Prise en main : Jaguar XE

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« Ah, c’est vous le blogueur ? Bon, bah vous prenez le V6 alors, vous verrez, vous prendrez plus de plaisir !». J’avoue avoir hésité l’espace d’une demi-seconde. Que veut le lecteur lambda de BlogAutomobile ? Le court essai d’un V6 tonitruant dont les prix atteignent des sommets stratosphériques, ou un humble diesel, performant certes, mais qui assurera près de 70% des ventes à lui seul ? Ne reculant devant aucun sacrifice, cher lecteur, je choisis finalement le V6 et je ne regrette rien. Ah si, une chose : ce ne fut qu’une prise en main bien trop courte pour évaluer correctement la voiture. J’espère pouvoir approfondir cet essai bientôt (Jaguar, si tu m’écoutes !)

Me voilà donc au volant de la nouvelle XE, petite dernière de Jaguar qui s’attaque courageusement à un marché déjà bien occupé. Ses concurrentes sont rien moins que les BMW série 3, Audi A4 et Mercedes Classe C. Dur dur ! Souvenez-vous de la dernière incursion de Jaguar, alors encore propriété de Ford, sur ce créneau. C’était avec la X-Type au début des années 2000.

Jaguar X-Type

Pas forcément une mauvaise voiture, pas forcément moche non plus, mais elle avait beaucoup de mal à cacher ses multiples emprunts à sa cousine Mondeo, plate-forme et moteur diesel en tête. Les puristes Jaguar ne lui ont pas pardonné ses origines roturières, les autres se sont demandé pourquoi payer si cher pour une Mondeo. Bref : échec complet pour une voiture pas si mauvaise que ça. Depuis, Jaguar est passé sous le contrôle de l’indien Tata, tout comme Land Rover. Les investissements vont bon train et les gammes se développent, tant mieux.

You’re beautiful

Le modèle d’essai du jour est une XE S, en coloris Italian Racing Red, équipée du V6 de 340ch. Il s’agit du même bloc que celui équipant la très jolie F-Type, accolé ici à une boîte automatique ZF à 8 rapports. « Mon » exemplaire est un modèle de présérie, certains détails de finition vont encore changer, notamment à l’intérieur.

J’ai déjà croisé la XE à plusieurs reprises, dont l’exemplaire personnel de Ian Callum, son designer. A chaque fois, j’ai eu la même réaction : jolie voiture, indéniablement, mais pas vraiment de trait saillant, pas de « petit truc en plus » qui pourrait la faire se démarquer. Car sur ce créneau de conquête hyper concurrentiel, il faut encore une fois ne pas déplaire avant tout.

Le point fort de la XE est indéniablement sa calandre verticale, reprenant le style du coupé F-Type. Une vraie réussite, qui lui donne de la personnalité, spécialement en finition S, plus agressive. Le modèle d’essai est équipé de l’option Black Pack, remplaçant les éléments chromés par des éléments peints… en noir. Les coques de rétroviseurs noires sont une autre option, non comprise dans le Black Pack (allez comprendre !). Des petits détails soulignent une certaine sportivité de ce modèle : double sortie de pot, ouïes d’aération sur les ailes avant (de couleur noire ici, c’est bien vous suivez) et des jantes de 20 pouces optionnelles elles aussi. Esthétiquement, l’ensemble est plutôt joli, équilibré, sans fausse note, une sorte de synthèse de Lexus IS et de BMW série 3. D’ailleurs, le dessin de la porte arrière me rappelle furieusement le fameux dessin Hofmeister du constructeur bavarois, mais ce doit être une pure coïncidence. A noter que la toute nouvelle XF, sa grande sœur, reprend largement son design, créant une vraie famille stylistique, à l’instar des constructeurs allemands.

Jaguar étrenne avec la XE une nouvelle structure tout aluminium, censée rendre la voiture plus légère et plus rigide. Seules les portes et les capots sont en acier. Nous verrons si cela se ressent au volant. La répartition des masses est de 50 / 50, ce qui est de bon augure.

