Aux Champs Élysées : Toyota fête ses 75 ans

En cette fin d’année 2012, Toyota ne fête pas que son retour au titre de premier constructeur mondial : il fête également ses soixante-quinze ans. Eh oui, c’est en 1937 que la Toyota Motor Company vit le jour, même si le premier modèle né de la volonté de Kiichiro Toyoda, la AA, est lancé dès 1936. Toyota fonde très tôt ce qui fait encore son succès aujourd’hui, le modèle “Toyotiste” : c’est le principe du “Juste à temps”, pour une fabrication rapide des modèles commandés, mis en place dès la première année. Les années 1950 consacrent le principe des “Cinq Zero”, à savoir zéro défaut, zéro panne, zéro délai, zéro papier, et zéro stock. A partir de 1990, le sigle Toyota est redessiné en un T stylisé, formé de trois ellipses, symbolisant “l’union du consommateur et de l’âme du produit”.

Devenu en 2007 le premier constructeur mondial en nombre de véhicules produits, Toyota résiste à la crise des ventes mondiales de 2009 mais est durement touché par les conséquences du séisme et du tsunami touchant l’archipel japonais en 2011. Cependant, en cette fin d’année, Toyota est de nouveau leader mondial : il est donc tout à fait justifié de célébrer sur la plus belle avenue du monde les 75 ans d’un constructeur à succès.

Elle vous attire dès l’entrée, par sa ligne galbée comme par sa couleur rouge vif, c’est le coupé 2000 GT, peut-être le coupé le plus célèbre de l’histoire de Toyota. Présentée en 1965 à Tokyo, c’est en 1967 que commence sa production, et elle est d’emblée très moderne : freins à disque, suspension indépendante, direction à crémaillère, double arme à cames en tête, il ne lui manque rien. Pour soutenir ces qualités techniques, elle dispose d’un moteur 6 cylindres en ligne 2,0 l de 150 ch, une puissance transmise aux roues arrière soit par une boîte 5 vitesses manuelle, soit par une boîte automatique 3 rapports. Conçue pour participer à des compétitions automobiles, telles les Ferrari GTO, la 2000GT décroche 10 records internationaux et 3 records mondiaux de vitesse sur le circuit de Yatabe au Japon en octobre 1966 : elle roule 3 jours continus à une moyenne supérieure à 200 km/h.

Confortable, luxueuse, très bonne tenue de route, les éloges sont nombreux dans la presse. Mais c’est devant sa ligne, fluide et équilibrée, que l’on se pâme.

Au total, ce sont 351 exemplaires de la 2000GT qui furent fabriqués. Peu sortirent du Japon : seulement 115, exportés à raison de 58 aux Etats-Unis, 25 en Europe, et 9 en Australie. De nos jours, il n’en resterait qu’à peu près 200, jalousement conservées par leurs propriétaire, car c’est une voiture très recherchée, à la cote dépassant les deux millions d’euros. Modèle symbole de l’histoire automobile japonaise, la 2000GT est aussi une icône de cinéma à travers son unique version cabriolet dans le film James Bond “On ne vit que deux fois”. Remarquable que ce soit esthétiquement ou mécaniquement, elle attend sa descendance chez Toyota depuis longtemps !

Si l’on devait résumer le succès de Toyota dans l’histoire de l’automobile, il faudrait le faire en parlant de la Corolla. La berline compacte japonaise s’est adaptée à tous les continents en 11 générations, et s’y est toujours bien vendue. Celle exposée par le Rendez-Vous Toyota est une E10, à savoir la première génération fabriquée à partir de 1966, plus précisément une Corolla Sprinter coupé à deux portes de 1968. Motorisée par un 1,2 de 70 chevaux, c’est un petit bolide, mais qui très vite, dès 1970, cède sa place à la deuxième génération de Corolla. A ce même rythme effréné se succèdent les autres modèles au nom “Corolla”, qui ont été fabriqués à ce jour à plus de 39 millions d’exemplaires, soit plus que tout autre patronyme de voiture dans le monde.

La berline Corona est l’autre success story de Toyota. Juste au dessus de la Corolla et en dessous de la Crown dans la gamme, c’est la berline intermédiaire du constructeur de 1957 à 2001, période durant laquelle 11 générations furent produites. Celle exposée aux Champs-Élysées appartient à la troisième mouture, fabriquée de 1964 à 1970. Importée en France à partir de 1967 dans seulement deux versions, une berline 4 portes 1,5 l et un coupé 1,6 l, c’est la voiture japonaise la plus exportée en Europe pour l’époque, tandis qu’elle est la Toyota la plus diffusée au Japon. A partir des années 90 puis définitivement en 2001, le patronyme Corona quitte la scène au profit des Carina, Allio, Premio, et Avensis.

