Cette semaine, il ne sera pas question d’une bonne affaire, mais plutôt de deux. Flashback: nous sommes au début des années 90, et nos protagonistes du jour sont parmis les vedettes des jeux d’atouts et des posters qui couvrent les chambres d’ados. Pensez donc, lorsque BMW et Mercedes lancent leurs imposantes GT, les concurrentes visées ne sont autres que la Porsche 928 et la Jaguar XJS… Il fallait donc mettre les petits plats dans les grands pour espérer faire bonne figure.
Au delà des différences apparentes – l’une est un roadster et l’autre un coupé – la 500 SL et la 840 Ci partagent pourtant une certaine conception du grand tourisme. Celle-ci se traduit par un V8 monté à l’avant, préférablement accouplé à une boite auto, le tout dans un mélange de luxe et de technologie. Ainsi, sur ces autos de 20 ans, on trouve déjà les prémices de ce qui est devenu de nos jours l’ESP, mais aussi des roues arrières directrices sur la BMW, un arceau rétractable sur la Mercedes… Et la liste est longue!
Impossible cependant de réduire ces engins à des considérations techniques, tant leur design est symbolique d’une époque. Ces longues lignes droites interrompues seulement par quelques angles très marqués, bien que datées, sont de cette élégance qui ne vieillit pas vraiment. A l’intérieur, le tableau est en revanche bien plus classique : l’instrumentation et les inserts en bois sont des choix moins audacieux que d’autres.
Alors, lorsqu’on voit les prix auxquels ces gros V8 d’outre-rhin s’affichent dans les petites annonces, il semblerait bien que nous soyons en présence du tout meilleur rapport prix/prestation du marché de l’occasion. Et c’est justement à ce moment que le piège se referme sur vous! Car si les années ont eu raison du prix d’achat, l’entretien reste lui à l’image du prix du neuf (de l’ordre de 100000€ en 1991). La vieillissement de la technologie embarquée, tout comme l’entretien mécanique, sont des postes à même de mettre rapidement sur la paille les acheteurs mal renseignés.
Que ce soit cette 840 CiA ou encore cette 500 SL qui vous ait tappé dans l’oeil – toutes deux dans la moyenne haute et présentant bien – quelques mises en garde s’imposent tout de même. La première concerne justement les apparences: la bonne qualité de fabrication de ces modèles fait que leur état de présentation ne reflète pas nécessairement la réalité de la situation. Ensuite, il conviendra comme toujours de privilégier la connaissance et la qualité de l’historique plutôt que les options ou le kilométrage. Soyez prévoyant et ne franchissez le pas qu’après avoir réuni un budget ne couvrant pas simplement l’acquisition mais aussi les inévitables frais à venir. Enfin, c’est plus subjectif, accordez une certaine importance à l’impression que vous fait le vendeur: vous parait-il réellement en mesure d’avoir correctement entretenu un tel objet?
Vous l’aurez compris, ces autos sont tout sauf la cible idéale pour s’offrir des chevaux à bon prix, d’autant que leurs prétentions sportives sont limitées par un poids conséquent : même selon standards de 2010, 1,7 tonnes ça fait beaucoup. Il faut donc acheter ces autos pour ce qu’elles sont : des GT exceptionnelles à bien des égards et chaque jour moins adaptées au contexte automobile actuel. C’est aussi cela qui fait et continuera de faire leur intérêt dans bien des années.
Ainsi, deux demi bonnes affaires n’en faisant pas une entière, vous repartez tout de même avec un bon avertissement avant de vous porter propriétaire d’une de ces deux “intouchables” que j’aime tout de même beaucoup.