PSA : Le doute et la crainte s’installent en Bretagne

Selon Philippe Bonnin, député-maire de Chartres de Bretagne et vice-président socialiste du Conseil général d’Ille et Vilaine, les nuages s’accumulent au dessus de l’usine PSA de Rennes la Janais même si de nombreuses promesses ont été faites par le constructeur. 

Malgré les annonces rassurantes des dirigeants de PSA en direction des salariés, des syndicats, des sous traitants et des élus locaux et régionaux, le doute s’installe de plus en plus du coté de Rennes. Ainsi on se rappelle tous que l’équipe Varin avait confirmé en 2013 l’attribution de la production d’un nouveau véhicule à la Janais, à partir de 2017. Cet engagement fut pris en échange d’efforts demandés aux  salariés dans le cadre du contrat social ou Varin qui fut ratifié par tous les syndicats sauf la CGT. Ainsi dès début 2017, PSA La Janais devrait produire le successeur de l’actuel monospace 5008. La direction du groupe parlait alors de quelques 70.000 unités fabriquées chaque année auxquelles il faudrait ajouter les C5 et 508… sauf qu’en 2017 les 508 et C5 seront en toute fin de vie et disparaitront des chaines de production dans le courant de l’année. Cette réalité fait que les plus de 100.000 autos produites et annoncées haut et fort par la direction de PSA ne seront en aucun cas au rendez vous.
Laurent Valy, représentant syndical de la CFDT poursuit l’explication et dit : D’une part la C5 et la 508 seront en fin de vie en 2017, d’autre part le nouveau véhicule ne sera produit que partiellement à la Janais puisqu’il arrivera en partie fabriqué de Mulhouse.”

Les syndicalistes de poursuivre et d’expliquer que PSA prévoit dix-huit heures de fabrication pour la Peugeot 5008 Mk2 contre 31-32 heures pour une C5 ou une 508. Selon les représentants des salariés du site breton ce projet de nouveau véhicule ne garantit en aucun cas l’avenir des personnels et surtout ne donnera pas de travail à tout le monde ou au 4000 salariés qui restent en poste dans l’usine bretonne.

Les salariés ont en effet la très nette impression d’une fin de vie annoncée et discrètement préparée par la direction du groupe, une fin à la Aulnay en quelque sorte. Ce sentiment s’est semble t-il encore accentué il y a quelques temps avec la suppression de la demi équipe qui fait que l’usine ne tourne qu’en 1/8 avec une équipe unique du matin.
PSA avait annoncé un investissement de plus de 100 millions d’euros afin de préparer l’usine à sa mutation et à l’arrivée de ce nouveau modèle. Mais tout le monde le constate amèrement, il n’y a pour l’instant aucune trace de modernisation du site ou d’investissement de quelques euros pour l’avenir de Rennes La Janais.

Si les syndicats et les salariés sont pessimistes au sujet de l’avenir de l’usine, le député maire de Chartres de Bretagne l’est encore plus et d’expliquer clairement avec des chiffres à l’appui : “Pour la seconde année, fin septembre 2014 nous arriverons à plus de 600.000 heures de chômage indemnisé. Ce sont autant de contributions publiques pour la seule usine de la Janais, soit plus de 10 millions d’euros sur une année. Dans ces conditions, qu’on ne nous parle pas de rentabilité ou de performance industrielle quand on sait que le groupe restera encore des années sous perfusion financière, grâce à l’apport massif de fonds publics“.
Philippe Bonnin se dit aussi très inquiet en tant que président de l’Association des collectivités et sites d’industrie automobile pour toutes les PME et PMI qui servent déjà de variable d’ajustement au site PSA tant d’un point de vue financier que pour les volumes produits. L’impact d’une possible fermeture à moyen terme du site serait une catastrophe pour le tissu économique de la région mais aussi pour des milliers de salariés et leurs familles. 

Le député maire de Chartres de Bretagne fait aussi part de ses craintes depuis l’annonce du départ de la Citroën C5 de l’usine bretonne pour une destination encore inconnue mais qui pourrait être aussi bien l’Alsace que la Chine. Il souligne d’ailleurs que la direction de PSA ne sait pas encore clairement où aller pour produire cette future C5 Mk3.

Un nouvel élément, révélé il y a peu, est venu miner le moral des salariés. Reuters a annoncé il y a quelques jours que PSA allait investir 300 millions d’euros pour l’usine PSA de Sausheim, près de Mulhouse. selon l’agence de presse cet investissement est lié au transfert de la fabrication de la remplaçante de la 508 en Alsace alors que ce futur véhicule, basé sur la plateforme EMP2, aurait tout à fait pu être produit à La Janais qui a le savoir faire pour ce genre d’auto du segment D. La direction de PSA n’a d’ailleurs aucunement démenti l’annonce de ce projet.

Philippe Bonnin explique et conclut qu’en retirant à l’usine de la Janais la production de la grande Citroën et de la grande Peugeot, la direction de PSA, groupe en partie nationalisé par les états français et chinois pourra annoncer dans le courant de l’année 2017 la fermeture de l’établissement breton par la faute d’une production insuffisante pour assurer la rentabilité de l’usine. Il poursuit qu’à cette époque, cela ne choquera personne et donc personne ne pourra rien y trouver à redire car le contrat “Varin” ne prévoit pas de fermeture d’usine en France jusqu’en… 2017. Après c’est une autre histoire !

Pour rester chez PSA, on n’oubliera pas de jeter un oeil attentif, pour ne pas dire légèrement inquiet en direction du site de Poissy qui perd une de ses lignes de production et qui devrait se voir cantonner dans la fabrication des citadines HDG de la marque aux chevrons, à savoir les DS3.

Si l’arrivée de Carlos Tavarès est une bonne chose pour le redressement et la perennisation du groupe industriel franc comtois, on sera plus dubitatif sur ses projets de maintien de l’emploi et de la production en France. Ne perdons pas de vue qu’il a longtemps travaillé avec un certain Carlos Ghosn qui a aussi beaucoup aidé à la croissance de l’Alliance Renault-Nissan mais aussi à la délocalisation de la production.
J’ajouterai enfin que si PSA perdure dans ses choix et les renforce, nous pourrions à l’avenir retrouver la production PSA en France uniquement située en Alsace et en Franche Comté… comme dans le passé !

A suivre.

NDLA : Peut être le saviez vous mais je l’ai découvert ce jour en préparant ce sujet, PSA et son usine bretonne travaillent au restylage et à l’évolution des TGV dans le cadre de la réindustrialisation du site de la Janais. PSA a été choisi par la SNCF et le contrat passé entre les deux entreprises prévoit du travail sur le site jusqu’en 2017 ou 2019 (sauf si PSA démantèle l’usine auparavant).

Via Reuters, AP, OuestFrance, MétropoleRennes.

 

 

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