Jean-Philippe Imparato est depuis 2016 le directeur général de la marque Peugeot et membre à ce titre du comité exécutif de PSA. A l’occasion du Mondial de l’Auto, il nous a reçu pour une interview dans les bureaux du stand de la marque. L’occasion pour nous de faire le point sur quelques sujets d’importance pour Peugeot.
Les questions possibles étaient nombreuses mais celle qui nous brûlait les lèvres est sortie en premier : quelle mouche à piqué Peugeot de présenter un concept de petit coupé sportif dans un monde envahi par les SUV hauts sur pattes ? La réponse fut simple :
On ne veut pas que le futur soit ennuyeux, on veut se faire plaisir. Cette voiture est une alliance entre notre histoire et l’artisanat à la française, celui des produits que l’on achète parce qu’ils sont juste beaux.
Des paroles douces aux oreilles, et la suite ne modifiera en rien cette musique :
On ne va pas faire une voiture de 7 mètres de long avec des sièges qui tournent et qui parle : la science fiction, c’est souvent juste dépressif et anxiogène. (On n’a rien dit mais on beaucoup pensé au stand d’en face en entendant ces paroles, ndlr.) Notre concept est réaliste au sens réalisable. Si on voulait, on pourrait le faire. E-Legend est belle mais pleine de technologie avec comme message : le bonheur si je veux. Je peux conduire si je le souhaite ou passer le relais dans les embouteillages.
Le plaisir de conduire n’est pas exclusif et Peugeot semble vouloir jouer sur les deux tableaux. C’est un des messages forts de ce concept : l’autonomie oui mais pas pour renoncer à jamais à prendre le volant.
L’important, le plus important, c’est le design puis la technologie qui va avec la liberté de choisir : nous avons conçu une plateforme unique qui peut accueillir toutes les formes de motorisation : thermique, électrique, plug-in hybride. (…) Nous pourrons ainsi nous adresser au plus grand nombre en fonction des convictions personnelles mais aussi des différentes réglementations autour du Monde (Peugeot ambitionne de vendre plus de 1M de voitures hors Europe) et des contraintes locales en terme de transition écologique qui ne se fait pas à la même vitesse partout.
Bon et alors, elle est réalisable mais allez-vous la faire cette 504 du 21e siècle ?
On lance la 508 et la 508 SW d’abord puis la gamme hybride et dans un second temps, vers 2020, on se demandera comment aborder le volet voiture plaisir. 3 conditions : des retours clients positifs (vu l’accueil, on n’est pas trop inquiets chez BlogAutomobile), 15-20 000 commandes et un prix entre 60 et 80.000€.
Jean-Philippe Imparato s’est dit “secoué par l’accueil reçu par la E-Legend”, partageant même cette stupéfaction positive avec Carlos Tavares la veille de notre rencontre.
La berline 508 arrive en concession quand le break 508 SW fait sa première sortie à l’occasion de ce Mondial, on a donc voulu en savoir un peu plus sur la place des berlines traditionnelles face à la déferlante SUV de ces 10 dernières années.
La 508 est une berline radicale, une berline classique ne se vendrait pas. Le break est sexy (…) une fois qu’on a pris le volant de cette voiture, on ne veut plus en sortir. Je parie sur le retour de la berline dans les années à venir car, au delà des convictions de chacun, la berline est plus efficiente en terme de CO2 que le SUV. La berline reviendra via un style puissant qui saura se démarquer.
Pour finir, le patron de la marque se positionne dans le haut de gamme des constructeurs généralistes, sans cible désignée, notamment sur la 508 pour laquelle il ne se met pas trop de pression. L’ambition est d’être le meilleur des généralistes et de laisser DS aller vers les sommets du Premium.
En conclusion de cet entretien : vu l’envie de son directeur, Peugeot semble bel et bien vouloir parier sur le plaisir automobile tout en restant pragmatique pour assurer son existence. Un équilibre qui ne sera peut être pas simple à tenir mais dont l’ambition fait plaisir à entendre pour tous les passionnés d’automobile.
Crédit photos : Peugeot, Pierre Clémence