Comme toujours lors d’un évènement organisé par une marque, de nombreuses déclinaisons nous attendent bien rangées à la sortie de l’aéroport. Instantanément je n’ai d’yeux que pour le Orange Habanero qui s’expose au premier plan. Par chance, il s’agit de la plus grosse motorisation disponible, le 2.0 Bi-TDI de 240 ch. Et ce sera ma monture pour les 2 jours d’essai à venir.
Le vent souffle en rafale à plus de 90 km/h et on s’engouffre rapidement dans les voitures. Et là… ah bah non pas de surprise : l’habituel habitacle noir et austère des dernières Volkswagen est toujours bien présent. Alors oui c’est toujours bien fini, oui c’est toujours très pratique, oui on est content de retrouver un grand écran tactile 9,2‘’, oui l’Active Info Display est plutôt agréable et oui on est assis bien confortablement. Mais vraiment c’est d’un ennui… Et à un tel niveau de prix, à partir de 32 990 €, et même plus de 58 000 € pour mon modèle d’essai on serait en droit, pardonnez-moi du terme, de kiffer à chaque fois qu’on pose nos fesses dans notre véhicule.
Aux places avant l’habitabilité ne souffre d’aucun défaut, on s’y sent pleinement à notre aise. Derrière, des adultes ou ados peuvent facilement s’installer et profiter du voyage aux places latérales. En revanche, en raison des 4 roues motrices un important tunnel de transmission vient entraver la place centrale, défaut que le principal concurrent, le Peugeot 5008, n’a pas. Enfin, j’ai été très déçu par la raison essentielle de cette nouvelle voiture, la 3 ème rangée de sièges. Aucun adulte ou grand ado ne pourra en profiter, c’est bien trop étroit pour les jambes et la tête. Et s’il arrive à s’y glisser au chausse-pied, personne ne pourra de toute façon être assis devant lui. Dommage !
Par contre, le volume de coffre lui, devient très pratique dans ce Tiguan allongé. En vrac on a 230 litres en configuration 7 places, 700 litres avec la 3 ème rangée rabattues et 1 775 litres avec les 2 rangées rabattue. Le Kodiaq fait mieux avec 270, 765 et 2005 l et le 5008 est assez similaire avec 165, 780 et 1940 l.
Comme je disais plus haut, ce nouveau Tiguan Allspace vient se placer directement face au redoutable Peugeot 5008, ce n’est un secret pour personne. Et vu le plaisir – me battez pas s’il vous plaît – que j’ai eu à le conduire sur les routes portugaises il y a quelques mois, je suis très impatient de voir de quoi est capable Volkswagen. Je quitte donc au plus vite l’aéroport de Marseille en direction des montagnes entre Cassis et Aix. D’abord, un peu de ville et d’autoroute au programme pour les quelques dizaines de kilomètres à venir. Nous n’avions pas pris le temps de bien observer les voitures en arrivant, et c’est avec ces premiers kilomètres que je réalise que je ne suis pas au volant d’une petite berline compacte, mais bien d’un gros SUV de 4,70 m le long (1,84 m en largeur, 1,67 m en hauteur). Les designers ont donc fait du beau travail. Extérieurement on n’a pas forcément l’impression d’avoir devant nous un mastodonte. Les lignes sont fluides et l’ensemble ne semble pas être du bricolage, mais bien une vraie voiture à part entière et assez réussie. Contrairement au Tiguan originel quelques détails proviennent de l’Atlas, le SUV géant prévu pour le marché américain ou asiatique, comme la courbure sur le capot ou une nouvelle calandre chromée. Aussi, la porte arrière est allongée tout comme le porte-à-faux arrière, mais la ligne générale reste très similaire, et les doubles sorties deviennent trapézoïdales (et factices). Une version R-Line qui représentent près de 20 % des ventes sur le Tiguan standard arrivera dès l’année prochaine.
On se reconcentre sur les capacités routières, sur autoroute, l’insonorisation est vraiment très bonne hormis quelques bruits de vent et le confort est irréprochable. Les suspensions actives, contrôlables en fonction de différents modes (Eco, Confort, Sport), font un très bon boulot de filtration. Grâce aux 500 Nm de couple les insertions et relances se font sans encombre. En vie réelle, la consommation devrait se stabiliser aux alentours des 8 l/100 km.
Le manipuler en ville demandera un peu plus de concentration, même si cette vue panoramique offerte par les SUV est très appréciable il ne se faufile pas comme une Smart. Il est fortement conseillé d’opter pour la caméra 360° pour gagner un peu en sérénité. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous, elle m’aura été d’une grande utilité dans ces rues très étroites. En revanche le moteur et la boite font preuve de souplesse et font de ce périple citadin une formalité, avec une consommation relevée dans ces conditions d’essai entre 8 et 10 l/100 km (je rappelle avec le 2.0 Bi-TDI 240).
Dans l’arrière-pays marseillais, le Col de l’Espigoulier, est bien connu des amoureux de sportivité. Il peut abriter des épreuves de rallye, comme on peut le constater aux nombreuses traces de gommes à chaque virage. Ce n’est donc pas le terrain de jeu idéal pour tester notre Tiguan Allspace, et les équipes de Volkswagen nous avait prévenu, ils voulaient simplement nous faire plaisir. Pourtant, même si ce n’est pas sa vocation première, c’est une route parfaite pour tester les capacités dynamiques et mécaniques. Et malheureusement le bilan est assez mitigé.
Dès le départ, j’ai beaucoup de mal avec la direction bien trop floue. Bien que réglée en mode sport elle flotte beaucoup trop entre mes mains et ne se fait pas précise. Cela n’empêche pas de placer le train avant relativement bien dans les virages et ressortir avec un sous-virage acceptable. Mais il s’écrase un peu trop sur ses appuis pour donner une impression de dynamisme, heureusement que le moteur nous aide à prendre un peu de vitesse facilement. Même si j’ai trouvé que la boite DSG7, pourtant très bonne normalement, ne se mariait pas très bien avec ce moteur : quelques creux et autres sensations difficilement descriptibles m’ont déplu.
Au final, contrairement donc au fameux 5008, on n’a pas vraiment envie de s’amuser à son volant. On adopte une conduite plus raisonnable, tout en bénéficiant de belles performances et une bonne tenue de route assurée grâce au système 4 roues motrices 4Motion. Ces quelques critiques restent à prendre avec des pincettes, car il n’est pas destiné à ce type de route et le bon père de famille n’a pas vocation à attaquer avec toute sa petite famille à bord. Il pourra les emmener en vacances en toute sécurité, confortablement, et néanmoins toujours avec une petite pointe de plaisir.
Malgré les 4 roues motrices, une bonne gestion électronique grâce à différents modes et un comportement stable sur les chemins, il n’est pas destiné à faire du franchissement. Pour les plus baroudeurs d’entre vous, Volkswagen proposera un pack offroad offrant un pare-chocs spécifique avec un angle d’attaque de 25° ou encore une plaque de protection sous le moteur.
Avec un 5008 déjà bien installé, Volkswagen a fort à faire pour imposer son nouveau Tiguan Allspace. Le constructeur pourra compter sur un style plus consensuel tant à l’extérieur qu’à l’intérieur et des motorisations plus larges, tout comme son offre à 4 roues motrices, système à la mode ces derniers temps, pour se démarquer. Confortable, polyvalent et bien fini, il semble avoir presque toutes les qualités requises pour faire son nid dans ce marché de plus en plus concurrentiel.
Merci à Volkswagen France pour la belle organisation et l’accueil sur place.
Crédit photos : Thomas D. (Fast Auto)