Plaisir et performances, peut-on les réunir ?

Clio 3 RS
L’une des dernières “GTI” à boite manuelle et moteur atmosphérique.

Sous ce titre un peu racoleur, il s’agit d’aborder un sujet qui me tient à coeur et que je souhaitais partager avec vous, chers lecteurs de BlogAutomobile. Lorsque j’ai émis l’idée d’un tel billet, je n’étais pas sûr de l’accueil que mes collègues lui réserveraient, mais si vous êtes en train de me lire, c’est que ce fut reçu avec un certain succès. Je tiens à préciser, avant d’entrer dans le vif du sujet, qu’il s’agit d’un billet d’humeur qui ne reflète donc que mon point de vue…

La Ferrari 458 Speciale, tant louée par les essayeurs

Fidèle lecteur d’Evo Magazine, j’ai souvenir d’un article venant comparer la Ferrari 458 Speciale et la 488 GTB. Sans rentrer dans les détails, le journaliste affirmait que la 488 GTB était supérieure en tous points à la 458 Speciale, en louant le travail de Ferrari qui avait, une fois de plus, monté d’un cran le niveau de performance et de facilité de conduite de sa berlinette, ce qui apparait être un certain de miracle de génération en génération. Néanmoins, la conclusion était mitigée et tenait en fait en une question, qu’a-t-on perdu pour en arriver là ? Et c’est ici une question cruciale qui se présente : quel passionné ne s’est jamais outré de l’aseptisation croissante des sportives modernes ? Ne tombons pas dans le sempiternel « c’était mieux avant », et tentons tout de même d’avoir une certaine ouverture d’esprit…

Un moteur de Ferrari 208 GTB/GTS Turbo

L’un des sujets de ces derniers temps concerne le passage au moteur turbo qui, associé au downsizing, permet une économie substantielle en terme de consommation et d’émissions. Même le sacrosaint V8 atmosphérique Ferrari se trouve désormais sous assistance respiratoire, sacrilège… Pourtant ce n’est pas nouveau le turbo chez le Cheval Cabré : en 1982, Ferrari sortait une version « turbalisée » de sa 308 GTB/GTS. En effet, suite à des restrictions de l’Italie et du marché américain, le constructeur avait dû sortir une version dégonflée de son V8. Le truc, c’est que totalisant 155 chevaux, il fallait trouver une solution pour augmenter la puissance tout en satisfaisant les normes ; la 208 GTB/GTS Turbo naquit. Avec 219 chevaux, cette version donnera naissance plus tard à la beaucoup plus connue 288 GTO. Nous ne pouvons non plus passer à côté de la Porsche 911 type 930 et sa fameuse boite 4 à rapports, ou encore la monstrueuse Ferrari F40.

Alors qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi ne voulons-nous plus aujourd’hui de ces moteurs turbo ? Ah, je sais ! J’ai la réponse ! Le charme de l’ancien moteur turbo c’était ce côté « on/off »… Vous savez, celui qui à l’époque mettait en panique n’importe quel essayeur et certains pilotes, un mauvais calcul de la mise en charge du turbo et vous vous retrouviez dehors en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Mais les défauts d’hier font les charmes d’aujourd’hui, nous le savons bien.

Cela ne répond toujours pas à notre question au finale. En fait, ce que nous reprochons aux moteurs turbo, c’est ce manque de caractère et cette linéarité. Il nous manque soit les envolées dans les tours d’un moteur atmosphérique, soit le coté « on/off » des moteurs turbo à l’ancienne. S’il n’apparait pas raisonnable de faire un moteur turbo à l’ancienne qui s’avèrerait bien trop dangereux, un moteur turbo qui prend des tours, ça on sait faire ! La 488 GTB prend 8000 tours et que dire de nos F1 contemporaines… Mais pour ces dernières c’est en effet un cas particulier. Le passage au turbo est incontournable, que vous le vouliez ou non. Oui j’adore entendre résonner une Murcielago SV avec un échappement libéré, non je ne peux pas dire que je n’ai pas un petit pincement au coeur quand j’entends une 488 GTB en pleine accélération, mais il faut vivre avec son temps. Certaines voitures avec un moteur turbo ont une sonorité tout à fait louable, si ce n’est démoniaque avec une ligne modifiée et, qui plus est, cela apporte certains avantages non négligeables. Je peux vous garantir que conduire une voiture qui n’a rien en dessous de 5000 tours, chose que je fais chaque jour, n’est pas toujours la chose la plus excitante qui soit et pouvoir enrouler sur le couple dont dispose un moteur turbocompressé peut être tout aussi sympathique. Certains médisants me diront que l’on peut tout aussi bien enrouler sur le couple d’un gros V8 américain,  mais soyons raisonnable…

