Aux Champs-Élysées : La légende est de retour

La façade Mercedes sur les Champs-Élysées

Mercedes mélange les proverbes avec goût : au mois de mai, l’Etoile fait ce qui lui plaît, mais depuis avril elle se découvre de bien plus qu’un fil ! Pour son thème de printemps, le showroom Mercedes de l’Avenue des Champs-Élysées expose au public la gamme de cabriolets du constructeur allemand. Elles sont venues, elles sont toutes là : SLK, Classe E Cabriolet, SLS AMG Roadster, et même une antique 300 SL millésime 1957 issue de la collection privée de Mercedes. Ce bel accueil est réservé pour la “star” (aux sens propre et figuré) du moment : la nouvelle Mercedes Classe SL. Cet événement, Mercedes le vénère, jusqu’au slogan publicitaire : “la légende est de retour”, rien de moins !

Mercedes SL 2012

La Mercedes SL de dernière génération nous accueille pour commencer la visite des lieux. Précisément, il s’agit d’une SL 500, équipée d’un V8 de 4,7 L de cylindrée, délivrant 435 chevaux. La belle vient d’être commercialisée au printemps, et elle poursuit la longue série des SL Mercedes. L’esprit grand tourisme vit en elle, et l’accueil royal de ses occupants reste sa spécialité. Elle reprend de la précédente SL le système Airscarf, c’est-à-dire des buses de ventilateurs installées dans les appuis-tête qui pulsent de l’air chaud sur la nuque. La Classe E Cabriolet lui prête quant à elle son filet anti-remous installé sur le haut du pare-brise, et qui permet d’occulter tout souffle de vent y compris à hautes vitesse. La performance du cabriolet SL ? Réussir à faire oublier sa condition de voiture découvrable. Bien que ressemblant beaucoup à la précédente génération, qui remonte à 2001, cette SL est bel et bien nouvelle, sauf en ce qui concerne son toit rétractable qu’elle reprend à sa devancière.

Une SL puissante

Mercedes déroule sur les trois paliers de son showroom des Champs Elysées ses gammes de cabriolets et roadster. Tous, vous l’aurez compris, sont héritiers de l’esprit de la première 300 SL, d’ailleurs présente au fond des lieux, et chacun forme une gamme homogène et complète. Commençons par la SLK, qui fut en mai exposée en teinte gris thorium, et qui au début du mois de juin était blanc nacré.

Mercedes SLK Gris thorium

La SLK est, originellement, fille de SL. En effet, elle reprend les initiales mythiques, de Sport Leight -Sport Léger, dans la langue de Goethe-, en y rajoutant un “K”, non pour Kompressor, mais pour “Kurz”, ce qui souligne son châssis “court”. A partir de 1996, date à laquelle la SLK entre dans la gamme à l’Etoile, la SL devient définitivement le modèle de grand tourisme découvrable de la gamme Mercedes, délaissant la vitalité de conduite et la vivacité de châssis à sa fille spirituelle, la SLK. L’arrivée de la SLK n’est pas qu’une affaire de châssis : elle est aussi une histoire de toit.

Mercedes SLK blanc nacré

Lorsque Mercedes décide sa production en série, la marque fait le pari du toit rétractable en métal plutôt que celui de la toile de capote. Ce toit est une autre preuve de la filiation entre la SL et le SLK : en effet, dès 2001, c’est au tour de la SL d’adopter le toit rétractable ; elle ne l’a plus abandonné depuis. De pari, l’innovation devient coup de maître industriel, et la technologie se trouve reprise par Peugeot -qui en affirme cependant la paternité à travers la 402 Éclipse de 1936- ainsi que de nombreux autres constructeurs. Même l’ennemi de Bavière, BMW, adopte le toit rétractable pour le concurrent du SLK, le Z4, en 2009 ! D’ailleurs, depuis 1996, Mercedes a sorti trois générations de SLK, dont l’actuelle est davantage un restylage très profond du millésime 2002 qu’un opus inédit.

Mercedes Classe E Cabriolet

Sans transition, chez Mercedes, on passe du petit cabriolet au plus long, celui de la gamme Classe E. C’est la découvrable familiale de la gamme, des termes qui peuvent paraître antinomiques tant la SL a forgé dans le temps un plaisir du cabriolet égoïste, ne pouvant être vécu qu’à deux. Avec la Classe E Cabriolet, l’on peut voyager aisément et confortablement à quatre, protégés par une épaisse capote. Si elle profite du système Airscarf, elle fut la première en 2009 à inaugurer le système Aircap, ce saute-vent installé en haut du pare-brise et qui permet de créer une bulle pour l’habitacle protégée des flux d’air, même à haute vitesse.

