Quelques réflexions à propos de la Ford Edge Vignale

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Dans sa finition Vignale, le Ford Edge a pour ambition de concurrencer les ténors du segment, Audi Q5 en tête… Qu’en est-il vraiment ?

Vignale, c’est marqué sur le côté…

Je viens de découvrir un truc en faisant le point dans mes dossiers : Ford est la marque d’automobiles que j’ai le plus essayée sur le blog : carrément douze voitures en quasiment trois ans, c’est plus que Nissan (8 autos) et BMW (7 voitures) qui sont aussi sur le podium. Comment expliquer cela ? Certainement grâce à la dynamique du constructeur allemand, qui a récemment renouvelé tous ses véhicules phares, de la Focus à la Mondeo en passant par le Kuga, sans oublier la Ka+ et la nouvelle Fiesta qui ne font pas partie de ma liste. Sans oublier les nouveautés telles que les Mustang et Edge. Et ce n’est pas tout : il y a dans ce tableau des configurations intéressantes, telles que la Mondeo en moteur 3 cylindres 1.0 ou en version Hybrid, avec la technologie de la Prius. Sans oublier cette volonté de monter en gamme et d’aller chatouiller les acteurs premium avec la ligne Vignale : bref, ça en fait des questions auxquelles répondre par autant d’opportunités d’essai. Cela dit, la finition Vignale, je connaissais, et le Edge aussi ; mais pas l’alliance des deux.

D’où ces quelques jours passés dans Edge Vignale une auto qui se veut Premium, donc.

Larousse, Inc…

Le problème, c’est que le premium, tout le monde en parle, mais personne n’est d’accord sur sa définition. Le Larousse va directement sur des termes économiques, genre plus-value après la vente d’une option. Reverso ne va pas non plus beaucoup plus loin : « haut de gamme », dit-il. Le site e-marketing.fr conforte cette hypothèse : « produit d’une marque positionné haut de gamme. De fait, son prix est plus élevé que celui de ses concurrents ».

Question apparence, je trouve que le Edge Vignale fait carrément le job. Ses proportions généreuses (4,81 m de long, 1,93 m de large) se marient bien avec sa prestance et au volant, les formes cubiques font qu’il est relativement aisé à manier dans les rues encombrées (voir www.disleaanne.com) de la Cité. Et pour l’arrière, la caméra de recul est d’une belle aide. En tous cas, avec sa peinture blanche nacrée (blanc Platinum, une option à 400 €, quand les trois autres teintes sont de série), le cuir Cachemire (de série, mais on peut aussi choisir du noir) et les jantes chromées de 20 pouces, il se fait assez remarquer dans le trafic (à force de changer tout le temps de voiture, le blogessayeur de base arrive à sentir les autos qui suscitent un peu d’intérêt et celles qui laissent nos concitoyens totalement indifférent, sans que tout ceci ne soit d’ailleurs révélateur de leur potentiel commercial), le Egde Vignale attire les regards, d’autant plus qu’il se fait rare dans le trafic !

Après la Fiat Croma, voici la Ford chromée !

En effet, depuis sa commercialisation, le Edge n’est pas entré dans le top 50 des meilleures ventes de SUV 2016 (il fallait alors faire mieux que le Peugeot 4008 avec 1360 ventes), pas plus qu’il n’est dans le top 50 des meilleures ventes de SUV du premier semestre 2017 (il fallait alors faire mieux que l’Audi Q7 avec 967 immatriculations).

C’est un fait : le Edge est un peu absent des radars. En ce qui me concerne, je n’en croise quasiment jamais dans le trafic. Et vous ?

Vous n’en verrez pas à tous les coins de rue !

Le prix de la rareté

Et c’est combien, le prix de la rareté ? 56 100 €, ce qui, dans l’esprit populaire, doit représenter une belle somme, un peu éloignée du panier moyen de ce que l’on pense mettre dans une concession Ford (ou autre généraliste, c’est pareil chez Renault, Peugeot, Opel et tant d’autres).

Évidemment, à ce prix, l’équipement est plus que fourni. Feux à LEDs (adaptatifs), badges exclusifs, caméra de recul, vitres teintées, becquet arrière, double sortie d’échappement, clim bizone, éclairage d’ambiance, démarrage sans clé et hayon mains libres, prises 220V, SYNC 3 avec Android et Apple Car Play, sans oublier tout un arsenal sécuritaire avec freinage d’urgence et système actif de maintien de voie.

On pourra cependant déplorer que sur cette finition très haut de gamme, il reste encore des options. Dans une démarche Premium, Ford aurait pu les inclure, quitte à augmenter le prix, un peu. Sinon, il faut rajouter 150 € pour les rétroviseurs chromés, 400 € pour la caméra avant grand angle, 500 € pour le régulateur adaptatif, encore 500 pour l’alarme volumétrique, et encore 500 pour la surveillance des angles morts. Cela dit, alors que le tarif de base de mon modèle d’essai est à 56 100 €, Ford facilite le travail de négociation en proposant déjà l’auto à 50 100 €.

