Allons nous vers une modification du Bonus-Malus écologique ?

C’est une des questions que l’on peut se poser à la lecture des chiffres du premier trimestre 2013 du système “d’incitation” à l’achat de véhicules propres  et neufs.

Sur les trois premiers mois de 2013, le niveau des bonus excède très largement celui des malus. Nous en connaissons tous les raisons et cette situation creuse ainsi encore un peu plus le déficit de l’Etat français déjà lourdement plombé. On a donc appris que le Bonus-Malus écolo aurait enregistré 52.8 millions d’euros de recettes mais surtout il aurait coûté 78,2 millions d’euros de dépenses. Au bout du compte pour trois mois le système aura coûté à la France 25.4 millions d’euros. Par une simple extrapolation chiffrée, on arrive à un déficit du système de plus de 100 millions d’euros en fin d’année (ou 656 millions de francs…). A la simple lecture de ces chiffre, il nous est donc facile de constater que non seulement ce principe “faussement écologique”, nuisible industriellement n’atteint pas les objectifs fixés par l’état français mais il coûte cher, pèse sur les comptes de la nation et ne contribue pas au rajeunissement du parc automobile comme ceux qui ont pensé à sa dernière version le croyaient.
Ce principe de taxation pénalise de nombreux véhicules de moyenne gamme, familiaux et haut de gamme  ou qui sont actuellement achetés par les clients parce qu’ils correspondent à leurs besoins personnels ou professionnels. On note d’ailleurs à la vue des chiffres fournis par le CCFA depuis janvier dernier que certains segments sont en quasi voie de disparition. Mais ce n’est pas tout puisqu’il pénalise aussi notre industrie automobile qui produit de moins en moins de voitures familiales ou dépassant les 4.40 m de long et les 6 cv fiscaux (segments C+, segment D et je ne parle pas du segment E où les constructeurs français ont disparu). On aura tous à l’esprit que ce sont ces véhicules qui sont générateurs de fortes marges pour Renault et PSA (pour rester français) et donc ils participent activement à la capacité à investir, développer les projets mais aussi embaucher et de créer de la richesse. Finalement on arrive avec ce Bonus vert à l’inverse de ce qui devrait être la réalité pragmatique du moment.

Sensé favoriser  l’achat de VE (dont le marché ne décolle toujours pas), le Bonus-Malus actuel n’aide pas les VE à être une alternative viable et crédible au premier familial principal notamment à cause de son inadaptabilité en milieu urbain, à cause de son manque d’autonomie qui condamne tous les voyages de plus de plus de 80-90 km  pour l’aller dans le meilleur des cas. En cette période de crise, le VE est une réponse pour une infime partie des acheteurs aisés qui ont soit les moyens d’avoir deux autos, soit de vivre dans un lieu où la voiture peut être rechargée en toute sécurité. Même si les ventes sont encore non significatives pour les VE, le nombre de citadines, de mini citadines et de compactes diesel profitant d’un bonus ne cesse de croître et coûte donc cher à l’état qui ne peut compenser par les super malus qui ont définitivement détournés les clients des voitures de 7 cv fiscaux et plus.
On constate donc que ce système, (trop) rapidement modifié durant l’été 2012 par quelques têtes pensantes peu avisées de ce qu’est la réalité économique et sociale du pays, n’a aucun intérêt économique sauf à fragiliser encore plus notre industrie automobile, à n’être pas rentable (ou au moins indolore) pour le budget de la France et il est injuste d’un point de vue social.

Fort de ses arguments, l’association 40 Millions d’automobilistes demande donc purement et simplement la disparition du système (ce que je demande ici depuis plusieurs années) qui est tout sauf du bon sens et du pragmatisme  dans la conjoncture actuelle.
Reste que du coté de Berçy, on doit actuellement réfléchir à une évolution du principe qui permettrait de payer moins de bonus aux acheteurs dès l’an prochain même si l’on craint que cela ne plombe encore plus le marché automobile français bien à la peine, notamment face aux marchés britanniques et allemands repartis clairement à la hausse en avril dernier. Une affaire à suivre et que l’on souhaite mieux gérée (?) que son instauration essentiellement liée à une promesse de campagne électorale et à un cadeau de remerciement à EELV.

Via 40 Millions d’Automobilistes.

 

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