… qu’il allait bien penser aux automobilistes dans les mois et années à venir !
La Prévention routière va dans un premier temps s’occuper des “distracteurs” c’est à dire les utilisateurs forcenés et irresponsables du téléphone et de ses applications en conduisant. Ainsi les oreillettes et les fameux kits “mains libres” devraient très prochainement être interdits pour laisser la place qu’au système Bluetooth. Selon M. Péchenard, les distracteurs seraient impliqués dans 10 % des accidents mortels et de poursuivre que selon la Sécurité routière, plus d’un jeune sur deux utilise son portable au volant et plus de 63 % d’entre eux affirment consulter ou rédiger des SMS en conduisant (quelque soit la vitesse). Le délégué interministériel met même en avant une étude américaine qui montre que rédiger ou lire un SMS ou un mail au volant multiplie par 23 le risque d’accident.
Frédéric Péchenard estime que le parc actuel de radars (4.200 appareils de toute nature), est suffisant et qu’il faut avec la bonne centaine à mettre encore en service avant la fin de l’année, essentiellement s’attacher à la modernisation des moyens de contrôle. Ainsi les vieux modèles seront progressivement remplacés par des radars plus intelligents, plus efficaces et les radars tronçons devraient voir leur nombre croitre dans les prochains mois et prochaines années.
F.Péchenard parle aussi des nouveaux radars mobiles embarqués qui auraient permis de sanctionner depuis le mois de mars quelques 10 000 infractions. Le délégué d’ajouter qu’il y en aura au moins 300 en France d’ici fin 2015-courant 2016. Pour se justifier il explique : “Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ainsi sur une zone de 8 km autour d’un tel radar, l’accidentalité baisse en moyenne de 63 % ce qui n’est pas rien ! “*. Reste que ces équipements très coûteux (80.000€ au moins l’unité), n’ont pas encore prouvé leur rendement face au radars fixes qui ont fleuri le long des routes depuis le début du millénaire. Les associations s’étonnent aussi de l’importante mobilisation de fonctionnaires à bord de véhicules roulants qui seraient plus utiles ailleurs notamment en ces temps de forte augmentation de la vraie délinquance envers les personnes et les biens !
On poursuivra avec la fameuse affaire des boites noires embarquées dans nos autos et le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a demandé ce jour au CNSR de se pencher sur cette importante affaire et ce vrai projet de sécurité routière. Evoquant ces enregistreurs de données d’accidents, le ministre explique que ces instruments n’ont bien sur pas vocation à faire un historique et un contrôle (vous avez dit flicage et Big Brother !) des déplacements des automobilistes mais simplement à connaître les événements techniques précédents d’une trentaine de seconde un accident ». Le ministre de l’intérieur de poursuivre et d’expliquer qu’ aujourd’hui la technologie embarquée n’est plus un obstacle mais il nous reste à arrêter les grands principes déontologiques pour l’utilisation de cet outil. Enfin il a rappelé que des études étaient également en cours sur le sujet en Europe mais aussi aux USA et d’affirmer que le seul fait de savoir qu’un mouchard était dans l’auto faisait notablement ralentir les conducteurs… A vérifier puisque pour l’instant aucun pays n’a imposé un tel système de contrôle de la conduite.
L’ombre de la vitesse limitée autoritairement (et du lobbying de Chantal Perrichon) continue d’agiter les réflexions des membres du CNSR et si le président Armand Jung, est favorable à l’installation de boîtes noires dans les véhicules neufs, à l’image de ce que l’on connaît dans les avions, le délégué interministériel rêve d’aller un peu plus loin avec des systèmes embarqués de type Lavia qui, au travers de l’électronique des voitures, ajusteraient la vitesse limite de chacun de façon autoritaire en fonction de l’axe utilisé (quid des petites routes, des départementales souvent sans panneaux, des zones de travaux ou des conditions climatiques).
Manuel Valls a évoqué une nouvelle fois la question de la réduction de la vitesse et il se dit convaincu que c’est en baissant davantage la vitesse sur les routes, et notamment les routes secondaires, que nous aurons une baisse de la mortalité. Il poursuit son propos en disant : “Si demain, il faut mettre en place de telles mesures dans ce sens, je n’hésiterai pas à les prendre !”. Nous voilà prévenus de ce qui nous attend dans les prochains mois si la mortalité routière repart à la hausse !
