Un voyage aux Etats-Unis, le pays de l’automobile, est obligatoirement pour le passionné du genre une expérience incontournable. Ajoutez-y des paysages de folie et une bagnole bien couleur locale (à tous les sens du terme) et hop ! Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager un minimum le tout…
Durant le mois passé aux USA nous avions prévu deux semaines et demie de road trip dans l’Ouest américain à la découverte des grands parcs nationaux. Impossible bien entendu de réaliser ce parcours de plus de 5000 kms autrement qu’en voiture et nous avions réservé celle-ci depuis la France (enfin disons plutôt l’Allemagne…) en nous contentant, compte tenu du poids financier, du strict minimum vital, un modèle économique type Chevrolet Aveo, bref de l’américaine light…
Mais c’est bien connu, aux USA tout est plus grand et c’est avec un plaisir non dissimulé que nous avons découvert le contrat de location à l’aéroport de Salt Lake City. Upgradés trois fois nous voici les heureux conducteurs d’un véhicule « standard size » avec en plus un vrai look d’américaine bon teint : une Dodge Avenger couleur Copperhead Pearl Coat, un orange métallisé proche de celui de la Mégane coupé. Petite cerise sur le gâteau, si le modèle est bien une entrée de gamme qui est normalement équipé de roues de 17 pouces et d’une paire d’enjoliveurs, celle-ci s’est vue dotée de belles jantes de 18 pouces chromées. On aime ou pas mais force est de constater que du coup le véhicule a de la gueule et qu’on est bien aux USA…
De la gueule c’est bien ce qui caractérise le style de cette américaine. Elle n’est plus toute jeune, elle a même fait un bref séjour en France en 2007-2008 mais elle conserve à mon sens un style bien trempé qui n’a pas beaucoup vieilli, d’autant que Dodge a fait évoluer sa voiture dans le bon sens. Regard affuté, boucliers proéminents, épaulement arrière extrêmement prononcé et désormais feux arrières à DEL entourant un coffre assez haut perché, cette Dodge se veut agressive et même sportive dans son approche (les versions plus huppées bénéficient d’un aileron arrière, de deux sorties d’échappement et de phares anti brouillard à l’avant qui renforcent ce look sportif). Malgré ses 4,85 m de longueur qui la ferait passer pour un bateau en Europe, elle reste une voiture moyenne aux USA et sa taille est absolument idéale pour entreprendre un long périple à travers l’Ouest sauvage.
A l’intérieur on est désormais dans du sobre mais surtout dans du bien construit si l’on compare avec ce que Dodge nous proposait en Europe il y a quelques années. Le dessin de la planche de bord est sans grande fantaisie mais c’est cohérent, les touches de simili alu rehaussent l’ensemble et la qualité des matériaux est tout à fait honorable pour une voiture affichée à seulement 20 000 dollars (oui quand même… bon plus les taxes…). A ce prix on a droit à l’essentiel, clim manuelle (là c’est carrément vital à certains endroits), régulateur de vitesse, 4 vitres électriques et une radio de fort bonne qualité. On reste toutefois un peu surpris lorsqu’on ferme le coffre pour la première fois compte tenu du bruit de casserole émis qui place une Dacia Logan au rang de limousine haut de gamme…
Naturellement, et le contraire serait un comble, il y a de la place, beaucoup de place même, surtout quand on n’est que deux. Mais société de consommation oblige nous avons quand même réussi à remplir le coffre de tout un tas de produits sucrés et salés forts gustatifs et surtout forts nourrissants, ça rentre sans problème on vous le répète…
Allez, en route, une bonne vieille clé, quelques bips d’avion pour tel ou tel check, position D et ça roule…
Il faut le dire conduire aux USA est très agréable, ce n’est pas excitant ou nerveux, non, c’est coooool, tranquille, sans stress. Les limitations de vitesse sont en général assez faibles (75 mph, soit environ 120 km/h sur les autoroutes de l’Utah mais 65 ailleurs), les automobilistes les respectent globalement (sauf dans les secteurs de travaux où l’on vous prévient pourtant que les amendes sont doublées et peuvent aller jusqu’à 600 dollars…) mais ils sont surtout calmes et courtois… enfin disons globalement. Un exemple typique du code de la route américain à mon sens inadaptable en France ou en Europe : le “4 corners stop”. Dans ce type de croisement il y a un stop à chaque route, le principe est que celui qui arrive en premier repart en premier et cela se passe à ravir dans la plus parfaite tranquillité, les uns après les autres. Autre point fort de la conduite aux Etats-Unis, elle se fait sur des routes bien larges, et du coup la Dodge Avenger ne parait vraiment plus si grande, elle rapetisse d’ailleurs encore un peu plus au premier F150 ou Ram1500 venu. Revers de la médaille, il faut bien le dire les routes sont souvent affreusement ennuyeuses tant les lignes droites sont longues… et droites, du coup au moindre virage la limitation de vitesse passe à 15 mph alors que le virage se prend à 50 les doigts dans le nez. Cela dit les paysages que nous avons traversés viennent très facilement rompre l’ennui et les kilomètres défilent paisiblement et sans fatigue.
