Essai : Kia Rio

Et dire qu’on a failli se battre à la rédaction… Il faut dire que lorsqu’on nous a proposé Rio, on a tous voulu y aller. D’ailleurs j’ai gagné. Rendez-vous est pris à Montparnasse : j’aurais dû me méfier. A défaut de visiter le Brésil (ou les zones sylvestres bordant la Porte d’Auteuil…), Blog Automobile s’en est allé essayer la nouvelle Kia Rio en terres bretonnes. Et comme je suis un type sympa, je vais vous narrer tout ça.

Le groupe Hyundai-Kia n’est clairement pas venu pour trier les lentilles : passé il y a quelques années de constructeur de voitures sous licences (Mitsubishi, Mazda, Fiat…) à producteur de voitures originales de plus en plus fréquentables, Hyundai-Kia est désormais le quatrième groupe automobile mondial devant PSA… Avec un bureau d’études allemand, une usine Slovaque et un directeur du design débauché de chez VW, Kia est décidé à ne pas faire de figuration en Europe. Mais la nouvelle Rio, contrairement à la Cee’d ou à la Venga est une voiture destinée au marché mondial : que vaut-elle face aux références du segment B qu’elle va devoir affronter ? Quelques kilomètres au volant des versions 1.4 essence et 1.4 CRDI nous permettront de nous faire une idée du potentiel de la nouvelle Rio.

La première chose qui interpelle, c’est le design moderne et assez valorisant de la voiture. Oubliez tout le corporate BS de Kia voulant nous faire passer les lignes de la citadine pour un pseudo coupé, on a affaire à une berline 5 portes bien équilibrée et dynamique. Finie l’esthétique assez peu réussie et peu qualitative des deux premières générations : la nouvelle Rio peut désormais attirer une autre clientèle que les loueurs de voitures en Floride. La voiture paraît assez imposante… Pour la simple et bonne raison qu’avec 4,05 mètres de long, c’est la plus encombrante du segment devançant les 207, Clio et Punto de 3-4 centimètres et infligeant près de 10 centimètres d’écart avec les Fiesta et Yaris ou affichant 20 de plus qu’une Ypsilon. Autant dire que cela pourra constituer un handicap pour certains.

La gamme débute à 12 490 € et s’articule autour de 4 motorisations et 4 niveaux d’équipement (Motion, Style, Active et Premium). La clim est de série à partir du second niveau, seul le dernier propose le système Smart Key. La boite automatique (4 rapports) ou le toit ouvrant ne sont disponibles qu’en finition haute, un pack comprenant le GPS tactile et la caméra de recul est proposé sur les deux derniers niveaux de gamme : il y a donc très peu d’options (il faut dire que la Rio est produite en Corée du Sud et non en Europe : autant simplifier la logistique). Si les motorisations de base (1.2 essence 85 ch et 1.1 CRDI 75 ch) ont droit au stop&start, les 1.4 essence 109 chevaux et 1.4 CRDI 85 chevaux de mon essai faisaient l’impasse dessus. On sent que Kia a voulu grappiller quelques grammes de CO2 sur ses moteurs d’accès pour bénéficier de bonus. Dommage pour les deux 1.4 qui en sont privés. Une version de base dotée du 1.1 CRDI homologuée à 85g de CO2 apparaîtra bientôt.

Passée cette présentation, on s’installe à bord. L’accès et le démarrage sans clé (de série sur la finition Premium essayée) sont très agréables à l’usage. On regrettera simplement qu’il soit impossible d’ouvrir ou de fermer les vitres et le toit à distance avec le plip. Un gadget bien trop rare sur le segment B mais pourtant très agréable. Côté équipements, c’est toutefois plutôt bien fourni quelque soit le niveau choisi. On dispose ainsi de prises auxiliaires sur toutes les finitions par exemple. Et si la qualité de la radio est honnête, on déplorera l’absence de tweeters (à moins d’opter pour une Premium). La position de conduite est bonne, les sièges sont assez confortables (mais rien d’exceptionnel) et la modularité est assurée par des dossiers de banquette rabattables 2/3 1/3, l’assise restant fixe. L’habitabilité générale est bonne et le coffre assez spacieux. Il fallait bien que l’inflation en longueur paie. Ne vous méprenez pas à la vue des images : la sellerie du modèle d’essai n’était pas en cuir mais en simili (et tissu), plutôt réussi cela étant (i.e. pas trop vulgaire). Le cuir est une option, groupée avec le toit ouvrant.

