Qu’on se le dise, lorsque l’on m’a proposé un essai du Nissan X-Trail avec un petit 1,6 L essence, je suis resté assez dubitatif… Habitué aux SUV diesel très coupleux, cet essai allait sans aucun doute remettre en cause ma manière d’appréhender un véhicule de ce gabarit.Nissan a fait une entrée remarquée sur le marché des Crossovers en lançant la première génération du Qashqai il a de cela maintenant 8 ans. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, le Qashqai est devenu un véritable best-seller et sûrement la meilleure référence en la matière. Renouvelé en 2014, il a été rejoint par le X-Trail (bien différent de la première génération) aux dimensions plus généreuses permettant notamment d’accueillir 7 personnes à son bord.
C’est bien comme ça qu’il faut le prendre : c’est un Crossover (comme peut l’être un Peugeot 3008 pour ne citer que lui), son look civilisé et résolument urbain tranche avec les lignes plus carrées de la première mouture.Chose à laquelle je n’avais pas prêté attention en lisant les différentes spécificités techniques pré-essai, mon véhicule de prêt est une traction ! Oui, un crossover 1,6 L essence sans transmission intégrale, voilà qui change la donne. Il est temps de revoir ma stratégie d’approche pour me mettre dans la peau d’un père de famille refusant l’affront (en est-ce vraiment un ?) de conduire mes 5 marmots dans un monospace.
Le modèle dont je dispose pour cet essai est un Nissan X-Trail 1.6 L DIG-T 163 ch finition N-Connecta.
Première impression en arrivant au parc presse : il en a de la gueule ! La face avant ne diffère guère du Qashqai, mais en ce qui concerne l’arrière, carton plein. Ses optiques massives et ses larges ailes arrières donnent une véritable impression de robustesse. Chrome à tous les étages ! Poignées de porte, contour des vitres, calandre, lame de protection avant, contour des anti-brouillard, même en optant pour une teinte noire ou grisâtre, vous serez loin de passer inaperçu. Et encore, vous pouvez encore rajouter en option des touches chromées sur les bas de caisse ainsi que sur le coffre, comme à l’américaine !
Mon véhicule d’essai est en outre équipé de jantes 19 pouces en option (qui ne réduiront en rien le confort comme vous le découvrirez plus tard). Enfin, la signature lumineuse à LED (maintenant légion sur la plupart des voitures actuelles) ajoute la dernière touche de raffinement à l’ensemble, le design de ce X-Trail a vraiment tout pour plaire.
Au tour de l’habitacle. Dès que l’on s’installe au volant, l’impression de robustesse est plus que jamais présente. En effet, on aperçoit le capot moteur surplombé de deux lignes saillantes, plus mastoc tu meurs !
Esthétiquement, pas vraiment de folies si ce n’est la finition imitation fibre de carbone, pas de très bon goût d’ailleurs. Des baguettes de portes en aluminium brossé ou plastique gris argent auraient donné plus de cachet à l’ensemble, l’impression de qualité n’en aurait été que valorisée.Ils n’avaient qu’à mettre le surplus de chrome à l’intérieur chez Nissan tiens…
Les sièges sont moelleux, très moelleux, trop moelleux. Bien que la sellerie en tissu soit d’un confort sans faille, je m’enfonce bien trop dans mon siège en y déposant mon postérieur (pourtant peu volumineux, je vous prie de me croire). Le dessin du volant fait un peu vieillot, de même que la finition de ce dernier qui semble venir d’un autre âge (la jante en cuir vient malgré tout sauver la face). Le plastique gris des commandes au volant est également peu flatteur. Vraiment dommage car le reste des commandes est plutôt bien fini et agréable au toucher. Entièrement noir (pour une voiture familiale il vaut mieux), l’habitacle est tout de même gorgé de lumière grâce à la présence d’un imposant toit vitré panoramique/ouvrant. Les températures extérieures avoisinant les 0°C tout au long des 3 jours d’essai m’ont cependant contraint à le laisser fermé.
En configuration 5 places, les passagers de la deuxième rangée jouissent d’un espace aux jambes assez impressionnant. Le plafond très haut permet accueillera des grands gabarits sans le moindre soucis. En configuration 7 places, les deux sièges qui forment la troisième rangée se déplient d’un geste et forment (c’est devenue la norme) un plancher parfaitement plat une fois repliés laissant place à un coffre de 445 litres (je pensais plus au premier abord). Vous pouvez même titiller un volume de 2000 litres en repliant la deuxième rangée, vous avez dit pratique ? D’autant plus que le modèle d’essai dispose d’un système d’ouverture/fermeture du coffre électrique.
