C’était il y a seulement 18 mois dans l’usine bretonne du groupe PSA. Depuis la situation a bien changé et on se demande même quel sera l’avenir du site rennais dans quelques courtes années.
La rumeur en parlait depuis déjà plusieurs jours mais ça a été confirmé lors du comité d’entreprise du site d’Ille & Vilaine de ce jour, le site de Rennes qui tournait jusqu’alors en 3 x 8 (depuis février 2011) tournera en 2 x 8 à compter du 27 juillet prochain. Avec la disparition de cette troisième équipe de nuit, ce sont plus de 370 salariés en CDD qui verront leurs contrats non renouvelés dans moins de 60 jours. La cause de cela, en grande parties cette situation est due aux médiocres performances de la 508 sur le marché français mais aussi partout en Europe. Les salariés en CDI qui étaient associés à cette équipe nocturne seront réaffectés en équipe diurne ou incités à de la mobilité afin de réduire les effectifs en CDI du site breton. Tout cela ne sent pas très bon et ces affaires de mobilité interne rappellent étrangement ce qui se passe du coté d’Aulnay sous bois. Le service communication de PSA – Rennes la Janais se justifie comme elle peut cette nouvelle situation et déclare : ” Malgré les bons résultats enregistrés par la Peugeot 508, leader sur son segment en France avec 15,5 % de part de marché de janvier à fin avril 2012. Il est impératif que nous adaptions la production à la demande des marchés et nous devons gérer nos stocks de façon rigoureuse et sérieuse…”. Oui, on veut bien le croire et ça n’engage que ceux qui écoutent les justifications de PSA.
Nous n’oublierons pas que dans le même temps, les équipes des RH de PSA ont été dépêchées à Sevelnord pour négocier avec les syndicats une nouvelle flexibilité de l’emploi qui passe par un très net assouplissement des horaires de travail, de la mobilité interne (encore !) et un gel des salaires pour les trois prochaines années. Une proposition de négociation qui n’est pas sans rappeler la fameuse méthode Marchionne en Italie qui peine toujours a se mettre en place et qui n’a rien changé pour l’avenir de Fiat et de ses salariés italiens. Face aux salariés et aux syndicats, les négociateurs de PSA mettent aussi en avant la menace VIGO. Ainsi un syndicaliste présent à la table des négociations rapporte que la direction du site nordiste dit la chose suivante : “Il faut que Sevelnord et ses salariés aient tous les atouts pour avoir un nouveau ou plusieurs nouveaux véhicules à produire et c’est pour cela que l’on veut que les négociations soient terminées avant la fermeture du site pour le congé estival du mois d’août prochain”. Une fois encore on a l’impression que Philippe Varin et ses équipes sonnent la charge de négociations pour tenter d’imposer leurs choix mais en prenant le risque d’un gros clash social et aussi industriel à la rentrée prochaine. (NDLA : Et pendant ce temps VW group confirme une augmentation de 4.3% pour tous les salariés allemands de l’entreprise au 1er juin et ne modifie pas sa politique d’embauches 2012 ! Bien sur IG Metall avait un peu mis la pression en demandant une hausse des salaires de 6.5%…)
Tant du coté de Rennes que de Sevelnord (à la tête de PSA, on en oublierait presque le cas Aulnay tant son sort semble déjà être scellé !), la direction du groupe automobile veut mettre en avant la flexibilité, le gel des salaires (pourtant pas très élevés chez PSA) et la mobilité interne et argue du fait que c’est grâce à un tel programme industrialo-économique que l’Allemagne des années 1998 à 2005 est aussi aussi forte industriellement. Pas sur que de tels arguments historico-politiques convainquent grand monde et surtout les syndicats qui se disent très inquiets de la situation actuelle et à venir notamment du fait de l’alliance avec GM qui, selon eux, n’apportera aucun bénéfice aux salariés du groupe automobile. Selon les représentants de la CGT et de FO c’est même le contraire et c’est un peu pour cela qu’ils en appellent à l’intervention de l’état français via son nouveau et déjà fameux ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg qui, s’il se saisit du dossier aura bien du mal à faire avancer cette entreprise privée dans laquelle l’état français n’a aucun intérêt direct (PSA n’est pas Renault). Les syndicats rappellent enfin que depuis le début du printemps les différents sites français de PSA ont subi de très nombreuses journées chômées destinées à réguler les parcs de stockage et la production.
A suivre.
Via Le Télégramme de Brest, Le Republicain Lorrain, Ouest France, Europe1.