Dans la passion automobile, nous avons chacun notre petit dada. Chez nous, au BlogAutomobile, nous avons tous notre petite spécificité. Par exemple, si nous devons essayer une voiture électrique ou hybride, c’est Jean-Baptiste qui s’y colle. Gare à celui qui lui volerait un essai de ce genre. Si jamais il nous faut essayer une voiture de « bon père de famille » ou un petit coupé premium, c’est Régis qui prend le relais. Moi mon truc, c’est les sportives, de la petite à la grande. Alors c’est pour qui cette Panamera ? Une grosse berline allemande confortable, pour Régis bien sûr ! Eh bah non, c’est pour moi. Parce que oui c’est une berline, mais aussi une Porsche et je vous prie de bien vouloir croire qu’elle n’usurpe pas son blason.
C’est en 2009 que Porsche lance sa Panamera. Après le SUV, la berline, mais où va-t-on s’est-on dit ? A priori, compte tenu du succès de ce véhicule aujourd’hui, l’idée n’était pas si mauvaise. C’est près de 150 000 Porsche Panamera de première génération qui ont été vendues, dont 2500 en France. Si sur le point dynamique l’unanimité était de mise, sur le plan stylistique c’était beaucoup plus délicat. Et ce n’est pas le restylage de mi-carrière qui concilia tout le monde. Alors cette seconde génération, on l’attendait de pied ferme.
Qu’on aime ou non, on ne peut nier qu’un effort considérable a été fait pour alléger la silhouette de cette grande berline. Les ailes avants et arrières viennent prendre de l’ampleur à tel point qu’on ne peut cacher l’inspiration, plutôt bienvenue, de la 911. La ligne de toit perd 20 millimètres au profit du dynamisme. Mais c’est surtout l’arrière qui a été entièrement remodelé avec une inédite bande lumineuse et de magnifiques feux 3D. La Porsche Panamera gagne grandement en dynamisme et en équilibre. Elle est en fait, enfin, ce qu’elle aurait toujours du être.
L’essai qui suit prend place en Espagne, entre Valencia et Alicante (avec l’accent, s’il vous plait). On récupère d’abord une voiture au centre Porsche de Valencia pour faire route vers notre lieu de restauration, un court trajet afin de nous permettre de faire une première prise en main. Gourmands que nous sommes, on saute sur l’une des versions Turbo : 550 chevaux, un 0 à 100 km/h en 3,8 secondes et une vitesse maximale de 306 km/h. Qui a inversé la fiche technique avec celle d’une 991 Carrera 4S ? Vu le poids de deux tonnes, sans vouloir vexer cette Panamera, je suis à peu près sûr que c’est en fait la bonne fiche technique.
Pourtant au volant, je cherche encore le poids annoncé de la voiture. C’est donc une très bonne première impression car le châssis semble à la fois dynamique mais confortable. Le moteur propulse littéralement la voiture. Le freinage semble puissant et consistant et la direction précise et communicative. C’est de bon augure pour cette après-midi ! J’ai également une première bonne impression du nouveau système d’infotainment. J’avais vraiment peur d’une usine à gaz impossible à maîtriser mais il se trouve être plutôt intuitif et réellement pratique. Nous aurons l’occasion de revenir dessus.
A la sortie du restaurant, gros dilemme. Est-ce qu’on garde la Panamera Turbo ? Elle est puissante mais un peu lourde et sa jolie configuration, intérieur rouge mais carrosserie noire, va être un cauchemar à photographier. Le photographe, justement, nous pousse à prendre une version 4S essence, plus légère donc plus sympa à mener dans les petites routes, elle ferait aussi un bruit démoniaque. Elle est blanche, intérieur marron et a les jantes de la Panamera Turbo. Ca fera l’affaire.
Aux premiers tours de roues et à l’indication du compte tour, on a su qu’on s’était trompé de version. Non pas qu’elle ne soit pas à la hauteur, loin de là ! Mais on a surtout pris la 4S diesel au lieu de la version essence espérée. Cependant, je défie quiconque de trouver que ce moteur a l’agrément d’un diesel. Non il ne s’envole pas aussi haut qu’un moteur essence mais pour le reste…
On commence par prendre l’autoroute pour descendre vers Alicante. C’est un peu son domaine de prédilection, surtout quand la voiture a été conçue dans un pays qui connait des portions sans limitations de vitesse. A 130 km/h, la Panamera est tout simplement imperturbable, le confort est total, les bruits d’air absents et le dynamisme tout de même présent. Mais ne nous mentons pas, nous ne sommes pas restés dans cette zone de confort bien longtemps.
La vitesse de croisière de la Panamera se situe plutôt entre 180 km/h et 200 km/h. Vous pensez que je plaisante ? A vrai dire j’aimerais bien pour mon permis. Mais à cette vitesse elle bénéficie d’une sérénité inégalable et d’un confort encore une fois excellent. Elle se permet même d’enrouler à moins de 2500 trs/mn, merci les 8 rapports de la boite PDK. Certes, un très faible bruit de vent viendra légèrement perturber l’affaire mais il suffira de regarder le compteur pour le comprendre et aussi pour prendre conscience de votre allure car ce n’est pas l’impression de vitesse qui vous marquera à bord.