De 1965 à 1969, Toyota produit un petit bolide de 580 kg : la Sport 800. Sa partie avant annonce celle de sa future grande soeur, la 2000GT. Pour le reste, elle est entièrement inédite, et n’emprunte rien aux productions occidentales. Propulsée par un bicylindre de 790 cm3 de 45 chevaux, elle s’envole jusqu’à 155 km/h ! Cela lui permet de remporter les 24 Heures du Mont Fuji, tandis que sa production, arrêtée en octobre 1969, s’élève à 3131 exemplaires.

Toyota est un constructeur implanté sur tous les continents, et qui produit des véhicules répondant aux attentes des clientèles locales. A partir des années 50, c’est au besoin de rouler sur tous les terrains que la marque répond avec son autre véhicule symbole, le tout-terrain Land Cruiser.

Fabriqué à partir de 1951 sur un châssis Jeep, il connaît depuis de très nombreuses déclinaisons selon les pays et les continents, mais reste un véhicule renommé pour ses capacités de franchissement. Celui exposé à Paris date de 1958, c’est un FJ 25 au moteur 3,9 l de 125 chevaux. Assemblé au Brésil, c’est la première Toyota à être fabriquée hors du Japon. Dérivé de la “série 20”, on les baptise Bandeirante.  L’année suivante, on les exporte en Australie ; ils servent à de difficiles tâches (transport de minerai, construction de barrages). Le véhicule s’est depuis embourgeoisé pour devenir l’un des haut-de-gamme de Toyota avec la version SW Station Wagon.

La Toyota Celica est un coupé lancé en 1970 et produit jusqu’en 2006, au cours de sept générations. Celle montrée au Rendez-Vous Toyota est une GT appartenant à la première génération, fabriquée de 1970 à 1977. Dérivée de la Carina, c’est une propulsion de 4,17 m de long qui se veut plus accessible que la 2000GT, retirée du catalogue au moment de l’entrée en production de la Celica. Sur les marchés américain et européen, elle retrouve les mêmes concurrentes, dont les Ford Capri et Mustang.

Côté mécanique, la Celica GT est une propulsion, dont les moteurs évoluent durant sa carrière : le plus petit bloc est un 1,5 l de 84 ch (non exporté) ; au-dessus se situent un 1,6 l de 105 ou 115 chevaux ; au sommet, un 2,0 de 145 chevaux l’emmène à partir de 1973 à 205 km/h ! Cette dernière reprend l’appellation de son aînée, 2000GT : le moteur est d’abord proposé sur la version “liftback” à hayon, puis sur la version coupé à 2 portes -la même que présentée au Rendez-Vous Toyota. Celle-ci connaît une carrière en Rallye, puisque l’importateur français confie au duo Thérier/Vial une 2000GT de 180 chevaux.

Aujourd’hui, la descendante des Celica est le coupé GT86.

Toyota a très peu médiatisé cet anniversaire, tout comme désormais la marque semble limiter l’effet de son retour à la place de n°1 mondial de la production d’automobile. Cette discrétion n’empêche pas l’existence d’une sympathique vidéo espagnole, à regarder ci-dessous.

Le Rendez-Vous Toyota est bi-thématique, comme toujours. A l’étage, on ne célèbre pas le passé mais l’avenir, avec des modèles qui feront que le 75ème anniversaire du constructeur japonais ne sera pas le dernier, loin de là. Entre concepts et véhicules hybrides, suivons tout cela !

Aujourd’hui, Toyota met en avant son engagement dans des véhicules écologiquement responsables. La technologie hybride alliant essence et électricité est son fer de lance. Bien-sûr, Honda, BMW, et même PSA se sont engagés dans la brèche, parfois au même moment que Toyota (comme Honda avec l’Insight en 1999). Mais seul Toyota a su tirer le meilleur parti de cette technique, et faire de l’hybride un argument décisif d’achat, au point que sa déclinaison haut de gamme, Lexus, existe en Europe principalement grâce aux motorisations hybrides. La technologie hybride ne concernait au départ qu’un modèle, la Prius, mais elle équipe désormais des véhicules normaux, comme cette Yaris HSD (pour Hybrid Synergy Drive), assemblée en France à Onnaing, et pour l’instant seule citadine hybride du marché avec la Honda Jazz.

