Essai : Ford Kuga TDCi 163 ch 4×4. The Great Escape?

Kuga 01

Les consignes de Ford étaient claires : « nous vous confions deux Kuga, prenez-en soin ». Mon coéquipier Franck Lassagne et moi-même avons donc offert aux voitures une cure de thalassothérapie sur la Côte d’Opale. Au programme : bain de boue, iode et promenade sur le sable… La maison ne s’arrête devant aucun sacrifice. Suivez nous.

On ne s’est pas déjà vus ?

Le nouveau Kuga vous semble familier ? A cela, deux raisons. D’une part, son style s’inscrit dans la continuité de la première génération, lancée en 2008 et appréciée du public. D’autre part, le second Kuga de la lignée n’est autre que la version européenne du Ford Escape lancé l’an passé en Amérique du Nord et produit à Louisville, fief du Colonel Sanders et haut lieu industriel de la marque à l’ovale bleu depuis 1913 et la Ford T. Il s’agit ainsi d’un modèle mondial, dans la droite ligne de la stratégie « One Ford », produit à Valence pour le marché européen et l’ensemble des marchés à conduite à droite, tandis que la Chine et la zone Asie-Pacifique (hors Japon) seront servies par l’usine de Chongqing. Le tandem Kuga/Escape sera ainsi commercialisé dans une centaine de pays. Si l’allure ne paraît pas beaucoup plus moderne que celle de la version qu’elle remplace, le style du nouveau Kuga devient plus élancé à défaut de gagner en dynamisme. Plus long de huit centimètres, il est légèrement plus bas (huit millimètres) que la première génération. Disponible en deux finitions (Trend et Titanium), il propose un moteur essence, le 1.6 Ecoboost, en deux déclinaisons : traction 150 ch boîte manuelle (seule mécanique disponible avec le Stop&Start), et 4×4 182 ch boîte Powershift (double embrayage). Côté diesel, c’est le 2.0 TDCi (DW10 PSA/Ford) qui s’y colle, en versions 140 ch traction BVM, 4×4 BVM et 4×4 Powershift ainsi que le bloc 163 ch en 4×4 manuelle et Powershift.

Si l’on s’en tient aux chiffres de ventes de la précédente génération, le mix devrait pencher en faveur des versions à deux roues motrices en France (plus de 75%). Nos modèles d’essais étaient des TDCi 163 ch à transmission intégrale et boîte mécanique en finition Titanium, agrémentés de plusieurs options. C’est, en effet, sur le plan des équipements que le nouveau Kuga est en rupture avec l’ancien modèle : la technologie embarquée fait un progrès substantiel comme en témoigne la possibilité de disposer désormais d’une caméra de recul, de l’Active Park Assist, du BLIS (surveillance d’angles morts), de l’aide au maintien dans la file, du régulateur de vitesse adaptatif, de la lecture des panneaux de signalisation, de l’éclairage adaptatif, du hayon « mains libres » et du toit ouvrant panoramique. Tous ces équipements faisaient partie de la dotation des exemplaires d’essai, coûtant 37 290 € avant négociation. La gamme débute quant à elle à 24 590€. Côté coloris, ça manque cruellement de fun, les Kuga produits en Europe se contentant d’une palette bien sage. Idem à bord où le beige est indisponible sur notre marché. Nonobstant la monotonie de l’habitacle, une teinte de caisse rouge métallisé fera son apparition en fin d’année afin de ravir les 0% de français qui opteront pour un coloris sortant de l’ordinaire.

Ne restez pas dehors, vous prendriez froid…

Déverrouillez les portes à l’aide du système Keyless, chargez le coffre en l’ouvrant d’un simple mouvement du pied sous le pare-choc : le Kuga annonce d’entrée de jeu la couleur. Ses nombreux gadgets, souvent optionnels mais assez abordables, vont vous faciliter le quotidien. L’habitabilité progresse par rapport à l’ancien modèle, le gabarit en hausse n’étant pas anodin de ce côté-là. La présentation, quant à elle, est nettement plus soignée que sur les Ford Focus et C-Max, assez négligées et peu valorisantes faces à leurs rivales. Pour ainsi dire, le Kuga est presque comparable à l’actuelle Mondeo. Seuls quelques détails comme des interrupteurs bas de gamme en bas de la console centrale ou le cache bagages à enrouleur manquent de classe, mais dans l’ensemble, c’est valorisant… Et d’autant plus étonnant qu’en général, les SUV sont moins bien finis que les berlines dont ils dérivent. Les passagers posent leur séant sur des sièges bien dessinés et agréablement dimensionnés. Les appuie-têtes avant sont réglables en inclinaison, les dossiers arrières également (deux positions). Côté modularité, la banquette arrière se rabat aisément en 2/3-1/3 et dégage un plancher plat.

