Essai : Paris-Bruxelles en Skoda Octavia RS 2.0 L TSI DSG6

Il y a quelques semaines, France vous proposait l’essai  de la Skoda Octavia RS dans sa version diesel, équipée du 2.0 l TDI 184 ch de la Golf GTD (Pour relire “La tchèque sacrément bien montée”, c’est par ici : http://wp.me/p1Dir1-QMm).  C’est la nouvelle tendance. Les immenses progrès accomplis sur les motorisations diesel ces 20 dernières années ont finalement permis aux constructeurs d’adopter le diesel pour leurs versions sportives, histoire de concilier plaisir au volant et économies à la pompe. Mais que les allergiques aux produits mazoutés se rassurent, il existe encore une alternative pour les amateurs de sensations fortes qui ne carburent qu’au sans plomb.

L’Octavia RS TDI possède en effet une sœur jumelle : la RS TSI 220. Basée sur la même plateforme que la dernière Golf, la toute nouvelle plateforme MQB, l’Octavia RS TSI lui emprunte également son moteur, le L4 2.0 L TSI de 220 ch de la Golf GTI. Mais puisqu’il faut bien faire tomber les barrières et bousculer les idées reçues, après avoir essayé la sobre version TDI sur circuit, nous avons choisi de prendre le contrepied et d’aller tester cette version TSI au cours d’un long parcours autoroutier, histoire de voir ce qu’elle vaut en situation réelle. Direction Bruxelles et les alentours du parlement européen pour une séance photo avec cette Octavia RS dont la terre natale a rejoint l’union européenne il y aura bientôt 10 ans.

Quand le Schtroumpf costaud enfile son sac à dos

Bien que Skoda reste encore considérée comme la marque d’entrée de gamme du groupe Volkswagen, on constate d’emblée que le style de l’Octavia n’a rien de “low cost” et, en tous cas, n’a rien à envier à bon nombre de ses concurrentes plus chères. Ainsi, cette troisième génération d’Octavia nous avait déjà séduit dans ses versions plus sages, de par ses lignes alliant élégance et modernité. Cette version RS qui, comme la seconde génération, est disponible en berline ou en break (Combi), y ajoute une touche de sportivité, sans toutefois tomber dans l’excès et le tape-à-l’oeil.

Le bouclier avant redessiné intègre des prises d’air aux dimensions revues à la hausse, avec une grille en nid d’abeille et de nouveaux anti-brouillards tandis qu’à l’arrière, le bouclier (lui aussi spécifique à cette version) est souligné par une bande réfléchissante rouge et une double sortie d’échappement. Chromée sur la berline, la calandre (qui arbore un logo RS) passe ici au noir, tout comme les rétroviseurs. La version Combi adopte également un petit aileron à l’arrière, mais conserve ses barres de toit; vous pourrez donc ruiner la ligne et augmenter la consommation de la voiture en y ajoutant un coffre de toit pour les vacances si jamais d’aventure le grand coffre venait à ne pas suffire.

L’Octavia RS bénéficie de série de magnifiques phares et feux à LED, offrant une très belle signature visuelle à la voiture. Les superbes jantes 18 pouces et la garde au sol rabaissée de 13 mm achèvent de donner le ton. Toutes ces modifications suffisent pour donner à la voiture une personnalité propre. Si les lignes restent classiques, l’auto se montre au final plutôt attachante, surtout si vous optez pour le très joli Bleu Racing de notre modèle d’essai. Une couleur qui lui confère un soupçon de personnalité supplémentaire… à défaut d’être discrète. Difficile, en effet, de passer inaperçu avec un gros break sportif d’une telle couleur. Si l’on ne vous a pas pris pour un taxi en ville, on vous confondra peut-être avec la gendarmerie sur autoroute (surtout avec ce radar intégré dans le pare-chocs avant…).

La plus allemande des berlines tchèques

L’intérieur subit assez peu de modifications. Trop peu à mon goût. Hormis les agréables sièges baquets cuir/tissu, l’habitacle s’avère en effet quasi identique à celui de l’Octavia standard. Tout juste peut-on relever un volant trois branches arborant le logo RS et les inserts en faux carbone (pour le prix, on ne va pas faire la fine bouche là-dessus). Un petit détail sympa, l’ordinateur de bord est lui aussi personnalisé par petites touches avec, notamment, le fameux logo RS apparaissant au démarrage. Au final, même si l’on aurait apprécié que l’intérieur se démarque un peu plus et laisse davantage transparaitre le caractère sportif de la voiture, il faut bien avouer que l’on peine à trouver quoi que ce soit d’autre à lui reprocher. Matériaux et assemblages respirent le sérieux : c’est propre, net et l’on s’y sent bien. L’ergonomie est dans l’ensemble très satisfaisante avec, comme l’avait relevé France, juste ce qu’il faut de boutons pour ne pas s’y perdre. Mention spéciale à l’écran central aux dimensions généreuses, qui permet d’avoir une très bonne vue d’ensemble sur la carte en mode navigation. Les menus sont clairs, faciles d’accès et les touches des raccourcis sur les côtés permettent de ne pas trop quitter la route des yeux.

