Comme par hasard, vous vous retrouvez à Shanghai et entre deux balades sur le Bund, vous avez quelques heures à perdre. Alors n’hésitez pas : le musée de l’automobile vous tend les bras.
Bon, en réalité, il faut quand même avoir envie de le voir, ce musée. Tout simplement parce qu’il est au cœur d’un gigantesque complexe dédié à l’automobile, avec pistes d’essai, centre de recherche et de formation et des locaux qui intègrent tous les types d’acteurs, comme le HQ de VW Shanghai, le centre de R&D de Toyota ou des incubateurs de start-up innovantes, et que cet endroit porte tout simplement pour nom Shanghai International Auto City. Problème : si vous résidez à Shanghai, on vous souhaite d’être relativement proche du centre ville. Or, la station de métro Automotive City est dans la lointaine banlieue (allo : la lointaine banlieue, version Shanghai, ça veut dire la putain de banlieue puissance douze !) au nord-ouest, sur la ligne 11, à environ 2 heures du centre (à Shanghai, le métro, c’est pas vraiment une station toutes les minutes !) ; ajoutez une demi-heure de marche pour aller au musée, et vous verrez que ça se mérite ! Conseil d’ami : descendez à la station suivante, Anting, et prenez le bus, ça vous rapprochera du musée. Par contre, pour vous faire comprendre, démerdez-vous, car évidemment personne ne parle anglais dans le coin…
Pour 60 RMB, t’as tout ça !
A peine 8 euros, 5 étages, une petite centaine de voitures, des miniatures, un espace de jeu pour enfants et un petit snack en bas : le tarif est correct ! D’ailleurs, le musée est récent : il a été inauguré le 17 janvier 2007. Avant de passer à la caisse, une Auburn de 1930 donne le ton…
Par contre, ce musée est fort intéressant, parce que selon que l’on est chinois (et il y avait vraiment très peu d’occidentaux lors de ma visite, à la vérité, je devais être le seul) ou étranger, on ne viendra évidemment pas y chercher la même chose.
Si tu es Chinois…
Pour les Chinois, ce musée vaut déjà pour les trésors exotiques et historiques qu’il renferme, et qui ne doivent pas se voir à tous les coins de rue… On ne va pas faire la liste exhaustive, ce serait chiant, et je préfère laisser une galerie de photos ci-dessous. Néanmoins, entre une 2CV, une Bentley Blower « Le Mans », quelques belles Rolls Royce d’époque, une histoire de la mobilité avec une Ford T et une VW Cox sur le même plateau, une Ford Thunderbird, une Ferrari Testarossa, une Maserati qui cotoie une Mini, une Isetta dans son environnement naturel, quelques belles américaines, une Mercedes 300 SL, une Jaguar Type-E, un Messerchmitt KR 200 (essayé pour vous ici !) et une Lamborghini Countach, le fan local d’automobile (et à voir le parc roulant à Shanghai, il y en a pléthore !) a de quoi s’éclater la rétine et parfaire sa culture…
Si t’es pas Chinois…
Bah oui : je vais pas faire le mec blasé, mais une Countach ou une Mercedes 300 SL, j’en ai déjà vu. Plein. Certes, je vendrais ma propre sœur contre une Countach (plutôt une 5000S QV, avec le kit aéro, je sais, c’est vulgaire) (NDLR : désolé Gab’, mais rien ne peut être mieux qu’une Periscopio. T’es viré), mais bon. Pour moi, le sel de ce musée tenait dans l’espace qui est consacré à la production locale. Et heureusement, le musée n’oublie pas sa propre histoire. On a ainsi la Hongqi CA72, la première automobile chinoise, produite fin 1958 (mais ils n’en ont fait que 198 exemplaires entre 1958 et 1965, ce qui en fait la plus rare des autos chinoises !), et qui est motorisée par un V8 5.6 d’origine Chrysler, développant 217 chevaux, ce qui n’était pas de trop pour déplacer ses 2 800 kilos à 160 km/h (on ne voit pas bien où, vu le réseau routier de l’époque !).
Hongqi (la signature de la marque est une sorte de fanion en bakélite rouge, au centre du capot) a ensuite fabriqué des autos pour les dignitaires du régime ; certes, l’allure est un rien soviétisante (la fraternité communiste, sans doute, mais l’intérieur était quand même soigné !).
Le musée montre aussi la première auto importée en masse, la Fiat 126, ainsi que l’un des symboles du partenariat avec l’étranger, la VW-Shanghai Santana, dont on voit encore de nombreux exemplaires en circulation, et qui est à l’origine du développement de l’automobile de masse en Chine grâce à une joint-venture entre VW et SAIC, en Chine, avec plus de 3,5 millions d’exemplaires vendus depuis 1985.
Evidemment, quelques engins militaires et side-cars sont aussi de la partie… tels la Beijing (Pékin) BJ 212, une copie de la GAZ 69 russe. Mais parmi d’autres curiosités, on retiendra aussi la Shanghai Convertible, construite en quelques exemplaires en 1970, pour les parades officielles.
Une expo temporaire dédiée aux 70 ans de Porsche
Au rez-de-chaussée, un espace est dédié à des expositions temporaires. Actualité oblige, ce sont les 70 ans de Porsche qui sont mis à l’honneur, avec toutes les générations de 911, sans oublier la genèse, les 356… Sans aucun doute, ce musée mérite le détour, on est bien d’accord !
Photos : Gabriel Lecouvreur