Faux départ
Le principal défaut de la première génération est de n’avoir pas été développée spécifiquement pour le marché européen et la greffe a eu beaucoup de mal à prendre. Un style délicat, la fameuse roue de secours sur le hayon, l’équivalent de la coupe mulet aujourd’hui. Un intérieur low-cost avec une qualité perçue qui ferait rire aujourd’hui un client Dacia. Bref, dans la vie, ce pauvre petit SUV est parti avec de sacrés handicaps.
Constat fait, chez Ford, on a rapatrié la fabrication à Craiova en Roumanie avec un investissement de 200 millions d’euros dans l’usine afin de répondre aux grandes exigences des conducteurs européens et ainsi renouveler plus de 2 650 nouvelles pièces. Car comme à son habitude, Ford commercialise son petit SUV dans 149 pays, via cinq usines (Brésil, Chine, Inde, Russie et donc Roumanie). On imagine l’énorme économie d’échelle faite par la marque américaine, mais le marché automobile est encore loin d’être universel.
Seconde chance
Première impression dans le parking souterrain de l’aéroport de Lisbonne : ceci est bien un Ford, pas de doute, la filiation avec ses grands frères Kuga et Edge est indéniable. Toujours haut perché, il se démarque des autres SUV en conservant un côté petit 4×4 originel. La suppression de la roue de secours à l’arrière laisse une cicatrice, l’ouverture style « porte de frigo » du hayon, qui aura encore à coup sûr ses détracteurs, dont je fais partie. Et comme beaucoup de ses concurrents, la personnalisation est de mise avec différentes combinaisons de couleurs entre le toit, les rétroviseurs et le reste de la caisse. Soyons honnête, Ford à ici très bien rectifié le tir de la première génération.
Ecoboost VS poids
Le début de cette escapade portugaise s’effectue avec une version ST-Line, équipé du 1.0 Ecosboost 125 et associé à la boite manuelle. Je ne vais pas vous refaire les louanges de ce moteur très réussi, présent ici en version 125 ch. Il est d’une souplesse extrême à tel point que la 3 ème se suffirait à elle-même. Certes dans une Fiesta, plus légère, ce moteur est beaucoup plus rageur, mais ici les performances restent tout à fait honorables si votre but n’est pas de faire un drag race avec la première Mustang croisée sur votre chemin.
L’intérieur est plus proche des standards actuels, avec un écran 8 pouces tactile, joliment implanté, mais un peu trop avancé et donc, qui ne tombe pas facilement sous les yeux du conducteur. Notre version ST-Line comporte un volant cuir plus sportif avec des surpiqûres rouges, des sièges cuir noir/Miko-Dinamica (matière provenant de Suède et conçue à partir de polyester recycler, merci le dossier de presse), le tout cousu avec les mêmes surpiqûres rouges vues plus haut sur le volant. Le pédalier et le levier de frein à main sont en aluminium, comme les jantes en 17 pouces qui complètent un kit carrosserie, les 18 pouces sont en option. Cela pourrait ressembler à une discussion lors d’un rassemblement tuning le dimanche soir sur le parking du Auchan, mais je dois avouer que le tout est plutôt flatteur.
Les routes légèrement montagneuses de la banlieue de Lisbonne incitent à pousser le Ford EcoSport dans ses retranchements, surtout avec la finition ST-Line et sa suspension affermie. La encore, gros progrès comparé à l’ancien modèle, le seul défaut ici est l’inertie à cause de son côté haut sur patte. L’autre problème est qu’il est confronté directement aux Peugeot 2008 et Citroën C3 Picasso qui excellent dans le domaine.
Petit SUV, mais vrai 4X4
Mais là où le petit SUV américain peut tirer son épingle du jeu est la présence du « Ford’s Intelligent All Drive ». Contrairement au groupe PSA, il s’agit d’une vraie transmission intégrale permanente, qui peut ainsi ajuster la puissance distribuée entre les roues avant et arrière en moins de 20 millisecondes. On regrettera juste la disponibilité (pour le moment ?) de cette transmission sur le seul moteur 1,5 Diesel 125ch.
Question tarifs, la gamme commence à 18 900 € avec le 1,0 Ecoboost 125 finition Trend et à 27 500 € avec le nouveau 1.5 diesel 125 transmission quatre roues motrices en finition ST-Line.
Loin d’être un mauvais véhicule, Ford a su reprendre en main un modèle pas très adapté au marché européen, le seul gros problème c’est que la concurrence depuis a placé la barre très haute.
Crédit photos : Damien Rondeau