Essai: Rolls-Royce Wraith

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Souvent, les choses les plus extraordinaires arrivent le plus simplement du monde. En l’occurrence, un SMS reçu un lundi après-midi. « Bonjour c’est Rolls-Royce, est-ce que vous voulez essayer la Wraith ? » Rolls-Royce. Le pinacle du luxe. Ne dit-on pas, pour présenter la crème de la crème, « c’est la Rolls des TV/montres/Chaînes Hi-Fi/… » ? Pouvoir passer du temps à bord d’un de ses fantasmes automobiles n’arrivant pas tous les jours, j’acceptai sans peine. 

Et c’est ainsi que nous nous retrouvâmes [notez le passé simple] un jeudi matin, avenue Georges V, à attendre frénétiquement le paquebot bleu et blanc promis pour la journée. Car oui, dans la circulation parisienne, la Wraith est quand même plutôt hors gabarit : 5,27m de long pour 1,95 de large, il y a de quoi faire passer une Autolib’ pour un jouet au 1/24°. Heureusement que ce n’est qu’un coupé 4 places… Le style, mêlant avec justesse baroque avec cet arrière fastback, modernité -très jolis feux, bien travaillés- et classicisme -la calandre style Parthénon est conservée-, réussit à rendre l’ensemble d’un chic ultime. Il est d’ailleurs intéressant de noter la différence entre l’avant très géométrique (calandre verticale/capot horizontal) et l’arrière beaucoup plus doux, plus arrondi. La voiture possède une présence assez remarquable, et rare sont les personnes croisées qui ne se sont pas retournées. Mais, et en dépit d’une moyenne d’âge des passagers avoisinant les 24 ans, je n’ai jamais rencontré de regard haineux ou méprisant : partout, un mélange de surprise et de profond respect. Assez curieux.

Mais c’est quand on prend place à bord que la magie commence à opérer. A l’ouverture des portes antagonistes, on commence à se rendre compte de l’étendue du luxe présent dans l’habitacle : avez-vous déjà vu des contre-portes quasi-intégralement recouvertes de bois précieux ? Tout le reste est dans la même veine : les métaux semblent être taillés dans la masse, le cuir est sublime, la moindre molette, le moindre crantage est divinement bien travaillé : les tirettes de commande d’air résistent juste ce qu’il faut pour ne pas faire fragile tout en glissant comme désiré. C’est magique. Sans parler du plaisir consistant à voir sa main disparaître dans la moquette. Un dernier point sur le toit, constellé d’une myriade de LEDs, représentant la voûte céleste. Divin. Ce détail est assez représentatif de l’état d’esprit de la Wraith : avec un tel niveau de luxe, on pourrait facilement tomber dans le bling et l’outrance, mais tout est si délicat, si raffiné que cette idée ne nous effleure pas le moindre instant. On est juste bien.

Petite parenthèse un peu plus terre-à-terre sur l’équipement : la Wraith étant la Rolls visant la clientèle la plus « jeune » -on nous a dit que la marque visait avec ce modèle les cadres dynamiques… Perso je ne connais pas beaucoup de cadres pouvant signer un chèque de près de 300 000 € dans une voiture, mais passons-, il était nécessaire d’offrir un minimum de high-tech à bord. La firme de Goodwood a donc pioché dans le catalogue BMW (c’est le même groupe, alors pourquoi se priver), et on retrouve l’iDrive –avec une généreuse surcouche RR- et sa molette tactile, une vision tête-haute, un régulateur adaptatif et une caméra « birdview » -parfait pour les créneaux. De quoi nous reposer un peu plus.

Car oui, si je devais qualifier la Rolls une fois en mouvement, ce serait « reposant ». Avec son V12 de 632ch, la Wraith est de loin la voiture la plus puissante dans laquelle je sois monté…mais je ne me suis senti aussi bien à rouler doucement. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à la fermeture des portes –électriquement, je vous prie-, on est totalement isolé du monde extérieur. Pas un bruit, pas une vibration, pas une perturbation ne vient gêner la balade. Les suspensions sont d’une douceur infinie, ce qui donne l’impression de flotter au-dessus de la route. Oh, bien sûr, avec une telle puissance et 800Nm de couple, les sorties de péage ne prennent pas beaucoup de temps, mais, là encore, la Wraith nous épargne toute grossièreté. La cavalerie arrive en toute discrétion, sans aucun coup de pied au derrière, tout en velouté. Le V12 nous gratifie d’un charmant râle, tandis que l’aiguille de puissance disponible (en lieu et place du compte-tour) migre gentiment du 100% vers les 20-30%. Et on se retrouve 50 km/h au-dessus de la limitation de vitesse tout en ayant l’impression d’être resté à 90 km/h.

