On prend les mêmes et on recommence ? Pas vraiment… Le préparateur, devenu constructeur, a le vent en poupe ! Avant l’arrivée prochaine de la 124 Spider, le Scorpion s’est occupé de sa petite bombinette fétiche : la 595. Bien plus qu’un simple restylage se calquant sur celui de la Fiat 500, la 595 édition 2016 se dote d’améliorations aussi importantes qu’intéressantes qui lui permettent plus que jamais de s’affirmer comme la plus fun des petites sportives. Turismo pour cruiser ou Competizione pour attaquer ? Entre mer et montagne, nous avons pu faire les deux dans l’arrière-pays cassidain.
Ne parlez pas de Fiat 500, Abarth se veut être une entité indépendante du groupe FCA, un groupe de sorciers talentueux chargés depuis 1949 de transformer de gentilles petites voitures en véritables bombinettes. D’ailleurs, j’ai appris que le Scorpion venait du signe astrologique de Carlo Abarth, le fondateur d’Abarth…
Une Abarth n’a jamais manqué d’attrait d’un point de vue stylistique, et son restylage ne fait à vrai dire pas dans la demi-mesure. Reprenant les lumineuses nouveautés introduites par la petite Fiat 500, à savoir les feux de jour à LED et le nouveau design très réussi des feux arrières laissant apparaitre la carrosserie, le petit pot de yaourt bodybuildé s’est également offert un bouclier inédit avec une imposante entrée d’air intégrant l’inscription « Abarth » et aspirant littéralement l’asphalte. Craquant. La partie arrière a elle aussi été intégralement revue avec des feux anti-brouillard rehaussant la ligne de la voiture et un nouveau diffuseur plus sportif, incluant une double sortie d’échappement pour la Turismo et une quadruple et réelle ligne Record Monza disponible en option sur la Turismo (1000 € hors pose) et de série sur la Competizione.
La Turismo invite à la Dolce Vita et Abarth l’a bien compris… La petite puce joue à fond l’atout charme en se parant de teintes bi-colore du plus bel effet et de jolis jantes travaillées, on ne peut plus classes. Elle incarne une vision chic de la sportivité, passant ainsi allègrement des belles avenues du XVIe arrondissement aux ruelles étroites de Saint-Tropez ; une conception aux antipodes de la Competizione…
Elle, elle ne fait pas dans la demi-mesure et met le paquet pour en mettre plein la vue. L’exubérance est le maitre-mot de cette nouvelle déclinaison qui, entre nouvelles teintes pétillantes et multiples packs de personnalisation, lui permet d’affirmer sans retenue sa vocation de bébé-supercar. Tout est personnalisable sur son Abarth : de la couleur des étriers, à celle des centres de roues en passant par plusieurs stickers, un choix impressionnant parmi onze modèles différents de jantes, deux couleurs de capotes mais encore quinze teintes de carrosseries. Notre Competizione était en plus équipée d’un pack Performance, qui comprend notamment les jantes légères Supersport Noir Mat et la disparition de l’antenne, remplacée par une petite bouchon en aluminium sur le toit. Difficile d’avoir la même qu’un autre avec un tel panel…
À bord, cette différence de philosophie se retrouve également avec un traitement bien différent en fonction des versions.
595 Turismo flatte la rétine et invite à voyager, là où 595 Competizione joue la carte de l’efficacité et de la performance. La première donne envie de passer plusieurs heures à se balader confortablement assis sur ses superbes fauteuils en cuir fauve, la seconde nous incite à titiller ses limites sur ses impressionnants baquets Sabelt Abarth Corsa en cuir noir surpiqué de jaune et alcantara, et doté d’une magnifique coque en carbone.
Abarth 595 Turismo
Seuls les matériaux différent réellement entre une Turismo et une Competizione : la première respire le haut-de-gamme avec de l’aluminium, du cuir et des plastiques moussés ; la deuxième est elle prête pour la course, avec de l’alcantara, de l’alu et du carbone à profusion. Un élément illustre ce contraste : le volant. Celui de la Turismo est en cuir avec le repère de centrage en aluminium, celui de la Competizione, à méplat, alterne entre cuir, alcantara et touches de carbone.
L’ensemble est plutôt flatteur et fait un certain bon en avant par rapport à la précédente génération : tout est plus « quali », des multiples boutons aux finitions en passant par des assemblages de bien meilleure facture. Au même titre que l’extérieur, il est bien entendu possible de créer un (petit) cocon au gré des ses envies avec plusieurs types de sièges (tissu, cuir, baquets) déclinés en trois couleurs (noir, rouge, marron), plusieurs placages pour la planche de bord et inserts personnalisés (pédales, seuils de portes, etc.).
Abarth 595 Competizione
La présentation générale de l’Abarth 595 reprend celle de la nouvelle 500, avec une instrumentation entièrement numérique et le nouveau système Uconnect qui intégrera cet automne CarPlay et Android Auto (écran tactile de 5 pouces sur notre version d’essai, 7 pouces HD lorsqu’elle sera commercialisée). La partie audio est confiée à Beats qui, par un système de 480W à huit haut-parleurs et un subwoofer dans le coffre, nous gratifie d’une son précis, chaud sans être gras, et agréable quelque soit les styles.
