Le rendez-vous était donné dans un studio photo d’Aubervilliers : tels des rock stars, les Volvo EX30 & EX90 posaient leurs valises en France à l’occasion d’une tournée européenne…et nous y étions !
On commence par l’EX90 ?
Volontiers. L’EX90, c’est le manifeste de la nouvelle gamme Volvo. Un peu comme le XC90 actuel a lancé la gamme contemporaine, cette nouvelle génération est là pour dire “voici ce qu’on peut faire et ce qu’on va faire”. Volvo peut et va donc faire des SUV électriques à batterie (“c’est notre seule vision de l’avenir”, nous annonce Yves Pasquier-Desvignes, PDG de Volvo France -comprenez par là : “pas d’hydrogène”), en commençant par ce gros patapouf : comptez 5.04 m de long pour 1.96 m de large et 1.74 m de haut, soit 9 cm de plus en longueur, 4 cm de plus en largeur et 3 cm de moins en hauteur que le XC90 actuel. Et le côté mastodonte s’exprime aussi au niveau du poids, puisque l’EX90 annonce peser… 2.82 tonnes !!!
La responsable ? La batterie, en grande partie, puisque le gros Volvo annonce embarquer 111 kWh d’accus rechargeables jusqu’à 11 kW en CA et 250 kW en CC, de quoi faire un 10-80 % en 30 minutes. Cette batterie alimentera deux moteurs dont les puissances évolueront en fonction de la version choisie : si la version “Twin” fait appel à deux moteurs identiques de 180 kW sur chacun des essieux (de quoi proposer 300 kW/408 ch & 770 Nm de couple) pour faire passer l’EX90 de 0 à 100 km/h en 5.9 s, la version “Twin Performance” reçoit un moteur arrière de 200 kW, de quoi porter la puissance totale à 380 kW/517 ch et de faire baisser l’exercice du 0 à 100 à 4.9 s. Autonomie WLTP ? Entre 560 et 585 km selon les équipements sélectionnés pour les deux versions.
Voilà des chiffres pour le moins ostentatoires. Pour autant, Volvo le dit et le répète : son EX90 ne-l’est-pas. Et prend pour exemple son style. Alors, certes, ses dimensions rendent l’engin visible, mais la quasi absence d’arêtes, de modelés compliqués, de protubérances quelconques font du gros SUV une voiture assez facile à appréhender. Sans pour autant tomber dans le fade : malgré l’absence de calandre, les designers de la marque ont réussi à donner un vrai caractère à la face avant, notamment grâce au côté hyper technologique des optiques dont les modules peuvent s’effacer pour faire place aux projecteurs haute-puissance !
A l’arrière aussi, l’EX90 se la joue très “force tranquille”. Les optiques tout en hauteur, typiques des Volvo depuis des décennies, sont ici retravaillées en deux sections : les parties inférieures se voyant jointes par un bandeau laqué, tandis que les parties supérieures se fondent dans la prolongation de la vitre du hayon. Niveau profil, on remarque avec soulagement que, contrairement à la mode actuelle, on peut voir des choses au travers des vitres, tandis que les jantes font ce qu’elles peuvent pour gommer la taille de l’engin en s’affichant en 21″ de série ou 22″ en option.
A l’intérieur aussi, c’est zen. Le XC90 prônait déjà une certaine épure dans le dessin de sa planche de bord, l’EX90 propose quelque chose dans la même veine en bien plus high-tech, avec un écran plus grand (14.5″ vs 9″ auparavant !) et flottant, entouré par des placages rétro-éclairés en frêne ou en bouleau suivant l’ambiance intérieure. Même le tweeter de la sono haut de gamme Bowers & Wilkins propose un dessin beaucoup plus aérien -sono qui passe de 1 400 W sur la génération actuelle à 1 610 W tout en se dotant de haut-parleurs dans les appuie-têtes avant, j’ai hâte de voir ce qu’il en retourne !!
Au vu des dimensions extérieures, on espère bien que l’EX90 soit habitable. De fait, les 7 places sont de série, le coffre annonce 310 litres en 7 places (il reste un grand double fond dans lequel on peut même placer le cache-bagage, rare !), 655 litres en 5 places et même 1 915 litres en position 2 places en chargeant jusqu’au plafond. Notons également la présence d’un second coffre à l’avant, d’un volume de 34 litres, pratique pour y cacher ses câbles. Niveau praticité, la voiture présentée n’étant qu’une maquette, je n’ai pas vraiment pu jouer avec, mais les trois sièges coulissants du rang 2 m’ont l’air tout à fait accueillants (avec un réhausseur intégré au centre !) et l’accès au rang 3 m’a l’air plutôt aisé -à vérifier, évidemment, avec des exemplaires de série.
