Piéton empressé – piéton engagé, piéton priorité – piéton accidenté !

A un mois des départs en vacances, les campagnes de prévention routière refont surface. Les grands coupables dans l’histoire ? Toujours les mêmes : alcool, vitesse, téléphone, etc. La faute est toujours rejetée sur l’automobiliste… Mais il y a un autre élément qui est une des causes des accidents en ville : le piéton !

Qui ne connaît pas le vieil adage : « Piéton engagé, piéton priorité ». Interprété à tort et à travers, cette expression est le motif utilisé par la plupart d’entre nous pour traverser une rue à n’importe quel endroit, tout en ayant la conscience tranquille et la conviction de la plus grande immunité face aux accidents.

Les piétons ne prêtent quasiment plus attention à la signalisation des feux, ne traversent plus sur les passages cloutés et, dans certains cas, vont même marcher sur la rue ; tout cela avec le plus grand sentiment d’impunité. « C’est aux voitures de faire gaffe à nous, on est plus fragiles » lance Jeanne, 20 ans, étudiante en médecine à la Pitié-Salpêtrière. Raphaël, lycéen de 18 ans, avoue qu’il se précipite souvent au dernier moment pour traverser et qu’il s’est « plusieurs fois fait des frayeurs » en évitant de peu des voitures sur le point de partir. « La semaine dernière j’ai évité un taxi mais j’ai été heurté par un scooter qui le dépassait… Depuis je suis super prudent, j’attends que le feu soit vert pour les piétons et je regarde à droite et à gauche avant de m’engager dans la rue ».

En janvier 2007, à Paris, l’infraction aux règles de traversée des piétons est la principale cause des accidents après les excès de vitesse. Alors que le nombre d’accidents et le nombre de tués sur route baissent, le nombre de blessés en ville augmente : 1522 piétons blessés en juillet 2007 contre 1400 en Juillet 2006. « Je fais très attention aux piétons qui surgissent entre les files et les camions, lance Johan au volant de sa Mini, mais si on veut éviter les dégâts, il faut que tout le monde fasse un effort. C’est quand même le minimum de civilité et de respect ! A quoi ça sert sinon d’avoir installé à tous les carrefours des feux si personne n’en tient rigueur ? Autant les enlever !!! » S’insurge-t-il tout en montrant une cycliste qui vient de griller le feu rouge sans même ralentir. « Ah ! ces vélibs… Ca ne va rien arranger. Au contraire, ça va être chaotique ». Wandrille, cycliste depuis plus de sept ans, ne cache pas que lui aussi « ne respecte quasiment jamais le code de la route ». Il reconnaît qu’il y a des « piétons et des cyclistes –je m’en foutistes – qui se moquent des règles » et d’autres qui n’ont pas été sensibilisés aux dangers. « On l’apprend à l’auto-école, enfin c’est une question de bon sens… C’est vrai que tous les automobilistes redeviennent à un moment des piétons, mais pas nécessairement l’inverse. »

Pourquoi remet-on toujours en cause les conducteurs et jamais les piétons ? Traverser, alors que le feu pour les piétons est rouge, est devenu une banalité. « A chaque fois les passants me regardent bizarrement parce que je suis la seule à attendre sur le trottoir tandis que tout le monde traverse » s’exclame Nicoline, étudiante Erasmus, originaire de Copenhague. « Au Danemark, personne ne traverse la rue si le feu est rouge. Et si ça arrive, les policiers nous disputent et nous donnent une amende de 750 couronnes (environ 115 euros, ndlr). Si nous traversons alors que le feu est rouge, pourquoi les voitures ne traverseraient-elles pas également quand leur feu est au rouge ? Et puis, quand on est petit, on nous a appris à traverser uniquement quand le feu est vert » repartit-t-elle en rigolant. Le Danemark n’est pas le seul exemple, il y a également la Belgique et la Hollande qui viennent s’ajouter au modèle de civisme urbain.

Après le très célèbre « saut de tourniquet » des parisiens, la traversée « sauvage » ou l’ignorance des règles élémentaires du code de la route serait-elle devenue la nouvelle tendance et le nouveau charme de la plus belle ville du monde ?

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