Mais l’un des arguments choc de toute Octavia, c’est aussi et surtout l’espace à bord. Cette version RS ne fait pas exception à la règle. Les passagers arrière bénéficient d’un espace aux jambes généreux et, grâce au grand coffre de 610 dm3, pourront emporter un maximum de choses inutiles sur la route des vacances (la discographie intégrale de Justin Bieber, par exemple). Des prestations de haut niveau pour un prix plancher, puisque cette version Combi 2.0 TSI équipée de la fameuse boite DSG démarre à partir de 32.500 € (une alternative BVM6 est également proposée pour 1.500 € de moins). C’est 2.340 € moins cher qu’une Golf GTI équivalente, avec la même plateforme et le même moteur… mais plus de place à bord. Et à ce prix, Skoda n’est pas avare en équipements. De série et dans le désordre, on retrouve notamment : 7 airbags, climatisation auto bi-zone, régulateur de vitesse, radar de recul, GPS grand écran avec système téléphone bluetooth et Interface multimédia USB, aide au démarrage en côte, contrôle de pression des pneumatiques, allumage automatique des phares, détecteur de pluie, rétroviseur intérieur électro-chromatique, phares bi-Xénon directionnels, verrouillage centralisé, vitres avant et arrière électriques, mais aussi ABS, EBV, MSR, ASR et… tout un tas d’autres sigles dont on n’a absolument aucune idée de la signification mais qui sont certainement très utiles pour éviter les platanes dans les successions de virages un peu violentes.

En complément de cet équipement déjà très complet, notre modèle d’essai était doté quelques options intéressantes comme les belles jantes alliages 18 pouces (310 € – 17 pouces en série, ce qui est un peu juste pour un modèle qui se veut sportif), le démarrage mains libres (390 €), le régulateur de vitesse adaptatif avec freinage d’urgence automatique (690 €) ou encore le hayon électrique (390 €). Des petits plus dont certains peuvent se révéler très appréciables à l’usage, mais qui feront vite grimper la facture si vous en abusez.

Le système de freinage automatique mentionné ci-dessus est censé activer les freins à votre place en cas de faute d’inattention dans la circulation (actif jusque 30 km/h seulement, cela dit). Je n’a pas osé le tester, de peur d’avoir à expliquer à Skoda pourquoi la voiture avait été subitement restylée pendant le weekend (y’en a qui ont essayé, ils ont eu ds problèmes… ). En revanche, testé et approuvé, l’affichage des limitations de vitesse au tableau de bord (à la fois entre les compteurs et sur l’écran GPS). Si j’ai pu trouver cette fonction un peu gadget à ses débuts, je dois bien avouer que je l’ai finalement beaucoup appréciée à l’usage. En ces temps de répression toujours plus intense, ont constate en effet toujours avec dépit que les panneaux vous rappelant les limites à ne pas dépasser se font parfois trop rares, ce qui s’avère bien embêtant, surtout dans une voiture aussi puissante que l’Octavia RS, dans laquelle ces limites sont très vites dépassées justement. Vérifications faites tout à long du trajet, le système s’avère fiable et indique toujours la bonne vitesse (à quelques rares exceptions près, mais les valeurs farfelues, genre 50 km/h max sur autoroute, vous feront vite tiquer), ce qui permet de savoir en permanence où on en est.

Le taxi le plus rapide de l’ouest… parisien

On ne s’attardera pas plus longtemps sur l’habitacle. Avec 220 chevaux sous le capot, on a mieux à faire que de mesurer la profondeur de la boite à gants ou de compter les porte-gobelets (il y en a au moins deux à l’avant, si ça vous intéresse). Une fois installé derrière le volant, la position de conduite idéale se trouve facilement, calé dans les confortables sièges baquets. Skoda nous vend la dernière RS comme l’Octavia la plus rapide jamais construite. 0 à 100 km/h en 6,8 secondes sur cette version TSI (contre 8,1 secondes pour le TDI 184) et une vitesse autolimitée à 248 km/h. Avec l’Octavia RS, s’insérer sur l’autoroute n’est qu’une question de secondes. En un éclair, et à peine au début de notre voie d’insertion, nous avons atteint le rythme de croisière des autres véhicules, déjà engagés sur la voie rapide. Un coup d’œil dans le rétro et clignotant en action ; en un instant nous nous retrouvons propulsés sur la voie de gauche. Avec ses 220 ch  (pour 1.490 kg) et 350 Nm à 1 500 tr/min, la puissance disponible à chaque instant offre des accélérations franches en toutes circonstanes ce qui, sur route, offre l’avantage d’autoriser des dépassements rapides et en toute sécurité (vous pouvez toujours tenter d’invoquer cet argument pour convaincre votre femme de vous l’acheter).

