Chantilly – Arts et Élégance 2019

22 mois c’est long… c’est pourtant ce qu’il nous a fallu attendre pour vivre de nouveau l’expérience unique de Chantilly Arts et Élégance Richard Mille. En effet, après une quatrième édition qui s’est déroulée en même temps que le très couru Goodwood Revival, Peter Auto a rapidement pris la décision de déplacer son événement phare en début d’été et d’instaurer l’alternance avec Le Mans Classic, l’autre mastodonte de l’organisateur. Même si les raisons qui ont poussé à ces changements n’ont jamais été rendues publiques, on peut penser que la concurrence frontale et l’ampleur de la tâche ont poussé à ces évolutions. A la réflexion, c’est plutôt une bonne idée : le temps permettra une meilleure rotation des plateaux et tout ce qui est rare est généralement d’autant plus désirable. Trèves de considérations, entrons dans le vif du sujet : suivez-moi pour un voyage dans le monde de l’élégance automobile à la française.

Le format de cette 5e édition du concours aura été sans surprise avec la reconduction quasiment à l’identique de celui proposé en 2017 : rallyes, passage du jury et soirée de gala le samedi, exposition publique, déjeuner des clubs, vente Bonhams, défilés et remise des prix le dimanche.

Notre weekend a commencé par le dilemme existentiel depuis 2016 : rallye classic, rallye supercar ou tentative désespérée de suivre les deux ? Rappelons qu’en 2016, le plateau supercar était magique tandis que nous avons été pour le moins déçus en 2017. Parallèlement, la participation de la 250 GTO 1964 il y a 2 ans avait donné un coup de fouet à la version classique. Ajoutons à cela une belle boucle sans trop de raccourcis pour dépasser le convoi, on s’est un peu arraché les cheveux. Bref, on a sorti les GPS, Google Maps et les tableurs Excel © pour définir quelques spots dignes d’intérêt. Les concurrents ont suivi deux routes distinctes pour rejoindre Compiègne : au programme, petites routes de campagne, fraicheur forestière, spéciale sur route fermée pour les supercars et soleil de plomb.

Je rends donc ici un hommage à tous ces conducteurs passionnés qui auront parcouru ces dizaines de kilomètres dans des voitures absolument pas conçues pour cela : on pense bien sûr à la Porsche 917 dont la présence a été récompensée par un prix dédié : c’est hautement mérité, d’autant plus que le pilote n’était pas tout à fait en rythme balade, profitant dans la mesure du possible des vocalises du V12 à plat. La présence d’une Aston Martin DB3S ne pourra pas faire oublier celle de la DB4 GT Zagato « 1VEV » ou de la Talbot Lago T26 Grand Sport Coupé. Voir une partie des têtes d’affiche s’amuser sur route ouverte, c’est un beau succès.

Après une pause méritée au Palais de Compiègne dans un cadre suffisamment photogénique mais largement encombré de badauds, les participants ont rejoint Chantilly pour les classic et le circuit de Mortefontaine pour les supercars. Admirer tout ce beau monde dans les charmants villages, c’est toujours un plaisir, partagé avec les riverains dont le visage trahi un certain étonnement au passage du convoi. Où serait-ce mon célèbre copilote qui les a surpris ? Allez savoir… Le moment est venu de vous détailler les voitures engagées : Ferrari LaFerrari Aperta, 288 GTO, deux Enzo et une F12 TdF, McLaren 720S et P1 GTR, Porsche 918 Spyder et Mercedes SLR. Avouons-le de suite, c’est assez peu mais de belle qualité. Aaaahhh, cette édition 2016 avait mis la barre tellement haut… j’en suis devenu très exigeant !

La journée de samedi s’est achevée par le grand dîner de gala, loin des journalistes et bloggeurs permettant à tout le monde de partager quelques moments de quiétude.

Le gros morceau avait bien sûr lieu dimanche, sous une température revenue à des niveaux acceptables par le commun des mortels. L’ambition de Peter Auto, dès la création du concours, a été de faire de cette journée autre chose qu’une simple exposition d’automobiles d’exception, jugées par un jury de prestige. Surfant sur la tendance actuelle de « l’expérience », tout a été fait pour satisfaire un large public sans pour autant tomber dans des travers un peu faciles d’une exigence moindre.

Voici donc la journée standard d’un participant VIP : Madame, Monsieur et leurs deux enfants ont réfléchi la veille à leurs tenues, rivalisant d’élégance pour se conformer au dress code et aux multiples messages diffusés sur les réseaux sociaux sur le respect impératif demandé à tous. Madame constatera à regret que la consigne n’est pas arrivée jusqu’aux personnes chargées des contrôles à l’entrée, compte tenu du nombre de bermudas, shorts et autres vêtements de plage croisés tout au long de la journée.