En revanche, l’ergonomie souffre de quelques critiques : la platine de vitres électriques est trop reculée, on aurait souhaité avoir les commandes au niveau de celles des rétroviseurs qui tombent plus naturellement sous la main. Dans le même ordre d’idées, les commandes de l’ordinateur de bord trouvent place à un endroit peu ergonomique (partie basse du volant), enfin, la commande d’orientation du flux d’air de la clim auto (en série à partir de la finition Active) est suffisamment simplifiée pour compliquer l’ergonomie : on aurait préféré 3 pushes distincts en lieu et place de la touche « mode ». Pour le reste, on appréciera la navigation dotée d’un écran tactile, la boite à gants assez spacieuse et réfrigérée et les nombreux rangements. La finition Premium se dote en outre de phares lenticulaires à éclairage additionnel d’angle fixe accompagnés d’optiques arrière à LED et de rappels de clignotants intégrés aux rétroviseurs (et non à l’aile avant). Je n’ai étrangement pas pu tester les essuie-glaces automatiques bien que l’essai se soit déroulé en Bretagne : sans doute ont-ils cherché à impressionner nos lecteurs normands le temps d’une journée ensoleillée.

Le 1.4 CRDI s’ébroue assez discrètement et s’élance avec vigueur, bien aidé par une boite 6 vitesses correctement étagée avec un dernier rapport facilement exploitable. Kia s’est manifestement mis au diapason des rivales du point de vue de l’agrément de conduite. C’est à mon sens plus réussi qu’une 207 HDI 90. Le régulateur de vitesse est en outre facile à utiliser, mais on regrettera que l’ordinateur de bord affiche un histogramme illisible en lieu et place d’un nombre pour la consommation instantanée. Si l’isolation phonique semble réussie, le rétroviseur central présentait de légères vibrations (sur le diesel). Dommage. Du côté du bloc essence, il se montre très à l’aise avec ses 109 chevaux et sa boite 6. La course d’embrayage, très bonne sur le CRDI, est malheureusement moins réussie sur l’essence, pénalisant un peu la prise en main de la voiture. Je n’ai pas pu tester la boite automatique 4 vitesses mais vous vous en fichez car vous êtes probablement français ou désireux d’acheter la meilleure BVA disponible, ce qui sur ce segment implique une Polo ou une Fabia.

A mesure que le rythme augmente, la bonne impression laissée par l’isolation phonique laisse place à des bruits aérodynamiques et de roulement qui deviennent audibles passés les 110-120 km/h. Rien d’affolant pour une citadine mais les Clio et Polo ont l’air meilleures. Côté comportement routier, c’est sain, c’est neutre, la direction à assistance électrique est très correcte mais si vous cherchez les meilleures qualités dynamiques du segment, la Fiesta fait toujours référence. L’amortissement n’est pas mauvais, loin s’en faut mais la voiture filtre moins bien qu’une Clio ou une Modus (nos Rio étaient pourvues de jantes de 16”). La visibilité de ¾ avant quant à elle est légèrement entravée par le montant A un peu épais en dépit du fenestron. C’est toutefois mieux que dans les Punto et Corsa. Globalement, la voiture est très polyvalente et permet de voyager sans fatigue.

Nos versions d’essai s’affichaient à 17 490 € pour la Premium 1.4 et 19 290 € pour la CRDI. A noter que le 1.4 essence n’est disponible qu’en finition haute contrairement au 1.4 diesel, accessible à partir de 16 590€. Une belle somme pour une citadine et pour une Kia dont l’image, en progression constante n’a pas encore la notoriété de VW. Mais la Rio présente une dotation en équipements très complète pour les tarifs affichés ainsi que la garantie 7 ans qu’aucun autre constructeur ne consent à proposer. La voiture est finalement assez compétitive mais il faut tirer un trait sur l’image un brin low cost qui collait aux Kia d’il y a seulement 10 ans. Les tarifs sont dans la norme mais le rapport prix/prestations reste intéressant. Finalement, le seul problème, c’est que le tarif n’est pas le seul à être dans la norme : la voiture aussi. Elle fait tout bien. Mais rarement très bien. Si elle m’a paru surclasser une Corsa voire une 207 ou une C3, elle n’a pas encore de quoi déstabiliser la Fiesta sur le plan des qualités dynamiques et elle ne propose pas la sophistication d’une Polo (qui la facture plus cher, il faut l’admettre). La Rio est surtout une rivale très crédible à prendre en considération au moment d’élire une citadine et finalement un choix intéressant. Vous n’aurez désormais plus aucune crainte à avoir si un loueur vous tend les clés d’une Rio, bien au contraire : vous aurez une bonne voiture.

Reste que les versions hautes de la Rio entrent en concurrence avec deux autres Kia : les Venga et Soul. Cette dernière ne s’adresse pas à tout le monde mais est délicieusement différente à défaut d’être aussi économique que la Rio. La Venga quant à elle me paraît être un choix plus cohérent à ce niveau de prix : à 17 500 €, une Venga 1.4 Urban Chic présente un équipement supérieur (TOE panoramique de série) mais un moteur un peu moins puissant. C’est sans doute une meilleure citadine pour un parisien de mon espèce. Question de goût peut-être.

Crédits photos : Kia France / Eric E

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