Aux Champs Elysées : Mercedes expose ses Flying Stars

Flying Stars Mercedes Gallery (1)

S’il est un symbole des voitures Mercedes, ce sont bien les portes à ouverture “papillon”, également appelées “Gullwing doors” en anglais (ailes de goéland) ou “flügeltür” en allemand (portes ailes). Soixante ans après sa première manifestation, cette astuce d’ingénieur est devenue un coup de génie stylistique, porté avec fierté par la supercar de Mercedes la SLS AMG. Entre temps, les années 1970 ont connu un prototype remarquable, la C111, elle-aussi équipée de portes aux charnières installées sur le toit. Il est donc plus que temps d’en savoir plus sur ces Mercedes ailées, et c’est aux Champs-Elysées, près de la place de l’Etoile, que la marque allemande a réuni ses plus beaux spécimens volants. C’est l’exposition “Flying Stars”, “Etoiles volantes” en français, avec bien-sûr un jeu de mots autour du sigle de Mercedes.

Mercedes 300 SL

La Mercedes 300 SL W198 nait en 1954. Elle découle de la W194 de 1952, auteur d’un doublé au Mans et victorieuse à la Carrera Panamericana. Son originalité, outre ses excellentes performances, réside dans ses portes aux charnières installées sur le toit de la voiture. Ce choix technique n’est pas une fantaisie : c’est une nécessité qui découle du châssis tubulaire dont la structure empêche la sortie du pilote par des portières latérales.

La 300 SL qui accueille les visiteurs de la Mercedes-Benz Gallery de Paris est la vingt-et-unième 300 SL de série, d’où son surnom de “Numéro 21 ” . Cependant, c’est sous le n°10 que la voiture rentre dans l’histoire, puisqu’aux mains de Paul O’Shea et Phil Hill elle décroche en 1956 le championnat Sports Car Club of America (SSCA) avec un score de 10 000 points jamais égalé depuis. Cette renommée sportive fait de cette 300 SL la plus titrée de toutes les versions produites de série. Il s’agit pourtant d’une 300 SL normale, avec un V6 de 240 chevaux et une vitesse de pointe de 267 km/h. Outre la réussite en championnat américain, ce châssis 21 détient le record d’accélération des 300 SL, avec un quart de mille (soit presque 400m) départ arrêté abattu en 14,7 secondes. Le concours de la Villa d’Este lui a modestement décerné le prix de “voiture la plus mythique” en 2012. Pour toutes ces raisons, on évalue sa cote à environ 8 millions de Dollars… !

Deux autres Coupés 300 SL à portes papillon sont montrés à Paris. Le modèle exposé à côté d’un tableau, au fond de la Mercedes Gallery, est un millésime 1955 ayant appartenant à la famille Bourbilières depuis 1966. Sa particularité est qu’après avoir roulé régulièrement jusqu’en 1968, le patriarche de la famille décida de la démonter entièrement puis de la remonter progressivement ! A partir de 2008, ses successeurs en achèvent la restauration, et c’est en 2010 que cette 300 SL retrouve le bitume. Cette voiture-là n’est plus un papillon : c’est un phénix.

Le troisième coupé est un millésime 1956 ayant appartenu à John Heddon. Elle passa entre les mains de Thomas Paul à New York de 1961 à 1981, avant d’être remisée au fond d’un garage durant 25 ans. Avec 100 000 km et un état de conservation appréciable, sans corrosion ni accroc, elle est vendue en 2006 à Steve Hermann, toujours aux Etats-Unis. Sa restauration est confiée à Mark Passarelli, qui la termine en 2010. Depuis, le bel oiseau étoilé n’a parcouru que 600 miles. Rppellons que 80% de la production totale des 300 SL fut écoulée sur le Nouveau Continent, confirmant l’idée de génie de l’importateur Max Hoffmann qui réussit en 1953 à convaincre Mercedes de produire en série la 300 SL.

