Ni tout à fait berline, ni vraiment SUV : la Peugeot 408 revendique sa fluidité de genre. Partons à sa découverte en avant-première.
“C’est un tout nouveau concept !”. La conférence de presse commence tout juste et, déjà, le mot est lâché : le projet P54 annonce de l’inédit, de la nouveauté, de la fraîcheur, bref, de l’originalité.
Deuxième slide : le projet P54 s’appelle…408. Une dénomination qui ne sera pas étrangère à toi, vaillant passionné d’automobile, puisque Peugeot commercialise une 408 depuis 2010 en Europe de l’Est, en Chine et en Amérique du Sud (d’ailleurs, cette 408-là a été profondément restylée il y a quelques jours, rendant la communication de la marque un peu bordélique). Une nouvelle dénomination chez Peugeot en Europe, ça ne sort pas tous les jours ; mis à part le Rifter en 2018, je pense même que la dernière “création” numérique remonte au duo 3008/5008.
Un nouveau nom pour un nouveau concept, donc. L’idée ? “Réinventer la berline”, rien de moins. Concrètement, cette Peugeot 408 prend place dans le haut du segment C, entre la 308 et le 3008 en termes de longueur et de hauteur (4.69 x 1.48 // 308 : 4.36 x 1.44 // 3008 : 4.44 x 1.62). L’idée ? La 408 se veut plus haut perchée qu’une 308, mais plus aérodynamique et plus sympa à conduire qu’un 3008 ; une synthèse parfaite, somme toute.
Niveau style, par contre, on est sur de l’inédit. Alors, certes, la berline surélevée est un exercice qu’on peut déjà retrouver avec la Polestar 2 ou, si on veut taper dans la niche absolue, la Volvo S60 Cross Country (qui, si je ne m’abuse, n’était même pas distribuée chez nous), mais Peugeot a vraiment sorti tout l’accastillage typique SUV pour habiller sa 408, avec notamment ces énormes protections de carrosserie et ces roues gigantesques. En parlant de roues, tiens… Avez-vous déjà vu des jantes aussi originales chez un constructeur généraliste ?? Pas de mémoire, personnellement. Et j’adore. La voir évoluer devant soi devient presque un spectacle.
Mais rentrons plus dans le détail. La face avant de la Peugeot 408 est hyper impressionnante, avec notamment cette calandre qui se fond dans la carrosserie et ces projecteurs archi effilés. Le capot me semble tout droit repris de la 308 -ce n’est pas une critique, j’aime beaucoup son dessin très sculpté. La 408 force par contre le trait au niveau des zones noires à l’extrémité des “sabres” lumineux ; peut-être même un peu trop ? Ajoutons à cela une prise d’air inférieure largement agrandie par rapport à la compacte pour statuer : les amateurs de SUV hyper agressifs y trouveront forcément leur compte.
Le profil est intéressant. A l’image de toutes les dernières Peugeot (pensée particulière pour le 2008), le dessin est hyper dense, au point où notre œil ne sache plus trop où se poser. La silhouette, hyper fuyante, ramène vraiment à l’univers des berlines fastback -même si le déclin de la ligne ne s’amorce qu’à la seconde moitié de la porte arrière, indice d’une habitabilité préservée. Remarquons enfin une petite coquetterie : ce qui semble être un troisième vitrage venant mourir sur la malle…n’est qu’un leurre en plastique noir. Tant pis pour la vision 3/4 arrière !
Je pense par contre avoir un consensus général pour la partie arrière : c’est mastoc. La finesse des optiques, avec leurs trois “griffes” comme sur les 308, se voit globalement prise en sandwich par l’énorme becquet et le gigantesque pare-chocs en plastique brut -pare-chocs qui s’avère être très travaillé, avec un mélange de textures et de reliefs tentant de donner un peu d’air à ce bloc hyper dense. Bonne nouvelle : on échappe aux fausses canules d’échappement. Mauvaise nouvelle : l’affreux ensemble “catadioptre + feux de recul à halogène moche” qu’on retrouvait sur la 308 SW est ici reconduit. Et les oreilles de chat, tout en haut ? Elles servent de refuge aux charnières du hayon, tout simplement.