Deux voitures, deux personnalités, surtout sur la route
Abarth ne nous ment pas et ces 595 n’ont jamais aussi bien porté leurs noms respectifs…
Turismo. Savant compromis entre chic et sportivité, l’Abarth 595 Turismo est la petite voiture idéale pour cruiser sans chômer cheveux au vent. Début juillet, Cassis, nous ne pouvions pas rêver meilleure voiture pour « kiffer » le moment à vrai dire… La Turismo cab (ou équipée du toit ouvrant panoramique) ne demande qu’à quitter le port de Cassis pour rejoindre la route des crêtes puis le bord de mer, de La Ciotat à La Madrague.
Dotée du 1.4 T-jet de 165 ch (+ 5 chevaux par rapport à la précédente), elle hérite du même turbo Garrett que la Competizione, qui lui offre un 0 à 100 km/h en 7,3 secondes (0,1 sec.) et une Vmax. de 218 km/h (+ 8 km/h). Monter à bord d’une Abarth c’est toujours quelque chose… La position relativement haute sied particulièrement à la puce dans cette version, et l’on se plaît ainsi à se retrouver plus haut perché en ville qu’un conducteur de 206 alors qu’on est à bord de l’une des plus petites voitures du monde.
La Turismo distille toujours le même plaisir de conduite que la précédente génération… À mi-chemin entre un confort préservé grâce à un réglage d’amortissement adapté et une relative sportivité, elle est à la porte d’entrée dans la gamme performance du constructeur avec un moteur péchu et agréable à mener, secondé par une boîte manuelle au guidage incertain mais à l’étagement parfait, ou une épouvantable boîte robotisée qui gâche complètement le comportement de la voiture. Cette dernière, présente sur toute la gamme pour satisfaire la clientèle citadine de l’Abarth et ceux dont le pied gauche ne daigne plus enfoncer une pédale, est un frein au plaisir de conduire cette petite bombe et chaque passage de vitesse, qu’il soit automatique ou provoqué par les palettes, nous gratifie d’un a-coup désagréable. À bannir.
Dans les lacets du col de l’Espigoulier au-dessus de Gémenos et d’Aubagne, qu’il me tardait de retrouver suite à mon passage dessus avec le Tour Auto, la 595 Turismo ne flanche pas et propose suffisamment de puissance pour relancer sans se trainer (encore heureux avec un rapport poids/puissance de 6,3 kg/ch, me direz-vous…) et un petit bruit rauque attachant mais pas exubérant provenant de l’échappement.
Le centre de gravité relativement haut de la 595 et le choix de préserver le “confort” sur la Turismo entrainent indubitablement un manque de rigueur dans son comportement, qui se traduit par une prise de roulis conséquente et une tendance au sous-virage assez prononcée dès qu’on la brusque un peu… Un point pénalisant dans les parties sinueuses et épingles où la voiture s’écrase littéralement. En mode « Sport », la direction se bonifie en se rigidifiant et le couple maximum s’atteint plus rapidement, c’est un poil mieux… En soit, la Turismo est sympa pour s’amuser de temps à autre et se présente comme le parfait « Daily » plus que comme la bombinette exclusive du dimanche, tant elle est agréable en ville et sur voie rapide.
Competizione. Nous en voulions plus, Abarth a fait plus.
Confort ? Kesako ? Considérations écologiques, raisonnables, confortables et autres inepties contraires à la performance, ciao ! Après la Biposto l’année dernière, Abarth nous pond ici la seule bébé-supercar du marché, une voiture exclusive et unique. Essayée ici l’année dernière avec Ugo, je dois dire que la différence de comportement avec la précédente génération m’a véritablement bluffé. Qu’est-ce qui a changé ? Tout.
Enfin, presque tout… Pour ne pas faire de l’ombre à la Biposto (qui même si non-restylée reste au catalogue), la Competizione conserve le 1.4 T-jet de 180 ch, qui donne au pot de yaourt enragé un 0 à 100 km/h en 6,7 secondes et une Vmax. de 225 km/h. À l’image de la Turismo, elle embarque désormais un turbo Garrett mais aussi et surtout le différentiel à glissement limité de la Biposto dès lors que l’on opte pour le pack Performance.
Turbo Garrett, suspensions Koni à valve FSD, Michelin Pilot Sport 3, Brembo quatre pistons, échappements Record Monza à quatre sorties : rien qu’à les entendre, ces noms donnent envie de se glisser sur les baquets Sabelt et de poser les mains sur l’alcantara et le carbone du volant. Paré d’un jaune qui rappelle indéniablement une autre marque du groupe, le plumage de la 595 Competizione est à la hauteur de son ramage…
Doté du pack Performance, notre canari pressé propose une sportivité sans contrefaçon et se retrouve presque à la limite de l’homologuable… À commencer par ce son les amis, ce son ! Le plaisir de conduire passe par les sensations qu’une voiture procure, et les Record Monza sont un véritable régal pour les tympans, puisque chantant à la moindre sollicitation de l’accélérateur. Les ceintures des baquets pourraient être remplacées par des harnais tant l’Abarth nous catapulte dans un monde de performance débridée où chaque élément est conçu pour prendre son pied.