La quatrième 300 SL présente aux Champs Elysées est un roadster de 1958. Vous pouvez apercevoir une partie de sa capote verte dans l’ultime cliché de cet article. La 300 SL est un véhicule iconique : c’était la voiture personnelle de Fritz Schlumpf (qui rassembla avec son frère Hans la collection exposée à la Cité de l’Automobile), et sa préférée après la Bugatti 35B ; Ralph Lauren en a bien évidemment une également, car un tel modèle est un incontournable de toute collection automobile classique. Issues de la course, les 300 SL méritent leur titre de “grand tourisme”. L’on compte 1400 exemplaires de la 300 SL à portes papillon (dont 29 en aluminium), produits entre 1954 et 1957. Le roadster lui succéda jusqu’en 1963, date à laquelle la SL “Pagode” rendit le patronyme SL plus abordable. Ce titre perdure encore aujourd’hui, même si la SL (pour Sport Léger en allemand) reste une voiture de grand luxe.

Mercedes C111

La Mercedes C111 est une série de prototypes expérimentaux dont le premier modèle fut présenté en 1969 à Francfort. Celle présentée aux Champs Elysées est une type II de 1970 : elle diffère de la type I par une aérodynamique revue et une meilleure visibilité arrière. En tant que modèle expérimental, la C111 est dotée d’un moteur à 4 pistons rotatifs Wankel de 2,4 L installé en position centrale arrière. Si la type I annonçait déjà 280 chevaux pour 260 km/h, la type II développe 345 ch et 392 Nm de couple, et croise jusqu’à 300 km/h, tandis que le 0 à 100 km/h est avalé en 4,8 secondes. Impressionnant, pour 1970 ! Bien que réclamée par une clientèle prête à passer commande, Mercedes laissera la C111 au stade de prototype, tout en en continuant le développement jusqu’en 1978. Les type III et type IV verront le jour : cette dernière, à la carrosserie rappelant le fuselage d’un avion de chasse, disposait d’un V8 de 4,5 L et allait jusqu’à 400 km/h.

Par ses choix techniques et mécaniques, la C111 est bien une descendante de la 300 SL. Avec ses portes papillon et ses performances remarquables, cette série de prototypes a battu plus de 16 records du monde en divers domaines d’évaluation. Les enseignements des expérimentations C111 ont permis à Mercedes d’approfondir ses recherches notamment dans les moteurs 5 cylindres diesel, qui ont équipé de nombreux modèles de série.

Mercedes SLS AMG

La SLS AMG Roadster n’était pas présente au début de l’exposition, le 23 Janvier, mais elle a remplacé au pied levé la “Numéro 21 ” et accueillait les visiteurs lors de ma deuxième visite le 10 février. L’existence de la SLS vient du besoin de Mercedes de disposer d’une supercar dans sa gamme, d’un véhicule image, ainsi que de remplacer l’ancienne SLR McLaren. Confiée dans son développement et sa fabrication à AMG, la SLS est une réussite aussi bien esthétique que technique, et elle connaît nombre de déclinaisons : coupé, roadster, GT, bientôt Black-Series, sans oublier les plus confidentielles versions GT3 et “Electric Drive”. Souvent évoquées sur le blog, rappelons quelques données techniques de la SLS AMG “de base” : moteur V8 6,3 L de 571 chevaux, vitesse maximale de 317 km/h et 0 à 100 en 3,8 secondes ! Sans oublier son tarif, car elle est commandable : 199 000 euros. Et c’est là que le rêve s’envole…

C’est un moment agréable et instructif que cette exposition de la Mercedes Gallery sur ses modèles à portes papillon. Leurs ailes de géant ne leur permettent pas de voler, certes, mais elles ne les empêchent pas d’aller vite et d’affoler les compteurs de vitesse ainsi que les cotes des voitures de collection. On espère que la lignée des Etoiles ailées a encore de beaux jours devant elle. Sur l’Avenue des Champs-Elysées, l’exposition Mercedes se termine le 21 février.

Crédit Photographique : François M.

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