L’affaire se déroulait hier à Moscou, après près d’une année de discussions, de mise en place et de tractation politico-économiques, l’Alliance Renault-Nissan et son partenaire russe AvtoVAZ ont définitivement signé l’accord qui les lie au sein de nouvelle co entreprise qui prend le nom d’Alliance Rostec-Auto BV qui va permettre à Renault-Nissan de quasiment mettre la main sur AvtoVaz et l’énorme complexe industriel de Togliatti.
Conformément au pré-accord mis en place au printemps dernier, l’Alliance ne sera pas seul maître à bord puisqu’elle va partager le pouvoir avec AvtoVaz (c’était la volonté politique de V.Poutine). Ainsi Renault va mettre dans l’affaire quelques 281 millions d’euros pour détenir 50,1% de la nouvelle co-entreprise. Nissan de son coté, non impliqué directement dans le dossier AvtoVAZ, va injecter dans le projet environ 288 millions d’euros pour acquérir 17,03% de la la nouvelle entité industrielle. Dès lors, l’Alliance est majoritaire avec 67,13% des parts de la nouvelle co-entreprise Alliance Rostec-Auto BV. Le reste du capital, c’est à dire 32.87% restera la possession de Russian Technologies qui est et reste une structure étatique russe. Cette nouvelle joint-venture détient donc 74,5% du capital du constructeur russe AvtoVaz répartis comme suit :
– Renault : 37,32%
– Nissan : 12,69%
– Russian Technologies : 24,49 %
Cette nouvelle structure va permettre à l’Alliance Renault-Nissan de prendre la direction d’AvtoVaz dans le courant de l’année 2014 car il faut un peu de temps pour que la nouvelle co-entreprise rachète les parts d’AvtoVaz détenues par la société financière russe Troïka Dialog Investment Ltd (TDI Ltd). Cet accord de partenariat-prise de contrôle devrait coûter aux 1.3 milliard d’euros à l’Alliance franco-japonaise.
A l’issue de la cérémonie officielle, Carlos Ghosn se disait heureux de cette signature et mettait en avant un accord trois fois gagnant (Renault, Nissan et AvtoVaz). Selon le patron de l’Alliance, ce partenariat sérieux industriellement et financièrement va permettre à AvtoVaz de renforcer sa première place sur le grand marché russe en pleine expansion mais il aidera aussi Renault et Nissan à prendre de l’importance dans le grand pays. Enfin, Carlos Ghosn ne l’a pas dit ouvertement mais le patron de l’Alliance, outre l’accès au site rénové de Togliatti (5 modèles différents y seront produits dès l’an prochain), va pouvoir envisager de sérieuses économies d’échelle (R&D, production, approvisionnement) et la nouvelle structure industrielle profitera dès l’an prochain de la remise en place du prêt à taux zéro d’environ 1,147 milliards d’euros fait par l’état russe. A moyen terme, cette reconduction devrait aider à asseoir la solidité financière de la co-entreprise et renforcer celle de l’Alliance Renault-Nissan.
Renault Trucks par ou avec Renault, c’est définitivement du passé puisque le constructeur français vient de vendre ses dernières participations dans Renault Trucks à Volvo AB qui est déjà à la tête du constructeur de camions depuis onze années. Renault vient ainsi de céder quelques 6.5% du capital et 17.2% des droits de vote qu’il détenait encore au travers de 138.604.945 Actions A qui représentent une valeur de 1.476 milliard d’euros.
Le constructeur automobile français a fait savoir qu’il allait consacrer quelques 45% de ces 1.476 milliard (664 millions d’euros) à de l’investissement et ce dans le cadre du plan industriel 2011-2013 qui prévoit quelques 2 milliards d’engagement financier en France de la part du groupe automobile.
Carlos Ghosn est, pour l’année 2011, le deuxième grand patron français à la tête d’une entreprise du CAC40 le mieux payé. Après avoir gagné quelques 9.2 millions d’euros en 2009, 9.7 millions d’euros en 2010, le PDG de l’Alliance Renault Nissan a gagné en 2011, 13.3 millions (+ 37.5% d’augmentation en une année). Il se situe entre le PDG de Publicis (M.Levy) qui a gagné 19.6 millions et le PDG de Dassault Systèmes (B.Charlès) qui a empoché 10.9 millions d’euros.
Renault fait par ailleurs savoir, en complément des données par le Cabinet Proxinvest, que Carlos Ghosn n’a touché que 2.8 millions d’euros au titre de sa fonction de PDG de Renault, le solde, c’est à dire 10,5 millions d’euros, est versé au titre de sa fonction de PDG de Nissan.
Via Renault, AvtoVaz, AFP, Proxinvest, LesEchos.
Crédits photos : Renault, AvtoVaz, RenaultTrucks, AP.