Essai Renault Scenic 1.3 TCe 160 EDC : la force tranquille

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1.3 TCe 160 ch : c’est pas marqué dessus !

Un nouveau moteur, chez un constructeur français, ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça et ça mérite bien un essai. Surtout quand le niveau de puissance commence à être plutôt intéressant…

Ce blog n’a bien évidemment pas de vocation psychanalytique, mais quelques-uns de mes premiers souvenirs et émois automobiles remontent à l’enfance, quand mon père, qui a toujours bossé chez Renault, revenait à la maison avec ça :

Voilà : 1.4, turbo, 160 chevaux.

Et j’ai des souvenirs émus de la violence du truc, ainsi que de la stupéfaction de mes camarades de classe quand je déboulais au collège avec ça.

Aujourd’hui, j’ai une Renault à la fiche technique presque similaire. Certes, la cylindrée est descendue de 1397 à 1330 cm3, mais c’est une broutille (la mode n’est-elle pas au downsizing ?) et on a toujours un turbo et 160 chevaux. Voilà qui suscite un certain intérêt, non ? En tous cas, chez moi, si.

Classique avant tout

On dit les monospaces en perdition, victimes de la mode des SUV. Néanmoins, ce Scenic a tout de même de l’allure dans le paysage actuel et Renault a réussi à éviter l’aspect « boîte à chaussures » qui caractérisait auparavant cette catégorie de véhicules.

On le sait, les voitures de presse sont souvent « full specs ». Du coup, je me retrouve avec une version Initiale Paris, à la fois classe et assez discrète en fait : en effet, on n’a pas des badges « Initiale Paris » partout sur la carrosserie (rien à l’arrière, juste des petits badges en bas des portes avant, et un petit gaufrage sur les sièges).

C’est marqué dessus !

Du coup, dans son coloris « bleu cosmos », bien posé sur ses jantes de 20 pouces, dévoilant un intérieur full cuir bicolore et un niveau de finition très acceptable, le Scenic joue bien son rôle d’auto familiale.

Au programme : des sièges qui maintiennent plutôt bien, un bon silence de fonctionnement, des roues de 20 pouces (les fameux “tall & narrow” de chez Michelin, vite repris par Goodyear !) qui ne tabassent pas trop sur les petites irrégularités, une boîte EDC7 assez douce à l’usage. Bref, les kilomètres défilent sans soucis et après quelques heures de route, je me retrouve à nouveau sur le circuit de Magny-Cours. Pour malmener ce monospace et ses 160 chevaux entre Estoril et Adélaïde ? Pas du tout : après 7 sessions au guidon d’un diabolique V4 de 999 cm3 et 201 chevaux (et ce, pour moins de 200 kilos !), vais-je retrouver de l’enthousiasme à reprendre le volant de ce Scenic ?

Oui… D’abord parce que, physiquement, je suis rincé (l’Aprilia RSV4 RF, ça vous fait les bras quand on prend les freins à plus de 280 km/h sous la passerelle avant Adelaïde ! – et la douceur et le confort du Scenic seront appréciables sur le chemin du retour). Mais pas seulement. C’est qu’il a un certain brio, ce petit 1.3 TCe…

Bon. Et sous le capot ?

Faut admettre que c’est très moderne : ce 1.3 TCe est nettement plus techno que le 1.2 TCe de précédente génération. Néanmoins, et voici une anecdote qui vaut son pesant de cacahuètes et qui va vous permettre de briller en société lors d’un prochain barbecue : sachez donc, grâce au blogautomobile.fr, que ce nouveau moteur (code : HR13) réutilise cependant les entraxes de cylindres du précédent 1.2 TCe (code : HR12), ce qui permet de reprendre sans trop de modifications l’outil de production de l’usine de Valladolid, où il est produit. Voilà, ne nous remerciez pas, on fait ça pour vous.

En vrai, on ne voit pas grand chose…

Pour gagner du poids, il délaisse la fonte et fait massivement appel à des fonderies en aluminium, ; ça fait gagner 8 kilos, c’est toujours ça de pris. Il dispose des dernières gâteries du genre : calage variable de la distribution à l’admission comme à l’échappement, turbo à soupape de décharge électrique, collecteur d’échappement intégré à la culasse afin de tirer le meilleur profit du refroidissement et de baisser la température des gaz d’échappement, ce qui est tout bénéf’ pour l’efficience du turbo. N’oublions pas les cylindres revêtus au plasma (comme sur une Nissan GT-R) pour réduire les frottements !

Le 1.3 TCe existe en différent niveaux de puissance (côté puissance, ce n’est qu’une histoire de programmation électronique, par contre les périphériques tels que les freins et suspensions ne sont pas les mêmes suivant les versions) : 115 ch (& 220 Nm), 140 ch (& 240 Nm) ou, comme dans mon modèle d’essai, 160 ch à 5000 tr/mn (& 270 Nm à 1800 tr/mn avec la boîte EDC, 10 de moins avec la BVM6). Notez que c’est cette dernière version que l’on retrouve sous le capot de la toute dernière génération de Mercedes A 200, par exemple. Et chez Renault, ce moteur est appelé à ratisser large, sur un éventail allant du Captur aux grands modèles (Espace, Talisman).

Belle allonge pour un petit 1.3

Côté perfs, faut-il prendre la plus puissante ? Evidemment, c’est une question de principes, même ! Le 115 ch fait 182 chrono et le 0 à 100 en 11,8 ; cela grimpe à 192 km/h et 11 secondes avec le 140 ch, tandis que le 160 ne bouleverse pas le tableau Excel des performances : 200 km/h, c’est modeste pour un engin aussi bien profilé, mais le 0 à 100 passe sous la barre des 10 secondes, avec 9,8 secondes validées. Du coup, ce Scenic est officiellement dynamique ! Et il a de l’allonge, en plus. Imaginons que vous décidiez de traverser l’Allemagne : sur les autoroutes libres, il tourne tranquillement à 3500 tr/mn en 7ème, ce qui vous donne un bon 170 km/h de croisière, sans forcer. Pas mal pour un si petit bloc. En France, cela donnera un petit 2500 tr/mn à 130 km/h en 7ème.

Dans les faits, et outre l’absence de palettes au volant, j’ai apprécié le bon couple présent dès 3000 tr/mn, la belle vivacité du moteur vers 4000 tr/mn, et le niveau de performances qui permet facilement de survoler le trafic. La force tranquille, quoi. Par contre, côté sportivité, on repassera : pas à cause du châssis, excellent, mais le moteur montre une certaine inertie passée la barre des 5000 tr/mn et s’il va chercher la zone rouge à 6000 tr/mn, c’est avec une sonorité sourde et pas très sportive. Bref : enrouler (même rapidement), oui, attaquer le couteau entre les dents, non.

Par contre, je ne peux que louer sa sobriété, ayant réalisé un long parcours avec une conso moyenne de 7,8 l/100 (pour une conso officielle mixte de 5,5 l/100, 124 g de CO2et 90 € de malus 2018)

Bref, pas mal du tout ce nouveau monospace, qui fait oublier le Diesel par ses performances, ses reprises, son silence à allure stabilisée, et sa relative sobriété.

Il n’empêche : le petit turbo Renault de 160 ch, pour moi, ça restera ça :

Je sais. Je suis un vieux con. Désolé.

Photos : Gabriel Lecouvreur

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