Je n’essaie pas de vous faire avaler le turbo dans le simple esprit que l’on ne pourra plus faire sans, je tente simplement de vous dire que ce n’est pas si mal, surtout quant on lit les essais de la dernière 488 GTB. Le moteur turbo possède ses avantages, le moteur atmosphérique les siens, en fait.

Avant tout, par boite automatique, j’entends bien évidemment évoquer les boites avec palettes au volant. Autre débat Ô combien discuté et cher au coeur des passionnés. Pour le coup, le passage de la boite manuelle à la boite automatique est bien plus un soucis de performances que d’efficience car il n’y a encore pas si longtemps, une boite automatique entrainait une surconsommation non négligeable. C’est donc l’inverse aujourd’hui, les boites automatiques permettent des vitesses de passage de rapports éclairs, une consommation en baisse, un confort de conduite et même une sécurité accrue en ne décrochant jamais une main du volant. D’un autre côté, on arrache à vif l’un des fondements même du pilotage automobile… Pour les plus téméraires, on leur enlève même certaines techniques de pilotage comme le talon-pointe. Qui n’a jamais regardé une vidéo du maitre Ragnotti effectuant une danse des pieds ?

La boite manuelle est une composante essentielle du plaisir de conduite et petit à petit, des plus petits modèles du sport automobile aux plus gros, elle est délaissée pour les palettes. La grille en H de Ferrari est morte et enterrée, la fameuse boite mécanique Porsche n’est plus disponible sur les GT3 et GT3 RS, les grosses GTI se passent de plus en plus de rapports à étagement manuel – Golf GTI, A45 AMG, RS3 – et même les compactes s’y mettent comme la Clio 4 RS. Et cela ne se passe pas toujours avec succès avec des temps de passage préhistoriques, du cafouillage dans les rapports et une certaine dose de brutalité. Mais il faut tout de même attester qu’aujourd’hui, l’efficacité de ces boites est de moins en moins contestable. Certains constructeurs, que je salue, continuent de laisser le choix à leurs conducteurs. Ainsi la BMW M2 ou M3/M4 est disponible en boite manuelle ou avec palettes, Jaguar a carrément, à la demande de ses clients, instauré une boite manuelle qui n’était pas du tout prévu sur sa F-Type ! Porsche a enfin pris conscience que ses clients tiennent encore à la boite manuelle et va ainsi sortir une GT3 avec trois pédales : la 991 GT3 R. D’autres sont encore restés à la boite manuelle comme la Peugeot 208 GTI ou la Ford Fiesta ST, mais quand il s’agit de monter en sportivité, cela devient compliqué de trouver des exemples… En même temps, si je trouve l’idée géniale de trouver une Ferrari 599 GTB Fiorano en boite manuelle, qui serait assez fou pour imaginer une 458 Italia dotée d’une telle mécanique ? Oui je suis comme vous, je trouve ça amusant, mais il faut savoir être raisonnable.

En définitive, on se retrouve face à la même dichotomie qu’avec le moteur turbo : des avantages et des inconvénients… Toujours est-il que j’ai eu la chance de conduire une voiture dotée de 605 ch et d’une boite à double embrayage parmi les meilleurs du monde, la vitesse de passage des rapports et la violence des rétrogradages en fait quelque chose de tout bonnement jouissif, vraiment (vraiment) jouissif. Le truc à vous arracher un bon gros “wow !”.