“Volvo for life” : c’est comme le Port Salut, la sécurité fait partie intégrante des valeurs de la marque. Aussi l’EX90 ne doit pas décevoir. Volvo annonce que, quand bien même la conduite autonome n’est pas un Graal en soi, l’EX90 possède dès sa sortie d’usine tous les capteurs et toute la puissance de calcul nécessaires à une conduite automatisée de niveau 3…quand bien même la partie logicielle n’est pas encore au point et n’arrivera qu’ultérieurement, via une mise à jour à distance. Volvo a même poussé le bouchon jusqu’à installer un LIDAR au sommet du pare-brise !
L’EX90 est lourd, l’EX90 est puissant, mais, promis, l’EX90 est écoresponsable. Le cobalt des batteries est tracé via blockchain, les tapis de sol sont à base de déchets textiles, les plastiques recyclés représentent 48 kg de la masse de la voiture et l’intérieur est sans cuir : vous aurez au choix une sellerie “Nordico” fabriquée à base, je cite, “de matériaux recyclés, d’huile de pins provenant de forêts de Suède et de Finlande et de liège recyclé” ou une sellerie à base de laine “respectant le bien-être animal” et de polyester recyclé. Votre conscience vous remerciera 🙂
Vient la question fatidique : quand verrons-nous cet EX90 dans la rue ? Il va malheureusement falloir vous armer de patience, puisque les premiers exemplaires arriveront en France…début 2025. Pas avant. Ça vous donne un peu de temps pour rassembler les 105 200 € minimum demandés pour la version Twin (110 400 € pour la Twin Performance), tout en vous rassurant que quasiment tout est de série : il faudra simplement faire un peu de rallonge pour la peinture métallisée, la sellerie en laine, la sono qui tue, la suspensions pneumatique ou le Pilot Assist. Tout le reste est inclus -calculez le montant du prêt que vous allez devoir demander en cliquant ici pour accéder au configurateur.
Wow, énorme. Et l’EX30, alors ?
L’EX30, au contraire, joue dans la catégorie opposée. Volvo ne cesse de le répéter : cet EX30 est la plus petite Volvo de tous les temps…tout en restant une Volvo 100 % pur jus. Avec ses 4.23 m de long, même la 480 de 1986 (4.26 m) et la C30 de 2006 (4.25 m) sont battues ! Mais Volvo pur jus, donc, en commençant par son design. La voir en face de l’EX90 fait sauter la ressemblance aux yeux : absence de calandre, phares type “marteau de Thor”, feux arrière verticaux en deux parties… Les fondamentaux sont là. Pour autant, l’EX30 apporte une vraie vibe, quelque chose d’hyper frais, dans ses dimensions, ses volumes, ses couleurs (j’adore le “Bleu Nuage” de l’exemplaire du studio, un éclatant “Jaune Floral” est également dispo !), sa compacité : je le trouve absolument craquant -et, manifestement, je ne suis pas le seul : il compte 400 commandes fermes en France alors que les clients n’ont pu le voir qu’en photos.
L’inter est encore plus (bien plus !) dépouillé que celui de l’EX90. Voyez de vous-même : un seul écran portrait de 12.3″ sur la planche de bord et terminé bonsoir. La patte Tesla Model 3/Model Y se fait évidemment ressentir mais, là aussi, Volvo propose quelque chose de plus chaleureux (comment ça, c’est facile ?) : l’ensemble est plus doux, plus enveloppant, plus “cocooning”. Concernant cet écran, j’ai pu jouer un peu avec…et je suis, il faut bien le dire, un peu resté sur ma faim : j’ai trouvé l’ensemble assez lent, avec des transitions saccadées, bref, pas au niveau de ce que je pourrais attendre d’un premium en 2023. MAIS (et je l’écris en majuscules car c’est important) l’écran était en mode “démo”, avec pas mal de fonctions simulées ou bloquées (comme l’ouverture de la boîte à gants située sous lui alors que j’aurais adoré voir sa contenance, étant donné qu’il y a généralement le compresseur de clim à cet endroit), ce qui me fait espérer que les versions de série seront bien plus à la page. Je brûle un cierge.
Pour continuer sur l’ambiance à bord de l’EX30, les couleurs & matières ont également été très travaillées : côté selleries, toujours pas de cuir, mais du tissu, de la laine mélangée ou le “Nordico” déjà vu plus haut ; côté placages, on aura le choix entre un matériau comprenant 50% de chutes de jean (!), un autre à base de PVC recyclé (donnant un aspect moucheté très tendance en ce moment) et un dernier à base de fibres de lin. Pour ce dernier, je vous avoue ne pas être emballé par l’aspect final, qui me rappelle la fibre de verre qu’on met sur les murs, mais passons. Volvo annonce avoir développé cinq ambiances lumineuses, “chacune inspirée d’un paysage scandinave différent et assortie d’un changement de couleur subtil, procurant une sensation de calme à l’intérieur”. A voir !