Alors que l’autoroute française est bien souvent une ligne droite ponctuée de virages, en Espagne, et dans cette région particulièrement, c’est plutôt l’inverse : des virages ponctués de lignes droites. La vitesse à laquelle on avale ces courbes frôle l’indécence et la science fiction. Mais le fait le plus marquant est la facilité avec laquelle la chose se déroule. Une supercar y passerait bien plus vite, certes, mais je n’y passerais pas avec la facilité de la Panamera. Est-ce que je viens de la comparer à une supercar ? C’est en effet totalement inadapté mais désolé, à ce niveau de performance, je n’ai rien d’autre sous la main.
Si d’aventure il vous prend l’envie de vraiment vous déchainer, comme si cela ne vous suffisait pas, il existe les différents modes de conduite du Pack Sport Chrono : normal, sport, sport plus et individuel. Ces modes jouent surtout sur les suspensions mais aussi sur la réactivité de la voiture et même sur le réglage du train arrière directeur. Si j’ai l’habitude de me plaindre de ce type de système en relevant que les modes ne se différencient pas suffisamment les uns des autres, ce n’est pas le cas ici. En mode normal le confort est notable et le roulis, peu présent. La voiture reste dynamique. Lors du passage au mode sport plus, la voiture annihile tout roulis mais par contre avaler des grandes courbes à une certaines allure devient alors physique.
Mais ce n’est pas tout d’être à bord d’un TGV roulant, la Panamera est avant tout une berline de luxe et se doit donc d’agir comme tel sur le plan technologique. Porsche a été clair : c’est la vitrine de la marque. Et de ce côté, elle en connaît un rayon. Tout d’abord l’innovation est à chercher du coté du système d’infotainment. Composé de trois écrans, on aurait pu croire la chose déconcertante à l’usage : pas du tout.
De par et d’autre du compte tour analogique central se trouve un écran de 7 pouces. Celui de gauche se contrôle avec le coté gauche du volant et centralise les informations telles que consommation, durée du trajet, température moteur, compteur de G (mention spéciale pour celui-là) etc. En tant normal il est surtout destiné à afficher le compteur de vitesse et les limitations de vitesse. Celui de droite se contrôle avec le coté… droit ! Bien vu ! Et celui-ci centralise notamment le GPS. Ainsi vous avez tout littéralement sous les yeux et pour le reste vous avez l’écran centrale de 12 pouces, tactile bien évidemment.
Sur cet écran vous pouvez tout faire, il comporte l’ensemble des réglages de la voiture: la climatisation, le degrés d’ouverture des ouïes d’aération, le GPS, les modes de conduite, le programme de massage de votre siège (oui, oui et ça fonctionne très, très, très, très bien) et j’en passe et des meilleurs. Pour les réglages les plus importants et que vous utilisez le plus souvent, il vous reste les raccourcis sur la console centrale. Un magnifique panel doté d’un tactile sensitif peu ou prou identique à l’iPhone 7. La console façon 747 de l’ancienne Panamera est derrière nous.
Le soleil tombant, nous avons un peu d’avance sur le GPS mais la route ne va pas inciter à ralentir. Nous venons en effet de quitter l’autoroute pour les petites routes quasi-montagneuses de cette Espagne aride. En fait, je ne me réjouis pas forcément car là tout de suite, vu la route, j’aimerais plutôt être en GT3 qu’en Panamera. Je bascule sur le mode sport plus et me lance à l’attaque de ces lacets. Qui plus est, jamais nous ne manquerons de motricité même en insistant vivement en sortie de courbe. Le rythme imprimé pour une berline de deux tonnes frôle l’irrespect mais ce n’est pas tout. La réactivité de la nouvelle boite PDK 8 rapports est sans faille et la direction est consistante et communicative.
Le point le plus notable, à mon sens, concerne le train arrière directeur. Il donne à la Panamera une dynamique inégalée pour ce segment, la berline s’inscrit avec une vivacité appréciable et peut également faire demi tour dans un mouchoir de poche ce qui nous a bien servi deux ou trois fois.
Soudain, une voiture nous bloque dans notre élan. Rien ne sert de la coller, nous cheminerons donc en mode confort derrière elle jusqu’à ce que le chemin se dégage. Sa voiture se balance de droite à gauche à la limitation en vigueur pendant que la Panamera chemine, elle, imperturbablement. Une ligne droite, courte mais large, se profile. Nous ne reverrons jamais cette voiture. Le moteur de la 4S diesel, avec 422 chevaux, est le moins puissant des trois moteurs essayés mais pulvérise les valeurs de couple avec 850 Nm ce qui est même au dessus de la Panamera Turbo ! Il est également le plus efficient avec une consommation moyenne de 6.8 l/100 km contre 8.2 l/100km pour son équivalent essence.