Notre Avenger est à ce sens très adaptée à ce type de conduite cool. Sous son look de teigneuse ce modèle d’entrée de gamme ne cache sous son capot qu’un « petit » 2,4 litres de 173 ch. Cette puissance peut apparaitre respectable mais il ne faut pas oublier la taille de l’engin et au final on se demande s’il ne manquerait pas par hasard une bonne cinquantaine de poneys. Ce d’autant plus que la boite automatique est une antiquité à 4 rapports. Elle est très douce et très cool également, très très très cool. En bref il ne faut pas espérer voir la voiture rétrograder instantanément quand on enfonce le champignon, il faut plutôt attendre 1 à 2 secondes avant de la voir réagir et donc prévoir un temps certain quand on veut dépasser. Et puis naturellement avec 4 vitesses la boite hésite souvent entre un rapport et un autre et ne parvient pas à maintenir la vitesse en 4ème dès que ça grimpe un chouïa, c’est donc avec un plaisir intense que vous gravissez les cols à fond de 3eme seconde dans un hurlement rageur mais inefficace au possible puisqu’irrémédiablement la vitesse descend, descend, descend… Malgré tout la voiture sait se montrer relativement raisonnable en terme de consommation puisque nous avons affiché une moyenne de 7,8 litres sur 5236 kms avec un parcours quasi exclusivement routier et autoroutier. Avec un gallon en moyenne à 3,6 dollars les pleins sont plus que raisonnables…
On le répète, la philosophie des vacances et de la voiture c’est de se la couler douce. Et sur ce point la voiture tient la route, et pas seulement sur ce point d’ailleurs. On passe en mode cruising, le bruit du moteur devient inaudible, les bruits d’airs sont très faibles, la sono est bonne, on est bien assis, au frais, avec un bon litre et demi de liquide frais et sucré bien campé dans son porte gobelet (allez aux USA et vous comprendrez qu’une voiture qui n’en serait pas équipée battrait des records de mévente), l’amortissement est agréable sans pour autant être trop mou et pomper dans les virages, bref on est bien… Néanmoins cette Avenger sait aussi se montrer dynamique dans une certaine mesure et les petites (tout est relatif aux USA) routes de montagne ne lui font pas peur (en descente bien sur). Mieux, la voiture est même capable de sortir des routes goudronnées pour jouer les alpinistes… Non je déconne elle n’a aucune capacité de franchissement mais pour visiter Monument Valley on n’a pas le choix…
Il faut le dire cette Dodge Avenger n’est en rien adaptée au marché et au paysage européen, c’est une américaine pur jus avec ses qualités et ses défauts mais au final c’est une voiture attachante qui nous a accompagné tout au long de notre périple et qui a encore renforcé l’immersion dans ce grand et beau pays, un joli parfum d’Amérique…
Crédit photo : Eddy P.