Si je devais trouver une image pour résumer l’expérience, on pourrait penser à une maman de substitution. La super maman de notre enfance, rempart indestructible contre le monde extérieur. On savait que, dès qu’elle était là, plus rien ne pourrait nous arriver : il suffisait de se laisser aller, et pouf ! Tout était réglé. On se laissait cajoler sans fin. C’est la même chose avec la Rolls : une fois monté à bord, on oublie tous ses soucis. Les suspensions nous bercent, on se laisse aller dans les sièges les plus confortables au monde, on s’offre une pause, le temps s’arrête, stop. Parenthèse enchantée.

Alors, bien sûr, tout cela a un prix, mais je suis presque gêné de vous mettre les chiffres. Ecrire 281 880 € (+ malus de 8 000 €) me semble à la limite de l’obscène, sans parler de la consommation : ça briserait un peu le rêve. Non, je préfère infiniment garder le souvenir de cette extraordinaire journée (au sens littéral du terme, qui sort de l’ordinaire) sans l’encombrer de vulgaires détails terre-à-terre…

La conduite.. par votre dévoué chauffeur Alfred Gonzague

Toute la première (et majeure) partie de cet essai a été écrite par Jean-Baptiste et les photos nous viennent de Ugo. La seule chose qu’ils n’ont pas pu essayer, ce qui m’a “obligé” à prendre le volant, c’est la conduite : Rolls-Royce ne permettait pas à des gens de moins de 25 ans de prendre le volant de son paquebot. Et c’est “bête” (ou pas, j’étais bien content de conduire tout le temps) mais mes amis et passagers étaient trop jeunes. Parfois ça sert d’être presque vieux.

On ne peut pas passer à côté de cette partie puisque, contrairement aux Rolls plus classiques, la Wraith n’est pas spécialement prévue pour être pilotée par un chauffeur et s’adresse à une clientèle plus jeune.

Bref sans écrire aussi bien que Jean-Baptiste voici mon avis sur la partie conduite. A l’arrivée à la concession où nous récupérons ce “petit bébé” qui semble aussi long que large (5.269m de long / 1.947 de large et le modique poids de 2.4 tonnes à vide), je suis aussi excité qu’effrayé : ça n’est pas tous les jours que l’on essaye ce genre de voiture et la prudence s’impose pour ne rien abîmer. La personne qui nous la remet nous fait faire une manœuvre avec pour voir si on a saisi les proportions de la bête puis nous donne son feu vert.

 

On s’élance sur l’Avenue George V en écoutant de la musique classique, ce qui nous fait bien rire. Ça fait très cliché et on repasse vite à de la pop. La Wraith – et les Rolls-Royce en général – ne passe pas inaperçue: les conducteurs des autres voitures et les piétons la regardent, nous regardent. C’est le côté déstabilisant d’avoir l’impression de ne pas mériter ce type d’engin qui porte une réputation et une image quasi inaccessible. D’ailleurs c’est vrai qu’au prix d’un appartement à Paris ou d’une maison ailleurs, cette voiture est inaccessible au commun des mortels donc on continue de mesurer notre chance.

Mise à part ces regards insistants – dont certains bienveillants, d’autres moins – la conduite de la Wraith est un régal: tout est douceur et confort. La suspension absorbe les imperfections de la rue et des Champs-Elysées, nous laissant nous échapper vers notre destination. Il se dégage de cette auto un sentiment de cocon très agréable…mais ses dimensions font aussi que c’est un bijou sur lequel il faut veiller. La crainte de voir un scooter ou un vélo m’emmener un rétroviseur m’habite donc encore quelques minutes.

