Mature et fiable, la Prius III rencontre un beau succès commercial. J’ai découvert son dérivé “monospace” lors d’un parcours routier entre Vienne et Bratislava. A moins d’avoir la fibre écolo particulièrement développée, difficile de parler d’émotion quand on évoque la fameuse familiale hybride de Toyota, qui plus est dans cette version “+” affublée d’un sac à dos peu gracieux.
Pas de mauvais esprit pour autant. Pour masquer mon manque d’enthousiasme face à cette grande nouveauté nipponne, je fais fi de ma condition de vieux trentenaire sans descendance directe et j’aborde l’engin en m’imaginant à la tête d’une jolie tribu de quatre adorables enfants car ce sont bien ces parents, héros du quotidien, stars des publicités pour le VW Touran, qui constituent la cible de Toyota avec cette offre du 1er monospace hybride sur le marché français.
Petite mise au point et première lapalissade, “un monospace n’est pas une voiture de sport et se conduit toujours, ou presque, à l’économie.” Désolé pour ceux qui sont avides de sensations fortes, il n’y en aura pas de relatées ici. Pour les autres, bienvenus dans un monde où le soucis de préservation de notre planète veut dire quelque chose.
Style. Quel style ?
Le premier coup d’oeil vers la Prius + ne ravive pas l’enthousiasme énoncé plus haut. Alors que les concepts chinois dévoilés au salon de Pekin ( Toyota Dear Qin Hatchback, Dear Qin Sedan Concept et Yundong Shuangqinq Hybrid Concept) dévoilaient une orientation de style inédite ( phares très effilés, calandres béantes et flancs sculptés), la Prius + peine à se faire remarquer. Le monospace hybride ressemble beaucoup ( trop?) à la Prius berline apparue à Genève en mars 2009 ( une éternité à l’échelle du marché aujourd’hui). Comme souvent, mais pas toujours, le style Toyota est une déception. Vous ne craquerez pas pour la ligne longue et basse ( est-ce un break ?) de la Prius + ( longueur 4.615m, largeur 1.775m, hauteur 1.575m). Son intérêt est dans le gain d’espace intérieur par rapport à la berline : 135mm de plus en longueur, 30mm de plus en largeur, 85mm de plus en hauteur. L’empattement croit de 80mm pour accueillir la fameuse troisième rangée de sièges qui homologue le véhicule en 7 places.
L’intérieur n’est pas plus excitant. L’impression d’espace est bonne même si elle diffère des codes de la catégorie où les centimètres sont parfois plus au-dessus de la tête que dans la longueur utile. S’installer à bord de la Prius 7 places donne l’impression de monter à bord d’une familiale rallongée. Ici pas d’immense pare-brise panoramique ou de grande “hauteur sous plafond”. C’est un + pour le poids de l’auto et ses performances aérodynamiques. Pour autant cette version + soigne ses occupants en rehaussant chaque rangée de sièges de 45mm par rapport à la précédente.
Comme pour la carrosserie, et on s’en doutait, le design de l’habitacle est inspiré de celui de la Prius avec une console centrale plus massive. L’affichage central donne beaucoup d’informations, toutes en même temps, et sans qu’aucune d’entre elles ne bénéficie d’un soin graphique particulier. La lecture du tableau de bord est, non seulement datée et triste, mais en plus, on ne tombe jamais au premier coup d’oeil sur l’info recherchée tant il y en a ! La finition est correcte mais aucun matériau ne brille par son exceptionnelle qualité. Les plastiques utilisés sont moussés ( rarement) ou creux et fragiles ( souvent …). Un élément peut même préter à sourire: le levier de sélection des rapports de la boîte. Qui a laissé traîner cette vilaine clé USB en plastique au milieu du tableau de bord ? L’ergonomie générale est assez compliquée, les commandes sont implantées en divers endroits , les informations du tableau de bord central beaucoup trop nombreuses et peu déchiffrables sans un examen minutieux et fouillé du manuel d’utilisation. La Prius + ne se laisse pas aborder facilement, il faut parcourir plusieurs kilomètres à son volant pour commencer à comprendre son fonctionnement et le langage qu’elle nous tient. Seul bon point, les commandes de climatisation ( mode, température, et flux) regroupées en une seule grosse molette. Dommage que cette démarche n’ait pas guidé la conception du reste des commandes de la planche de bord . Au final, une présentation contemporaine manquant de simplicité et sans aucune prétention premium.
A l’usage. Pour quel usage ?
La modularité d’un monospace est primordiale pour répondre aux différentes utilisations auxquelles le soumet sa famille d’adoption. Celle de la Prius + est très satisfaisante malgré son parti pris de ne pas reprendre le gabarit haut et court d’une mini-camionnette. Dans une ambiance très lumineuse assurée par le magnifique toit panoramique en résine ( moins lourd de 40% par rapport à un toit similaire en verre), le nouveau monospace 7 places de Toyota offre, en plus des trois sièges centraux coulissants, fractionnables et rabattables séparément, une troisième rangée de deux sièges fractionnables et rabattables à 50/50. Chaque place propose un accès plus ou moins immédiat à un compartiment de rangement, et on trouve cinq porte-gobelets répartis dans l’habitacle. A l’avant on dispose de deux boites à gants de 4,5 et 8,5 l, plus un vide poche à l’usage exclusif du conducteur.
Quand chaque siège est occupé, le coffre est de 232l dont 60 sous le plancher. Avec 5 personnes à bord, il passe à 784l. Il est accessible via un large hayon au seuil de chargement confortable. Les concessions du style à la fonctionnalité ne sont heureusement pas vaines.
Technique. Quelle technique !