Niveau tech, cet EX30 est blindé. On a déjà parlé de l’écran central, on peut aussi parler de cette étonnante barre de son de 1 040 W à la base du pare-brise comprenant 5 HP & 1 subwoofer permettant de libérer les contre-portes avant -contre-portes doublement libérées, puisque les commandes de lève-vitres sont déportées sur l’accoudoir central, comme au bon vieux temps des voitures non multiplexées. L’accès via clef virtuelle partageable est disponible via une app dédiée ou un badge, qu’il faudra passer sur le montant de portière sur la version de base, les deux supérieures ayant accès à la technologie UWB pour un déverrouillage dès que l’on s’approche.
Pour terminer sur l’habitacle, parlons vie à bord. Le coffre de 318 litres (double fond inclus) n’est pas fou : une Clio, pourtant 20 cm plus courte, annonce 340 litres ! D’autant plus que le seuil de charge, assez haut, ne facilitera pas le transvasement des courses dans les voiture. Notons tout de même qu’un second coffre est disponible sous le capot…mais il est anecdotique : avec 7 litres de contenance, difficile de mettre plus qu’un câble de charge ! L’habitabilité, en revanche, m’a paru bonne, avec un petit bémol : le dossier de la banquette arrière m’a semblé très reculé par rapport à l’ouverture de la portière, obligeant à se laisser un peu tomber lorsqu’on veut s’asseoir. Là aussi, c’est à vérifier sur plus longtemps.
Niveau motorisations, la gamme de l’EX30 s’articule autour de trois offres : “Single”, avec une batterie LFP de 51 kWh alimentant un moteur à l’arrière de 272 ch, promettant un 0 à 100 km/h en 5.7 s et une autonomie max de 344 km WLTP, puis “Single Extended Range”, qui reprend le moteur précédent mais qui l’associe à une batterie NMC de 69 kWh, de quoi faire baisser de 0 à 100 km/h à 5.3 s et de faire progresser l’autonomie WLTP à 480 km. Enfin, la version “Twin Performance” coiffe la gamme avec la batterie de 69 kWh mais avec un second moteur à l’avant, permettant à la petite Volvo de proposer 428 ch, 543 Nm de couple et un 0 à 100 km/h en…3.6 s ! Est-ce vraiment utile d’avoir un B-SUV aussi rapide, je n’en suis pas convaincu (d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une Volvo), mais je vous laisse juge. Côté recharge, comptez 11 kW (CA) & 135 kW (CC) pour la petite batterie et 22 kW (CA) & 155 kW (CC) pour la grande, Volvo annonçant un 10-80 % en 26 minutes sur borne rapide pour les deux batteries.
Et c’est lorsque vient le chapitre tarif que Volvo abat sa carte maîtresse : l’EX30 commence à 37 500 € en finition “Start” ! Avec un équipement de série honnête : détection d’obstacles & freinage d’urgence automatique, maintien de voie, régulateur adaptatif, surveillance des angle morts, caméra de recul, clim auto, rétros chauffants, jante 18″, Android Automotive (+ CarPlay sans fil !), bref, de quoi faire. Si vous n’arrivez pas à vous faire une idée, laissez-moi prendre la main : c’est vraiment bien placé. Le Peugeot e-2008 avec sa batterie de 50 kW, sans cette image premium et bien moins équipé commence à 38 950 € ! Même en version “Plus” avec la grosse batterie, on est éligible au bonus éco, ce qui ramène cet EX30 hyper bien équipé avec une autonomie XXL à 40 000 € tout rond -assez canon. Pour vous faire votre propre idée, le configurateur est juste ici.
Volvo France, pas fou, annonce que cet EX30 sera la meilleure vente de la marque chez nous, comptant rentrer 7 000 commandes lors de la première année pleine et au-delà des 10 000 l’année suivante ! La marque mise également sur un taux de conquête avoisinant les 70%, un chiffre assez dingue. Les premières voitures arriveront tout début 2024, j’ai archi hâte d’en prendre le volant.
Merci, c’était…complet. T’en penses quoi ?
Je suis rassuré. J’aime bien Volvo, je ne m’en cache pas, et avoir passé une matinée à tourner autour de ces deux nouveautés me fait dire que la marque n’a pas perdu son mojo : elle continue à proposer cette image de premium “alternatif”, privilégiant le bien-être de ses occupants au clinquant et à l’ostentation et je suis hyper réceptif à ces valeurs. Après, si je devais choisir mon préféré entre l’EX30 et l’EX90, je pense que je partirais…sur le plus petit. L’EX90 est sublime, hein, et doit être une merveille à vivre, mais son dimensionnement “too-much” (111 kWh !! 2.8 T !!) me rend un peu dubitatif. L’EX30, au contraire, est bien plus moderne dans son approche (on oublie la version Performance) et ça me séduit. Il faudra juste que je repasse sur une voiture de série pour voir les performances de l’écran et que je tranche mon avis sur l’habitabilité mais bon, ce n’est qu’une question de temps !
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux
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