Essai : Renault Twizy Cargo. Something good can work.

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Fan inconditionnel du Twizy depuis toujours, je n’ai cessé de chercher une bonne raison d’en reprendre un à Renault depuis mon premier essai, il y a 2 ans de cela. La solution ? Une nouvelle version du quadricycle électrique, le Cargo.

 

Qu’est-ce qui change ?

Finalement pas grand-chose. D’extérieur, les modifications sont minimes : seuls les plus observateurs remarqueront l’apparition d’une découpe et d’une serrure à l’arrière du petit bolide. Le Twizy conserve ainsi son style si particulier, mi-auto mi-scooter, toujours aussi apte à dévisser les têtes de tous les passants croisés sur son chemin. C’est d’ailleurs étonnant que, près de 3 ans après son arrivée en concessions, aussi peu de gens connaissent le Twizy. Mon week-end fut rempli de badauds me questionnant sans relâche sur mon drôle d’engin, ses caractéristiques, son prix… En même temps, l’absence totale de communication de la part de la marque n’aide pas. Le coloris de mon exemplaire a certainement contribué à ce succès : depuis cet été, le Twizy est disponible en de nouvelles teintes bicolores, et le biton bleu/noir rend particulièrement bien, s’accommodant à merveille au côté pétillant de la petite Renault.

C’est à l’intérieur que les changements sont plus flagrants, puisqu’on remarque immédiatement que la place arrière, normalement disposée en tandem derrière le conducteur, a disparu au profit d’un coffre. Ce dernier, d’une contenance de 180 litres, oblige donc le conducteur du Twizy à conduire seul… A moins que son passager soit suffisamment souple et pèse moins de 75kg, auquel cas il pourra rentrer dans le coffre. J’ai testé, c’est jouable. On accède donc à la malle via la trappe aménagée à l’arrière, qui a la bonne idée de s’ouvrir à 90° et donc d’offrir un accès optimal aux objets entassés. Si j’avais cependant une remarque à faire à propos du coffre, ce serait la possibilité d’y installer une sorte d’étagère, de façon à mieux profiter de l’espace disponible : la cavité étant plus haute que profonde, on a quelque fois l’impression de gâcher un peu d’espace disponible…

Toujours sur l’habitacle, le reste est identique. Le siège conducteur, réglable uniquement en profondeur, n’a pas bougé…tout comme le volant, réglable dans 0 direction. Pour autant, la position de conduite ne souffre d’aucun défaut. Les deux boîtes à gant, de part et d’autre du poste de conduite, sont toujours présentes. Les portes aussi, d’ailleurs…enfin, si vous avez coché l’option à 590€. Elles font toujours autant d’effet avec leur ouverture en élytre et permettront aux 0,1% des passants restés de marbre devant le Twizy à enfin vous dévisager.

A ces portes s’étaient greffées une paire de vitres, proposées contre un supplément de 349 € (évidemment en rab des portes), et qui n’ont malheureusement pas grand-chose pour elles. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à sa sortie, le Twizy n’avait pas de fenêtres disponibles, que ce soit en option ou même en accessoires. Devant la demande massive, Renault a rapidement fait volte-face et a créé ces…trucs : une feuille de plastique mou transparent attachée à un châssis cerclant l’espace entre la porte et le toit. Ce châssis, affleurant à la carrosserie, complique considérablement le mécanisme d’ouverture. Suivez le guide :

  1. Dézippez le coin avant bas de la vitre, de façon à pouvoir glisser votre main à travers et pouvoir tirer la poignée d’ouverture (car oui, on ne peut ouvrir les portes du Twizy que de l’intérieur)
  1. Tirer la languette sur le dessus du châssis afin de séparer la fenêtre de la carrosserie
  1. Pendant qu’une de vos mains garde la languette tirée, glissez la deuxième au travers de la vitre (comme vu plus haut), griffez-vous sur les zips et déverrouillez la porte
  1. Continuez à garder la languette tirée et accompagnez le mouvement d’ouverture de la porte
  1. Pénétrez enfin à bord, puis ramenez la porte pour la refermer.

L’intérêt #1 du Twizy en ville c’est qu’on peut se garer comme un gros con un peu n’importe comment.

C’est long & pas pratique pour vous et nul à regarder pour les autres (« ohoho, regarde ce naze avec son machin électrique qui galère à ouvrir sa porte »). De plus, le Twizy étant dépourvu de système de ventilation, un flux d’air continu (i.e. des ouvertures laissant passer le vent) est nécessaire pour ne pas embuer le pare-brise. Du coup, une fois en route, il y a autant de bruits d’air que sans ces satanées vitres. Mais est-ce qu’elles protègent les occupants ? Pas de la température extérieure en tout cas. Concernant la pluie… Je ne sais pas : il n’a pas plu une goutte du week-end. Ce qui fait que j’ai passé la quasi-intégralité de mon temps avec les vitres (heureusement facilement démontables) sagement posées dans mon garage.