Après le KO du style je veux bien reconnaître qu’avec un cumul de ventes mondiales de véhicules Full Hybride qui a franchit la barre des 4 millions d’unités depuis la Prius I commercialisée en 1997, la technologie “propre” japonaise doit être suffisamment exceptionnelle pour séduire autant d’acheteurs. Deuxième round, cette Toyota commence à m’impressionner. Changement de ton, je suis à bord d’un véhicule de haut niveau technologique, une auto mutante extraordinaire. Par contre pour ceux qui sont familiers avec l’hybridation de la Prius, la technologie hybride de la version + n’en diffère que très peu. La motorisation Full Hybrid de la Prius + est l’association d’un moteur essence 1.8l, d’un moteur électrique, d’un générateur, d’une batterie Li-ion et d’un répartiteur de puissance. Par rapport à la berline, le monospace inaugure une batterie à ion lithium très compacte implantée entre les deux sièges avant pour permettre d’accueillir les fameux sièges supplémentaires de cette version +. Cette nouvelle batterie est aussi plus légère de 8kg, soit un poids de 34kg. La tension nominale reste inchangée ( 202V), tout comme la puissance (37ch). Le moteur essence ( 4 cylindres et 1798cm3) développe une puissance maximale de 99ch à 5.200 tr/mn et un couple maxi de 142 Nm à 4.000 tr/mn. Le groupe propulseur “Hybrid Synergy Drive” ( HSD) associe aux 99ch de l’essence les 82 ch de l’électrique pour atteindre une puissance maximale de 136ch. Toyota annonce un 0 à 100 en 11.3 secondes et une vitesse de pointe de 165Km/h.
Le système HSD fonctionne selon différents modes avec comme objectif constant, la sobriété du véhicule. La consommation moyenne d’environ 5l/100 est en effet un des principaux points forts du véhicule avec son taux d’émission de CO2 à 96g/km ( le seul sous la barre des 100 dans la catégorie des monospaces de puissance équivalente).
A l’arrêt : coupure du moteur thermique pour économiser le carburant.
Au démarrage et à bas -régime : mode électrique , zéro émission de CO2 et NO2.
En conduite courante : le système répartit la puissance entre les moteurs thermique et électrique pour optimiser le rapport performances/consommation de carburant.
Via le freinage, le moteur électrique est un générateur de puissance à la décélération où il récupère l’énergie cinétique et la stocke sous forme électrique dans la batterie hybride.
Au fonctionnement NORMAL du système, Toyota a ajouté 3 modes de conduite à la demande : EV qui permet de “forcer” le maintien en mode électrique tant que la charge le permet, ECO qui privilégie le fonctionnement de la climatisation aux sollicitations musclées de l’accélérateur, et POWER qui stimule la puissance , l’accélération et le plaisir de conduite.
Dans les faits, la conduite de la Prius + ne vous fera pas vous relever la nuit, mais être à son bord procure une agréable sensation de confort et de sérénité … tant que le pied reste léger. La vraie fausse note de cet essai concerne la mollesse et la sonorité des reprises. Ecraser l’accélérateur entraîne une réaction aussi poussive que bruyante du moteur. Pour autant, et même à vitesse très élevée, le monospace hybride de Toyota demeure très stable et rassurant. A vitesse stabilisée et en usage urbain ou péri-urbain l’ambiance est heureusement toute autre et la Prius + révèle de grandes qualités de douceur et de silence. La Prius + est équipé d’un contrôle du tangage et du rebond via un ajustement du couple qu’il a été difficile d’évaluer sur les routes confortables qui relient Vienne à Bratislava … Un soin tout particulier a été porté au choix et à l’implantation des insonorisants ce qui améliore encore le silence en vitesse de croisière.
Le Budget.
Celà fait longtemps que les véhicules japonais bénéficient d’une liste d’équipements très complète, la Prius + ne déroge pas à la règle dans ses trois versions Active, Dynamic et Lounge. De série, climatisation basse consommation, affichage tête haute, accès sans clé, aide au démarrage en côte et interface multimédia à écran tactile Toyota Touch. En option sur certaines versions, on peut disposer entre autres du toit panoramique en résine, de phares à diodes, du système de sécurité de pré-collision, de l’aide intelligente au stationnement ou du GPS Toyota Touch & Go Plus .
Toyota a voulu placer la Prius+ au coeur du marché des monospaces en Europe, comprenez, entre les monospaces compacts “longs” à 7 places et les grands monospaces type Espace ou S-Max. 4000 commandes ont d’ores et déjà été enregistrées en Europe, dont 500 en France.
Le prix d’appel pour une Prius+ Active est de 31 000 €. La gamme culmine à 37 700 € en finition Lounge. Toute la gamme bénéficie du bonus écologique de 2 000 € pour les particuliers, et 100 € pour les personnes morales.
Bilan .
En définitive, la Prius+ marque des points et en perd aussi, rien n’est parfait dans sa proposition, mais la combinaison des atouts techniques ( ici encore améliorés) de la Prius avec les aspects pratiques et la meilleure habitabilité d’un monospace lui confère un pouvoir de séduction réel. Pour qui souhaite un véhicule tranquille, sûr , habitable et surtout propre et politiquement correct, le premier monospcae 7 places hybride proposé sur notre marché mérite qu’on le considère comme un choix sérieux. Trop sérieux peut être …
Et pour ceux qui voudraient lire l’essai excitant d’une Toyota, le coupé GT86 sera entre mes mains la semaine prochaine en Alsace !
Un grand merci à Toyota France pour nous avoir accueilli pour cette session de découverte et d’essai de cette nouvelle Prius+.