Avec un empattement réduit au maximum (2300 mm) et un différentiel à glissement limité ô combien à sa place, elle est une machine à sensation sur les routes du rallye du Var et dans le massif de la Sainte-Baume. La 595 s’inscrit dans la courbe avec un certain brio à la sortie de la Vallée Saint-Pons, l’arrière suit tout en douceur et le diff’ aide à repartir sans broncher malgré des relances pied-au-plancher. Ce dernier est une précieuse arme pour se jouer des lacets du col de l’Espigoulier et des pif-paf de la route des Crêtes, puisqu’il permet de coller littéralement la voiture à la route et de gérer habilement la motricité, une aubaine vu le couple démoniaque du T-jet. Son intervention dans le feeling de la direction (très précise au demeurant) demande un petit temps d’adaptation, mais une fois assimilé, il devient notre meilleur ami.
Dans les portions rapides autour du Castellet, la Competizione démontre une puissance brutale avec des accélérations franches, renforcées par le déclenchement du turbo qui fait grimper l’aiguille jusqu’à 6000 trs./min. dans le vacarme tout simplement fantastique du Record Monza. Une sonate envoutante qui bourdonne encore dans vos oreilles quelques heures après… Une autre partie du corps se rappelle du passage à bord : les vertèbres. Même si la puce est maintenant dotée de ressorts adaptatifs signés Koni, dont la dureté varie en fonction de l’allure/du type de conduite et qui améliore un tantinet le confort par rapport à la précédente génération, n’espérerez pas passer plusieurs heures à bord des baquets Sabelt de la 595 Competizione sans que votre dos ne s’en souvienne. Un mal pour un bien, puisque la voiture ne souffre d’aucun roulis malgré son centre de gravité placé très haut et que son comportement nous glisse dans la peau d’un pilote avec un maintien parfait des sièges et une vivacité proche de celle d’un karting.
Seule ombre au tableau à mon goût : la position de conduite. Là où on apprécie d’être haut-placé dans une 500 ou à la rigueur dans une plus sage Turismo, j’aurais aimé pouvoir ajuster la profondeur de mon volant ainsi que la hauteur du siège afin de retrouver une position assez basse et proche du volant que je préfère en conduite sportive. Je n’ai ainsi pu, et je ne suis pas le seul d’après mes confrères, trouver la configuration idéale pour vraiment me sentir bien à ses commandes. Mais bon, elle n’est de toute façon vraiment pas conçue pour rouler tous les jours avec cette Competizione, à l’image de sa boîte manuelle à cinq rapports, optimisée pour des changements de rapports éclairs et dont l’étagement a été pensé pour le Turini plus que pour l’A8 (près de 4000 trs./min. à 130 km/h).
L’Abarth 595 Competizione est une machine conçue pour le plaisir par une débauche de performance brute au détriment du confort, même si elle garde pour elle les avancées technologiques et nouveaux équipements d’une Turismo. Sans être aussi radicale qu’une Biposto, elle s’en rapproche de plus en plus par l’arrivée de l’excellent différentiel à glissement limité et d’une suspension revue qui lui offre un poil plus de polyvalence.
Écoulant désormais plus de 2000 véhicules par an dans l’Hexagone au sein de ses 69 concessions, le Scorpion est en forme et ça se voit ! le côté « sexy en jogging » des Abarth 595 tape dans l’œil de plus en plus de clients de tous les horizons, puisque touchant à tous les types de bourses. Et même si Turismo et Competizione ne représentent que 30 % des Abarth vendues pour le moment, il était important pour le constructeur de leur proposer une nouvelle jeunesse avant l’arrivée de la 124 Spider cet automne.
Débutant à 18 600 € avec l’Abarth 595 (145 chevaux), la gamme du constructeur s’envole après vers des tarifs élitistes et exclusifs qui font des 595 Turismo et Competizione de vrais petits morceaux de luxe… Là où notre 595 Turismo bien équipée et bien personnalisée à boite manuelle tourne autour des 26 000 €, la pétillante petite 595 Competizione dotée de l’indispensable Pack Performance (différentiel, sièges baquets Sabelt, jantes supersport légères) et d’une personnalisation quasi-obligatoire vient titiller les… 30 000 €. Et si vous en voulez encore plus, et pour toujours plus de plaisir pour les tympans, la version découvrable de la 595 Competizione sera à vous pour 2000 € de plus… Des tarifs affolants, hors-normes et complètement déraisonnables, à l’image de cette voiture ô combien attachante et unique sur le marché.
Merci à FCA pour leur invitation à découvrir cette petite bombinette et à Gonzague, alias le Boss, pour sa confiance.
Photos : Victor Desmet.