Essai Lexus RC-F : cultiver la différence.

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Tokyo, 2h du matin, sous une pluie battante. D’une ruelle sombre surgit une bête au regard intimidant et à la robe blanche immaculée. Son grognement rauque apeure et laisse un souvenir impérissable mais douloureux au moindre passant ayant eu le malheur de croiser sa route.  La légende raconte même que ceux qui l’ont vue disparaissent dans des conditions mystérieusement inexpliquées. Ainsi, bien peu sont les courageux (que dis-je, les inconscients) à oser se vanter d’avoir une fois dans leur vie eu le loisir d’approcher ce que tout le monde surnomme « la baleine banche », en raison de sa face avant si particulière qui de profil, n’est pas sans rappeler une baleine à bosse…
La police, impuissante face à ce qu’elle prétend être une énième manœuvre d’intimidation des Yakuza perd sa trace dès les premiers virages menant tout droit au célèbre Mont Fuji.

Ça, c’est la légende.

Mais alors, est-ce une bête ? Est-ce une machine ? Ou bien est-ce tout simplement un mythe qui n’a cessé de grossir depuis des mois, relayé par les dires d’une population très superstitieuse ?… Rien de tout cela. Indéfinissable, il s’agit de la Lexus RC-F enfantée par les maîtres-artisans Takumi de l’usine de Tahara, une des villes de la province d’Aichi, au sud du Japon. Alliant savoir-faire ancestral et haute technologie, la « baleine blanche » est un être rare et sauvage, que vous n’apprivoiserez que quand elle l’aura décidé.
Comment sais-je tout ça ?
Il faut croire que c’est elle qui en a décidé ainsi.
Reste à vous conter comment est-ce arrivé…

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Ça vous arrive de vous balader dans un parking souterrain ? Non ? Moi non plus. Allez donc savoir comment je me suis retrouvé au beau milieu de la nuit, dans un de ces parkings. Vous savez, ceux mal éclairés dont les seuls néons qui fonctionnent encore ne cessent de clignoter donnant au lieu une ambiance particulièrement inquiétante. Je ne suis pas inquiet, j’avance sans me retourner comme attiré par une petite lueur qui brille au loin, perdue dans la pénombre. Un grondement sourd se fait entendre, un éclair de lumière jaillit et je me retrouve soudain nez à nez avec elle.

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La légende serait-elle donc vraie ?
La baleine blanche m’ouvre délicatement sa portière dans un bruit feutré, le message parait clair : je n’ai plus le choix. L’aurai-je encore un jour ? Je découvre les entrailles de la bête : l’intérieur est tendu d’un cuir couleur sang, les différentes commandes sont froides, presque glaciales. Les portières se parent d’une matière jusqu’alors jamais rencontrée. Est-ce de l’aluminium ? Est-ce de la fibre de carbone ? Rien de tout ça, j’apprendrai seulement plus tard qu’il s’agissait de fibre métallique. Quel être sur cette planète a pu concevoir pareille chose ? Exotique, c’est le mot. Une fois enfermé, la suite m’apparaît telle une fatalité, les prochaines heures vont sûrement être des plus intenses. Le volant s’avance doucement vers moi dans un timide bruit électronique.

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Tout paraît si nouveau, si inhabituel. De petites lumières apparaissent une à une, face à moi, le nombre 340 me fait froid dans le dos. Comment un tel engin, au physique si imposant et si torturé peut-il afficher une telle puissance  de feu ? Le doute s’installe mais n’est plus permis. Il me faut en avoir le cœur net.
N’écoutant que mon courage (ou plutôt oubliant aveuglément le danger que cela représente), je me saisis du volant, enclenche le mode Drive du levier de commande de la mystérieuse boite à 8 rapports et m’élance vers ce qui je l’espère ne sera pas l’au-delà. Le grondement monte lentement en intensité, mon estomac se noue, je prends part à une légende.