Motorhead

V6 donc, et quel V6 ! 3l à compresseur de 340ch, en alliage léger. Accouplé à une boîte automatique ZF à 8 rapports, l’ensemble a fière allure sur le papier. La boîte, très moderne, est la même que celle équipant certains modèles de chez… BMW. Le monde est petit. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une boîte à double embrayage, les passages de vitesse sont annoncés très rapides. Toute la puissance passe aux roues arrières, pas de version AWD à quatre roues motrices pour l’instant dans la gamme. Une version plus aboutie encore, la SVR, devrait également arriver prochainement.

La XE S est performante : 250 km/h en vitesse maximale, 5.1 secondes au 0-100 km/h. Je fais confiance à Jaguar pour ces données que je ne serai pas en mesure de vérifier.

Mais le vrai point fort de la XE se situe à l’autre bout de la gamme : sur le moteur Ingenium 2l turbo diesel. Si 163ch ne sont pas un rendement exceptionnel (une BMW 320d monte à 184ch par exemple), ce qui est nettement plus intéressant est sa consommation moyenne et ses émissions de CO2 : respectivement 3,8l aux 100km et 99 g/km. Ces valeurs placent tout simplement la XE en tête de sa catégorie ! L’allégement résultant de la structure aluminium est payant. Nul doute que cette motorisation constituera le gros des ventes, et on peut également lui prédire un bel avenir dans les flottes d’entreprise.

Back to Black

Si je vous parle de l’intérieur d’une Jaguar, vous pensez à quoi, spontanément ? Cuir Connoly, bois, moquette profonde ? On est d’accord. D’où ma déception relative à m’asseoir dans l’habitacle. Certes, il y a du cuir, mélangé ici avec de l’alcantara pour les sièges dans cette version sport. Mais de bois vernis, non. Certaines finitions permettent d’avoir de petits placages imitation bois, mais on reste très loin de ce qu’on attend spontanément de la marque. Ceci étant posé, que penser de cet intérieur ? C’est noir, uniformément, partout, déprimant. Il existe heureusement d’autres finitions plus sympathiques. J’avoue avoir craqué pour l’intérieur beige ci-dessous. Toujours pas de bois, mais du cuir micro-perforé et des tons plus chauds. C’est déjà mieux, mais tout ça manque d’originalité et de personnalité véritable.

Du point de vue finition, je n’ai pas vraiment pu tester la qualité des assemblages et des plastiques. A voir lors d’un essai de plus longue durée, mais on semble un cran en-dessous de ce que fait Audi par exemple. L’ergonomie quant à elle semble correcte, à l’allemande : un bouton, une fonction. Ca, ça me plaît !

L’espace avant est agréable et lumineux, aidé en cela par un toit généreusement vitré (optionnel). Mon petit gabarit (1,72m) se sent à l’aise. Je suis plus dubitatif pour les 3 places arrières qui me semblent assez petites pour ce qui est de l’espace aux jambes. Le coffre est de bonne capacité, 450 litres. Son ouverture est assez large et la banquette est rabattable 40/20/40.

Un véhicule premium sans gadgets électroniques n’est plus envisageable. La XE en est bien pourvue : affichage tête haute sur le pare-brise, grand écran tactile multifonction regroupant le GPS, l’ordinateur de bord et le système audio. Une appli iOS et Android permet de dupliquer l’affichage de son ordiphone (si si, c’est le français pour smartphone), ça c’est plutôt pas mal et sécurisant. Petite originalité : la XE est équipée d’un bouton « SOS » à côté du rétroviseur central. Un appui sur ce bouton permettra de déclencher une intervention de secours. Le système fonctionne également de façon automatique lors du déclenchement des airbags. Il est installé à vie dans la voiture, qui contient sa propre carte SIM. Un autre bouton « entretien » est présent, mais j’avoue avoir oublié à quoi il servait exactement. Le système audio est de marque Meridian ; je ne l’ai pas testé, honte à moi !

Drive my Car

La clé est posée négligemment dans l’accoudoir central. J’appuie sur la pédale de frein puis sur le bouton « Start ». Le V6 se met en route, tout en douceur, tandis que la molette de sélection de la boîte automatique sort toute seule de son logement au bout de la console. Un peu gadget, mais ça fait toujours son effet. La position de conduite est bonne. Le réglage du siège conducteur est électrique, ainsi que celui du passager, mais il manque des mémorisations, dommage à ce niveau de gamme.

