Au sein de la rédaction, la McLaren Senna fait la quasi unanimité, et c’est plutôt rare. Après un rapide sondage, nous avons 10 votes contre et deux votes “elle me plaît bien”. Par pure charité, j’éviterai de vous donner les noms des coupables. Car il faut bien avouer qu’elle n’a vraiment pas un physique facile cette Senna. Oui, ce nom, il faudra vous y faire aussi. Il vient naturellement rendre hommage à Ayrton Senna, qui a couru 6 saisons de F1 avec l’écurie McLaren et y a remporté 3 championnats du monde.
La Senna vient succéder à la P1 (qui était jolie, elle), mais ne sera pas seule pour le faire car McLaren prévoit la sortie d’un autre modèle, nommé pour l’instant BP23, qui sera une trois place, conducteur au centre, comme la mythique F1.
Le cahier des charges de la Senna a semble-t’il été des plus simples : faire le plus efficace, le plus rapide et le plus extrême jamais vu. Sur ce, les designers sont partis se faire un Darjeeling et des scones pendant quelques heures et ont laissé la Cintiq entre les mains des ingénieurs pour dessiner la carrosserie. Entièrement prévue pour les meilleures performances possibles, sa coque est constellée de prises d’air, ailerons, diffuseurs, accessoires aérodynamiques divers et variés. L’ensemble doit manifestement être d’une efficacité redoutable, mais mes yeux ont perdu quelques dixièmes d’acuité dans l’opération.
Une fois passé le choc esthétique, penchons nous plutôt sur sa fiche technique : châssis Monocage III en carbone dérivé de celui de la 720S, panneaux de carrosserie en carbone également (tous ? oui, tous), et moteur V8 biturbo. Le poids de l’ensemble est très impressionnant : 1198 kg seulement. Le moteur V8 de 4 litres est celui qui anime toutes les McLaren, mais ici dans une inédite configuration à 800 ch et 800 Nm de couple. Il est bien sûr placé en position centrale et anime les seules roues arrières. La suspension est celle, revue et corrigée, de la P1, avec double triangulation et amortisseurs hydrauliques réglables et barres antiroulis, le tout nommé fort opportunément RaceActive Chassis Control II. La Senna repose sur des pneus Pirelli P Zero Trofeo R spécifiques.
L’habitacle, accessible en ouvrant des portes à élytres, est d’une sobriété clinique. Carbone noir partout, avec quelques traces éparses de cuir ou de vinyle. Le bloc d’instrumentation compact est issu de la 720S, et le seul luxe présent est le grand écran multimédia au centre permettant de paramétrer la voiture. Toutes les autres commandes sont repoussées au plafond ! On y trouvera ainsi les interrupteurs de vitres électriques, bouton de démarrage, ventilation, etc… Petit détail “qui tue” sur les portes : elles sont équipées en partie basse de vitrages, pour mieux voir la route !
Les performances ne sont pas clairement annoncées, mais on peut s’attendre à ce qu’elles soient très nettement supérieures à celles de la 720S (340 km/h et 0 à 100 km/h en 2,9 secondes). Ces chiffres peuvent peut être faire sourire à l’époque où n’importe quelle voiture électrique plus ou moins virtuelle vous promet un couple stratosphérique et des accélérations de fusée. Mais seule l’efficacité compte, et à l’heure de faire un tour de circuit, je donne peu cher d’une Tesla Roadster pour enquiller correctement le raidillon de l’eau rouge ou le carrousel. Car il ne faut pas se tromper : la vraie raison d’être de la Senna est d’être une voiture de course adaptée à la circulation sur route. Inutile de dire que sa praticité sera proche du néant absolu, mais ce n’est pas le but recherché.
La Senna sera vendue 750 000 £, soit environ 850 000 €. Mais inutile d’aller casser votre tirelire, les 500 exemplaires prévus sont déjà tous réservés. La production démarrera courant d’année prochaine. Nul doute que nous aurons des informations sur ses performances réelles d’ici là.
Crédits photos : McLaren Automotive