Depuis les années 70, Ford a su imposer sa griffe RS sur de superbes sportives comme l’Escort RS1600, la Sierra RS Cosworth 4×4 ou encore la Focus RS500. Une quarantaine d’année plus tard, la marque américaine sort la Focus RS, troisième du nom. Est-elle au niveau de ses ancêtres ? Provoque-t-elle le même plaisir de conduite ? Le fun est-il toujours là ? C’est ce que j’ai essayé de vérifier en me rendant pendant deux jours en Provence, pour l’essayer à la fois sur route et sur circuit, avec en bonus un petit tour de drift !
Rendez-vous m’est est donc donné à la gare de Avignon, où m’attend la Focus RS qui va être mienne pendant quelques heures. Je vais partager le volant avec Adrien Sallé d’ABCMoteur, un acolyte déjà rencontré lors des essais de la Renault Talisman. Aujourd’hui, notre duo change donc d’univers en passant de la routière “chic” à la sportive (très) assumée !
Avec mon collègue, nous demandons d’avoir la configuration avec le bleu du lancement pour nos photos. Appelé “Nitrous” Blue (1200 €), la peinture de notre carrosse est pourvue de quatre couches et dispose d’un reflet pailleté, de quoi passer assez inaperçu… En même temps, la voiture annonce vraiment la couleur rien que par son design réalisé à la serpe !
À l’avant, ses entrés d’air sur-dimensionnés pour refroidir le moteur et les freins la rendent vraiment méchante !
Le profil n’est pas en reste avec son profil tendu et ses lignes acérées. Les jantes 19″ en alliage forgé (1000 € et 1900 € avec des Pilot Sport Cup 2) permettent d’économiser plus de 900 grammes par roues et joue énormément à lui donner un style sportif. À l’arrière, la Focus RS affiche encore sa puissance par l’adoption d’un spolier en plastique noir et couleur carrosserie, ainsi que par son énorme diffuseur arrière, deux artifices qui viennent coller la voiture sur la route. De chaque côté de ce diffuseur, la compacte du diable dispose de deux pots d’échappements assez énormes qui permettent au quatre cylindres de chanter comme un cinq ! Enfin, au centre, Ford fait un rappel à la compétition avec un feu anti-brouillard.
A l’intérieur, la voiture est très proche de la version ST que nous avions essayé ici en essence et là en Diesel et break. À la différence de la version que j’ai précédemment essayée, les surpiqûres bleues prenne la place des rouges. La version dont nous disposions disposait des sièges baquets Recaro… Ces assises en option, et différentes de celles du break, sont de très bonne facture et ne m’ont pas du tout gêné sur les côtés comme ceux de la ST. Ils ne sont en revanche pas réglable en hauteur et j’aurais préféré une position de conduite un poil plus basse, histoire de faire plus corps avec la voiture.
Le levier de vitesse change peu, et est tout aussi agréable à manipuler qu’une ST, tout comme le volant. Sinon pour le reste, la RS est une version presque normale, avec cinq places assises et un coffre identique. Pour ce qui est de la finition, c’est… bien, mais perfectible dans le choix de certains matériaux avec l’emploi de pas mal de plastiques assez moyens. Sauf que lorsqu’on voit un rapport prix/performance si impressionnant, on en oublie ces petits défauts futiles dans une sportive.
Toute les modifications sont techniques et se cache sous le capot avec le 2,3 litres Ecoboost, repris de la Mustang 4 cylindres et prenant 33 ch au passage pour atteindre 350 ch. Par rapport à la version MKII, cette version perd un cylindre mais garde un bruit très roque grâce à un travail de fond sur l’échappement, qui, grâce à l’adoption d’un système d’injection de carburant en très petite quantité, permet d’avoir des clapotements et une sonorité presque digne de voiture de rallye.
La Focus RS passe aussi de deux à quatre roues motrices, question de sécurité et de sécurité : il devient plus sécurisant et efficace de faire passer autant de puissance sur toutes les roues. On pourrait croire que cette transmission intégrale rendrait la RS MKIII beaucoup moins fun, mais c’est sans compter sur les ingénieurs de Ford, qui lui ont concocté une transmission intégrale intelligente typée propulsion. Pour faire simple, entre le train avant et l’arrière il y a trois bras qui permettent de dé-multiplier la puissance fournie à l’arrière. La RS est ainsi typée propulsion à hauteur de 70 %, mais la transmission peut en cas de besoin fournir 100 % à chaque roue arrière lors du mode Drift.
Déjà excellent sur la ST, le châssis de la RS a été revu pour s’approcher de la perfection. La rigidité a été améliorée, et nous verrons sur circuit que la Focus adopte un comportement plus que jamais GTI.
Avec mon complice, nous commençons notre boucle routière par une partie sur autoroute, un petit péage et là on prend une claque : ça pousse, ça pousse et ça ne s’arrête pas dans un vacarme assez impressionnant… Le confort acoustique et d’assise sur voie rapide est étonnamment bon. Après quelques kilomètres, nous nous dirigeons vers les routes de la Provence, sinueuses à souhait pour notre bombinette du jour.
Adrien et moi sommes bouche bé. La voiture est extrêmement saine et l’on passe à des vitesses très importante en courbe tout en restant très serein, puisque la voiture ne souffre ni de survirage, ni de sous-virage. Elle conserve une agilité impressionnante et donne l’impression de n’avoir aucune limites de passage. Vraiment impressionnant !