Le SYNC 3 est un régal à utiliser

Pas inintéressant, quand on voit que un Mercedes GLC 250d (204 ch) est à 58 600 € en finition haut de gamme, et une Audi Q5 S-tronic Avus TDI 211 ch est à plus de 63 000 €.

De fait, au-delà des questions d’argent, que fait-il au Edge pour concurrencer les vedettes de la catégorie ?

Le monde du silence

On retrouve donc cet engin au gabarit généreux, avec une banquette arrière gigantesque et un espace conséquent autour des sièges. Sièges qui ont, dans cette finition Vignale, un garnissage en cuir façon « Calisson d’Aix » nettement plus agréable à regarder en réel qu’en photo. Et ce qui séduit rapidement, c’est l’ergonomie et le niveau de confort de ces sièges. En fait, ce ne sont pas que les sièges, c’est tout le confort global qui est carrément remarquable !

Confort royal à l’avant
Confort royal à l’arrière

En cruising, le 2.0 TDCI biturbo est quasiment inaudible et les bruits de roulement et de vent sont super bien filtrés. Il n’y à qu’en cas de forte accélération, vers 3/4000 tr/mn, que le moteur gronde un peu ; sinon, c’est carrément le monde du silence à bord. Ford a bien bossé sur la réduction active du bruit et l’Edge Vignale est un régal pour abattre de longs parcours en toute sérénité. Louons donc l’efficacité de l’Active Noise Control et de ses 3 micros intérieurs qui enregistrent les bruits du moteur dans l’habitacle et reproduisent des ondes sonores opposées via le système audio !

Deux turbos, 210 chevaux, certes, mais quasiment 2 tonnes, aussi ! L’an dernier, j’avais apprécié le Edge (en version TDCi 180 BVM6) pour son confort et son comportement nettement moins pataud que je l’imaginais. Par contre, je l’avais trouvé un poil sous-motorisé (mais c’est le cas de tous ces gros SUV avec des moteurs de 150 à 180 ch).

2 turbos, 210 ch…

Est-ce que le second turbo présent sur ce moteur change tout ? Oui et non. Entre le 180 et le 210 ch, ce n’est pas le jour et la nuit : le 0 à 100 descend de 9,9 à 9,4 secondes et la vitesse maxi grimpe de 200 à 211 km/h.

De toutes façons, la clientèle attirée par la finition Vignale et l’offre de services qui va avec (conciergerie dédiée, possibilité de se faire livrer son véhicule neuf à domicile, lavage mensuel gratuit afin de conserver l’éclat de la peinture profonde et des jantes chromées) devrait choisir, en tous cas, on lui conseille, la motorisation la plus élevée.

Une pure familiale

Pourquoi ? Parce qu’outre quelques dixièmes grappillés ici et là, peu perceptibles au quotidien, et 11 km/h en vitesse de pointe que, certainement, 99 % des acheteurs de cette auto n’iront pas aller chercher, la version la plus motorisée apporte deux plus.

Le premier, c’est une louche de 50 Nm de couple supplémentaire, ce qui n’est jamais inutile quand on a près de deux tonnes à tirer. Le second, c’est la boîte Powershift à double embrayage et 6 rapports, parfaitement cohérente dans cette auto.

Parfaite, cette boîte Powershift !

Parce que l’ensemble, allié à ce qui fait la grande force de cette auto, c’est à dire un beau sentiment de sérénité procuré par le confort des sièges, des suspensions, de l’isolation phonique, tout cela procure un vrai sentiment de bien être, à peine troublé par un petit bruit de mobilier au niveau du rideau de toit ouvrant (peut-être un cas isolé lié à mon modèle d’essai), c’est probablement là que se situe l’esprit premium de l’auto.

Du coup, plus je roulais avec et moins j’avais envie de mettre la boîte en mode « sport », même si, en mode normal, elle privilégie bien évidemment une conduite apaisée. Néanmoins, et alors que j’avais trouvé l’Edge TDCi 180 un rien sous-motorisé (comme tous les SUV Diesel de ce gabarit et de ce niveau de puissance), on ne peut pas dire que que j’ai trouvé le Edge Vignale 210 « dynamique », mais en tous cas suffisamment alerte pour être toujours à l’aise dans le trafic, lors des dépassements. Et en bonus, une conso de 7,5 l/100 sur route, 9,7 l/100 en ville.

Alors, Premium ou pas ? Objectivement, à part quelques petits « défauts » (en pinaillant, le plastique noir autour du levier de vitesse et de la console centrale fait assez bas de gamme, tandis que la bande de « carbone » au-dessus de la boîte à gants en face du siège passager, fait assez incongrue dans cet univers de cuir assez soigné), le Edge Vignale est une auto agréable et soignée. Royale pour la famille, pas désagréable à emmener pour le conducteur, en termes de confort et de niveau d’équipement, elle n’a pas grand-chose à envier aux autres (à part le Virtual Cockpit de l’Audi Q5), mais voilà, le poids du blason reste important en France et dans bien d’autres pays.

Il a fallu 30 ans à Audi pour être reconnu comme un acteur premium. Espérons que la griffe Vignale mette moins de temps !

Photos : Gabriel Lecouvreur

 

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