Né en juillet 1920 en Auvergne, le Comte Roland de la Poype est décédé ce 23 octobre à Saint Tropez à l’âge de 92 ans. Petit retour sur la vie de l’homme : A l’âge de 20 ans il s’en va en Angleterre une semaine après avoir entendu l’appel du général de Gaulle sur Radio Londres. IL fut d’abord membre de la Royal Air Force puis il sera volontaire pour le groupe de chasse Normandie-Niémen qu’il rejoint en novembre 1942 en Union Soviétique. Il restera en URSS jusqu’à la mi 1945. Après la guerre il devient attaché de l’air en Belgique puis en Yousgoslavie. Il quittera l’armée de l’air en début 1947 pour prendre la direction de la Société d’Etudes et d’Applications du Plastique (SEAP) et il en profite pour créer sa première usine de plasturgie au printemps de la même année. Son premier grand coup sera le Berlingot des shampoings DOP.
Il est un des grands acteurs du développement de l’industrie du plastique en France, notamment dans les secteurs alimentaires et agro alimentaires. Il sera aussi en 1970 le fondateur du Marineland d’Antibes et le maire d’une commune du Maine et Loire. Mais là où l’homme intéresse l’automobile, c’est qu’en 1967 il se rapproche du designer Jean Louis Barrault pour réaliser le design d’un véhicule léger, polyvalent, tout chemin accessible financièrement au plus grand nombre. Pour ne pas coûter cher, la voiture doit être développer sur une base existante sur laquelle il veut installer une carrosserie monobloc qui utilise un nouveau plastique, l’ABS ou Acrylonitrile Butadiène Styrène. La coque en plastique de couleur est ensuite fixé sur une structure tubulaire interne qui est boulonnée sur un chassis de 2 CV. Sa société SEAB (Société d’Exploitation et d’Application des Brevets) était spécialisée dans le thermoformage des plastiques et travaillait depuis la première moitié des années 60 pour la firme du quai de Javel en tant que sous-traitant. La SEAB produisait notamment les tableaux de bord de DS, les ailes arrière d’Ami 6 Break Service (VUL) et quelques pièces de finition.
Dans le contrat initial, c’est Jean Darpin qui assure le montage de la coque en ABS teinté dans la masse sur la structure tubulaire avant montage final chez le constructeur. La voiture dévoilée en 1967 sera produite entre 1968 et 1988 et ne subira que peu d’évolution en 20 années de carrière commerciale, la Méhari évoluant essentiellement au rythme des modernisations des 2 CV et des Dyane.
Je ne vous ferais pas un long topo sur la voiture découvrable qu’on lavait au jet mais faire une balade en Méhari au son du bicylindre Citroën reste toujours un bon moment à bord de cette auto qui ne dépassait pas les 105-110 km/h… en descente ! Une auto fort sympathique qui fera une partie de la renommée de Roland de La Poype dans le monde. Ci dessous une Méhari 1970 que vous ne connaissez peut être pas, la très rare version Spec US avec face avant spécifique, nouveau capot et phares de 2 CV en lieu et place de ceux de la Dyane… Normes américaines obligent.
Alors ne l’oubliez pas, si vous croisez une Méhari ou si vous avez le plaisir de profiter des petites routes et petits chemins à son bord, cette voiture emblématique de Citroën est née de l’esprit d’inventeur d’une grand héros français de la Seconde Guerre Mondiale. Même Spirou délaisse parfois sa Honda S800 pour un tour en Méhari sans parler du maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot !
Je finirais en rappelant les différentes distinctions de Roland de La Poype.
Grand Croix de la Légion d’Honneur
Compagnon de la Libération
Croix de Guerre 39/45 (12 citations)
Croix de Guerre Tchécoslovaque
Ordre du Drapeau Rouge
Ordre de Lénine
Héros de l’Union Soviétique
Mérite de la Guerre pour la Patrie
Médaille de la Victoire