“Raconte-moi ton radar” est l’opération lancée en Octobre dernier par l’association 40 millions d’automobilistes. L’opération avait pour objectif de discerner les incohérences des implantations des radars sur les routes françaises. Pour ce faire, l’association a utilisé un audit participatif d’automobilistes français en grogne contre le système. L’idée n’est pas d’établir une cartographie de tous les radars mais de ceux qui paraissent piégeurs. Qui n’a pas freiné à l’approche d’un radar ? Qui ne vérifie pas son compteur lorsque l’on passe un panneau pédagogique ? Qui ne calcule pas dans la marge de tolérance de son compteur ? Qui n’a pas pesté sur une autoroute limitée à 90 km/h bourrée de radars et de Megane RS planquées ici et là ? J’avoue tout cela je l’ai déjà fait ! Et pourtant, je suis respectueuse des limitations et des distances de sécurité qui, à mon sens, sont d’autant plus importantes que la vitesse en soi.
Le plus dangereux sur une route, la personne qui déboîte sans clignotant sans même vérifier son rétroviseur ou la personne sur la voie de gauche regard rivé sur l’environnement et fixé sur l’horizon ? Certes, beaucoup diront que depuis la mise en place des radars, la mortalité sur la route a baissé. Vrai. Manuel Valls répond à cela “Il y 66% de morts en moins à proximité des radars, donc je ne faiblirais pas, je ne baisserais pas la garde. On peut s’adresser à la commission nationale de sécurité routière si on estime qu’il y a un abus. Je regarderais avec intérêt les propositions qui aujourd’hui sont faites mais nous ne pouvons pas baisser la garde !”. Pourtant, j’ai parfois le sentiment d’être un pigeon sur roues, lorsque je vois le flash du radar s’enclencher, j’entendrais presque “pool !” comme dans un bon Duck Hunt.
Apparemment, je ne suis pas la seule, c’est pourquoi Pierre Chasseray, le Délégué Général de l’association s’est posé la question “Comment est-on parvenu à une situation telle que la plupart des automobilistes ne voient en les radars qu’un synonyme de piège ? “. Daniel Quéro, Président de l’association ajoute “Lorsqu’un automobiliste se sent piégé, il finit par rejeter tout un système. Raconte-moi ton radar a donc pour objectif d’alerter les Pouvoirs Publics sur les situations ressenties comme des pièges”.
Alors, qu’en est-il de cet audit?
La charte de cette “dénonciation” légale se base sur 10 critères ( l’incohérence, limitation de vitesse inadaptée, le radar caché, en descente, après le danger, en zone de dépassement, entrée ou sortie d’agglo…) afin d’éviter un tsunami de déclarations. Pourtant, sur 200 signalements, l’association n’en a gardé que 72 qui paraissaient litigieux et non pas seulement embêtants.
Si l’Etat affirme point serré que son intention n’est pas d’enrichir les caisses de Bercy, il n’en demeure pas moins que cette petite entreprise ne subit pas la crise. En 2004, l’Etat a encaissé 106 Millions d’euros d’amendes payées dans les délais, en 2012, 700 Millions d’euros. L’Etat a crée sa nouvelle Française des Jeux, toujours gagnante. Même si pour Frédéric Péchenard, délégué Interministériel de la sécurité Routière “Le meilleur radar est celui qui ne flashe pas”, alors pourquoi, celui de Corrèze, champion en la matière fût retiré ? Par respect du paysage peut-être, qui sait ! Les paradoxes de ce dossier bien épineux sont légions.
Combien de fois me suis-je posée la question: Mais quelle est la vitesse autorisée ici et rouler des kilomètres sans même voir un panneau d’indication de limitation. Dans ce cas, le danger principal reste celui des radars embarqués. Finalement, même avec un régulateur de vitesse, le stress de l’amende gagne l’automobiliste. Et disons-le, ceux qui stressent sont les “bons” automobilistes. Un conducteur se fichant des limitations, en a que faire de ce système. Souvenons-nous en septembre dernier de cet extraordinaire automobiliste qui écope de 400€ d’amendes au tribunal d’Evry pour avoir roulé sans permis en oubliant les 484 excès de vitesse de 2010-2011.
Suite à cet audit, l’association propose 7 solutions au Ministère de la Sécurité Routière. Les responsables de l’association proposent ainsi de doubler les panneaux de limitations de vitesses et d’améliorer le temps d’adaptation des changements de limitation, et ce sont deux exemples qui nous paraissent pourtant évident mais pas pour tous vraisemblablement. La suite au prochain numéro c’est à dire fin juin après la réunion du prochain CNSR.