Essai Mercedes EQS 450+ : quand « salon roulant » prend tout son sens

« Mais quel confort ! », c’est la première impression qui m’est venue à l’esprit après quelques kilomètres. Et c’est un mot qui reviendra probablement plusieurs fois dans cet essai de la Mercedes EQS dans sa version 450+.

Très récemment, Mercedes s’est lancé à corps perdu dans la fée électricité, et propose déjà une large gamme très complète de modèle 100 % électrique. Du petit SUV à la très grande berline, il y a l’embarras du choix. Après l’essai de l’EQE par Jean-Baptiste, voici l’EQS, le vaisseau amiral de cette nouvelle aventure.

Et depuis le commencement, une chose fait beaucoup parler : la nouvelle signature stylistique. On a là un design taillé pour l’efficience, ça c’est évident. Par contre, à mon humble goût, ce n’est pas un canon de beauté. J’ai franchement beaucoup de mal à m’y faire, surtout en photo. Mais quand on se retrouve devant, on change il est vrai, quelque peu d’avis. En fait, on reconnaît surtout un certain charisme. La Mercedes EQS en impose, ça c’est indéniable. Déjà par ses dimensions exceptionnelles, 5,2 m de long pour 1,9 m de large. Elle est plus grande qu’une Classe S ! Mais aussi par son coup de crayon. Elle arbore une ligne pleine de dynamisme, de profil principalement, mais qui vient être alourdie par cette calandre pleine pas très gracieuse. Heureusement, la jolie teinte de mon modèle d’essai, les diverses bandes de LED ou encore les poignées de portes rétractables viennent contrebalancer tout ça.

Sous tous ces panneaux de carrosserie se cache donc un moteur à aimant permanent de 333 ch, placé sur l’essieu arrière, et une batterie de 107,8 kWh utile. Voici alors un énorme vaisseau, pourtant terriblement à l’aise sur tous les types de routes. C’est d’abord en ville que j’ai pu faire sa connaissance, et la gigantesque berline offre tout de suite beaucoup de sérénité. Car au-delà du silence qu’elle dévoile, elle nous rassure très rapidement à son volant. En effet, moyennant l’une des options les plus importantes à sélectionner (que je ne trouve étonnamment pas très chère), les roues arrière directrices jusqu’à 10°,  on profite d’une maniabilité presque digne d’une citadine, allez disons d’une compacte. Les premières fois, on pourrait presque se faire avoir d’ailleurs. Ensuite, on n’a plus du tout de difficulté à manœuvrer ou à se faufiler. Se faufiler, on pourra également le faire facilement grâce à son tempérament fougueux. Les reprises sont vigoureuses et on se joue du trafic avec agilité. Pour vous donner un ordre d’idées, le 0 à 100 km/h est abattu en 6,2 secondes. De quoi éveiller un peu de sportivité…

À ce sujet. Si son poids très conséquent (plus de 2,5 tonnes) lui confèrent un peu de roulis, ce n’est vraiment pas un souci tant elle est gorgée de grip. Cela m’a vraiment surpris quand j’ai haussé le rythme. L’engin n’a aucune difficulté à rester sur des rails dans des courbes rapides, sur routes sèches. Là encore, les roues arrière directrices sont bien utiles et font pivoter l’EQS sur elle-même. On pourrait presque oublier dans quoi on roule. Avant que le freinage, plus compliqué, nous ramène à la réalité. Mais que dire de l’excellente direction ? On ressent tout ce qui se passe là-dessous, et on arrive à placer la limousine comme on le souhaite. De plus, à la manière d’une Porsche Taycan, le mode Sport active une sonorité assez particulière. Entre le ronronnement et le vaisseau spatial. Si j’ai toujours trouvé ça bof, voire beauf, ici ça fait le job. Mine de rien, ce genre de système s’est désormais bien amélioré et cela ajoute une certaine expérience sonore pas si désagréable. Donnant toujours plus envie de s’amuser à son volant. Alors attention quand même, si les conditions météorologiques se dégradent. À cet instant, son embonpoint et son couple instantané (568 Nm) la rendent un peu plus joueuse. La puissance a plus de mal à passer au sol et l’EQS préférera calmer la cadence. 

Cependant, c’est bien dans les grands espaces que la Mercedes EQS est la plus à l’aise. Elle sait préserver le bien-être de ses passagers. Déjà parce qu’elle propose probablement la meilleure suspension du marché. En étant à la fois prévenante, douce et sans pompage excessif, qui balancerait trop la cabine. Mais aussi parce que l’insonorisation est à la hauteur de ce qu’on peut attendre d’une voiture de luxe. On est coupé du monde, que ce soit en provenance des bruits aéro ou de roulement. Quand on ajoute à cela, LE gros avantage de l’électrique, à savoir l’absence de sonorité moteur ou vibrations, on se retrouve dans un petit cocon qui invite au voyage. Il n’y a pas grand-chose à rajouter tant le confort est présent. On peut enquiller les kilomètres sans la moindre fatigue, avec douceur ou célérité, et avec même une petite pointe de plaisir. Juste, j’aurais aimé pouvoir bénéficier d’un mode de conduite à une pédale, c’est-à-dire jusqu’à l’arrêt complet sans toucher la pédale de frein. On apprécie le réglage aux palettes du freinage régénératif, mais il ne va pas assez loin. Dommage !