C’est aussi dans ces routes que j’ai compris les maigres défauts de cette Panamera. Il en faut bien. Tout d’abord, même si en courbe son poids ne se fait pas sentir, on ne peut échapper aux deux tonnes de la bête au moment de freiner. Non pas que le freinage soit défaillant, du tout, il est même consistant et endurant mais l’inertie de la voiture est physique et on ne peut lutter contre. La Panamera Turbo bénéficie d’étriers 10 pistons qui donnent un tout autre freinage avec un feeling décuplé et un mordant impressionnant. Je plaide pour une généralisation à l’ensemble des autres motorisations.
Deuxième petit soucis, la direction. Je l’ai déjà dit elle est consistante et communicative mais la démultiplication semble trop longue dans un contexte où de nombreux constructeurs proposent des démultiplications variable. Cette remarque est encore plus valable sur une voiture aussi dynamique que la Panamera.
Après une bonne nuit de sommeil, il nous reste à rentrer. Alicante direction Valencia tout par l’autoroute, c’est pour le coup l’utilisation classique de cette Panamera. Cette fois-ci, pas d’erreur, on prend la Panamera 4S essence. Avec 440 chevaux elle est un peu plus puissante que la version diesel mais son couple est en revanche nettement inférieur avec 550 Nm ce qui reste foutrement élevé. C’est un V6 bi-turbo vous me direz. Attendez avant de vous étouffer !
Tout d’abord, ça chante, mais ça chante genre à vous faire ouvrir les fenêtres sous les tunnels. On s’en est pas privé. Et cherchez les turbos, car elle n’en a ni le son, ni le temps de latence grâce à l’intégration de ceux-ci aux cœur du V6. Mais surtout, elle perd 180 kg face à la Panamera 4S diesel et ça change beaucoup. La Panamera 4S essence donne un nouveau souffle à cette berline et très clairement remporte mon suffrage. Plus légère, elle offre une expérience de conduite bien plus sympa et un agrément de conduite supérieur.
Ce retour par l’autoroute est l’occasion de vous parler plus en détails des technologies embarquées à bord de cette Panamera. Elle inaugure le Porsche Inno Drive, une technologie majeure. En premier lieu, l’Inno Drive est un régulateur de vitesse qui anticipe la route afin d’améliorer la conduite. Il va ainsi analyser le trajet selon le GPS et adapter la gestion du moteur, le passage des rapports, le mode roue libre en fonction du relief, des intersections etc. Mais l’Inno Drive c’est aussi un mode autonome jusque 60 km/h. Il vous permet de lâcher prise dans les bouchons, la voiture gère tout toute seule, même depuis l’arrêt complet du véhicule.
Un autre point sur lequel Porsche insiste, à juste tire, c’est la connectivité de cette voiture. Il s’agit là d’un point essentiel de la Panamera. Elle est bien sûr équipée de l’Apple Car Play mais la connectivité a été amenée à un tout autre niveau. Vous disposez tout d’abord d’internet à bord via une carte SIM dédiée et non par votre propre portable. Ainsi connectée, la voiture est capable de vous donner les places de parking public en temps réel, les informations trafic, le prix du carburant ou encore de gérer votre trajet selon vos infos de vol ou de train.
Trois motorisations ont été lancées, celles que nous avons essayées : Panamera 4S essence, Panamera 4S diesel et Panamera Turbo. Sont attendues une Panamera de base, la seule en deux roues motrices, avec un V6 de 330 chevaux ce qui semble déjà très approprié, une Panamera 4 avec le même moteur mais du coup quatre roues motrices et une Panamera hybride avec un V8, le tout combiné donnera une puissance de 462 chevaux.
Avec un prix de base de 91 727 Euros pour la Panamera, la berline de Stuttgart, mais produite dans l’usine de Leipzig, n’est pas donnée. Le prix monte à 115 967 Euros pour ma favorite, la Panamera 4S essence et même 156 287 Euros pour la version Turbo. Et la liste d’options chez Porsche est longue comme un jour sans pain, de quoi se retrouver avec une Panamera 4S pour le prix d’une Panamera Turbo, au moins. C’est cher, oui, mais c’est le prix de l’excellence.
Vous l’aurez compris, la Porsche Panamera a reçu tous mes éloges en ce sens qu’elle bénéficie d’un dynamisme exceptionnel dans un écrin de finitions sans reproches et de confort. Ce qui me sidère le plus est la capacité à tout faire de cette berline, prompte à avaler de l’autoroute à grande allure mais aussi à se jouer des petites routes avec une efficacité insolente. Et dans ce lot de compliments sur ses capacités routières, Porsche n’a pas fait l’impasse sur les technologies embarquées en les mettant au premier plan. Joli tour de force et jolie preuve des compétences des équipes de Porsche. C’est aussi au final une jolie preuve que cette Panamera, souvent décriée, par moi également, est une vraie Porsche.
Un grand merci à Porsche et tout particulièrement Olivia, Héléna et Amélie pour l’organisation sans faille et leur disponibilité.
Photo: Aymeric et Porsche
Bonus: on voyage tout aussi bien, si ce n’est mieux, à l’arrière