Depuis le début, on pourrait croire que j’essaie simplement de relativiser afin de mettre tout le monde d’accord, en réalité je pense que s’attaquer aux points ci-dessus est un faux problème et que celui-ci est au delà. En parlant de plaisir de conduite et de performances, on commence ici à toucher l’un des points clés, on palpe le nerf de la guerre. En effet, si on se met à critiquer les voitures modernes et si l’on est fâché avec le turbo et la boite automatique, c’est pour la bonne et simple raison qu’ils rendent l’automobile sans saveur, n’est-ce pas ?

La passionné que je suis, et que vous êtes aussi si vous continuez à lire cette longue diatribe, recherche ce plaisir au volant. Vous savez, ce moment entre jour et nuit, où le soleil hivernal tend à se coucher et que, calé dans votre siège, vous vous laissez bercer par le ronronnement de votre moteur. La radio et la climatisation sont coupés pour laisser place aux crépitements qui donnent vie à votre voiture, elle n’est pas confortable, elle n’est pas insonorisée, elle n’éclaire pas bien, et pourtant le sourire que vous avez à ce moment vaut tout l’or du monde. Pour autant, pensez-vous qu’une voiture moderne ne puisse vous donner cela ? Je suis convaincu du contraire. En réalité, je suis convaincu au plus profond de moi que l’on peut faire une voiture avec une boite à double embrayage et un moteur turbo qui nous procure des sensations au top et une voiture avec un moteur atmosphérique et une boite manuelle avare en ce domaine. Je pense qu’en s’attaquant aux nouveautés, on s’attaque à un faux problème. Le fameux problème des voitures aseptisées… Pensez-vous qu’une Fiat 500 Abarth Biposto (essayée ici) le soit ? Pourtant elle dispose d’une boite à crabot en option (je sais, ça tient plus de la boite mécanique que de la boite à double embrayage) et d’un moteur on ne peut plus downsizé, mais elle dispose d’une radicalité géniale : stricte deux places, baquets, vitres en plexi, arceau, allègement… Alors qu’on ne me dise pas qu’il n’est pas possible d’homologuer des voitures radicales, surtout que la chasse au poids convient plutôt bien à la recherche de performances et d’efficience.

Deux générations, deux voiture extraordinaires.

En fait, il va juste falloir faire comprendre aux constructeurs que le plaisir de conduite doit désormais passer avant les performances qui atteignent des sommets impossibles à atteindre de par la configuration de nos routes et le niveau des conducteurs derrière le volant, moi le premier. En fait non, ce ne sont pas les constructeurs qu’il faut convaincre, mais nous même, les consommateurs, vous et moi. Car si les constructeurs fabriquent des voitures aseptisées, c’est parce-que cela plait et qu’il n’y a pas de revendications dans un autre sens… Pourtant, vous voyez, une Peugeot 208 T16 de route, sans insonorisants, sans climatisation, sans autoradio, sans lèves vitres et avec des vieux baquets bien raides et un moteur turbo, je prends volontiers !

En définitive, je suis un jeune nostalgique qui souhaite vivre avec son temps, une sorte de schizophrène automobile. Je regarde le passé avec passion – à travers le glouglou des carburateurs – mais aussi le futur avec envie – les nouvelles technologies offrant des possibilités sans limites. Preuve que le problème n’est vraiment pas dans la technologie déployée au sein de nos autos, mais dans le plaisir qu’elles nous procurent. Les temps changent et regarder dans le passé fait toujours plus de mal que de bien, les voitures ne sont pas de moins en moins bien, tout comme les jeunes ne sont pas de plus en plus con (on a retrouvé des papyrus qui disaient déjà que la jeunesse, ce n’était plus ce que c’était alors bon…). Il faut juste que ces voitures s’adaptent à notre schizophrénie, en fait.

En revanche, de là à accepter le diesel ou le 100 % électrique en tant que voiture sportive… Je suis ouvert, pas masochiste. Mais qui sait, peut-être que dans 20 ans je ferais le même billet venant défendre le moteur électrique, il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis après tout…

Photos : Aymeric V et Alexis Goure (photo du pilote en NB)

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