Bentley Arnage T, un essai terriblement hors d’âge !

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En ces temps de naturisme politique où l’on doit tout dire de son patrimoine, je vous dévoile un secret : j’ai une Arnage ! Elle a 6 ans, et comme je l’aime énormément, elle dort plus souvent dans le salon que dans le garage.

Mon Arnage à moi est en fait un Lévrier Anglais. Ce n’est pas mon seul chien de course, mais le seul à porter un nom de voiture, qui le tient elle-même d’une commune Sarthoise où s’étire l’un des virages les plus emblématiques des 24H du Mans. Le hasard a fait que j’ai pu présenter mon Arnage à sa cousine qui fut manufacturée à Crewe en Angleterre entre 1998 et 2009.

Je vous embarque pour une balade dominicale en Bentley Arnage T. Et je vous rassure tout de suite il y sera plus question de considérations automobiles que canines .

 

J’en ai souvent rêvé. Cette voiture me passionne depuis des années. Mais cette fois j’y suis, impatient et un peu fébrile devant une porte de garage tout ce qu’il y a de plus banale derrière laquelle on me promet un trésor. Et quel (s) trésor (s) ! Derrière la tôle ondulée blanche qui me brûle les yeux, des milliers de chevaux sous des courbes aux labels à faire vaciller les plus autophobes.  Ce garage anodin est tout près du Graal de l’autophile amoureux des belles anglaises. Mais revenons à celle qui me vaut ce billet, la plus puissante, la plus racée et l’une des plus chères des limousines à son époque : la Bentley Arnage T.

 

 

L’Arnage T c’est d’abord et avant tout un monstre : une berline monstrueusement belle, puissante, et luxueuse, la quintessence de tous les excès automobiles. A ce stade je ne peux plus m’en cacher, moi qui suis fan des petites voitures (et oui! au-delà d’un gabarit de 4m, une auto perd des chances de me faire tourner la tête ) je suis déjà amoureux de l’Arnage alors que la belle est encore assoupie sous une tôle brûlante de soleil, près de ses sœurs de sang anglais … Vivement qu’on la réveille !

Un premier tour du carrosse pendant que le propriétaire met en branle le monstrueux moteur six-trois-quart et me voilà conforté dans mes rêves : cette auto est sublime ! Je suis devenu fou, moi  le fana de micro caisses populaires !

A peine sortie de la pénombre de ce garage aux odeurs de salon anglais, je me rends compte que les premiers clichés pris transcrivent difficilement l’irréalité de l’engin ; je décide donc de jouer partiellement la carte onirique et intemporelle du noir et blanc pour magnifier l’engin. Pour l’habitacle , en revanche, la couleur reste reine !

 

 

L’intérieur de l’Arnage T est véritable club londonien tendu de cuir fauve, recouvert de bois précieux et rehaussé d’aluminium bouchonné.  Oubliez les impératifs de rationalité dus aux productions de grande série ou aux économies d’échelle,  une Bentley Arnage se fait à la main, chaque réalisation est unique ! Et tant pis si il ne faut pas moins de 17 vaches pour habiller l’habitacle de la limousine des cuirs de 1er choix, le savoir-faire de la réalisation vous assied de sa perfection. Ça tombe bien, je suis particulièrement bien assis, un signe à mon chauffeur et l’essai peut démarrer.

 

L’examen de l’habitacle révèle des détails de raffinements insoupçonnés pour un néophyte comme moi qui n’avait jamais posé ses fesses à bord d’une limousine avant aujourd’hui. C’est beau, c’est grand, c’est confortable, et c’est surtout extrêmement soigné dans les moindres détails. Au moment de charger la soute de vos plus beaux bagages, faîtes quand même attention à votre joaillerie. Si vous laissez tomber une  bague ou une gourmette vous passerez des heures à la chercher dans la profondeur abyssale de l’épaisse moquette qui recouvre l’intérieur du coffre ! A toutes les places, l’Arnage se montre très accueillante et généreuse en sensations. A son bord on se surprendrait presque à tutoyer William ou David ( Beckham bien sûr !). Cette auto est définitivement le palace roulant le plus adapté aux exigences des gentlemen de haut rang ! Et aujourd’hui je me sens terriblement grand breton, moi le petit breton Finistérien !

 

Sujette à un très léger tangage en conduite souple et pantouflarde, la T se montre bestiale quand le pied se fait lourd. La dualité de caractère de la voiture est étonnante et les 457 CH du V8 bi-turbo essence savent calmer les amateurs de sensations fortes en les écrasant au fond de leurs fauteuils. Les plus sages préféreront jouir du confort des assises et dossiers aux réglages en tous genres pendant qu’un chauffeur mène nonchalamment la péniche à son port d’arrivée. J’ai apprécié les deux expériences, conduire et me faire conduire, mais j’avoue que le taux d’adrénaline n’est pas le même quand de passager on devient pilote de ce pachyderme croisé avec un félin! Et attention, l’addiction n’est pas loin. Le vrombissement du moteur ressenti au moindre effleurement de l’accélérateur et la sensation de faire corps avec la puissance bestiale d’une auto si chic et d’apparence si pincée renvoie à des plaisirs charnels que je dois taire ici. BREF, prendre le volant d’une Arnage T est un pied total ! Et permet d’oublier une consommation minimale d’une vingtaine de litres aux cents ou un freinage relativement moyen au vue des 2.6 tonnes à stopper en cas d’urgence. Allez, histoire quand même de ne pas être aveugle même si je suis amoureux,  un troisième et dernier petit défaut, le design très banal du volant gâche un peu le plaisir des yeux au moment de prendre la belle en mains. En fait il date d’une époque où, sur ce point, l’ensemble de la production automobile souffrait d’une intégration d’Airbag moins aboutie qu’aujourd’hui car plus volumineuse et donc peu propice à des effets de style.

L’équipement est bien évidemment pléthorique et rien ne manque dans ce qui faisait le raffinement technologique de l’époque. Vous me pardonnerez de ne pas en faire la liste ici, cette liste est longue comme la salle de bal victorienne de Buckingham Palace !

 

Cet essai en conduite coolée sur route ouverte ( le fameux flegme anglais !) a pu être réalisé grâce à la complicité amicale de son propriétaire qui mettra bientôt cette auto en location événementielle. En attendant, elle ponctue de plaisir les trajets quotidiens de son chauffeur, grand connaisseur et collectionneur de joyaux automobiles.

L’Arnage T qui était commercialisée neuve près de 260 000 € peut se trouver en occasion dès 50 000€ !Avis aux amateurs, une Bentley Arnage devrait voir sa côte maintenue voire soutenue par l’effet collection et le fait d’être une des vraies dernières Bentley.  Depuis, la marque est passée sous giron Volswagen.  Aujourd’hui la Continental Gt et la Mulsanne sont d’excellentes voitures, mais sans un développement conjoint avec Rolls Royce, l’ancien partenaire racheté par BMW, la british touch a-t-elle toujours le même accent ?

Les vestiges ont parfois du bon …

 

 

Photos : Philippe Kerleroux.

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