Profitant de la relative tiédeur du matin, notre ami fera le tour des pelouses du concours d’Etat, admirant les exemplaires proposés à l’œil averti des jurés. Ce sont 18 classes qui s’offrent à lui avec des versions très traditionnelles comme les Bentley d’avant-guerre ouverte ou les voitures en état d’origine. Mais notre amateur n’est pas si âgé et apprécie à sa juste valeur la présence de la classe des GT d’endurance à partir de 1994 et celle des McLaren de course. Un penchant naturel de Peter Auto que l’on a toujours retrouvé dans sa vision du concours d’élégance. Pas sectaire, notre ami apprécie tout autant les Ballot, marque française prestigieuse et significative mais pourtant oubliée, que la Mercedes CLK GTR ayant remporté le championnat FIA GT de 1997 et la McLaren F1 GTR, mythique vainqueur du Mans 1995. Amateur mais pas pointilleux, il ne détaillera pas l’ensemble du plateau à son épouse et à ses enfants qui, bien qu’appréciant la triplette de Porsche 917, commencent à trouver la promenade un peu longue.

Qu’à cela ne tienne, Madame va faire profiter sa progéniture des multiples activités d’extérieur disposées ça et là sur les pelouses. Entre les jeux traditionnels en bois, le tour en bateau sur les bassins, le maquillage ou la dégustation de véritable crème Chantilly, l’occupation est garantie.

Monsieur en profite pour prendre place autour du miroir et suivre dès le milieu de matinée la délivrance des premiers prix et admirer la plupart des voitures en mouvement. La place VIP lui assure un siège mais il se sent un peu seul, la plupart de ses coreligionnaires n’étant pas encore arrivés ou occupés à autre chose. Au point que le public est invité à prendre place lui aussi sans avoir pour autant payé le précieux bracelet. Le grief déjà remonté il y a deux ans a donc trouvé sa solution, il est vrai que les gradins dégarnis, cela pourrait faire mauvaise image.

Bien que VIP, notre famille décide de laisser tomber le déjeuner gastronomique de l’espace dédié pour privilégier le très joli panier pique-nique. Il lui sera fait honneur dans un bel espace situé juste à l’entrée des pelouses accueillant les nombreux clubs. Ces derniers ont une nouvelle fois fait preuve d’imagination entre tenues et mises en scène des autos. Cette zone club est une grande spécificité de Chantilly, créant une ambiance en tout point unique. Habitué des lieux, notre couple regrette toutefois un certain manque de renouvellement : mêmes clubs, mêmes autos, mêmes décors. On n’est pas tout à fait lassé mais il flotte une impression de déjà vu qui laisse un petit goût de déception.

Monsieur passera dans la foulée sous la tente Bonhams pour profiter de l’atmosphère des ventes aux enchères, à l’affut d’une occasion en or, comme cette Alfa Romeo Giulietta SS partie à 87.000€, rêvant de pouvoir s’offrir la sublime BMW 507, tête d’affiche estimée à plus de 1.8M€ mais non vendue.

Afin de faire plaisir à son garçon, un détour par les parkings visiteurs est organisé. S’y trouvent un nombre impressionnant de diverses Porsche et Ferrari modernes, à même de faire courir partout le jeune homme. Il jettera son dévolu sur la 911 GT2 RS ou la Ferrari 599 GTO, à moins que ce ne soit sur la F12 Berlinetta Tailor Made si originale. Ce n’est rien en comparaison de l’hospitalité Ferrari que découvrent tous les visiteurs en pénétrant dans l’enceinte du château : GTO, F40 et F50 sont comme à la parade, au milieu des traditionnelles classiques 275 GTB et autres Ferrari 400.

 

Quelque peu lassée par tant d’automobiles, Madame partira pour une visite du château de Chantilly, plus grand château privé de France, hôte de la plus grande collection de peinture d’Empire après le Louvre et d’une brillante exposition « La Joconde nue ». Une pause culture classique et fraîcheur bienvenue avant de s’installer pour le défilé du concours d’Elégance, première étape de la conclusion de cette journée.

Les 9 concepts-cars présents tournent l’un après l’autre autour du miroir, accompagné d’un mannequin vêtu d’une création unique d’un couturier, inspiré par l’automobile qu’elle accompagne. Finalement, ce seront 8 voitures qui seront vues, la si mignonne Honda E-prototype n’étant pas roulante, contrairement à la Renault EZ Ultimo. Pilotée à distance, le concept radical de mobilité de luxe offre un spectacle déroutant avec ses fausses jantes mobiles qui ne tournent pas en synchronisation avec les roues dissimulées sous la carrosserie. La Voiture Noire fait forte impression, nettement plus que sous les spots du salon de Genève même si elle cache toujours son habitacle de maquette très améliorée, la version finale n’étant pas prévue avant plusieurs années. Amateur de football, notre ami aura eu la confirmation ferme du patron de la marque : elle n’est pas à Cristiano Ronaldo. Charmée par le côté jouet de la chose, Madame, comme la majorité du public, vote pour le ID. Buggy de Volkswagen. Le jury ne la suivra pas et récompense du Best of Show la sculpturale Speedtail de McLaren. Ce n’est certes pas un concept mais elle sera toujours fort rare : 106 exemplaires, tous vendus. Celle que nous avons sous les yeux n’est d’ailleurs pas juste une maquette bien finie mais un prototype de présérie bien réel avec un V8 particulièrement sonore malgré l’allure modeste.

