Essai Nissan 370 Z 50th anniversary : lettre à la Z

Alors que j’apprends à l’instant même où je commence à rédiger cet article que le déplafonnement du malus écologique vient d’être adopté pour janvier 2020 (ou plutôt le “re-plafonnement”, le précédent vote ayant acté le passage d’un plafond de 10 500 € en 2019 à 12 500 € en 2020), mes doigts se précipitent vers la calculatrice la plus proche. 20 000 € de malus pour une voiture qui démarre aujourd’hui en France à 33 500 €, cela fait un surcoût de 59.7%.  Avec un coût moyen du cheval fiscal à 42 € pour l’édition d’un certificat d’immatriculation, vous ajoutez 1 014.76 € (incluant les  6.76 € de gestion et acheminement) à la note. Ah oui j’oubliais, encore 1 000 € svp, la voiture fait plus de 15 CV. Ce qui nous porte la note totale à 55 514.76 €. Ca commence à faire cher la Z. Bon on va le faire cet article, sans que cela se transforme en billet d’humeur, mais la tentation est pourtant grande.

Qu’est ce que c’est que cette configuration ?

Ah ça mes amis, vous êtes en présence d’une 370 Z 50th anniversary Edition, qui célèbre donc comme son nom l’indique les 50 ans de l’existence du coupé Z au sein de la gamme Nissan, depuis la fameuse 240 Z à travers une édition spéciale, limitée à 10 exemplaires pour la France. Deux choix de livrées pour un seul et même motif : rouge & blanc / noir & argent. 2 exemplaires pour la première, 8 pour la deuxième. Mesurez donc la chance que nous avons eu d’avoir entre les mains et ce durant tout un week-end (ensoleillé !) une voiture limitée à 2 exemplaires en France. Je fais des raccourcis mais cela flatte mon ego, et c’est bien là le principal. 

La 370 Z 50th anniversary Edition arbore donc une livrée extérieure spécifique, directement inspirée de celle utilisée par le Team “Brock Racing Enterprises” qui fit briller en compétition dans le championnat SCCA aux USA les modèles de la marque japonaise pour finalement devenir écurie officielle Nissan sur le continent américain. On retrouvait donc sous ces couleurs la fameuse Datsun 240 Z mais également les Datsun 2000 Roadster et 510. Nissan puise directement dans son passé pour inspirer cette édition anniversaire qui arbore deux bandes obliques parallèles de couleur contrastée, une couronne de lauriers autour du rappel de clignotant latéral frappé du fameux “Z”, un capot rouge dont la couleur ardente court le long des arches de pavillon pour épouser les formes du hayon. Enfin, un fin liseré rouge vient parfaire l’esthétique des jantes Rays de 19 pouces, faisant ressortir les étriers de couleur assortie. Le résultat est pour le moins particulier, encore plus pour qui ne comprend pas la référence historique, assez subtile il faut le reconnaître.

L’intérieur n’a pas été oublié. S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à Nissan sur cette édition spéciale, c’est d’avoir fait les choses à moitié pour marquer l’événement. Le volant 3 branches est directement repris de la Z Nismo, avec le point milieu marqué de rouge et une jante partiellement recouverte d’Alcantara. Le levier de vitesses arbore une bande de cuir rouge tandis qu’une petite plaque “50th anniversary” vient se positionner juste devant, entre le bouton de warning et de mode Sport. Une autre plaque discrète prend également position sur le compte-tours. Enfin, les dossiers des sièges sont siglés Z et reprennent la même couronne de lauriers déjà aperçue sur les ailes avant. Rien ne change fondamentalement mais on sent que les équipes de Design se sont attachées à rendre cette Z véritablement reconnaissable et quelque peu unique. 

Une vieille copine

Outre ses 11 ans d’existence bien tassés (sa première apparition publique fut en novembre 2008), la 370 Z est une vieille copine des rédacteurs du blog, moi compris puisque j’avais eu le privilège de profiter d’un superbe exemplaire jaune poussin (en boite auto, à relire ici) qui scella définitivement mon amour pour cette voiture. Je peux vous dire que j’en ai cherché des prétextes pour revivre quelques instants à ses côtés… Sa ligne fastback ramassée, ses ailes larges dans le rétroviseur, son V6 atmosphérique 3.7 L dont les vocalises se libèrent une fois les 3000 trs/min passés, sa position de conduite perfectible, tout me plait dans cette voiture. Alors bien évidemment, on ne l’achète pas pour sa modernité, pour sa légèreté non plus et encore moins pour sa sobriété à la pompe. Il faut dire que sur près de 900 kms réalisés à son volant, la Z m’a gratifié d’une belle moyenne de 13,1 L / 100 kms. En ces temps de blocage/pas-blocage des raffineries, fallait pas être à court de station service… 

