L’affaire vous paraitra peut être sans intérêt mais elle mérite tout de même que nous nous y attardions quelques instants. L’équipementier Kiekert est le numéro 1 mondial des systèmes de verrouillage des portières pour automobiles et il vient d’être racheté par Norinco et plus justement par un groupe de trois entreprises chinoises menées par Lingyun qui est une des importantes filiale de la puissante entreprise d’état chinoise.
Pour information, Kiekert, c’est plus de 41 millions de systèmes de verrouillage des portières vendus en 2011 sur toute la planète et à presque tous les constructeurs automobiles, plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaire, 850 brevets détenus, 4 sites de production dans le monde en plus de l’Allemagne (siège) et 4000 salariés. En face, Lingyun c’est 10000 employés, 40 usines en Chine et environ 700 millions de chiffre d’affaire. Une entreprise qui vit dans la nébuleuse d’état Norinco qui a réalisé l’an passé un CA de 7.3 milliards de dollars.
Jusque là rien que du normal, un très gros et très riche qui rachète un gros européen c’est dans l’ordre des choses mises en place par le marché et le libéralisme économique. Là où l’affaire devient intéressante et où il y a à dire, c’est le fait que Kiekert, dans un anonymat quasi total, est le cinquième grand équipementier allemand qui devient chinois en moins de 10 mois…
Le phénomène a réellement commencé l’an passé avec :
le spécialiste du joint SaarGummi devenu chinois en mai 2011
la société Preh, un des grands leaders mondiaux de l’électronique embarquée racheté en juin 2011
KSM Casting (composants moteurs et BV) est devenu la propriété de CDWM en juillet 2011
Sellner (spécialiste des intérieurs de voiture) est passé sous le contrôle du chinois NBHX en novembre 2011
Au final, beaucoup de très gros et de très importants sous traitants automobiles dont les productions sont stratégiques dans le monde de l’auto. Les constructeurs allemands explosent les compteurs, les marges, les dividendes, les primes et les salaires des grands patrons (> 17 millions d’euros en 2011 pour celui de VW) mais à force de tirer sur la corde des sous traitants qu’on oublie hélas trop souvent, c’est un peu le secteur automobile européen qu’on fragilise insidieusement et donc ses emplois. Il ya une dizaine d’années, l’Europe craignait l’invasion des voitures chinoises à faible prix de vente, il n’en fut rien. Les voitures chinoise vont arriver tranquillement à partir de cette année avec des autos quasi conformes à nos standards mais le puissant empire du milieu arriver en force et bien plus discrètement dans le monde automobile qu’on ne veut le dire ou le voir.
Reste que cette cinquième grosse acquisition chinoise est à ne pas négliger car liée à des brevets, des risques de délocalisation à moyen terme avec des fortes conséquences pour l’emploi en Europe ou comme ici en Allemagne. N’oublions pas que les analystes économiques et financiers commencent à s’inquiéter pour ce fameux modèle allemand ainsi que pour la position industrielle du pays dans l’avenir avec plusieurs éléments qui découlent de ces évolutions industrielles et financières. Parmi ces évolutions et craintes, il y a une paupérisation de l’ex RFA, 25% des salariés allemands en dessous de 9,15€ de l’heure, la généralisation des mini jobs, la baisse de la natalité et pour la première fois une baisse de l’espérance de vie dans l’UE. Bien sur ce raisonnement est plus global mais il faut penser à ne pas regarder seulement la partie immergée de l’industrie germanique, c’est à dire ceux qui sont derrière, qui participent discrètement et permettent aux acteurs majeurs comme VW Group, BMW ou Daimler Benz d’être en grande forme car un jour leur tour pourraient venir, ne l’oublions pas, notamment face à certains grands et puissants constructeurs chinois qui ont profité depuis plus de 20 ans des fameuses joint ventures et de tout ce qui est lié à ce système économico-financiaro-communiste chinois que nos industriels ont encouragé (et dont ils ont grassement profité) depuis des décennies.
Via ChinaDaily, CCFA, Autoactu.