Bentley Mulsanne : tout ce qui brille

Mulsanne - 16

Un restylage sur une ultra limousine de luxe ? Pas si courant que ça, mais Bentley a osé et n’a pas fait les choses à moitié.

Ah, la vilaine semaine que tu passes, cher riche lecteur de blogautomobile.fr ! Tes deux jouets préférés viennent de prendre coup sur coup un vilain coup de vieux et tu vas devoir passer des jours à configurer les remplaçantes. Pour commencer, Bugatti vient de démoder instantanément ta fidèle Veyron Or Blanc en sortant sa petite soeur la Chiron (lire l’annonce dramatique ici). Même pas encore de version spéciale, il va falloir te contenter d’une sordide version de série. Triste vie, mais ce n’était que le début, car Bentley a eu la mauvaise idée de restyler sa Mulsanne, et même, outrage final, d’en décliner une version Grand Limousine (sic) qui vient frapper d’obsolescence ta chère Mulsanne coloris bronze et or.

Sortie en 2010, la Mulsanne avait bien besoin d’un restylage, tant ce véhicule concurrent des Renault Captur et autres Toyota Aygo passait inaperçu dans le paysage automobile. C’est bien simple, on n’y faisait plus attention entre deux Autolibs et un Kangoo ZE. Pour sortir cette voiture de son anonymat (je n’ai même jamais vu de Mulsanne Taxi, c’est dire !), Bentley a consenti à fournir quelques efforts. La pièce de résistance est la toute nouvelle calandre à barreaux, subtilement inclinée vers l’arrière, prolongée d’un bouclier garni lui aussi de barreaux et d’une structure manifestement réalisée en grillage à poules chromé pour les entrées d’air latérales. Du subtil et du discret, point du tout ostentatoire. Ladite calandre se trouve joliment surmontée d’un B majuscule (optionnel) qui ne signifie pas “Bouge toi de là, laisse moi passer”, mais “Bentley”. Il faut suivre un peu… Ce dessin tout en délicatesse ne vient pas du tout plagier celui d’une autre production britannique mais se voudrait un hommage rendu aux Bentley historiques, 8 Litre ou R-Type Continental. Admettons.

En dehors de la calandre, quasiment pas de modifications marquantes : un nouveau dessin des feux arrières, qui dessinent un beau “B” (comme… Bentley, oui bravo !), des nouveaux phares full LED et des bouts de chrome par ci par là. Les baguettes chromées sur les bas de caisse dessinent encore la lettre “B”, à croire qu’il faut rappeler tout le temps à l’heureux propriétaire la marque de sa voiture.

Dans l’habitacle, peu de changements également. Les fauteuils arrières ont un nouveau dessin évoquant les premières classes d’Airbus A380, ou éventuellement de votre Falcon 7X. Toujours pas de banquette rabattable 2/3, 1/3 sur la Mulsanne, c’est très regrettable, il faudra donc passer par l’option coffre de toit. Sur la planche de bord, outre la lettre “B” présente à trois reprises, c’est surtout un nouvel écran multimédia tactile de 8″ qui fait la nouveauté.

Sous le capot, toujours le V8 de 6,7 l développant la misère de 512 ch pour un couple de 1020 Nm. Nul doute que la première Twizy venue n’en fera qu’une bouchée lors du Grand Prix de l’Avenue George V. La boîte ZF 8 rapports ne sera sans doutes d’aucun secours à cette lympathique limousine. Pour preuve : les performances sont ineptes avec une Vmax de 296 km/h et un 0 à 100 km/h en 5,3 secondes. Forcément, 2,6 tonnnes c’est loin d’être anodin à déplacer. Et en plus ça consomme un peu : 14,6 litres aux 100 km. Quant aux émissions de CO2, je préfère ne pas en parler par pudeur.

Ces performances mollassonnes te laissent froid, riche lecteur ? Bentley à pensé à toi avec la Speeeeeeeeed. Subtilement surbaissée et arborant encore plus de grillage sur la calandre, la Speed prend quelques vitamines. Oh, pas grand chose : 537 ch et 1100 Nm de couple. Elle parvient péniblement à atteindre 305 km/h et à passer la barre des 100 km/h en 4,9 secondes. Par un heureux hasard, la consommation est identique à la Mulsanne de base tandis que les émissions de CO2 ne sont pas mesurables. Non pas qu’il y en ait peu, non non… Ceci dit, l’habitacle prend une tonalité nettement sportive avec notamment des sièges de toute beauté. Pas question de laisser un chauffeur la conduire à ta place !

Tu ne cherches pas la puissance mais de la place pour les jambes ? Là aussi Bentley a pensé à tout : voici l’EWB pour Extended Wheelbase ou châssis long. 25 cm de plus bénéficient ainsi uniquement aux passagers arrières, pour un total de 5,82 m. Je sens d’ici le bonheur des créneaux dans les petites rues parisiennes. Tu laisseras donc ce brave Georges* s’en occuper (*le prénom a été changé). Et, afin que personne ne confonde l’EWB avec une banale Grand Picasso, elle sera disponible exclusivement dans une peinture bicolore. Je sens que les amateurs de football se feront un plaisir de personnaliser leur Mulsanne aux couleurs de leurs équipes favorites ! Le moteur est hélas la version bas de gamme de 512 ch, mais il doit sans doute y avoir un moyen de s’arranger entre personnes de bonne compagnie, si vous voyez ce que je veux dire….

Mine de rien, la Mulsanne a quand même un énorme défaut : c’est une 4 places. Un peu égoïste non ? Le coffre de 446 l doit bien pouvoir contenir quelqu’un, mais sans grand confort, bien que je n’ai pas essayé. Aussi, un riche riche riche client a eu la bonne idée de demander à Mulliner une version familiale, presque monospace, pour accueillir deux passagers de plus dans une configuration en vis à vis. La Grand Limousine ! Résultat léger et primesautier dont la qualité d’exécution ne saurait être mise en doute. Mulliner est un grand carrossier qui oeuvre pour Bentley depuis des décennies. Il ne s’agit pas d’un vilain bricolage à la scie sauteuse et au Synthofer. Basée sur le modèle pré-restylage, cette pièce unique doit pouvoir être répliquée moyennant votre simple signature sur un papier à en tête de la marque.

A ce propos, le prix ? Non merci, on ne parle pas de ce genre de choses ici.

Crédits photos : Bentley

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