Alors que je re-découvre le plaisir de m’installer à bord de cette pseudo-GT japonaise lorsque je récupère les clefs au nouveau siège de Nissan West Europe, je me rends compte de sa facilité de prise en main si tant est que vous n’écrasez pas comme un âne la pédale de droite au premier virage mouillé venu, les pneus en 275 de large à l’arrière ne pardonnant guère trop d’enthousiasme. La direction est légère, très légère, presque trop du coup. La Z se manie d’un seul doigt et cela vient presque en contradiction avec la boite manuelle, au passage de vitesse plutôt viril qui nécessite des mouvements francs , à la pédale d’embrayage haute et dure et au point de patinage très sensible. Pourtant, avec une caméra de recul, des sièges chauffants et une aide au démarrage en côte, elle pourrait très bien constituer votre compagne parfaite pour vous déplacer en ville. Soyons honnêtes, ça va être compliqué dans les faits, surtout si vous devez assumer cette configuration extérieure au quotidien qui varie entre le “moche” dans la bouche de certains badauds à “kéké” dans la bouche des autres. Laisse tomber, ils n’y connaissent rien !

Redoutable GT

Je sors vite de l’ambiance parisienne étouffante depuis ce fameux 5 décembre pour un grand bol d’air frais dans ce qui est maintenant devenu depuis un peu plus d’un an ma région de cœur pour aller rouler et me vider l’esprit : le Morvan. Routes désertes, paysages verdoyants même en ce mois de décembre, lumière dorée (un peu comme ces photos aux allures fantastiques en Irlande et en Ecosse), forêts à n’en plus finir et d’innombrables lieux de patrimoine à visiter. Non je ne suis pas rémunéré par l’Office de Tourisme du Parc Naturel Régional du Morvan, mais ce serait une idée à creuser tant je leur fais de la pub depuis l’année dernière. 

La noble GT qui a tant fait tourner les têtes sur l’A6 depuis Paris, conducteurs des deux Porsche 911 dépassées compris, se transforme en sportive hargneuse bien décidée à montrer tout l’engouement de son V6 à monter en régime. 1re quelque peu allongée et je m’envole vers les cieux en poussant le deuxième rapport jusqu’à la zone rouge lorsque deux grosses lumières rouges de part et d’autre du compte-tours me ramènent directement à la réalité : si je passe le rapport suivant de la même manière, je risque de passer directement à la case prison sans piocher de carte chance. J’en ai essayé des moteurs différents. Atmosphériques, turbocompressés, V6, V8, V10, et je peux vous dire que la sonorité du 3.7 L Nissan haut dans les tours fait partie des plus beaux bruits qu’il m’ait été donné d’écouter derrière un volant. Cette affirmation n’engage que moi. Il faut dire que dès que l’on dépasse le stade du 4 cylindres turbo, on touche rapidement à ce que l’on peut appeler la noblesse mécanique. Aucun artifice dans les hauts-parleurs, aucun grondement ou pétarade intempestive à l’échappement, ce qu’on entend c’est bien le bruit propre du V6 atmosphérique. 

Comparée à la production des sportives actuelles, cette 370 Z est pourtant loin d’être parfaite, elle ne l’était déjà pas face à une Porsche Cayman 987.2 qui a depuis vu l’arrivée de deux nouvelles générations différentes. Qu’est ce que je peux donc bien lui trouver ? Je voue déjà depuis quelques années un attachement tout particulier aux productions sportives du pays du Soleil levant. Exotiques, dotées d’une vraie personnalité et surtout d’une âme. La 370 Z, c’est cinquante ans d’histoire derrière elle, avec une recette respectée quasiment de bout en bout. Un 6 cylindres à l’avant, une stricte deux places, propulsion et une production tournée dans un premier temps vers le marché américain. Je crois savoir ce qui me plait chez elle, son positionnement anti-conformiste à l’heure actuelle, faisant fi des normes écologiques et des ADAS à profusion, même si soyons honnêtes, la seule raison expliquant la longévité du modèle tient plutôt de la difficulté de Nissan à remplacer le modèle. 

Lettre à la Z

Entre billet d’humeur et déclaration d’amour, difficile de clôturer cet article sans ressentir une certaine amertume face à cette déferlante de haine dans la rédaction des normes et lois anti-pollution condamnant à coup sûr l’avenir de ce modèle dont tous les maux de notre planète semble provenir de son seul fait. Une sorte de bouc-émissaire bienvenu en cette période de trouble social. Je t’aimais 370 Z, je t’aime et je t’aimerai toujours.

Merci à Nissan France pour ce prêt exclusif.

Crédits Photos : Maurice Cernay

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