Évidemment, Lamborghini n’est pas tout à fait un nouvel entrant sur le sujet : son histoire comporte l’atypique LM002 (dont vous pouvez relire un court historique en cliquant ici). Mais l’Urus est quand même d’une toute autre trempe, en ne dérivant pas d’un engin militaire à moteur central, mais en étant basé sur la plate-forme MLB Evo des Bentley Bentayga/Audi Q7/Audi Q8/Porsche Cayenne. On reste dans le haut de gamme, mais quand même, l’exclusivité de Lamborghini en prend un sacré coup !
Esthétiquement, l’Urus avait déjà été très largement dévoilé lors de la présentation du concept car au Salon de Pékin en…. 2012. Soit une éternité ! Rappelons que son développement est arrivé peu de temps après l’annulation du projet Estoque, grande berline sportive, qui aurait quand même eu une toute autre allure. Mais o tempora o mores, ce qui se vend aujourd’hui, c’est du surélevé, du gros, du pas forcément très joli. Par rapport au concept, l’Urus de série devient nettement plus anguleux, plus agressif.
Les courbes deviennent des arrêtes, la calandre se complexifie à outrance avec un motif en nid d’abeille évasé, déformé, torturé. Seul le bec de capot et les phares plutôt fins gardent une certaine filiation avec un autre concept mort-né, l’Asterion. Le profil est lourd, chargé, géométrique. L’Urus gagne une sortie d’air triangulaire sur le sommet du passage de roue avant tandis que la troisième vitre latérale change légèrement de forme. La poupe gagne des feux fins et élégants, tirés là aussi de l’Asterion, et un diffuseur pour une fois relativement sobre, encadré de 4 sorties de pot.
Mais une Lamborghini c’est avant tout un moteur (bon, une allure sportivo-cunéiforme aussi) et pour ce coup là, Lamborghini a fait fort en choisissant un moteur… Audi ! Que ceux parmi vous qui ne sont pas encore en PLS sous leur table basse essaient de respirer un peu : non, ce n’est pas un TDI. Il s’agit du V8 biturbo 4 litres, vu notamment sous les capots des Porsche Cayenne, Bentley Continental GT ou Audi RS6. Légèrement revu par Lamborghini, il développe ici 641 ch et 850 Nm de couple. Respectable, il se permet même de doubler la petite Huracán qui ne compte que 610 ch. Ce n’est pas la première fois qu’un V8 est installé à bord d’une Lamborghini (souvenez-vous des Urraco, Jalpa et autres Silouhette) mais un moteur turbo, c’est une première. La transmission intégrale est gérée par une boîte automatique à 8 rapports, permettant de faire varier la priorité de passage de la puissance vers les trains avant ou arrière selon les modes de conduite (40/60 en mode standard, jusqu’à 70% à l’avant ou jusqu’à 87% à l’arrière). Les modes sont au nombre de 7 : Strada, Sport, Corsa pour la route et aussi Neve, Terra et Sabbia (neige, terre et sable) pour le tout terrain. Le dernier mode est un mode personnalisable.
Moins déprimantes sont les performances annoncées : 0 à 100 km/h en 3,6 secondes, 0 à 200 km/ h en 12,8 secondes et une vitesse maxi de 305 km/h. Avec de tels arguments, il ne faudra pas s’étonner que Lamborghini aille taquiner le Nordschleife prochainement pour ravir le titre du SUV le plus rapide au Stelvio QV. Quant à ses capacités en tout terrain, pour les fous aventureux qui oseraient mettre un pneu en dehors du bitume, elles devraient bénéficier de la suspension active et de la garde au sol réglable. Mais sérieusement, qui osera faire du tout terrain avec ce gros bébé de près de 200 000 € ? Étonnamment, une bonne partie de sa clientèle ! Car il y a fort à parier que l’Urus va se vendre comme des petits pains dans les monarchies pétrolières du Golfe Arabo-Persique, très friandes de ce type de véhicule. Pour en voir en Europe, et a fortiori en France, il faudra plutôt patienter devant les hôtels de luxe parisiens, de Megève ou Cannes.
Crédits photos : Lamborghini