Ce matin Manuel Valls, le ministre de l’intérieur relançait vraiment le fameux Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR) après presqu’un quinquennat d’hibernation et il profitait de l’occasion pour revenir sur le très contreversé dossier de l’éthylotest obligatoire dans toutes nos voitures.
Si l’on se réfère à la loi, tout automobiliste doit avoir un éthylotest à bord de son véhicule depuis le 1er juillet dernier. Une contravention à 11€ devrait entrer en application au 1er novembre dernier pour ceux qui n’avaient pas le fameux ustensiles dans leur boite à gants mais cette sanction avait été repoussée au 1er mars 2013 notamment à cause de problèmes de disponibilité des éthylotests homologués à la normes NF.
Mais derrière cette loi se cache en fait un premier gros problème : il concerne l’unique fabricant agréé et qui ainsi se trouve en situation de monopole avec un produit à changer tous les deux ans (péremption) sur marché normalement ouvert à la concurrence.
Le second problème est lié aux conditions d’utilisation : Aucune obligation de se tester si on a bu, problème du temps de passage de l’alcool dans le sang et donc du contrôle et que faire si on a utilisé le seul éthylotest présent dans l’auto et qu’on se fait contrôler
Aussi le député Armand Jung, président de la CNSR et Frédéric Péchenard, le délégué à la Sécurité Routière vont avoir la tâche d’évaluer l’obligation d’avoir un éthylotest à bord de son véhicule est une mesure efficace, pertinente et viable dans le temps. Cette évaluation va se faire dans le cadre d’une concertation avec les différentes associations qui s’occupent de la vie des automobilistes et de la sécurité routière. Cette commission devrait rendre un avis dans quelques semaines mais selon toute vraisemblance et à entendre les déclarations des uns et des autres, on sent bien que la mesure va avoir assez rapidement un enterrement législatif qui devrait conduire à l’abandon au plus tard au 1er mars 2013 de cette obligation.
Fait surprenant, même la toujours virulente Chantal Perrichon (Présidente de la Ligue contre la Violence Routière) est en accord avec la future décision et elle rappelle avec justesse que les éthylotests chimiques ne sont déjà pas fiables quand ils sont neufs… alors au bout de 2 ans dans une boite à gants soumise aux variations de températures et d’hygrométrie c’est de l’utopie. Elle poursuit en rappelant que depuis 10 ans, les gendarmes et policiers ne les utilisent quasiment plus sur recommandations officielles et elle ajoute qu’ils contiennent des substances chimiques toxiques, que rien n’est prévu pour les recycler et qu’en plus ils sont devenus introuvables sur le marché ! Enfin elle conclue très justement en nous faisant savoir que 80% des accidents mortel ont lieu au delà de 1.2 g d’alcool par litre de sang et qu’à ses niveaux seuls les systèmes embarqués par les forces de l’ordre sont fiables contrairement aux alcootests chimiques qui ne marquent qu’un palier. Elle se félicite donc de la fin annoncée de ce pur gadget.
Pour l’association 40 millions d’automobilistes et son président Pierre Chasseray, cette future suppression de la mesure est un mauvais signal envoyé aux conducteurs. P. Chasseray d’expliquer : “L’alcool est aujourd’hui la première cause de mortalité sur la route. c’est pour ça qu’il faut envoyer des signes positifs aux conducteurs et qu’a t-on aujourd’hui pour savoir si l’on est positif ou non, rien sauf… l’éthylotest”. On pourrait ajouter le bon sens et un esprit responsable….
Une chose est sure si le débat officiel tend vers sa fin et la mesure vers sa mort, l’affaire de l’alcool au volant reste un dossier prioritaire en matière de sécurité sur nos routes et nous n’avons pas fini d’en parler. Reste l’ambivalence des citoyens sur le sujet de la sécurité routière qui font savoir qu’ ils n’ont pas envie d’être trop contraints quand ils prennent le volant, mais veulent voir leurs proches protégés… Il faut donc trouver un juste équilibre entre obligation, prévention et sanction-répression.
Puisque nous parlons de la CNSR et de son retour en grâce, sachez que la commission de reflexion mise en place par messieurs Péchenard et Jung va aussi se pencher sur le débat qui concerne l’opportunité de signaler les radars fixes. Ainsi la commission va voir s’il n’existe pas d’autres méthodes ou moyens pour prévenir ou avertir les automobilistes des dangers de la route. La CNSR rappelle aussi qu’elle va très vite oeuvrer sur les cas des 18-24 ans et des motards qui représentent ensemble plus de la moitié des morts sur les routes chaque année. Enfin les causes habituelles (vitesse, alcool, somnolence, téléphone au volant, entretien de sa voiture, prise en compte du climat et de la saisonnalité) restent bien sur au programme tout comme les… 400 nouveaux radars qui seront mis en service en 2013.
Via AP, LeFigaro, SR.
Merci à Chaunu pour son dessin.