Le museau de la RC-F pointe hors du mystérieux parking – je ne sais d’ailleurs toujours pas où je me trouve ni comment je suis arrivé là – tandis que la pluie fouette avec de plus en plus de hargne le long capot bosselé de ma monture incontrôlable (ça, cela reste encore à déterminer).
Mes gestes sont lents et doux mais toujours précis, la crainte d’une ruade inopinée me transportant immédiatement au cimetière le plus proche me hante inlassablement.

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La nuit bat son plein, les rues sont désertes, tous semblent avoir fuit subitement une zone devenue « No Man’s Land ». Un feu tricolore passe au rouge, comme commandé par ma Lexus d’une nuit.
C’est le moment ou jamais : pied gauche sur l’immense pédale de frein, pied droit enfoncé sur la pédale de droite, mode Sport + activé (on retrouve d’ailleurs la cinématique de compteur d’une certaine LFA, elle aussi espèce rare et sauvage) et ESP désactivé. L’attente et le silence n’ont jamais été aussi pesant en pareil instant.
Vert.
Les roues arrières arrachent littéralement le bitume détrempé dans un bruit à faire hurler les moines ayant fait vœu de silence. Après un court instant de sur-place, la RC-F se cabre et semble cracher les poumons du V8 5.0 L atmosphérique pour suivre le rythme effréné que je compte bien lui imposer. Elle ne serait donc pas si indomptable… La légende mentirait-elle ? C’est décidé, malgré des rues désertes constituant un terrain de jeu hypothétiquement idéal compte tenu de la largeur de ces dernières, la proximité du Mont Fuji, connu pour son caractère impitoyable avec n’importe quelle bête mécanique (tout légende soit-elle) m’attire irrésistiblement.

Après un départ tonitruant, j’ai donc montré à ma monture qui serait le maître cette nuit, je devrais m’en sortir indemne. Alors qu’un sentiment de confiance s’installe, les quelques accélérations en ligne droite (!) sous une pluie battante laissent apparaître quelques mouvement de l’arrière train impromptus malgré la position « Eco » et toutes les aides en ordre de fonctionnement, la RC-F reste sauvage et tient à me le rappeler. Je commence à douter de ma bonne idée à vouloir l’emmener se mesurer aux routes étroit, virages à l’aveugle et autre pièges qui nous attendent certainement.
Le cœur a ses raisons que la raison ignore, comment qualifier autrement la folie qui m’anime de vouloir mettre en difficulté une bête jusqu’à il y a peu inconnue, crachant 477 ch sur les roues arrières sur un sol détrempé ? Cette folie je commence à la connaitre, celle qui me pousse également à vouloir poursuivre ce rêve, qui à coup sûr terminera tragiquement. Une personne sensée pour qui un rêve devient désagréable, inquiétant ou tout simplement dangereux cherchera par tous les moyens à se réveiller. Alors pourquoi pas moi ? Il faut croire que ce rêve dégage un parfum d’exotisme, des saveurs oubliées d’un autre temps, où le V8 régnait en maître sur le monde du sport automobile encore très meurtrier, lorsque le mot « turbo » n’évoquait rien à personne. Et malgré leur multiplicité, pas une seule des aides à la conduite ne viendrait entacher ça !

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Les premiers virages s’annoncent via des panneaux de signalisation qui eux-mêmes semblent trembler à l’approche du V8 de la Lexus. Brutaliser le bitume, c’est bien la sensation que je ressens au volant de 2 tonnes de puissance et de muscle purs… Bien aidée par la technologie active et un transmetteur vectoriel de couple aux paramètres personnalisables, la baleine blanche ne faiblit pas et surprend par un comportement en courbe tout à fait sain.