L’histoire de l’hybride chez Toyota est celle de la Prius. Lancée en 1997, elle ne connaît le succès qu’au début des années 2000, lorsque des célébrités se font connaître à leur volant, et quand Toyota présente en 2003 puis lance en 2004 la deuxième génération avec un design radicalement différent du reste de la production automobile. Très aérodynamique, avec une lunette arrière double, la Prius devient esthétiquement attrayante.  En 2009, Toyota se lance dans une entreprise d’envergure : non seulement la Prius est remplacée, mais une gamme entière autour de l’hybride est imaginée, qui se concrétise aujourd’hui avec la Prius Verso (monospace) et la Prius Aqua (citadine).

La technologie hybride continue d’être développée avec cette version Rechargeable, “plug-in” en anglais, qui sera commercialisée sous peu. La voiture se dote de batteries suffisamment conséquentes pour parcourir en tout électrique vingt cinq kilomètres avant que le moteur thermique essence ne vienne prendre le relai ; les batteries ne sont plus seulement rechargées par le moteur et au freinage, on peut les brancher sur secteur, à la façon d’une Chevrolet Volt. Il suffit de 90 minutes pour une recharge complète. Cela permet, sur les 100 premiers km, de consommer seulement 2,1 l, soit un rejet de Co² limité à 49 grammes.

En marge de cette exposition spéciale Hybride, Toyota propose aux pilotes fans de jeux vidéos de monter à bord du GT86 Simulator, un simulateur de conduite avancée où le joueur est installé dans une GT 86 orange dont les suspensions suivent le pilotage virtuel pour mieux retranscrire les émotions de conduite. A la place du pare-brise, c’est un large écran plasma qui reproduit la route que l’on peut admirer à l’intérieur. Le jeu est gratuit, mais il vous coûtera une petite attente (4 minutes par tour d’essai).

Le temps d’attente avant de jouer peut être mis à profit en observant le concept iiMo du dernier salon de Genève.

Présenté au salon de Genève 2012 ainsi qu’au Mondial de Paris, le concept iiMo se veut le pendant automobile des réseaux sociaux. Il s’agit, à travers sa carrosserie, de relier ses occupants à la société toute entière. On peut ainsi transférer sans fil des images depuis son smartphone qui s’affichent sur la carrosserie même de la voiture, devenant un panneau d’affichage géant et mouvant. L’hyperconnexion de l’iiMo sert également à la conduite, puisqu’en “temps réel” la route informe la voiture avec un service vocal façon GPS, et en plus vous pouvez vous renseigner sur l’environnement routier -les commerces, les pubs… L’intérieur ne compte que 3 places, mais les passagers embarqués à bord peuvent modifier l’ambiance de l’iiMo selon leur humeur -ressentie grâce à leur smartphone– tandis que l’on peut s’y connecter au réseau social “Toyota Friends”. Le conducteur peut se détendre en toute sécurité en jouant à un jeu vidéo de conduite avec son volant sans que la voiture bouge, puisque le pare-brise sert d’écran. C’est sur même écran que l’on peut aussi se connecter à Internet, consulter ses mails, ou la météo… La conduite ne devient plus qu’accessoire !

Cette expérience d’automobile connectée aux réseaux de communication ne connaîtra pas à court terme de passage en série, mais il n’en reste pas moins que Toyota se place en pointe des nouveaux usages permis par les nouvelles technologies à bord des véhicules.

Toyota fête sur les Champs Élysées ses 75 printemps jusqu’au début de l’année prochaine.

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Quelques photos en bonus, des détails de cette exposition. Tout d’abord, le sigle Toyota de la Corona, qui montre que la marque n’a pas toujours eu le même design pour son logo (qui remonte à 1990 seulement) :

L’exposition des 75 ans de Toyota est agrémentée tout autour des voitures de copieuses vitrines présentant tous les modèles lancés par Toyota depuis sa création. Bien agencées, on regrettera toutefois que ces miniatures ne soient jamais décrites autrement que par le nom inscrit sur leur socle. Deux ont retenu mon attention : celle-ci, avec la Toyota AA de 1936 au premier plan :

Et celle-ci, une Prius 1997 accompagnée du héros de manga Astro Boy ! La Prius commençait tout juste à devenir un phénomène de société.

Finissons avec l’affiche du 75ème anniversaire de la marque. Grâce à notre lecteur Thomas , on peut discerner, de bas en haut, les silhouettes de :
– la AA 1936
– la Crown 1955
– la Corona 1964
– la Corolla 1966
– la Lexus LS400 1989 (Lexus est la division luxe créée par Toyota)
– la Prius III de 2009.

Crédit photographique : François M.

Via YouTube, Toyota, Wikipédia et http://lieuxdits.free.fr/logauto.html

Quitter la version mobile

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