Design : Genèse de la Peugeot 208

Sketchs Peugeot 208 (3)

Sketchs Peugeot 208 (1)

A chaque nouvelle voiture viennent des commentaires sur le design proposé, les inspirations esthétiques suivies, avec moult critiques plus ou moins enthousiastes, dithyrambes… ou ravageuses. Si apporter son avis est constructif, notamment pour les constructeurs qui peuvent parfois corriger leur tir afin de mieux coller à des attentes qu’ils n’avaient pas anticipées, il est un travail encore plus intéressant : découvrir pourquoi et comment le design d’un produit fini a été entériné par ses pères, les designers et ingénieurs. Quelles furent leurs inspirations ? Quelles idées ont été rejetées ? Il arrive que les constructeurs révèlent, parfois longtemps après, les esquisses internes et les différents travaux de maquettes menés pour élaborer leurs automobiles. Découvrons ainsi ce à quoi aurait pu ressembler la Peugeot 208 avant d’être celle que nous connaissons aujourd’hui.

Le projet A9

C’est à la fin de l’année 2007 que les équipes de l’ADN, l’Automotive Design Network basé à Vélizy (78), commencent à réfléchir sur le projet A9, nom de code du véhicule qui remplacera la 207 pourtant lancée depuis à peine plus d’un an. Comme chez tous les constructeurs, les designers sont mis en concurrence et libres de proposer divers projets et interprétations esthétiques du cahier des charges fixé par les ingénieurs. A9 doit être plus courte et plus légère que la 207, mais ce n’est pas le seul défi qui préside à sa conception. Elle arrive à une période charnière pour le design du constructeur Sochalien : le dompteur historique des Lionnes, Gérard Welter, a quitté son rôle exécutif en 2007, remplacé par Jérôme Gallix à qui il incombe de faire évoluer le design “félin” vers de meilleures proportions sans pour autant en casser tous les codes (optiques acérées, grandes calandres etc.). Fin 2009, après l’arrivée de Jean-Pierre Ploué à la tête du design de PSA, c’est Gilles Vidal qui prend les rênes du design Peugeot, et se fixe comme objectif d’en renouveler l’identité en profondeur. Le projet A9 sera le premier modèle de ce changement, un changement sous le signe de la continuité néanmoins puisque depuis janvier 2009, les orientations stylistiques de la 208 ont été figées par l’équipe Gallix.

Trois propositions de trois designers différents ont été retenues en septembre 2008 pour faire la 208 : l’extérieur de Sylvain Henry (les deux dernières photos ci-dessus), les teintes et finitions de Marie Sanou, et l’intérieur d’Adam Bazydlo. L’ensemble du design de la 208 est chaperonné par Pierre Authier. Une fois cette pré-sélection opérée par PSA est intervenu, en janvier 2009, le choix du thème stylistique définitif, préalable à l’industrialisation du projet. Cette phase consiste notamment en la commande des futurs robots d’usine, ainsi que du gel des outillages pour les pièces internes à la voiture (structure, châssis…). Et ce n’est qu’en janvier 2010 que le design de la Peugeot 208 est gelé, après un travail en profondeur des volumes sur des maquettes clay à échelle 1/1. Quelques semaines plus tard, un prototype grandeur nature de la 208 était présenté en interne aux agents de Peugeot.

Études de l’extérieur

Correspondant avec le nouveau slogan de Peugeot, “Motion & Emotion”, la 208 doit être dynamique. Dans la bouche des designers est souvent employée l’expression “boule de nerfs”, pour montrer à quel point le raccourcissement de la voiture est synonyme de concentration de puissance. Une puissance différenciée entre les deux carrosseries, 3 portes et 5 portes. Pour la première, le pli latéral est repris du concept SR1, et une évocation de la 205 est suggérée par le jonc chromé. Pour la seconde, un caractère légèrement moins sportif est privilégié, avec une courbure latérale du vitrage arrière et un pli de carrosserie inversé par rapport à la version 3 portes. Ainsi, Peugeot croit avoir réussi l’alchimie entre un design à la fois masculin et féminin…

Si le design n’a pas de sexe, il a malgré tout une identité, que Peugeot a voulu conserver à travers quelques détails : la forme de pince des feux est consécutive des concepts BB1 et SR1 autour du thème des “griffes” héritées de la 504 Coupé ; le vitrage est légèrement ajouré sur le toit, le rendant plus dynamique sur ses extrémités ; la bouche avant, bien que rétrécie en largeur, reste imposante et donne un sourire moins agressif et plus chaleureux à la voiture, avec une grille flottante ; la forme générale des optiques, repensée, reste celle d’une amande, comme au temps de la 206. Un jeu de lumière est permis entre les différents niveaux de finitions avec les diodes des feux de jour, puisque leur liseré est différent selon que votre 208 soit “Active” ou GTi/XY. Fantaisie ultime : le monogramme “Peugeot” est apposé à l’avant et à l’arrière, pour bien rappeler au monde le nom de la marque.

Réflexions en intérieur

Depuis la 208 et sur chacune de ses dernières nouveautés, Peugeot propose un nouvel agencement du poste de conduite, avec lecture des compteurs au-dessus de la jante du volant, le diamètre de ce dernier étant considérablement abaissé pour le rendre plus maniable. Cette organisation, baptisée “i-Cockpit” dans la dernière 308, a été décidée dès avant les débuts du projet A9, en 2007. Il s’agissait pour Peugeot de “recréer le segment B”, vers plus d’agilité, et une transmission des informations plus rapide pour les yeux entre la route et les compteurs. C’est une évolution du HUD (Head Up Display) du crossover 3008, baptisée HUC (Head Up Cluster).

L’intégration du SMEG, le système Multimédia par écran tactile au centre du tableau de bord, permit de réduire considérablement le nombre de boutons, et donc d’améliorer la visibilité des commandes et l’ergonomie du véhicule. Pensé dès les débuts du projet, ce nouvel agencement permet à l’intérieur de la 208 d’être cohérent dans sa philosophie, même si des détails comme la forme des aérateurs ont mis plus de temps à être choisis.

De la maquette à la série

Au-delà du travail de détails de la carrosserie, permis par des maquettes grandeur nature du futur véhicule, le projet A9 est approfondi dans sa philosophie par le choix des matériaux et son positionnement produit. L’objectif fixé par Peugeot de la montée en gamme passe par le renouvellement de ce petit modèle, à travers des dotations généreuses pour les finitions hautes Allure et Féline, tandis que deux niveaux exclusifs sont inaugurés à ce niveau de gamme : GTi pour le sport, et XY pour le statut “chic”. Parallèlement sont menés les tests de fiabilisation de la voiture tout autour du monde, du cercle polaire aux régions les plus arides, sans oublier dans le secret des murs du centre d’essais de Belchamp. On conçoit également, en extension de la 208, le crossover 2008, qui en reprendra la planche de bord ainsi que le châssis. Le projet A96, de petit coupé et/ou cabriolet, a pour sa part été arrêté pour économies budgétaires.

Vint enfin au printemps 2012 le lancement de cette 208, 5 ans après les prémices du projet A9 qui présidait à ses destinées. Et, puisque le cycle de vie des voitures a tendance à raccourcir, soyez sûr qu’à Vélizy et dans les têtes des designers et ingénieurs de Peugeot, bientôt on envisagera déjà sa remplaçante !

http://youtu.be/aMX5qP5KOgU

Sources : Informations, dessins et photographies ont été publiés par le site russe CarBodyDesign, spécialisé dans le design automobile, en mai 2012. C’est grâce au travail du membre KADZ du forum WorldScoop que les documents ici présentés ont pu être réunis.

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