Après l’intervention du président de la République et son indignation (normale à la vue de l’importance du sujet), ce fut au tour d’Arnaud Montebourg de repartir à l’assaut de PSA avec des propos un rien agressif qui ont fait violemment réagir l’actionnaire principal de PSA, la famille Peugeot, par la voix de Thierry Peugeot qui est président du conseil de surveillance de PSA.
L’homme s’est agacé des propos tenus envers le groupe industriel français et la famille Peugeot estimant qu’il y a avait une limite à la critique. Il se dit choqué par les mots “mensonge et dissimulation” qui font selon lui bien plus mal que la critique qui peut être constructive. François Hollande déclarait que le plan Varin de restructuration était “en l’état inacceptable” et qu’il devait être absolument “renégocié”. le chef de l’état avait poursuivi en se montrant virulent à l’égard de la direction du groupe qu’il a explicitement accusé de “mensonge” notamment pour avoir reporté l’annonce du plan à l’après-présidentielle. Elément confirmé malheureusement et sans le vouloir en début de semaine par Philippe Varin lors d’un entretien sur une radio nationale.
Par un communiqué probablement un peu excessif , Thierry Peugeot nous a appris jeudi que PSA était “opéable” à cause de ce plan, de la très forte baisse de la valeur PSA en bourse. Ainsi selon le président du conseil de surveillance, le groupe industriel serait achetable pour 2.3/2.5 milliards d’euros (CA > 60 milliards d’euros) si une POA hostile avait lieu. T.Peugeot de poursuivre : “Tout est possible. Il faut donc agir, l’OPA ne parait pas une option actuellement envisageable sur les marchés.Les attaques dont le groupe fait actuellement l’objet on un effet immédiat sur leur perception du groupe. Une éventuelle dilution de la participation familiale n’est pas à l’ordre du jour car cet actionnariat un élément de stabilité pour l’entreprise”. De poursuivre en rappelant l’affaire des versements des dividendes que la famille Peugeot est aussi une famille de gens raisonnable et à chaque fois que le groupe a été en difficulté, il a suspendu, à la famille Peugeot ainsi qu’à à ses actionnaires le versement de dividendes. Cela a été le cas en 2009 et 2010 au titre des exercices précédents. En 2011, l’entreprise a versé des dividendes car les résultats de l’exercice 2010 étaient bénéficiaires et donc propices à des versements.”
Voilà une explication qu’on recevra ou non mais qui a le mérite d’être claire. Toujours est il que le feuilleton n’est pas terminé puisque jeudi prochain, Thierry Peugeot a rendez vous avec Arnaud Montebourg pour discuter du sujet. D’ici là le premier ministre, dans un cadre plus cordial et policé aura recu lundi après midi Philippe Varin (qui garde toute la confiance de l’actionnaire principal) pour parler du dossier l’avant veille d’une Comité d’entreprise qui promet du sport.
JM Ayrault recevra mercredi après midi, au titre de conseil et d’avis éclairé, Louis Schweitzer pour avoir l’avis et l’opinion de l’ex PDG de Renault (1992-2005) qui a restructuré et développé Renault dans les années 1990-2000 tout en ayant connu la grave crise de l’usine de Vilvoorde en 1997. 1997, année où Lionel Jospin disait à juste titre : ” C’est une question dont je suis amené à me saisir de part mon statut. J’ai une sensibilité et une opinion en temps que responsable politique, mais je ne peux pas apporter une réponse à une question industrielle.” Nous tous encore à l’esprit la fameuse phrase : “L’état ne peut pas tout !” qui, si elle était vraie chez Renault il y a 15 ans, l’est encore plus aujourd’hui chez PSA avec une situation financière limite pour tous (état, entreprise, salariés), une entreprise totalement privée et peut être quelques erreurs de gestion que la collectivité ne pourra peut être pas assumer. Reste que sous l’ère Varin, rien ne va vraiment bien et quand on voit la position chancelante d’Opel en Europe, on se dit que ce n’est pas gagné car outre Rhin, la situation est la même du cotés des salariés de la firme au blitz.
Sachez aussi que Carlos Ghosn sera reçu à Matignon mercredi matin pour parler, probablement un peu du cas PSA mais aussi pour écouter les conseils et avis de l’actionnaire Etat français tout en évoquant le plan d’aide à la filière automobile que prépare l’état qui sera dévoilé vendredi prochain. Un nouveau et fameux plan qui ne devrait pas manquer de faire réagir la classe politique, les industriels mais aussi vous lecteurs et amateurs avisés de la vie de l’automobile. Hum… on sent déjà poindre l’aide à la petitesse, au diesel et aux EV ! A suivre ensemble dans les prochains jours.
Via LeFigaro, LaDépêche, AFP, LesEchos.