Le CNSR et le ministre se sont aussi penchés sur le cas d’une possible réforme du permis de conduire et d’annoncer la mise en place, dès le mois de juillet, d’un énième groupe de travail qui sera chargé de plancher sur l’examen du permis de conduire. En effet selon Manuel Valls la dernière réforme qui date de 4 ans n’est pas assez réformatrice et il faut aller plus loin en ayant comme objectif de réduire le délai d’obtention du permis qui est aujourd’hui de 86 jours (2.5 mois) en moyenne entre le début de la formation et l’obtention du fameux sésame.
Autre proposition, certes plus anecdotique mais qui montre quand même l’étrange état d’esprit du CNSR, l’interdiction des vitres surteintées sur les portières avant mais aussi à l’arrière des véhicules. Arguments avancés par la commission, les motards ne peuvent pas voir au travers des autos situées devant eux et cela nuit à leur sécurité sur la route et les forces de l’ordre en cas de contrôle inopiné ou imprévu ne peuvent pas voir ce qui se passent à l’intérieur de la voiture notamment pour le contrôle du port de la ceinture, le bon équipement de sécurité pour les enfants ou l’utilisation du téléphone portable !
Nos amis les motards ne sont pas oubliés ce vendredi puisque la commission deux-roues du CNSR préconise l’obligation de la détention du gilet jaune (non porté), l’uniformisation de la taille des plaques à 210 x 130 mm en lieu et place du format 170 x 130 mm qui devrait très vite ne plus être homologué. Par ailleurs le Conseil National a évoqué un troisième volet propre aux deux-roues, la fameuse circulation interfile (pratique tolérée mais illégale) qui fait débat depuis longtemps tant chez les motards que chez les automobilistes. Le ministre de préciser “Il nous faut avancer sur le cas de la remontée interfile des deux roues entre les voitures et je souhaite travailler sur la base d’une expérimentation dans les prochains mois”.
Patrick Jacquot (président de la Mutuelle des Motards et de la Commission deux-roues du CNSR) a présenté publiquement ce jour une proposition d’évaluation de la circulation entre les files du périphérique parisien dès le 1er avril 2014 et de préciser : “Pour nous, utilisateurs de deux-roues motorisés, il s’agirait bien d’une évaluation et non d’une expérimentation, dans la mesure où l’expérimentation de cette pratique est déjà menée depuis de nombreuses années, notamment sur le périphérique parisien“.
À partir du millésime 2016, tous les nouveaux modèles de moto devraient par ailleurs être équipés de série du système ABS. Frédéric Péchenard d’ajouter sa proposition personnelle pour les motards : “Je milite pour la généralisation des gilets airbags qui équipent déjà les motards de la Police (et bientôt ceux de la Gendarmerie). Cet équipement coûte cher (>400€) mais sauvera bien des vies”.
Voilà donc les belles propositions faites par le CNSR à nos gouvernants qui prendront des décisions sur le sujet à l’automne. Je vous laisse méditer et réfléchir sur le sujet car il y a vraiment à dire sur cette affaire de Sécurité Routière qui est toujours liée à justification permanente rappelée par Frédéric Péchenard : “Il faut passer sous la barre des 2 000 morts par an à l’horizon 2020 alors qu’en 2012 ce sont encore 3.645 personnes qui ont perdu la vie sur les routes. Et si l’on a réussi à sauver plus de 36000 vies sur les route entre 2002 et 2012, c’est à 80 % grâce à l’implantation des radars. Leur efficacité n’est d’ailleurs plus à prouver aujourd’hui puisque les Français roulent en moyenne 10 km/h moins vite qu’il y a dix an !”. Merci serait-on tenté de dire…
Rien a ajouter de plus sauf à reprendre la phrase de conclusion du journal Le Point sur le sujet : Voilà qui ne va pas inciter les automobilistes à changer de voiture et créera une bombe à retardement qui finira bien par achever l’industrie française (NDLA : on ajoutera l’autophobie entretenue et le bonus-malus écolo qui fait plus de mal que de bien au marché) !
Via CNSR, Ministère de l’intérieur, LesEchos, Europe1, LePoint.