Aux Champs Elysées : le bol d’air de Citroën au C_42

façade C_42 Air Citroën (1)

Avec le printemps et malgré les dictons, les Chevrons enlèvent le haut ! En cette arrivée tardive des beaux jours, Citroën colle aux saisons. Depuis toujours le constructeur français a pour tradition de faire des véhicules découvrables. Son tout premier modèle, la Type A de 1919, n’était-elle pas dotée d’une capote en toile ? Il est permis de penser qu’avoir les cheveux au vent est inscrit dans l’ADN de Citroën. Jusqu’à la mi-juin, le C_42 y apporte confirmation en exposant ses plus belles décapotables. L’occasion de retrouver d’illustres anciennes, de voir les derniers projets, et de souffler les 45 ans de la Mehari les chevrons au vent !

Citroën Rosalie 10 L Cabriolet – 1933

En 1932, alors que le continent européen est en plein marasme économique (déjà !), Citroën présente à Paris, dans ce qui s’appelait encore le “Salon automobile international”, la Rosalie cabriolet. C’est la version découvrable du modèle phare de la gamme Citroën de l’époque lancée la même année. En ôtant son toit, la Rosalie cabriolet conserve les avantages de la version couverte, et qui pour l’époque ne sont pas des moindres : carrosserie monopièce en acier, suspension hydraulique, boîte de vitesse aux rapports synchronisés, des glaces securit résistantes aux impacts… ainsi que l’innovation majeure apportée par les Rosalie, le moteur flottant. Ce bloc 4 cylindres, symbolisé par un cygne, était décliné en version 8 CV et 10 CV, et apportait un confort de conduite inconnu pour l’époque par la limitation des vibrations dues au moteur. Bien que plutôt compacte, la Rosalie cabriolet propose six places : deux à l’avant, deux à l’arrière, ainsi qu’une banquette repliable dans le coffre !

En 1933, la Rosalie 8 CV préparée par César Marchand entre dans l’Histoire en s’adjugeant 297 records (191 internationaux et 106 mondiaux) sur l’anneau de Montlhéry. Du 15 mars au 27 juillet, elle tourne jusqu’à accomplir la distance de 300.000 km, à une allure moyenne de 93,5 km/h, sans jamais subir de panne ni d’apport autre que des pleins d’essence ou d’huile Yacco. André Citroën promet 3 millions de Francs à quiconque fera mieux, mais personne ne tentera ! L’année suivante, l’homme est obligé de céder sa marque à ses créanciers, dont Michelin prend la direction. La descendance de la Rosalie cabriolet aurait pu être la Traction 22 cabriolet, mais celle-ci ne sera que chimère.

Citroën DS 19 Cabriolet – 1964

La commercialisation, l’innovation et le succès de la DS 19 donne des idées au carrossier fétiche de Citroën, Henri Chapron, inspiré par une esquisse de Flaminio Bertoni. En 1958, il propose une version cabriolet de la berline, qui est fabriquée en série de 1960 à 1970 par Citroën. L’exemplaire exposé au C_42 est une version américaine de 1964, prêtée par un collectionneur particulier. Chapron et Chapron proposeront d’autres versions recarrossées de la DS, notamment plusieurs coupé, assemblés en très petite série. La base technique restait la même que la DS d’usine, avec ses innovations et ses lacunes : système de freinage à disques, suspensions et freinage à assistance hydraulique, mais aussi des motorisations issues de la Traction aux performances dépassées. Après son retour au pouvoir en 1958, le Général de Gaulle fait de la DS sa voiture personnelle, et défile notamment dans des DS Cabriolet.

Aujourd’hui, la DS Cabriolet est particulièrement recherchée par les collectionneurs, au point qu’une DS 23 Cabriolet modifiée a été vendue à 344 850 euros, au mois de février 2009. Elle est équipée d’un moteur de DS 23, ce qui lui vaut l’appellation de “DS 23 Cabriolet” alors que ce modèle ne fut jamais commercialisé par Citroën : l’existence de quelques modèles n’est due qu’à des modifications et des intiatives privées. L’envoûtement de la déesse semble sans limites sur les esprits.