Que vous dire de plus à propos du style extérieur de cette 408 ? Le département couleur & matières a pu développer deux couleurs spécifiques à la voiture : le “Bleu Obsession” visible sur les photos, et le “Titane Grey” (“mon préféré”, m’a glissé Pierre-Paul Mattei, le responsable du design de la 408, “il donne un côté monolithique très impressionnant à la voiture”). Autrement, du noir, du blanc, du gris argent et du rouge seront à votre disposition.
Je vais être assez concis concernant la planche de bord, puisqu’elle est entièrement partagée avec la 308 (et la 308, on l’a déjà essayée). Seulement voilà, M. Mattei nous dévoile une étonnante information : cette planche de bord a d’après lui été créée…pour la 408 ! Car oui, manifestement, son dessin alambiqué renvoie très bien à la carrosserie non moins alambiquée. Je vous laisse juge. En tout cas, je suis content de retrouver ce sentiment prononcé de qualité, les compteurs 3D ou encore l’écran central avec ses raccourcis personnalisables, que j’ai essayé et adopté lors de l’essai de la version SW BlueHDi.
Pour le reste de l’habitacle, j’ai vraiment été soulagé de découvrir une banquette arrière bien plus accueillante pour ses passagers par rapport à la 308 SW, notamment au niveaux des jambes et des genoux -un espace aux genoux d’ailleurs vanté comme étant le meilleur de toute la gamme. Notons également une attention particulière portée aux têtes des gens du rang 2, notamment grâce à ce profil qui ne plonge que très tard ; l’accès à bord et la garde au toit en sortent clairement gagnants. Et le coffre ? Accessible par un grand hayon, il propose 536 litres, soit mieux que le 3008 (520 l), mais fatalement moins que la soute quasi-infinie de la 308 SW (608 l). Dernière info : banquette 2/3 – 1/3 rabattue (formant un plancher plat), on atteint 1 611 litres.
Que vous dire de plus ? La 408 arrivera début 2023 avec trois motorisations en Europe : le PureTech 130 et deux hybrides rechargeable de 180 & 225 ch, toutes couplées à la boîte automatique EAT8 -on remarquera donc l’abandon du diesel, pourtant proposé sur les 308 et le 3008. Voiture mondiale oblige, la 408 sera proposée dans des contrées moins reloues en termes de normes antipollution avec un THP de 215 ch. Ah si, et une version 100 % électrique est à l’étude, sans qu’aucune autre information ne nous soit communiquée.
Qu’est-ce que j’en pense ? J’en pense que, si j’avais été marketeux chez Peugeot, je n’aurais vendue la 408 comme une “néo-berline”, mais comme un “post-SUV”. Les SUV, c’était bien il y a sept ans, maintenant tout le monde roule en 3008 et c’est pas loin du ringard. Et là, Peugeot arrive avec ce concept gardant le style kéké affirmé et la position haute du SUV actuel des clients cibles, tout en créant une nouvelle carrosserie plus effilée rarement vue dans la rue (je ne sais pas si ça transparaît derrière votre écran, mais j’ai pas du tout l’impression de voir un SUV coupé, probablement en raison de la hauteur contenue de la Peugeot). Bam, nouveau désir, nouvelle envie, nouveau bon de commande.
Reste que le pinpin qui roule en 2008 ou 308 et qui cherche plus grand va avoir trois choix dans la gamme Peugeot : la 308 SW, cette 408 et le 3008. Je peux parfaitement comprendre que le SW captera les clients “traditionnels”, attachés au format break et plus réceptifs au duo “immensité absolue du coffre / l’habitabilité arrière juste moyenne”, mais je suis vraiment curieux de voir comment les ventes vont se répartir entre la 408 et le 3008. En tout cas, j’en suis certain : Peugeot tient quelque chose de très fort, et je suis prêt à miser gros sur un méga succès. Mulhouse va charbonner !
Crédits photos : Jean-Baptiste Passieux
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