage vers 2/3), elle procure malgré tout un agrément de conduite réel, bien que typé confort et sérénité. Il n’y a pas de mode « sport » car là n’est pas la vocation de l’auto, et l’usage des palettes est vite décourageant par le manque de réactivité, que ce soit à la montée comme à la descente des rapports.

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Avec l’EAT6, le 2.0 BlueHDI 150 est donné pour 10,2 secondes de 0 à 100 km/h et 207 en pointe, ce qui est correct pour un engin à vocation familiale (on perd un peu par rapport à la BVM6, créditée de 9,8 sec. et 210 km/h). Mais l’essentiel, c’est qu’au volant, on se sente bien et pas au volant d’une grosse péniche sous-motorisée. Et c’est le cas, en dépit de rapports de transmission plutôt longs. En général, je ne suis pas le dernier à m’insurger (chacun son combat !) contre ces artifices perdant/perdant (pour l’utilisateur), avec la revendication d’une consommation officielle irréaliste au prix d’un agrément au quotidien sacrifié. Eh bien là, pas de coup de gueule !

Pourtant, le 2.0 BlueHDI délivre ses coups de piston avec parcimonie : sur le dernier rapport, comptez à peine 1400 tr/mn à 90 km/h, un petit 2200 à 130 et 2400 à 150 (ceci à destination de nos amis allemands, toujours fort nombreux à nous lire, et pour les informer que c’est un seuil de vitesse où la grande quiétude de conduite commence à devoir faire face avec quelques bruits aéro et une sonorité du moteur plus présente dans l’habitacle). Bref, ça tire un poil long, mais le couple dispo et la boîte, pourtant pas trop pas zélée du kick-down, permettent d’enrouler avec sérénité et même, une certaine force.

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Le Grand C4 Picasso est donc parfaitement homogène, car cette même sérénité émane du châssis. Certes, si vous voulez vous jeter (en famille) sur les points de corde comme s’ils avaient insulté votre mère, préférez alors éventuellement un Ford S-Max. Car si le Grand C4 Picasso n’aime pas nécessairement être bousculé et dévoile un peu de roulis en entrée de courbe, mené conformément à sa vocation, il révèle alors un excellent niveau de confort et un filtrage plutôt soyeux, posé sur ses roues de 17 pouces (selon nos premières informations, le nouveau Grand Scenic et ses roues de 20 pouces serait plus ferme).

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Au fil des kilomètres, bien calé dans les sièges massants et chauffants (le passager apprécie en plus le repose-jambes réglable électriquement), le Grand C4 Picasso se révèle être une grande routière familiale imperturbable. Et relativement sobre, en plus : évidemment, n’espérez pas faire les 4,3 l/100 annoncés (avec les 205/55×17 de mon modèle d’essai), mais après plusieurs centaines de kilomètres je m’en sors à un petit 7,0 l/100 de moyenne à l’ordinateur de bord, ce qui est quand même assez raisonnable.

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Les sièges sont faciles à régler…

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Même si je n’ai pas trop le profil du client type, j’ai un peu joué avec les sièges et la modularité. Bilan : facile, trop facile. Les sièges 6 et 7 se tirent et rangent d’une petite pression sur une languette (je n’aimerais quand même pas faire un grand voyage à l’arrière !), tandis que ceux du second rang se plient et coulissent tout aussi facilement, et que les passagers apprécieront leur propre réglage de clim. Même un père de famille chétif et fatigué devrait y arriver. Quant au coffre, d’une capacité de 645 à 1843 litres, il fait partie des bons élèves de la catégorie. Et en bonus, le hayon motorisé est lui aussi assez évident à enclencher, d’un petit mouvement serein et allongé du pied, sous le pare-choc arrière.

Parfaite ? Non…

Evidemment, le Grand C4 Picasso n’est pas parfait et en pinaillant un peu, on trouve quelques petits points d’agacements : la colonne de direction visible au niveau du plancher, qui vient trancher avec cette finition de bon niveau.

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Arrghh !!!

Le Stop & Start qui se déclenche lors de manœuvres (j’ai 5 ou 6 marches arrières à faire pour pouvoir sortir de mon parking ; au bout de la 3ème, il pourrait comprendre que j’ai simplement envie de passer d’une rampe à l’autre au lieu de m’imposer une petite secousse et un léger temps de latence supplémentaire). Quand à l’affichage « nuit » du tableau de bord, opéré par un de ces nombreux boutons sur le volant massif, c’est une bonne idée : l’écran du GPS s’éteint et celui du haut ne laisse que la vitesse. Cependant, dans la perspective d’une traversée de la France de nuit avec la famille qui dort, je n’aurai rien eu contre l’affichage de la jauge à essence…

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Trop mignon le petit levier de vitesse façon DS

Mais la perfection n’est pas de ce monde et ces critiques ne retirent rien aux qualités routières de ce Grand C4 Picasso, de son toucher de route moelleux, de sa bonne alliance moteur / boîte et de ces petites touches de charme so Citroën qu’il sait distiller.

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Un habitacle baigné de lumière

Le nouveau Grand C4 Picasso est disponible à partir de 27 150 € (avec le PureTech 130) et dans la finition haut de gamme Shine de mon modèle d’essai, c’est à partir de 32 150 €. Comptez 38 500 € avec le BlueHDI 150 et même 40 000 € si vous voulez l’EAT6 que pour ma part, j’aurais envie de vous conseiller tellement l’auto est homogène. Ça commence à faire un billet, mais heureusement, c’est hyper bien équipé dans cette définition : clim bizone, alerte au maintien de file (et réactions parfois un peu brutales au volant), radar et caméra de recul, régulateur de vitesse, hayon motorisé, stationnement automatique, démarrage main libres, SOS assistance Citroën et Connect Box, tablettes pour le rang 2… Du coup, les options restent limitées : 2350 € pour les beaux sièges en cuir, 650 pour le toit vitré, 500 pour la vision 3D (pas inutile pour garer ce beau bébé de 4,60 de long et 1,84 de large). Quant à l’audio JBL, vous ne ferez peut-être pas le morning avec Manu, mais son rapport qualité / prix ne se discute pas…

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Photos : Gabriel Lecouvreur

 

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