Citroën 2 CV 4 Spot – 1976

“Quatre roues sous un parapluie” : l’essence même de la 2 CV est d’être une découvrable. Ce qui était à sa conception un arrangement technique pour faire perdre du poids à la voiture et en baisser le prix était également une nécessité pour assurer à la 2 CV la plus grande polyvalence d’usages possibles. Avec les années 70, la 2 CV se dote de phares rectangulaires et devient une icône de la jeunesse. Face à cette longévité, Citroën célèbre le passage des 5 millions de 2 CV fabriquées (toutes carrosseries confondues) en lançant une série limitée, le 10 avril 1976 : la “Spot”. Il s’agit d’une 2 CV 4 (435 cm3 de 24 chevaux) revisitée par le peintre Serge Gévin, qui la dote d’un biton unique mêlant orange Ténéré et blanc Meige, sur la carrosserie mais également à l’intérieur. Les contreportes sont ainsi striés d’orange et blanc, tandis que la capote est entièrement orange et que les portières avant sont marquées du logo “Spot”.

Elle fut au total fabriquée à 1800 exemplaires commercialisés également au Benelux, en Grande Bretagne, en Italie et en Suisse, faisant de la “Spot” l’une des premières séries spéciales européennes. C’est également la première série spéciale de la 2 CV, qui connaîtra ensuite les célèbres “Cocorico” et “Charleston”.

Citroën Mehari – 1981

En 1968 apparaît un Objet Roulant Non Identifié : la Mehari. Entièrement décapotable, cette passe-partout des littoraux a la particularité de ne pas rouiller avec sa carrosserie en plastique. Ludique et utilitaire, elle répond à un réel besoin, celui d’un véhicule simple d’entretien et d’utilisation. Durant ses 19 années de fabrication de 1968 à 1987, ce sont plus de 144 000 exemplaires qui sortiront des chaînes, connaissant plusieurs séries limitées, une version 4×4, un début de carrière aux Etats-Unis et une postérité cinématographique notamment dans le film “Le Gendarme & les Extraterrestres” avec Louis de Funès.

Oeuvre du designer Jean Louis Barrault, la Mehari est une carrosserie monobloc qui utilise un plastique nouveau pour l’époque, l’ABS (Acrylonitrile Butadiène Styrène). Conçu par la SEAB, Société d’Exploitation et d’Application des Brevets, spécialisée dans le thermoformage des plastiques, cette coque colorée à l’envie (jaune, orange, vert kaki… une époque où le gris ne régnait pas !) était fixée sur une structure tubulaire boulonnée sur châssis de 2 CV. Le tout était mû par un coeur de 2 CV 6, à savoir le 602 cm3 bicylindre de 29 chevaux. Bien que légère, la Mehari passait rarement les 100 km/h.

La Mehari jaune du C_42, exposée spécialement pour ses 45 ans, est une version restaurée par le Mehari Club de France.

Il y a 6 mois, son créateur, Roland Paulze d’Ivoy de la Poype, a quitté ce monde. Il laisse derrière lui un véhicule dit “iconique” par les publicitaires contemporains, attachant et bien souvent irremplaçable, à tel point que le Mehari Club de Cassis propose des restaurations complètes. Citroën a bien essayé de lui trouver une descendance, avec la C3 Pluriel de 2003 à 2010, mais la complexité de son mécanisme de toit ont occulté son esprit “fun” et libéré. Serait-il donc impossible de faire aussi bien que la Mehari aujourd’hui ? Citroën en tout cas ne se risque plus à oser le passage en série, et se limite, à travers les concept-cars C-Buggy, C-Cacus, ou Lacoste, à des études de style -pour l’instant- sans suite.

Citroën Concept C5 Airscape – 2007

Une autre de ses études de style découvertes qui ne connut pas la série est la C5 Airscape. Présentée en 2007, elle annonçait dans les grandes lignes et en détails ce qu’allait être la nouvelle berline C5, lancée l’année suivante. Si les faces avant et arrière ont été conservées, le profil et les entrailles mécaniques n’étaient qu’objets d’apparat. Sous le capot, c’était le V6 2,7 l HDi de 208 chevaux, couplé au système “Urban Hybrid”, mélange d’alterno-démarreur Stop & Start et de SREC, permettant la coupure du moteur et la récupération d’énergie lors des phases de freinage. On trouvait aussi ce qui serait un équipement de la future C5, le Snow Motion, un antipatinage venant pallier l’absence d’une véritable transmission intégrale.

