Fiat : Après la polémique, Sergio Marchionne joue l’apaisement et l’italianité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La semaine passée, l’administrateur délégué de Fiat de créait la polémique en décidant unilatéralement de mettre un terme au plan “Fabbrica Italia” lancé avec force publicité et communication officielle il y a 18 mois en compagnie de John Elkann.

A l’époque le rapatriement de la production de certains modèles sur le territoire national avait donné espoir à l’Italie mais aussi aux salariés du groupe Fiat qui, peu après, signait le fameux accord Marchionne sur la flexibilité du temps de travail et les conditions d’emploi. Las, depuis cette “heureuse “époque la crise s’est durablement installée en Italie et en Europe, les ventes des constructeurs automobiles ont plongé et d’un coup d’un seul, Sergio Marchionne décide de ne plus être engagé dans le plan Fabbrica Italia et de ne plus investir les 16 milliards d’euros annoncés. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le gouvernement italien, les syndicats sont montés aux créneaux pour fustiger la nouvelle décision du patron de Fiat.
Mais le gouvernement italien bien que souhaitant intervenir ne peut rien ou presque puisqu’il n’est en aucun cas actionnaire de l’entreprise turinoise et comme beaucoup de gouvernements il peut que parler, discuter avec les parties concernées et, au mieux, conseiller une direction à prendre. C’est ainsi que le ministre de l’économie italien C. Passera disait : “L’exécutif fera tout ce qui est en son pouvoir pour que Fiat honore ses responsabilités et engagements envers l’Italie. Nous ne pouvons pas imposer de choix à une entreprise privée mais nous voulons uniquement savoir de quelle manière Fiat a modifié les investissements prévus et confirmés il y a quelques mois pour les usines nationales du groupe automobile”.

Et ce jour, hop d’un coup d’un seul, Sergio Marchionne se découvre subitement pro “Fabbrica Italia” et nouveauté du moment il a un plan et  une stratégie pour Fiat… Je sens qu’au fond on rigole déjà et je le comprends surtout quand on connait la fiabilité des plans Marchionne. Selon l’administrateur de Fiat, le constructeur entend rester sur son sol natal et il a même une stratégie pour cela ! J’entends des ricanements…
Le groupe automobile Fiat a bien l’intention de maintenir sa présence sur le sol italien grâce aux profits réalisés sur les marchés étrangers (USA et Brésil). Aussi S.Marchionne présentera ce samedi sa stratégie au chef du gouvernement italien Mario Monti. C’est en tout cas ce qu’il a dit ce mardi après 6 jours d’ardente polémique à son sujet et son possible devenir à la tête de Fiat (mais aussi indeirectement à la présidence de l’ACEA où il est contesté).

Depuis les USA, il a bien tenté d’eteindre l’incendie en donnant un entretien aux journalistes de La Repubblica en expliquant : “Je cherche à profiter de la reprise du marché américain, en l’exploitant au maximum, pour parvenir à cette sécurité financière qui me permet de protéger la présence de Fiat en Italie et en Europe en ce moment dramatique. La Fiat a accumulé des pertes de  l’ordre de 700 millions d’euros en Europe mais elle résiste à ces pertes importantes notamment grâce aux succès aux USA et dans les pays émergents comme le Brésil. Cette année 2012, Fiat gagnera au niveau opérationnel près de 3,5 milliards d’euros provenant tous de l’extérieur de l’Italie.” 

Le boss de Fiat assure que Fiat est déterminé à maintenir ses activités en Italie et qu’il ne s’agit pas de fermetures d’usines (même si on reste dubitatif sur l’avenir de Cassino ou de Mirafiori). Il explique simplement que l’état actuel du marché automobile ne permet pas de faire des investissements susceptibles de garantir la pérennité de l’entreprise en Italie.
M. Monti s’est entretenu ce mardi au téléphone avec le patron de Fiat Sergio Marchionne et les deux hommes ont convenu de se rencontrer samedi prochain à Rome ont indiqué les services du premier ministre italien. “A cette occasion, Sergio Marchionne fournira un schéma informatif sur les perspectives stratégiques du groupe Fiat, en particulier au sujet des décisions et choix qui concernent l’Italie, Fiat et ses marques italiennes”, précise le communiqué gouvernemental.

Enfin Sergio  Marchionne justifie sa position en donnant les éléments suivants :

–  Les pertes de parts de marché du groupe Fiat sont dues au fait que le marché italien est prépondérant pour la marque (le groupe ?) mais qu’il est aussi celui qui a le plus souffert en Europe avec le marché espagnol.
–  Le marché domestique n’existe plus. En Italie le marché est en dessous de 1,4 million de voitures par an (total de toutes marques), ce qui signifie que l’Italie a perdu 1,1 million de voitures neuve depuis début 2007.
–  Pas de sortie de nouveaux modèles et limitation des investissements car il est insensé d’agir de la sorte en temps de crise et il n’y a pas d’espoir de récupérer ne serait-ce que les sommes investies. Sergio Marchionne explique qu’avec un modèle nouveau dans les conditions actuelles du marchés même si on vend 30.000 voitures de plus ce qui est bien on aura probablement perdu quelques 2 milliards d’euros d’investissements qui ne seront pas remboursés par les volumes de ventes. Ainsi il vaut mieux ne rien lancer car la perte sera nécessairement moindre. Il poursuit en parlant de la nouvelle Panda : “L’entreprise a dépensé 800 millions d’euros pour mettre au point une nouvelle version de la Fiat Panda. Mais elle ne se vend pas parce qu’il n’y a pas de marché”. Ca a au moins le mérite d’être clair, concis et précis.

Enfin Sergio Marchionne s’est aussi vu reprocher son manque d’attachement à l’Italie et son avenir. L’italianité de l’italo-canadien est ainsi mise à rude épreuve mais à ces détracteurs, l’administrateur rétorque clairement : “La Fiat n’est plus une entreprise uniquement italienne, elle opère dans le monde entier avec des règles de business, de finances, de gestion des salariés appliquées dans le monde. Pour être clair: si je développe une voiture aux Etats-Unis et que je la vends en Europe en y gagnant, pour moi c’est pareil et ça doit être fait sans état d’âme.” 

Si on le critique souvent, il y a aussi du vrai dans les propos mais la Fiat semble tellement aspirée par une sorte de spirale infernale que l’abandon des projets annoncés depuis des années, le désintéret pour les marques emblématiques du groupe font encore et toujours craindre le pire surtout avec une politique financière et industrielle qui mise tout sur les marchés américains et brésiliens. Une chose est sure on a pas fini de parler de Fiat et de ses marques dans les prochains mois avec notamment une prochaine étape importante le 30 octobre 2012, date où l’on sera fixé sur l’état du groupe et le devenir des marques Fiat, Alfa Romeo, Lancia ou Maserati.

Via Reuters, AFP, NouvelObs.

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