Passons maintenant à la partie que j’appréhendais le plus : la conduite. Un si petit moteur dans un crossover d’1,6 L, est-ce bien raisonnable ? Ou plutôt l’est-ce trop ?
Deux choses à prendre en compte : la puissance et le couple. La première donnée me rassure, 163 ch, c’est nettement suffisant pour une utilisation familiale, les SUV Diesel dont j’ai l’habitude développent d’habitude aux alentours de 150 ch. Le second point me taraude quelque peu, le couple maximal est annoncé pour 240 Nm. À titre de comparaison (juste pour avoir quelques chiffres en tête), les derniers moteurs essence 130 ch Puretech de PSA développent 230 Nm, sauf que ces derniers équipent des véhicules bien moins lourds. Enfin, Alea Jacta Est.
Pédale d’embrayage et de frein enfoncées, moteur démarré, frein à main électrique désactivé, première vitesse enclenchée : nous allons voir ce que tu vaux petit 1600 cc… Malheureusement, les faits sont là, je ne suis pas surpris de constater un cruel manque de reprise avant d’atteindre les 3000/3500 trs/min. Pas énorme pour un moteur essence vous me direz, mais la zone de confort se situe bien plus bas, d’autant que ce n’est pas le genre de voiture fait pour être bousculée. Passons ce détail auquel je m’attendais quelque peu pour nous concentrer sur l’essentiel : le confort.
La famille étant sa principale vocation, c’est bien sur ce point là que tout va se jouer. La direction, manquant un petit peu de précision, est d’une souplesse exemplaire. Bien que massive, cette voiture se manie d’un seul doigt, bien plus agréablement que certaines voitures de gabarits inférieurs. La boite manuelle à 6 rapports (assez longue soit dit en passant) est d’un confort absolu, je passe les rapports naturellement sans le moindre accroc. Petit reproche tout de même, chaque freinage, chaque accélération se fait sentir de manière outrancière par des mouvements du levier de vitesses assez désagréables lorsqu’on l’a en main. Je n’ai pas le souvenir d’avoir eu cette sensation dans une autre voiture (quoique si, dans la Laguna 3).
Après avoir parcouru quelques kilomètres sur des petites routes, j’attaque une portion d’autoroute. Pas fâché de ne plus entendre l’avertisseur de franchissement de ligne qui hurle à chaque fois que je chevauche la ligne centrale de la route trop étroite.
Le manque de couple se fait sentir au moment de l’insertion, à 65 km/h, je rétrograde en troisième pour plus de sûreté.
Une fois positionné sur ma voie, c’est du bonheur pur et simple. Le moteur est d’un silence (ou bien est-ce l’insonorisation ?) exemplaire, les petites imperfections de la route sont absorbées sans aucun mal et ce, malgré les jantes de 19 pouces (mon dos n’en a été que plus reconnaissant).
Le X-Trail est véritablement un véhicule taillé pour les voyages en famille. Outre les classiques régulateur/limiteur de vitesse avec commandes au volant proposés de série, bon nombre d’aides à la conduite sont disponibles en option (mais pour la plupart intégrées à mon véhicule d’essai en raison de son niveau de finition). Ces dernières deviennent pratiquement indispensables pour les trajets au long-court (ne pas oublier les pauses toutes les 2h, on ne le répète jamais assez). Je citerai entre autres le système d’aide au freinage d’urgence.
Mais avant que vous ayez à l’utiliser, un petit « bip » vous avertit que vous vous rapprocher dangereusement de la voiture de devant, il est toujours préférable de ne pas avoir recours à l’intervention de la machine. L’alerte de franchissement de ligne (que je critiquais plus haut) peut s’avérer bien utile en cas de début d’endormissement.