Mais bien-sûr, l’on se souvient davantage de la C5 Airscape pour sa ligne. Cabriolet grand tourisme à 4 assises de cuir Havane “Bracelet de montre”, la C5 Airscape se proposait en alternative aux grands cabriolets premium, CLK, Série 3 et C70 à l’époque. Elle y ajoutait le réalisme avec son toit rétractable vitré, avec arches décorées façon carbone. On a longtemps cru qu’elle passerait en série, tant il semblait logique dans la montée en gamme de Chevrons qu’un tel cabriolet de standing vienne asseoir le nouveau statut de la marque et démontrer ses ambitions, d’autant qu’il ne s’agissait pas pour une fois d’une étude de style invraisemblable. Las, la C5 Airscape n’avait pas été prévue au lancement du programme de renouvellement de la C5, et lorsque les études de faisabilité auraient pu être lancées, les premières restrictions des budgets de R&D chez PSA arrivèrent. De surcroit, le premium Citroën ne devait être issu que de la nouvelle série “DS”. La C5 Airscape restera, comme beaucoup d’autres découvrables, une belle de salon.

Citroën DS3 Cabrio – 2012

La DS3 Cabrio aussi n’était pas prévue au programme. Ce n’est que face au succès de la DS3 et d’une PME proposant de larges toits ouvrants que Citroën se pressa de sauter le pas et de proposer, tardivement et sans grandes modifications de carrosserie, une version décapotable de sa citadine chic. Pris par le temps, les Chevrons reprirent le système de Webasto, celui d’une capote coulissante sur les arches de toit, façon Fiat 500 C. Cela permettait de réduire les coûts de développement, de ne pas perdre de temps en imaginant une nouvelle structure, et aussi de conserver la ligne de la DS3 avec son fameux “aileron de requin” latéral. Présentée en 2012, la DS3 Cabrio est la nouveauté majeure de Citroën, dans un Mondial de Paris difficile pour les constructeurs français.

L’arrivée de la DS3 Cabrio n’est néanmoins pas anecdotique. Elle est appelée à représenter au moins 20 % des ventes de DS3, et elle amène avec elle quelques éléments stylistiques inédits, à défaut d’un véritable restylage : feux à DEL effet 3D, toit de teinte “Bleu Infini”, ainsi que plus spécifiquement aux cabriolets, une capote escamotable jusqu’à 120 km/h. On aurait aimé un nouveau jeu de jantes ou quelques décorations inédites autres que des sérigraphies “DS”. Il n’y a qu’à espérer que pour la DS3 II Citroën imagine une déclinaison cabriolet dès le début du projet. D’ici là, la DS3 Cabrio est proposée à partir de 18 800 € en motorisation essence VTi de 82 chevaux.

Citroën DS3 WRC – 2013

Ce n’est pas une découvrable, mais il faut néanmoins parler de la DS3 WRC. Un espace “Citroën Racing” est présent au sous-sol du C_42, et cette année 2013 est l’occasion d’un renouvellement de décoration pour la bête des rallyes des Chevrons : l’arrivée d’un nouveau sponsor avec le fonds d’investissements de l’Emirat d’Abu Dhabi, ainsi que la passation de pouvoir au duo Mikko Hirvonen/Jarmo Lethinen avec le retrait progressif de la paire Loeb/Elena, nonuple Championne du monde. Malmenée en WRC par le retour de Sebastien Ogier sur Volkswagen Polo, la DS3 WRC n’est pas certaine d’assurer à Citroën la passe de dix.

Petit détour par la boutique, au rez-de-chaussée du C_42 : elle propose la plupart des modèles Citroën aux échelles 1/43, 1/18, 1/87 et même à la taille 3-inches ; c’est l’occasion de retrouver en miniatures les véhicules exposés.

“Open Air by Citroën”, tel est le nom de cette saison printanière du C_42. Elle vous est proposée Avenue des Champs-Elysées jusqu’à la mi-juin 2013.

Crédit photographique: François M ; Google Images (Rosalie des Records 1933)
Sources : liens de citations présents dans l’article.

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