En ce qui concerne les équipements, nous disposions du très pratique pare-brise dégivrant et de mon indispensable toit ouvrant panoramique. La température fort clémente, comprise entre trois et six degrés, nous aura ainsi permis de le laisser ouvert durant tout l’essai. En dépit d’une assez grande ouverture, il se montre très discret même sur autoroute, le déflecteur remplissant bien son office. Outre le doux flux d’air dont bénéficient les passagers, la luminosité agrémente grandement les trajets. Le Park Assist, couplé à la caméra de recul s’avère, quant à lui, une aide parfois bienvenue pour garer l’imposant SUV, désormais parmi les plus grands de son segment. Et honnêtement, on ne s’est pas lassé du hayon à ouverture électrique à commande « mains libres ». Avouez qu’ouvrir le coffre en remuant le pied sous le capteur du pare-choc, c’est le XXIème siècle dans toute sa splendeur. Même la DeLorean du Docteur Emmet Brown n’avait pas ça. Dans des considérations plus terre à terre, la position de conduite surélevée, tout comme le levier de vitesse n’appelle aucune critique, tout comme l’éclairage au xénon avec AFS statique (projeteur indépendant des antibrouillards) et passage automatique des pleins phares aux croisements. Mais puisqu’il faut critiquer, passons à la partie infotainment

SYNC to the bottom?

Je le reconnais volontiers, SYNC, l’infotainment développé par Ford, m’a quelque peu déçu sur la Fiesta. Pas de surprise ici : l’ergonomie est à peine meilleure en raison de la surmonte audio Sony 9 HP dont le joystick de sélection/navigation se montre mieux conçu que sur les versions de base pour appréhender les différents menus. Au-delà de cette nouveauté, on retrouve toujours les commandes vocales permettant même de lire et envoyer des sms, appeler ou naviguer (succinctement) dans son répertoire musical. Les commandes vocales sont plutôt convaincantes pour les fonctionnalités afférentes au téléphone : même avec le toit ouvert sur l’autoroute, il était possible de dicter un ordre. A noter que le Windows Phone de mon cher coéquipier a dû rebooter au beau milieu de sa première synchronisation avec SYNC… Mon iPhone a quant à lui été très long à trouver la connexion avec la voiture. A la décharge du Kuga, mon téléphone est en phase terminale. Il est possible de connecter un appareil via les prises USB ou jack dissimulées sous l’accoudoir central. Quant à la qualité d’écoute du poste Sony, elle est très bonne, comme souvent chez Ford. Le relief est marqué, les hauts parleurs sont dynamiques et bien positionnés. Cette surmonte audio est on ne peut plus recommandable pour les mélomanes.

Le GPS, quant à lui, est assez lisible en dépit de l’écran cinq pouces, petit au regard de ce que propose la concurrence (ou une vieille Mondeo…). En revanche, la voix française du guidage prête à sourire du fait sa prononciation à l’allemande, accentuant systématiquement la première syllabe de chaque mot. Ca sonne plutôt Dietrich que Marlène et votre itinéraire aura un doux parfum évoquant une messagerie d’accueil du Goethe Institut. Pour le reste, l’écran tactile n’est pas disponible en Europe, Ford n’avançant même plus de date précise à ce sujet. C’est le seul domaine sur lequel le Kuga régresse légèrement face à son prédécesseur. Vous voici avertis. Et puisque nous parlons de guidage, il est l’heure de prendre la route.