L’appel de la boue étant trop fort, j’ai tout de même cherché à emmener mon Crossover de la semaine sur des chemins non pavés (ce qui m’a d’ailleurs permis d’obtenir les quelques clichés garnissant l’article). Bon, ne vous attendez pas à quelque chose d’extraordinaire. La garde au sol assez haute m’a permis de passer quelques trous béants sans craindre de toucher un organe plus ou moins vital. Le besoin de transmission intégrale s’est en revanche vite fait sentir dès que le terrain s’est avéré plus glissant, les badauds observant ce qui a l’air de ressembler à un 4×4 patinant des roues avant à la moindre zone boueuse ont dû bien rigoler…
En revanche, je salue une nouvelle fois la qualité d’absorption du véhicule dans son ensemble : malgré les jantes de grand diamètre, les petits obstacles ne se faisaient aucunement ressentir dans ma colonne vertébrale. Je peux remercier le système « Chassis contol » disponible en série, et peut-être tout simplement les pneumatique. Le confort dans cette situation était tout à fait comparable à celui d’un SUV de catégorie supérieure, stupéfiant.
À voir le nombre de X-Trail(s) croisés en milieu urbain durant mon essai, il s’agit sans aucun doute d’une voiture utilisée au quotidien par bon nombre d’acquéreurs. Arrive donc en toute logique la conduite en ville. Les radars de recul disposés à l’avant et à l’arrière (auxquels s’ajoutent une caméra de recul et l’excellent système Nissan AVM – vision 360°) font parfaitement leur travail et se mettent en marche dès que vous progressez au ralenti, cela m’a grandement facilité la tache lors de passages plus ou moins périlleux (j’ai le souvenir d’un croisement de bus dans une ruelle plutôt étroite). Pas de transmission intégrale, moteur 1,6L essence, mon X-Trail pourrait presque mériter le label « Eco-friendly »… Carton plein ! Le système Start&Stop va également dans ce sens. Au passage, je n’ai jamais testé de système Start&Stop aussi discret lorsqu’il entre en action, aucun tremblement, aucun bruit de moteur intempestif, c’est un sans-faute.
Cela s’en ressent au niveau de la consommation. Annoncé pour 6,4 L/100km en mixte (0,2 L de plus en raison des jantes 19 pouces), mon X-Trail s’en tire avec un plus qu’honorable 7,5 L/100km en ville (hors bouchons), 1600 kg à déplacer rappelons-le !
Avant de conclure, petit résumé des équipements dont je dispose sur cette finition N-Connecta (deuxième plus haut niveau de finition après Tekna). Le système audio dispose de 6 haut-parleurs et intègre (de série !) une interface bluetooth. Je ne reviendrai pas sur les aides à la conduite citées plus haut, qui dans l’ensemble remplissent leur rôle à merveille. Le GPS dispose d’une interface tout ce qu’il y a de plus intuitif, vous trouverez chaque commande naturellement sans jamais lire une seule page du manuel d’utilisation. Je lui ai cependant trouvé quelques défauts, notamment en ce qui concerne la lisibilité des informations. La luminosité de l’écran s’adapte de la même manière que l’allumage des feux automatique. Cas périlleux : le soleil s’apprête à se coucher, les feux de croisements s’allument donc tout naturellement mais par la même occasion, l’écran du GPS s’assombrit sensiblement ce qui rend quasi invisible le trajet à emprunter. La couleur bleue foncé n’est d’ailleurs pas le meilleur des choix qu’il eu fallu prendre pour surligner ce dernier, en revanche, un vert flashy aurait été tout indiqué.
Bien sûr, tout cela a un prix. Allez, dites un chiffre. Quoi ? Beaucoup moins que ça… Si je compte toutes les options, l’addition se porte à un peu moins de 32 000 €. Certains me diront que nous n’avons pas la même définition d’un produit « cher », de plus le X-Trail avec cette motorisation n’est pas dénué de défauts.
Alors OUI le moteur manque de couple et de puissance, OUI ce n’est qu’une traction, OUI certains détails de finition mériteraient plus d’attention. Mais réfléchissez 2 minutes. Un Crossover au look agressif et plutôt réussi, un confort de conduite (allez j’ose le dire) inégalable pour cette catégorie à ce niveau de prix, un espace passager conséquent, une dotation en équipements high-tech digne d’une liste d’option d’une voiture allemande (sans y mettre le prix), le tout pour 32 000 € ? Je comprends maintenant pourquoi c’est un succès… Vous avez des enfants ? Vous n’aimez pas les monospaces ? Vous comptez vous faire plaisir sur l’équipement ? Vous ne comptez pas laisser de côté le design malgré un budget n’égalant pas celui nécessaire à l’achat d’un SUV allemand ? Comment ? Vous êtes encore là ?!
Je tiens à remercier vivement Nissan West Europe, et tout particulièrement Chris Mayne pour la mise à disposition du véhicule et leur confiance sans faille.
Photos : Maurice Cernay