Le style, c’est important. Le bon agrément de conduite, c’est primordial. Mais, c’est en profitant de l’habitacle que ce genre de voiture prend tout son sens. Et le confort est à nouveau au cœur de l’aménagement et de l’équipement de la Mercedes EQS. Je ne sais pas vous présenter ça autrement qu’en faisant une liste. Au choix, on peut activer les sièges massants, chauffants et climatisés à l’avant comme à l’arrière. Mais aussi le volant chauffant, le diffuseur de parfum, ou bien changer l’ambiance lumineuse et le réglage électrique de toutes les assises. Tout ça, vous l’aurez remarqué sur les photos, se commande par un énooorme écran habillant toute la planche de bord. Bon en vrai, c’est plutôt 3 écrans qui se cachent derrière une seule dalle. On a le droit à un combiné d’instrumentation de 12,3″, un écran central OLED de 17,7″ et un écran passager OLED de 12,3″. Ça ne plaît pas à tout le monde, mais ça claque ! Puis, avec 610 litres de chargement, il y a de quoi emporter pas mal de bagages.

En plus de tout ça, le fleuron électrique du constructeur se veut très technologique. Outre les classiques aides à la conduite (régulateur adaptatif, conduite autonome, …) ou autres instruments tels que l’imposant affichage tête-haute, elle offre à ses occupants tout un attirail de gadgets. L’ensemble fonctionne avec plus de 300 capteurs dissimulés un peu partout à l’extérieur, comme à l’intérieur. Je retiens tout particulièrement les symboles de sécurité projetés sur la route ou encore le GPS avec réalité augmentée. Mais on peut également citer le détecteur de feux de signalisation, l’excellente commande vocale, le lecteur d’empreinte digitale et la tablette Samsung intégrée à l’accoudoir central arrière. Sinon, le Digital Light (qui projette les fameux symboles) est aussi un atout non négligeable pour la sécurité. Au moyen de nombreux micro-miroirs, les LED éclairent ou n’éclairent pas une zone selon la route. Par exemple, cela évite d’éblouir les autres automobilistes bien sûr, mais cela limite aussi la lumière sur les panneaux de signalisation ou les piétons principalement.

Avant de conclure, commençons la valse des chiffres par l’autonomie. Le cycle WLTP promet de pouvoir parcourir jusqu’à 750 km en cycle mixte. Vous avez l’habitude, dans la vraie vie, c’est loin d’être autant. Mais, grâce à cette énorme batterie, la plus grosse du marché, ça devient tout de même intéressant. Sur autoroute par exemple, la conso se stabilise à 22,5 kWh/100, soit 475 km d’autonomie. Sur route, c’est plutôt 20 kWh/100 (535 km). En ville, ça descend à moins de 15 kWh/100 (715 km) En combinant tout ça, on peut facilement obtenir une conso au quotidien de 20 kWh/100 et donc parcourir plus de 500 km. Puis, la recharge est rapide. En courant continu, l’EQS peut théoriquement recevoir jusqu’à 200 kW de puissance. En réalité, on sera davantage aux alentours de 150 à 170 kW au début de la charge. Mais elle aura tendance à conserver une bonne puissance, à plus de 100 kW, tout au long de la charge. De quoi reprendre du jus rapidement. Il faudra à peine plus de 30 minutes pour atteindre 80 % de batterie.  

Tout ça a bien sûr un coût, et pas des moindres. La Mercedes EQS débute ses tarifs à 135 850 €, dans la version ici présente 450+. Elle peut même grimper à 169 850 € avec l’EQS 53 AMG, hors options. Pour mon modèle d’essai, la facture continue de grimper en passant par le configurateur. On opte par exemple pour les indispensables 4 roue directrices 10° à 1600 €,  un pack de confort (sièges avant/arrière chauffants, climatisés, réglables électriquement, …) à 5850 € ou le fameux Hyperscreen à, attention, 8650 €. Pour un total de 158 200 €.

« Salon roulant », le titre de cet essai, c’est exactement la locution qui s’applique à cette Mercedes EQS. Je me répète une dernière fois, mais si votre critère numéro 1 après le choix de l’énergie est le confort pour vous-même ou vos passagers, l’EQS est sans doute la meilleure proposition. D’autant que, le budget faramineux en fera quoiqu’il arrive une voiture rare, hormis peut-être autour des palaces. 

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