Le freinage est lui très endurant et vraiment performant. À l’avant, les étriers de freins Brembo quatre pistons et disque ventilés de 350mm offrent à la voiture un mordant bienvenu. La direction de la voiture est très précise, très rigide et informative, on ressent tout ce qui se passe sur la route ; permettant ainsi se placer en virage pratiquement au centimètre près où on le souhaite.
Le typage propulsion de la transmission intégrale permet à la voiture de se placer toute seule en courbe, de quoi vraiment se faire plaisir sans être un as du pilotage (et pour ces derniers essayer d’aller chercher les limites de cette RS).
Arrivé à l’hôtel après une boucle de 120 km, je suis assez surpris mais ravi par l’efficacité de cette version ultra-sportive de la Focus. Elle ne s’est pas fait attendre pour rien et j’ai hâte d’en voir plus dès le lendemain sur le circuit Michelin de Fontange.
À peine la sonnerie du réveil retenti que je suis déjà à bord, prêt à goûter aux joies du circuit à bord de la RS. Avant d’aller sur piste, un briefing s’impose en quelques chiffres… La Focus RS MKIII, c’est :
– 4 cylindres de 2,3 litres
– 350 ch
– 440 Nm de couple
– 0 à 100 km/h en 4,7 secondes (Launch Control)
– Vmax : 266 km/h
– Quatre mode de Conduite : Normal, Sport, Track et Drift
– Quatre roues motrices (70 % à l’arrière en moyenne)
– 175g cO2 / km
– 39 600 €
On commence le programme par un passage sur la boucle de 3085 m du circuit à haute-vitesse, avec un passage par trois chicanes histoire de comparer entre le mode “sport”, le mode “track” et les deux types de pneus développé par le manufacturier français, à savoir le Pilot Super Sport pour la route et les Pilot Sport Cup 2 pour la piste.
Les premiers sont de toute évidence les plus polyvalents et se détériorent plus rapidement sur piste. Les PSC2 sont eux beaucoup plus performants : ils proposent un meilleur grip et sont vraiment beaucoup plus endurants.
À chaque tour, l’instructeur nous demande de nous arrêter entre deux plots et de faire un Launch Control…
Une fois le mode activé, je débraye, j’engage la première, j’appuis sur l’accélérateur à fond, le régime moteur monte, et là un déferlement de pétarades se passe derrière nous… On se croirait à la place de Ken Block lors d’un Gymkhana ! J’embraye et là je reçois un coup de pied au cul impressionnant ! Une vraie catapulte cette RS, avec un 4,7 secondes impressionnant pour abattre le 0 à 100 km/h…
En parlant de Ken Block, pourquoi ne pas faire un tour de drift ? C’est exactement ce que m’a proposé de faire Ford, sur un anneau type rond-point sur le circuit. Pour réaliser un drift avec cette Focus RS, rien de plus simple : il suffit d’enclencher le mode “Drift”, de tourner le volant à fond et d’appuyer à fond sur l’accélérateur en restant en première.
À ce moment, elle comprend que vous voulez partir en drift et donne 100 % de la puissance sur la roue intérieure AR. Cela permet d’entrainer la voiture puis de distribuer intelligemment la puissance sur les quatre roues une fois la glisse engagée, et ce pour parfaire votre drift et faire comme si vous étiez un pro de l’exercice. À vous ensuite d’allonger ce plaisir en contrôlant la puissance de l’accélérateur et l’angle dans la direction pour rester le plus longtemps possible en glisse…
Premier tour, je suis impressionné par la capacité qu’a la voiture à ce placer en rift toute seule, mais j’ai par réflexe la bêtise de contre-braquer le volant et donc d’annuler la glisse. C’est là que c’est moins fun, la voiture contrôle presque tout toute seule et à part quelques petits ajustements que j’apprends à maîtriser aux fils des tours, la glisse semble trop artificielle pour être vrai. J’aurais aimé un électronique un poil moins présent pour pouvoir s’amuser encore plus. Mais bon, il faut vraiment avoir un très bon ami qui travaille chez Michelin quand on achète une RS et qu’on joue avec le mode “Drift”.
Après avoir fait le “kéké” comme Ken block, j’ai pu essayer le comportement de la voiture sur sol détrempé grâce à la piste humidifiée présente sur le circuit Michelin. Transmission intégrale et aides électroniques omniprésentes oblige, la RS est vraiment très sécurisante et extrêmement saine.
Je me mets ensuite dans le baquet de droite et laisse la place à Axel François, pilote spécialisé dans la conduite en glisse pour un tour dédié à nous montrer le potentiel de la voiture lorsqu’on sait conduire…
Pour 20 000 €, en moyenne, de moins que ces principales concurrentes : Audi RS3, Mercedes A45 AMG ou encore la BMW M135i (en mettant de côté le côté premium de celles-ci), la Focus RS tape vraiment très fort et met la pression sur Renault pour sa future Mégane RS…
Que vous dire sur cette voiture à part que j’ai envie de courir chez Ford commander la mienne ? La débauche de technologies, l’adoption d’une transmission intégrale et le passage au bloc quatre cylindres passera sans doute assez mal pour certains puristes… mais elle est, d’après les témoignages des quelques personnes qui ont pu les conduire, la digne descendante de ses ancêtres avec une efficacité toujours au rendez-vous et une faculté à donner du fun préservée.
Je tiens à remercier Ford France pour l’invitation, leur gentillesse et leur confiance, ainsi que toute l’équipe de Michelin présente sur le Circuit de Fontange.
Photos : Ugo Missana