La Peugeot 408, vous la connaissez depuis ce matin (pour les autres, c’est juste ici). Vous avez découvert ses lignes, vous vous êtes forgés votre avis…mais savez-vous que les designers de la marque planchent sur ce projet de “berline réinventée” depuis 2015 ? On vous emmène à la découverte des maquettes de style de la 408 avec Pierre-Paul Mattei, responsable de son design.
La genèse du design d’une voiture est un processus qui m’a toujours fasciné, aussi j’étais aux anges en découvrant, en marge de la présentation de la 408, quatre maquettes de ce qui n’était alors que le projet P54.
Et encore, je vous dis des bêtises : pour cette maquette jaune citron, le projet n’a même pas encore de nom. “Il s’agit d’un manifeste que les équipes ont créé en 2015”, m’explique alors Pierre-Paul Mattei. “On avait cette idée de « nouvelle berline » qu’on a voulu rendre physique pour l’expliquer à nos dirigeants”, poursuit-il. “On a donc fait cette maquette à l’échelle 1 en clay [une argile synthétique utilisée pour le façonnage des maquettes de style, NDLR] totalement dénuée de contraintes de production, uniquement là pour illustrer notre idée”.
Cette dernière phrase me rend perplexe : j’ai l’impression d’avoir devant moi une voiture tout à fait réaliste. M. Mattei m’emmène donc faire le tour de la maquette : le pare-choc avant ? “le refroidissement du moteur est impossible”. Le capot ? “Impossible à ouvrir”. Les flancs ? “Trop creusés pour accueillir les longerons de porte”. La porte arrière ? “la courbure du pavillon rend l’accès à bord beaucoup trop compliqué”. Et de toute manière, “les charnières du coffre rendraient la garde au toit ridiculement faible”. La malle ? là aussi, “impossible à ouvrir”. Quant à la lunette arrière, “elle est inindustrialisable”. La messe est dite : ce que j’ai devant les yeux n’a aucune chance d’arriver dans la rue.
Peu de chances également pour que les maquettes suivantes atterrissent dans les showrooms de la marque ; ceci dit, ce n’est pas non plus leur rôle. Ces maquettes à l’échelle 1/4, toujours en clay, marquent une étape dans la compétition interne entre designers : elles représentent l’aboutissement de la première étape, celle des dessins en 2D. Les meilleures propositions passent donc à la 3D et deviennent physiques, permettant aux décideurs d’avoir une meilleure appréciation des idées. Pour la 408, six maquettes étaient présentes, quatre de Vélizy et deux en provenance du studio de design chinois.
Alors, bien sûr, ces maquettes n’ont pas vocation à être industrialisées telles quelles ; disons qu’elles servent de laboratoires, d’expériences, d’idées brutes dans lesquelles il faudra piocher pour réaliser une ultime maquette à l’échelle 1 sur laquelle on viendra définitivement geler le style. On remarquera par exemple quelques bricolages en carton sur les extensions d’ailes ou sur les spoilers arrière, qui font tout le charme de l’exercice !
Tenez, prenez cette maquette, et comparez-là avec la musculature de l’aile arrière avec la 408 de série…
…ou le dessin du vitrage latéral (qu’on appelle, avec un brin de snobisme, la “DLO” –daylight opening– dans le jargon des designers) sur celle-ci…
…ou encore le modelé du capot sur cette dernière, et cette façon qu’a l’aile de surplomber ce dernier. “Comme une Porsche !”, me lance, plein de fierté, Pierre-Paul Mattei.
Voilà, vous avez maintenant plus de clefs pour comprendre le design de cette nouvelle Peugeot. A titre personnel, me dire que les designers sont aujourd’hui en train de plancher sur ce qui arrivera dans nos rues en 2030 me laisse rêveur…
Et hop, toutes les photos en un endroit :
Un grand merci à Pierre-Paul Mattei pour sa disponibilité et sa pédagogie.
Je suis sur Twitter : @JBPssx