Mais laissons ce désagrément de côté pour nous focaliser sur la partie dynamique. Ici non plus, le Twizy Cargo ne diffère en rien du Twizy « deux places ». Comprenez : il est toujours aussi sympa à conduire. Même dans un état…proche de l’Ohio, on ressort systématiquement du Twizy avec un sourire au coin des lèvres. J’avais à ma disposition la version “permis B” (une autre, accessible sans permis et limitée à 45 km/h est aussi disponible) et les 17ch du moteur électrique sont suffisants pour tous les jours, avec des accélérations ne gênant en rien le trafic, tandis que sa vitesse max de 80 km/h (comptez plus 85 dans la vraie vie) permet d’affronter les zones péri-urbaines de la région parisienne en toute quiétude. La direction, non assistée, est ultra-directe, tandis que les suspensions très (très très) fermes permettent au quadricycle de virer à plat en toutes circonstances. De quoi prendre les rond-points comme un gros kéké. Revers de la médaille : n’espérez pas franchir les dos d’ânes au-dessus de 20 km/h si vous n’avez pas un très bon ami osthéopathe. On se sent toujours aussi à l’aise et toujours aussi en sécurité à son bord, même au milieu de la Place de l’Etoile.

Quand on prend un dos-d’âne en Twizy.

De plus, il reste au Twizy ce petit truc difficilement quantifiable, cette petite touche de folie, d’originalité qui rend quand même particulièrement accro. Comme lors de mon premier essai, j’ai ressenti cette sorte de fierté de ne pas occuper 6m² de chaussée pour moi tout seul en pleine ville (grâce à sa largeur de 1.19m pour 2.33 de long, le Twizy a une surface au sol de seulement 2.7m²). Quand on le conduit, on a ce drôle de sentiment d’être en parfaite adéquation avec les problématiques actuelles des grandes villes, d’être parfaitement dans son élément…et c’est étrangement gratifiant. Oserais-je dire qu’on se sent…intelligent ? Peut-être. Sûrement, même.

Qu’est-ce que ça change ?

Sur le principe, pas grand chose : le Twizy perd une place et gagne un coffre, pas de quoi se relever la nuit. Mais ce changement pourrait donner un nouveau souffle à sa carrière, en ciblant une nouvelle clientèle : les professionnels. Alors, oui, déjà, on en a déjà croisé un certain nombre entièrement recouverts de publicités pour telle ou telle entreprise, mais l’absence de coffre limitait quand même grandement l’usage de ces bestioles : Orange s’en sert pour que ses employés passent d’un site parisien à un autre tandis que, par exemple, l’agence immobilière en bas de chez moi l’utilise pour ses visites.

Mais l’apparition d’un coffre ouvre au Twizy Cargo les portes des pros ayant des -petites- choses à transporter : des colis, une trousse à outils ou même…des pizzas. Ni une ni deux, le temps d’une soirée, me voilà livreur des meilleurs spécimens du monde -ou du moins des Yvelines. Première surprise : si les cartons rentrent parfaitement bien dans le coffre, les mettre dans le sac les gardant au chaud rend la manœuvre plus complexe. Ça rentre… Tout juste. Renault annonce très sérieusement une capacité de 15 pizzas, mais je n’ai jamais eu à dépasser 5 d’un coup. En chemin pour les livraisons, on se rend rapidement compte que le Twizy se retrouve, encore une fois, au beau milieu de ce que peuvent proposer une voiture et un scooter : on arrive à se faufiler là où une Twingo ne passe pas…mais on n’est pas aussi agile qu’en scoot, on met plus de choses dans le Twizy que dans un 50 cm3…mais le coffre de n’importe quelle citadine accueille bien plus, il est infiniment plus sûr qu’un deux roues…mais bien moins qu’une “vraie” voiture et, niveau confort, il reste quand même très tape-cul. Tellement qu’un livreur habituel à qui j’ai fait essayer la bête se posait des questions sur sa viabilité au quotidien. Il lui reste cependant un capital sympathie inaccessible au reste de la production auto/moto et le recouvrir de stickers de votre entreprise vous assure une visibilité sans faille.

Alors, oui, le Twizy reste loin d’être la solution parfaite. Avec un tarif débutant à 6 850 € HT (7 240 € TTC) pour une version sans permis (+ 700 € pour une version 80 km/h), il reste cher et souffre de la comparaison avec un scooter, d’autant plus que la location de la batterie, commençant à 50€/mois pour 7 500 km annuels, n’arrange pas les choses. Et il est parfois difficile d’opposer des arguments convaincants à ses détracteurs qui ne voient dans le Twizy qu’une accumulation des défauts d’une voiture et du scooter sans prendre aucun avantage de l’un ou de l’autre. Mais avec cette version Cargo, il propose quelque chose de bien plus convaincant, quelque chose qui peut avoir une réelle crédibilité, en offrant aux pros une solution tout à fait honnête à l’épineux souci du dernier kilomètre (la dernière livraison avant d’arriver au client final)…et ça pourrait très bien marcher.

Un grand merci à Renault pour l’aimable prêt, sans oublier La Pizza du Dimanche Soir pour leur accueil !

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