Quand on aime l’automobile en général et le sport automobile en particulier, difficile de passer à côté de la Porsche 917. La voiture fait sans contestation possible partie des plus grands mythes sur 4 roues, aux côtés de la Ferrari 250 GTO, de la Mini Cooper, de la Chevrolet Corvette ou … de la Porsche 911. Conçue pour s’imposer aux 24 heures du Mans, c’est un pur prototype dont un exemplaire vient pourtant d’être homologué pour la route !
Un peu d’histoire pour débuter : la Porsche 917 a été conçue très rapidement et un peu en cachette par Ferdinand Piëch afin de répondre à un tout nouveau règlement : moteur 5 litres et 25 exemplaires construits. A peine mise au point, elle bat le record du tour du Mans lors des essais préliminaires de 1969 en atteignant 390km/h. Son comportement était toutefois affreux avec une nette tendance à décoller en ligne droite. Les 917 abandonnèrent mais revinrent dès 1970 dans une version K “Kurt”, la queue arrière tronquée. Favorites, les 917 sont engagées par 3 équipes différentes : Porsche officiel via l’écurie de John Wyer (qui fit gagner les GT40), Porsche Konstruktionen Salzburg (la soeur de Ferry Porsche, poussée par Ferdinand déçu de voir sa 917 LH tronquée en K) et enfin une version longue améliorée en forme de baroud d’honneur de Ferdinand.
C’est la 917 K autrichienne n°23 rouge et blanche qui entrera dans l’histoire de la marque en remportant la première des 19 victoires du constructeur dans la Sarthe. EN 1971, la 917 K triomphe de nouveau, bat le record de distance qui tiendra 39 ans ! (et quelques chicanes dans les Hunaudières, soyons honnêtes).
Tout ceci pose le décor de l’incroyable aventure d’un collectionneur monégasque. Il fait l’acquisition en 2016 du châssis 037. On peut aujourd’hui la considérer comme la plus pure des 917. Elle n’a été assemblée qu’en 2004 après avoir passé l’essentiel de sa vie en pièces détachées. Porsche s’est impliqué dans cet assemblage, fournissant l’aide nécessaire et surtout officialisant la voiture comme authentique en lui fournissant une plaque de châssis.
037 est donc presque neuve, jamais accidentée ni malmenée et parfaitement et authentiquement une 917. Quasiment aucune pièce de remplacement après une longue vie de course ou de stockage chez un collectionneur : 95% des pièces sont originales de 1970. Tout ceci est bien beau mais comment notre ami monégasque a-t-il donc fait ? En profitant d’un petit trou de souris dans la législation locale. En prouvant que sa voiture est parfaitement identique à une 917 qui fut immatriculée au début des années 70 par le Comte Rossi, l’homologation fut acceptée après quelques semaines de petites tracasseries bureaucratiques.
Je vous invite à consulter d’ailleurs l’histoire ce cette 917-030, qui est toujours immatriculée aux USA, où elle n’a jamais posé les roues, c’est passionnant. Vous y apprendrez qu’elle a longtemps séjourné en région parisienne, utilisée par son propriétaire et qu’elle a été spottée bien avant l’heure à Marne La Coquette, à quelques kilomètres de chez moi… Imaginez le choc !
Concluons en saluant la passion sans limite de Claudio Roddaro pour les Porsche de compétition. Posséder la plus emblématique d’entre elles ne lui suffisait pas. Il fallait qu’il puisse s’en servir comme d’une voiture normale, que ce soit dans les rues de la Principauté ou plus logiquement dans les montagnes qui l’entourent. Pour cela, il mérite un grand coup de chapeau et l’on espère qu’il ne remisera pas sa belle immatriculée mais s’en servira autant qu’il le peut.
Crédit photos : Porsche AG, Pierre Clémence