Les premiers tours de roues laissent voir une voiture confortable. Le moteur reste relativement discret, mais se fait entendre un peu lorsque l’on monte dans les tours, à partir de 3500/4000 trs/min. La direction assistée est douce et précise, mais le point milieu est un peu flou. Malgré son gabarit somme toute imposant (4,65m de long pour 2m de large), l’agilité de la XE en ville est manifeste. On peut se laisser aller sur un filet de gaz, la boîte passant les vitesses tout en douceur, sans à-coups. Une vraie réussite cette boîte, dont je profite pour l’instant dans son mode tout automatique. Je solliciterai les palettes au volant plus tard.

Nous sortons de la ville en passant sur des routes pavées, et là je suis véritablement bluffé. Les pavés sont gommés, lissés, presque imperceptibles. La suspension magnétique active est très efficace, en laissant néanmoins passer les informations nécessaires au conducteur. La direction à assistance variable se durcit avec la vitesse pour améliorer le contrôle. Pour l’instant, la XE se révèle une voiture efficace et confortable. Le moteur et l’échappement se font parfois un peu entendre, mais s’agissant d’une version à tendance sportive, je considère que ce n’est pas tout à fait un défaut.

Une rapide séance photo avant de repartir, cette fois en mode sport. La direction se raffermit et surtout la boîte passe en mode manuel, par commande des palettes au volant. Les seuls automatismes restants sont le passage en deuxième lors d’un arrêt type feu rouge, et le passage en rapport prolongé si l’on reste trop longtemps en zone rouge. Je n’ai pas constaté de modification de comportement de la suspension, mais il faudrait un essai prolongé pour ça. La proche banlieue parisienne ne m’offre pas vraiment de terrain de jeu digne de ce nom, mais j’arrive malgré tout à faire quelques accélérations et passages rapides. Et là, la vraie personnalité de la XE S se libère ! Le châssis précis et affuté permet un très bon contrôle. Les vitesses passent aussi vite que sur une boîte double embrayage, sans heurts, et en maintenant une accélération constante. Et le moteur ? ah… le moteur… la réserve de puissance semble énorme. L’effet du compresseur ne se fait pas ressentir, tout est en souplesse, très linéaire. L’échappement quant à lui se fait vraiment entendre vers 5000 tours : rauque et puissant. Jaguar a visiblement bien travaillé le sujet afin de le rendre sportif, mais pas trop intrusif. On se rapproche du son d’une F-Type, mais en plus discret. Tant mieux, la XE reste malgré tout une familiale.

Quelques derniers tours de roue pour finalement garer la voiture ; la caméra de recul c’est quand même bien fichu. Le gabarit de la XE est mis en surimpression sur l’écran de la console centrale pendant que l’angle de braquage est mis à jour en temps réel. Encore une fois, c’est une voiture facile, il est simple de la garer, tout en douceur.

This is the End

Que penser au final de la XE ? Hé bien, disons que c’est une bonne surprise. Passée l’étape de la découverte, elle révèle sa vraie nature en étant conduite. Douce et agréable, très bien suspendue, elle peut devenir nettement plus sportive grâce à sa géniale boîte ZF et son gros moteur. A confirmer sur une version diesel et avec une boîte manuelle. Le travail des ingénieurs de Jaguar est à louer pour avoir su réaliser une voiture aussi agile et confortable. On est loin de la sècheresse allemande. La finition générale me semble néanmoins en retrait de ce que font ses concurrents, mais il s’agissait d’un modèle de présérie, que j’ai testé très peu de temps, n’oublions pas.

Par rapport à ses concurrentes, la Jaguar peut revendiquer selon les motorisations une consommation plus maîtrisée ou une puissance supérieure, mais surtout un très grand agrément de conduite. Le match sera quand même bien difficile pour convaincre les acheteurs de BMW et autres Mercedes. Les tarifs sont eux quasiment calqués sur ceux de ses consoeurs, au détail près que la liste des options est nettement moins longue. A titre d’information, le modèle de test frôlait les 70 000€, à comparer avec une BMW 335i qui atteint quasiment le même prix avec options mais en partant d’une base de 50 000 €, tout en n’affichant que 306ch. A comparer précisément avant tout achat.

Mes plus vifs remerciements à Neubauer Jaguar, Jaguar France, Christophe  !

Crédits photos : Régis Krol

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