A part nos cris de joie d’enfants ébahis et surpris (vous voyez qu’on n’est pas blasés!), aucun bruit à bord : l’isolation est plus que surprenante et on est un peu “ailleurs”. Cela renforce l’usage du mot “cocon” et ajoute un agrément que l’on oublie : on profite aussi bien de cette merveille à basse vitesse qu’à des allures plus élevées.

En parlant d’allure – elle n’en manque pas et dans tous les domaines – une fois passé le péage (où on bénit le télépéage pour ne pas se coller aux glissières latérales), on teste un peu l’accélération et les performances de la boite automatique à 8 rapports assistée par GPS. Oui madame (monsieur?), la boîte choisit les vitesses en fonction de la topologie de votre parcours. Pas évident à ressentir sur l’autoroute, on en conviendra. Le bon point c’est qu’on ne se rend même pas compte des passages d’une vitesse à l’autre. Bref, pied à fond sur la pédale et là rien.

Comment ça rien? Enfin si : ça y est, en un instant, on est à .. euh.. 130 kilomètres heure ou peut être un peu plus. Je ne regardais pas le compteur monsieur l’agent, je regardais la route. C’est la première fois de ma vie que j’ai l’impression d’arriver à une vitesse si élevée (130 vous dis-je.. pas 160!) en un court instant mais sans rien sentir ni entendre : oui, RR avait prévenu, sa Wraith – ou votre Wraith moyennant quelques euros – n’est pas un coupé “sportif”.  Pourtant c’est la voiture la plus puissante que Rolls-Royce ait produit. A 632 chevaux, on ne met pas en doute cette affirmation et les 4.6 secondes du 0 à 100 viennent confirmer que la cavalerie est bien présente. Plus précisément sous la forme d’un V12 bi-turbo de 6.6 litres. Rien que ça.

C’est donc dans la douceur & le calme qu’on apprécie cette voiture non sportive. C’est étonnant comme concept mais on s’y fait très bien. Déjà car ça contribue au côté intemporel de la marque et aussi puisque la vie s’apprécie aussi quand on ne regarde pas l’heure, ne se sent pas pressé et qu’on n’a ni l’impression d’aller vite ou lentement. La Wraith donne le sentiment d’y aller, et d’y aller dans d’excellentes conditions.

Pendant que je remplis mes fonctions de conducteur d’ailleurs, Jean-Baptiste et Ugo profitent des équipements de la voiture et du confort des sièges, de l’épaisseur de la moquette dans laquelle on hésite à se coucher tant elle est épaisse. Il faut dire que j’en profite aussi : on est diablement bien assis dans cette auto. En parlant de diable (car il est dans les détails), la finition de cette voiture est magnifique. Chaque petit détail est travaillé, chaque bruit étudié. Vous allez me dire “encore heureux non?” je vais vous dire : oui mais parfois dans la vie certaines choses qui semblent évidentes ne le sont pas. Alors confirmons: je trouve vraiment à cette auto un côté bijou roulant.

Pour aider à la manœuvre de cet élégant paquebot, on trouvera bienvenue la présence d’une vision 360 degrés par caméra interposée (oh excusez moi je tombe dans le délire) dont l’utilité n’est pas à mettre en doute pour un stationnement réussi ou tout simplement pour vérifier si on passe dans les rues un peu serrées. Figurez vous que tout le monde n’a pas le compas dans l’oeil. Heureusement d’ailleurs, ça fait vachement mal à ce qu’il parait.

Qu’est-ce que j’oublie? Je ne sais pas j’ai la tête un peu ailleurs, j’ai des flashback de conduite sur l’autoroute, à apprécier la facilité avec laquelle se manœuvre, avec quelle grâce elle arrive à se faire oublier sans perdre de sa présence. Oui j’ai l’impression d’écrire un poème à mon amoureuse. Elle s’appelle Wraith et les seuls moments où nous sommes en froid c’est quand il faut passer à la pompe à essence.

Madame est gourmande.

Rolls-Royce-Wraith-BlogAutomobile-Ugo-Missana-23Tous nos remerciements à Rolls-Royce pour ce fantastique essai.

Crédit photos : Ugo Missana.

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