A l’origine, la Classe E Cabriolet s’appelle CLK, ce qui d’emblée la différencie de la famille SL auquel son caractère découvrable la rattache pourtant. Ce patronyme de CLK fonctionne comme pour la SLK, avec un K pour “Kurtz”, car le CLK est à l’origine la version compacte du grand coupé dérivé de la limousine Classe S, le CL. En 1998, le CLK obtient un dérivé cabriolet auquel est confié la mission d’occuper le segment du cabriolet 4 places, et ce n’est qu’en 2009 que Mercedes décide de casser l’ambiguïté et de rattacher définitivement la famille CLK nominalement à la gamme Classe E.

Mercedes SLS AMG Roadster

De la plus spacieuse, passons à la plus sportive. La SLS AMG n’est plus à proprement parler un cabriolet ; ce n’est pas non plus un spider, où l’anglicisme souligne par ses évocations arachnophiles l’idée d’une efficacité obtenue sans concession sur le confort. La SLS est un roadster, c’est-à-dire un pur-sang routier pour qui la vie est de coller au bitume, parfois sans ménager ses occupants, tout en ayant une carrure supérieure à celle des frêles spider. Nec plus ultra de la gamme Mercedes, la SLS a même été concoctée par AMG, le préparateur officiel de l’Etoile depuis 1971. Le long capot abrite un V8 de 571 chevaux, mais ce n’est pas ce qui la première chose qui trouble lorsque l’on est proche de cette SLS. En effet, en version coupé, la SLS a des “Gullwing”, des portes papillon, comme une certaine… 300 SL, dans les années 1950. Dès lors, se pourrait-il que la SLS soit la véritable fille de la 300 SL ?

Mercedes 300 SL 1957

Fort heureusement, la 300 SL historique, la première (du moins en cabriolet), celle de 1957, est présente au fond du showroom pour patronner cette écurie de chevaux au vent. La parenté stylistique entre elle et la SLS est criante, mais chacun se forgera son avis pour décider qui de la SL 500 ou de la SLS reprend l’esprit de la 300 SL. Pour ma part, j’aurais tendance à penser qu’avec un châssis préparé pour le sport, des portes papillon en version coupé et une caisse particulièrement basse, c’est la SLS AMG qui s’approche le plus de l’idée d’une 300 SL du XXIème siècle. La SL d’aujourd’hui tient davantage du rôle de “CL cabriolet” que de celui de pur cabriolet sportif.

Néanmoins, reconnaissons à la SL de ne pas être une sage routière, loin de là : longtemps elle fut dans la gamme celle qui possédait le V12 le plus puissant (394 chevaux, dans les années 1990). Nous pouvons ainsi penser que Mercedes, pour bien faire les choses, a offert non pas une mais deux héritières aux philosophies séparées pour donner une descendance acceptable à une 300 SL bien difficile à égaler.

Mercedes 300 SL 1957

La Mercedes 300 SL est peut-être la plus mythique de toutes les Mercedes. Parce que c’est à elle que l’on doit de nombreux gimmicks et traits stylistiques de l’histoire de la marque, comme les passages de roues ou la grille latérale de refroidissement, et également parce que c’est la 300 SL qui forgea l’idée des “Flèches d’Argent”, nous ne ferons pas ici son historique complet. Rappelons simplement que la 300 SL est issue de la course, de la W194 de 1952 victorieuse de la Panaméricaine, et que c’est le concessionnaire Max Hoffman, qui convainquit les dirigeants de Mercedes de produire en série ce bolide à la ligne si particulière. Ce fut chose faite en 1954 pour le coupé et le cabriolet, qui voient leur visage repoudré en 1957, les phares ronds devenant ovoïdes -il s’agit du modèle présent à Paris dans les photos de cet article.

Entre temps, l’année 1955 a vu naître une version extrême, la SLR, qui au début des années 2000 sera réinterprétée par les stylistes de l’Etoile puis produite en série grâce au concours de McLaren jusqu’en 2009, en coupé, cabriolet, et roadster Stirling Moss. Détail de l’histoire, c’est bien le cabriolet 300 SL qui fut davantage produit que le coupé : la légende des cabriolets Mercedes venait de commencer.

La Mercedes SL, athlète et esthète.

Cette légende SL est de retour en 2012 avec la nouvelle 500 SL. A la fois “athlète” et “esthète”, pourquoi pas légèrement “grosse tête”, la SL connaîtra bientôt un nouvel avatar découvrable dans la gamme Mercedes. En effet, en 2014, un large cabriolet prendra place au sommet de la gamme à ses côtés, et pour la première fois il ouvrira non pas deux mais quatre portes. Ce dérivé de la Classe S empruntera beaucoup au concept Ocean Drive de 2008, et confirmera plus que jamais le rôle prédominant de la marque à l’Etoile sur le marché des voitures découvrables.

L’exposition sur la famille SL est terminée depuis la mi-juin sur les Champs Elysées. Cet article arrive donc un peu tard, mais il me semblait important de vous faire partager cette expo, plus que jamais historique. Désormais, c’est un hommage à AMG que Mercedes rend dans son showroom de la plus belle avenue du Monde : à n’en pas douter, ce sera le sujet d’une prochaine visite Aux Champs Elysées !

Crédit Photographique : François M.

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