Sur la route… Et même un peu au-delà

Ford nous avait prévu un itinéraire routier mêlant ville, routes nationales, autoroutes et autres virages bitumés. Inutile de dire que Franck et moi nous sommes acharnés à prendre quelques libertés avec le parcours proposé pour nous offrir notre dose syndicale de crapahutage… en dépit des pneus été. La garde au sol vous permettra quelques folies tandis que la boue et le sable seront affrontés avec plus de sérénité qu’à bord d’une traction. Ne vous attendez cependant pas à suivre un Land Rover Discovery, le premier passage de gué venu risque de ne pas être très… gai. La transmission intégrale élargit néanmoins le champ des possibles et vous permettra notamment de grimper une dune le long d’un parking en toute sécurité. Et Dieu sait que cette situation est fréquente. Si l’ancien Kuga disposait d’une transmission développée par Haldex, le nouveau venu fait appel à un système conçu en interne par Ford. Les vitesses de passage en courbe sont théoriquement facilitées par une fonction baptisée Curve Control, répartissant le couple moteur sur les roues les plus pertinentes et agissant, au besoin et à l’aide du module ABS/ESP, sur les freins afin de se substituer à un différentiel à glissement limité. Ceci étant posé, ces raffinements vous seront assez impalpables au volant. Les liaisons au sol sont très soignées : la voiture est efficacement amortie, assez confortable et aussi dynamique qu’un SUV compact puisse l’être. Bref, autant dire que vous prendrez plus de roulis qu’à bord d’une berline. Adeptes des virages à plat, rabattez-vous sur un véhicule moins haut sur pattes, il n’y a pas de miracle ; même le Pape a démissionné. La prise de roulis est toutefois très relative et reste fort acceptable. Le Kuga saura ravir les amateurs de conduite, d’autant plus que sa direction est bien calibrée.

C’est aussi le punch du moteur qui ravira le conducteur : les 163 chevaux de notre diesel ont fait un effet bœuf. Bien aidée par une boîte 6 vitesses correctement guidée mais surtout bien étagée, la voiture se meut avec dynamisme et se montre plus vivre qu’une DS5 équipée du même bloc mais plus lourde de près de 100 kg. Ford se targue d’ailleurs d’avoir fait de grands efforts sur la masse du véhicule, plus léger que ses concurrents que sont les Tiguan, Rav4 ou Sportage. Tiens, il n’est pas fait mention du Mazda CX5, serait-il plus léger ? Quant à l’aérodynamisme du véhicule, il est amélioré grâce notamment à une calandre à volets actifs. En revanche, inutile de me demander des chiffres concernant la consommation, j’ai quelque peu oublié de la relever… Mais vous me pardonnerez, j’en suis certain. A contrario, je n’ai pas omis d’apprécier les différentes aides à la conduite : outre le fait que l’on se soit amusé avec le Park Assist, c’est surtout le régulateur de vitesse adaptatif qui nous a impressionnés : sur autoroute, c’est un vrai régal. En plus de sa vitesse, le conducteur peut aussi sélectionner sa distance de sécurité et la voiture suivra scrupuleusement les évolutions du trafic sans qu’il ne vous soit nécessaire d’appuyer sur les freins ou de déconnecter le régulateur. Testé et approuvé avec plusieurs poids lourds. Outre le confort, c’est un excellent accessoire de sécurité active. Un seul regret, les commandes sont situées en partie basse du volant, pas forcément l’emplacement idéal. Notre Kuga était également équipé de l’Active City Stop, capable de stopper le véhicule si l’on roule à moins de 30 km/h. Cela peut sauver la vie d’un imprudent piéton, mais surtout de votre pare-choc face à une barrière de télépéage récalcitrante. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes serait purement fortuite. Plus sérieusement, le Kuga est une réussite sur le plan dynamique.

Alors, heureuse ?

Objectivement, j’ai du mal à trouver de vrais défauts au nouveau Kuga. Certes, son infotainment n’est pas si abouti que je l’aurais souhaité, certes, il y a de tous petits détails de présentation ça et là qui pourraient décevoir, mais tout cela reste mineur face aux très bonnes qualités dynamiques de la voiture et surtout à ses nombreux équipements sophistiqués disponibles en option. Le Kuga prouve qu’il n’est pour une fois pas nécessaire d’être sous acide pour apprécier la techno : les assistances à la conduite et équipements de confort raviront les amateurs de voitures copieusement équipées dont je fais partie. Un regret ? La boite automatique est indisponible en deux roues motrices. Mais statistiquement, vous serez trop peu nombreux à la regretter. Ce nouveau Kuga est enfin une alternative très crédible à une Ford Mondeo. Ca tombe d’ailleurs bien, dans la mesure où celle-ci a vu son remplacement repoussé à l’an prochain en raison de la fermeture de l’usine belge de Genk. La fabrication des futures Mondeo ira alors rejoindre celle des Kuga à Valence. Le nouveau SUV de Ford est une très bonne familiale et une fort bonne routière : le monospace C-Max paraît bien fade en comparaison. Et même si vous n’allez jamais dans la boue avec votre Kuga, sachez que vous en avez le potentiel.

Photos : Eric E. et Franck Lassagne avec qui c’était un plaisir de salir la carrosserie de notre Kuga.

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