Comme assoiffée par tant d’ardeur déployée pour atteindre son but, un seul paramètre m’inquiète : le Mont Fuji se mérite et la RC-F compte bien se rassasier selon son bon vouloir. Domptée (pas tout à fait) mais sauvage de pure race, le chemin est encore long et tous deux sommes loin d’avoir fini notre lutte acharnée. La moitié de l’ascension passée, la folie reprend une fois de plus le dessus. Mais qu’est ce qu’il m’a pris d’engager le mode Sport + plutôt que le mode Sport utilisé jusqu’à maintenant ? Peut-être parce qu’il m’en fallait toujours plus…

Comme un dernier coup de cravache sur le postérieur de le l’étalon, (sauf que j’en ai 477 ch à un mètre de moi à peine), la « baleine blanche » se cabre une dernière fois sur ses roues arrières et entame dans un dernier élan les derniers virages qui nous séparent du sommet. La cinématique du compteur face à moi prend des allures de jeu vidéo, à la manière d’une bien connue mais tout aussi mystérieuse LFA…
Ce sont les virages les plus difficiles, les changements d’appuis sont nombreux, les zones abritées par les arbres présentent un sol gras et humide que seuls quelques irréductibles ou autres amateurs de drift iront braver pour en jouer.
Le mode Sport + ne fatigue pas ma monture. Au contraire, elle se permet même de prendre des libertés et de se prendre pour une fan du DK local (Drift King pour les intimes, les amateurs de Fast&Furious apprécieront). Malgré un TVD optionnel rare et recherché indispensable à la pratique des ascensions sportives des routes japonaises, le mastodonte atteint pratiquement ses limites et se laisse emporter par ses 2 tonnes en sortie de virage. Et quel sport de tenir une telle bête dans la bonne trajectoire, il m’aurait bien fallu deux fois la largeur de la route pour prendre mes aises et dériver en toute sécurité, mais apparemment, elle s’en fichait complètement. Une lutte acharnée pour les quelques dernières centaines de mètres se met en place.

Ma monture enchaîne sans relâche les ruades que même l’installation du TVD et l’ESP actif ne peuvent contrer lorsque le mode Sport + est activé. Résolument déterminé à arriver au bout, rien ne viendra entacher ma détermination. Le sommet est en vue, un dernier coup de volant pour mater définitivement la bête, le combat est terminé.

Une brume épaisse stagne au sommet du Mont Fuji. Comme seul au monde, je m’extrait de la RC-F dans un silence inquiétant. Immobile, cette dernière dégage une chaleur intense à tous les niveaux, comme si elle transpirait. J’ose alors ouvrir le capot pour y découvrir un amas électronique surplombé d’un « F » apposé lui même sur une pièce en fibre de carbone. Est-ce là la marque d’une race à part ? De mon point de vue, définitivement.

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Je contemple le spectacle que m’offre cette auto (car oui, c’en est quand même une) et me laisse peu à peu sombrer dans l’obscurité, tout ce qui s’est passé durant cette nuit ne pouvait vraiment être qu’un rêve.
Un look sauvage remarquable et remarqué, un cœur mécanique ancestral sans turbo, aux chiffres tout droit venus d’un autre temps,  la RC-F cultive ses différence et sa rareté (en tout cas en Europe). Lourde, presque 500 ch sur les roues arrières, une armada d’aides et réglages électroniques à disposition et activables/désactivables à la demande, la Lexus RC-F aura malgré beaucoup d’équipements spécifiques bien du mal à venir inquiéter la star du segment, la BMW M4. Les 8000 € de malus écologique n’aideront pas non plus…
Et pourtant, s’il y avait une voiture moderne inutile à acheter, ce pourrait bien être celle-ci, ne serait-ce parce qu’elle cultive l’art de la différence. Une denrée rare de nos jours, prête à devenir légende.

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Lexus RC-F

Un grand merci à Lexus France pour le prêt de cette denrée rare.
Remerciements tout particuliers à Ophélie, pour sa patience et son travail sur la retouche de certains clichés”

Crédits Photos : Ugo Missana et Corentin Pecnard 

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