La boite DSG offre un mode manuel avec les palettes situées derrière le volant. Un gadget à la mode sur les sportives depuis quelques années, qui voudrait vous donner la sensation d’être un vrai pilote de F1, mais que je n’apprécie pas particulièrement. Trop superficielles, elle ne me donnent pas la sensation d’avoir le contrôle sur la boite de vitesses. Et puis, leur très (trop) petite taille sur l’Octavia oblige à les manipuler du bout des doigts, un travail de précision dont mes “doigts de fée” se passent volontiers en conduite sportive. Quitte à passer les vitesses, je préfère encore avoir un levier sous la main. Le mode automatique me satisfait davantage. La facilité d’utilisation de ce type de transmission libère l’esprit en ville et s’avère reposant sur long trajet. D’autant que la boite DSG, fidèle à elle même, offre des changements de rapports rapides et précis, autorisant ainsi des accélérations bien linéaires (même si elle a pu nous sembler un peu )à la traine lors de certaines accélérations un peu trop brutales). Il est certain que sur ce genre d’auto on pourra préférer l’alternative manuelle, mais la DSG est tellement agréable que franchement on y trouve quand-même son compte.

L’ordinateur de bord offre le choix entre plusieurs modes : Normal, Sport, Eco et “personnalisé”. Contrairement à certaines autos où le passage d’un mode à l’autre tient plus du gadget pour frimer devant les copains, la différence entre chaque mode est ici largement perceptible. Lorsque vous vous sentez joueur, le mode sport aura notamment pour effet de raffermir direction et suspension et… de lâcher les chevaux. Les longues bandes de bitume en ligne droite qui nous conduisent vers notre destination ne sont pas le terrain de jeu idéal pour tester l’agilité de l’Octavia RS. Sur ce point, je vous renvoie à l’essai de France sur circuit et sur les petites routes d’Isère, les deux versions ne devant différer que de manière infime.

Nous avons en revanche eu tout le loisir d’apprécier l’aisance de la voiture sur autoroute. C’est clairement un terrain où l’Octavia règne en maître. Bien campée sur ses grosses roues, l’auto semble scotchée à la route, imperturbable, et cela à n’importe quelle vitesse. Même les fortes bourrasques de vent qui nous ont frappé au retour ne se sont pas ressenties au volant. Un vrai bloc de béton à bord duquel les longs trajets sont un plaisir. Car, bien que puissante et capable de vous offrir quelques sensations lorsque vous poussez le pied au plancher, l’Octavia RS est une “brute” qui sait aussi se montrer relativement délicate lorsque vous avez décidé d’adopter une conduite plus tranquille. Le châssis rabaissé de 13 mm et les suspensions raffermies vous feront certes davantage ressentir les déformations de la route que sur les autres versions, mais l’auto n’en est pas pour autant inconfortable. Ainsi, les heures de route s’enchaînent dans un confort appréciable et sans fatigue.

La direction, évidemment assistée, se montre légère, mais pas artificielle pour autant. Elle ne manque pas de consistance et offre donc un bon ressenti au volant. Et puisqu’on parle direction, bonne surprise, en ville l’auto s’avère particulièrement facile à manœuvrer, ce qui n’est pas une évidence sur toutes les sportives, surtout de ce gabarit (4m68 de long pour 1 m 81 de large). Ainsi, en dépit de son air pas très dégourdi, avec ses grosses roues et son kit carrosserie, l’Octavia RS se sort facilement de n’importe quelle situation. Même les étroits parkings sous-terrains auront finalement été un jeu d’enfants à son volant.

Enfin, puisqu’il faut bien lui donner à boire de temps en temps pour qu’elle continue à chanter (un peu comme Britney Spears, même si dans son cas on préfèrerait qu’elle arrête), parlons un peu de la consommation. Lorsque l’on choisit d’adopter un style de conduite sensible et sans excès, on est content de constater que l’ordinateur de bord indique des valeurs qui restent relativement proches des données constructeur, ne dépassant pas 8.0 L/100 km, ce qui est tout à fait raisonnable pour un gros break de 220 ch. Le Stop&Start aide également à maintenir une consommation raisonnable en ville. Ça se gâte lorsque l’on décide de se faire un peu plaisir. Ayez le pied lourd sur l’accélérateur et, tout de suite, les chiffres s’affolent : aux alentours de 15 L au 100 km si vous tapez bien dedans (et même un beau 19 l relevé à un moment donné). A ce rythme-là, le réservoir de 50 litres ne vous emmènera pas très loin, mais au moins vous irez avec le sourire aux lèvres.

Conclusion – Le beurre, l’argent du beurre et… un peu plus encore

Design avenant, équipement ultra complet, performances de premier choix et beaucoup de place à bord, l’Octavia RS réussit le pari d’être plusieurs voitures en une seule. Capable à la fois de vous emmener tranquillement en weekend avec belle maman à l’arrière et les bagages dans le coffre (ou l’inverse) ou de vous emmener faire les courses en ville, elle se transformera en dévoreuse de bitume à grande vitesse lorsque l’envie vous prendra d’aller vous amuser un peu. Une auto ultra polyvalente qui se paye le luxe de facturer moins cher ses services que sa petite cousine de chez Volkswagen. Toutes ces qualités font d’elle l’une des meilleures offres du marché pour qui cherche à associer l’utile à l’agréable, sans pour autant sacrifier son budget. On ne peut qu’approuver une telle auto. Nous en tous cas, on l’adore.

Photos : Anamaria Enea, Arnaud L

Quitter la version mobile

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