Bercé par les récits de jeunesse de son père, le garçon aurait bien aimé que l’Aston Martin DB4 GT Zagato Continuation soit primée mais il semble que le concept même n’ait pas satisfait les jurés. La première mondiale de la BMW Vision M Next semble les avoir également laissés un peu froids.

Qu’à cela ne tienne, la famille motivée par la victoire de la McLaren, qu’elle espère croiser un jour devant un bel hôtel parisien, décide de terminer sa journée par une visite minutieuse et attentive à l’exposition de supercars. Pas tout à fait dans le thème de la journée, cette section attire les foules qui y voient un moyen de rentabiliser les 50€ du ticket d’entrée (et bien plus pour les VIP compte tenu des prestations offertes avec le pack). Il faut dire que le plateau cette année avait fière allure. En plus de la plupart des voitures du rallye de la veille, Toyota y a apporté sa LFA tandis qu’une rarissime Porsche 959 S est sortie de nulle part pour se joindre à la fête. Pensez donc : 65 chevaux supplémentaires, sellerie tissu, arceau gainé de cuir et environ 100 kg de gagnés sur la balance. Les 29 (ou 37) exemplaires s’échangent à prix d’or.

Bugatti est également arrivé en force pour fêter son centenaire : en plus de La Voiture Noire, la marque à dépêché sur les pelouses pas moins de 5 voitures : une Veyron, trois Chiron (dont une Sport et une Sport 110 ans) ainsi qu’une EB110 un peu bizarrement présentée. Cette dernière fait partie des dernières, produites par Dauer après la faillite de l’aventure italienne. Il s’agit donc d’une SuperSport mais la pancarte indiquait un simple EB110 GT. Connaisseur, notre VIP a du mal à comprendre ce tour de passe-passe.

Mais le clou du spectacle se trouve juste à côté avec la célébration des 20 ans de la Pagani Zonda. C’est d’autant plus remarquable que la famille passe systématiquement au Mondial de l’Auto et déplore l’absence de la jeune marque depuis bien longtemps. Alors, voir Pagani investir un événement français lui offre bien du plaisir. La jeune fille du couple apprécie la ligne pure de la C12 originelle, reconstruite cette année par la marque et déjà vue à Genève. Elle goûte encore la Cinque Roadster mais tique sur la HP Barchetta, proposition radicale et perturbante produite à 3 exemplaires et facturée plus de 10 M€. La Zonda R, agressive et radicale, dédiée à la piste et homologuée pour rien est plus cohérente. Une Huayra Roadster complète le display de fort belle manière. C’est toutefois un peu en retrait que sa voiture préférée a été garée : une authentique et pas reconstruite Zonda C12 jaune, une des rares à avoir échappé aux délires de clients en mal d’ailerons et appendices disgracieux. C’est pur, élancé, pas très puissant (395 chevaux) et n’a été assemblé qu’à 5 exemplaires dans cette version, à une époque où la demande de supercars n’était pas ce qu’elle est actuellement.

Pas découragés par la pluie aussi brève que soudaine, nos quatre amis déambulent dans le domaine jusqu’à la fin officielle de la journée. Un peu fatigués par la marche, tous ont le sentiment d’avoir passé une journée pas comme les autres, en tous points exceptionnelle. L’annonce faite peu après la remise des Best Of Show du concours d’Etat à la Talbot Lago T26 Grand Sport Coupé (après-guerre) et à la Bentley 8 Litres Foursome Coupé (avant-guerre), de la reconduction en 2021 du concours Arts et Elégance leur permet de cocher la date dès ce soir dans leur agenda.

Merci à Peter Auto de nous avoir reçu pendant ces 2 journées.

Photos : Thomas D (Fast Auto), Régis Krol, Pierre Clémence

Le résumé des gagnantes de Chantilly 2019 – Arts et Élégance :

Concours d’Élégance

Concours d’Etat

Grand Prix des Clubs

Prix spéciaux

Pour tous ceux qui auront été au bout de cet article et qui n’étaient pas présents à Chantilly, un petit backstage pour vous montrer que prendre des photos acceptables n’est pas toujours chose aisée, il y a du monde…

Quitter la version mobile

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